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Ecologie spirituelle au Mont Saint-Michel
J'étais ce week-end
au Mont Saint-Michel,
pour le colloque
de la journée du Patrimoine
organisé par Jean-Yves Vételé
à l'hôtel Mercure :
...et j'y ai parlé des mille ans d'aventures humaines suscitées par le Mont. L'historien Henri Decaëns a présenté le monument dans sa magnifique complexité. L'architecte Luc Weizmann, concepteur du nouveau barrage sur le Couesnon, a expliqué sa structure et sa symbolique : 1. une machine d'avant-garde, fonctionnant au rythme de l'univers (les marées) et non au caprice de l'homo technicus ; 2. une machine quasi « décroissante », son but n'étant ni le profit ni la production (mais la restauration du caractère maritime du Mont) ; 3. une machine ouverte sur la contemplation, puisqu'elle est surmontée d'un vaste pont-promenade de bois, balcon sur l'immensité de la baie et la splendeur du Mont. Balcon de culture, aussi : son bastingage est bordé d'un immense « pupitre » de bronze où sont gravés – calligraphiés – les quatre alphabets de la culture médiévale : grec, latin, hébreu, arabe, en écho au trésor des manuscrits montois du scriptorial d'Avranches. A ses deux points de jonction avec les rives du Couesnon, le pupitre de bronze est blasonné aux armes, ici des ducs de Bretagne, là des ducs de Normandie. S'y ajoutent, sculptées en relief, les coquilles des pèlerins de saint Michel (pecten varius) et celles de saint Jacques (pecten maximus)...
...et, gravée au centre du pupitre, face au Mont, la reproduction de la miniature du « nocturlabe » du manuscrit Avranches 235 (original ci-dessus) où l'on voit un astronome du XIIe siècle pointant sa lunette vers la Grande Ourse : et c'est réellement vers la Grande Ourse, à gauche du Mont, que pointe cette gravure la nuit quand le ciel est clair – ce qui n'est pas toujours le cas en baie du Mont Saint-Michel. (Ci-contre, la superbe photo du pupitre et du nocturlabe par Thomas Jouanneau : elle vient de l'album de Luc Weizmann Le pupitre des lettres, éditions Jean-Michel Place 2010. Je vous le recommande).
Dimanche matin, l'église abbatiale du Mont était bondée : le diocèse de Créteil était là en pèlerinage avec son évêque, Mgr Santier. Par accord entre les Monuments nationaux et les Fraternités monastiques de Jérusalem, le passage des touristes ne s'interrompt pas pendant les messes : surprise des uns devant la prière des autres et la beauté des chants... « Nous semons sur un tapis roulant », disent les moines. Leur fondateur Pierre-Marie Delfieux l'a redit hier soir à l'émission de KTO (Régis Burnet) sur le Mont Saint-Michel, dont nous étions les deux invités. Pour les catholiques croyants, le patrimoine n'est que le point d'appui du futur.
19/09/2011 | Lien permanent
Mont Saint-Michel, été 2011 : la mise en lumière
Impact du blog et de la semaine Mont Saint-Michel de RND
Accueil fraternel de RCF
Superbes nocturnes estivales 2011 au Mont
Le Mont, message universel
L'Afrique en pèlerinage au Mont
Trois journées de travail au Mont Saint-Michel et à Rennes ! Au Mont, j'étais l'hôte de la paroisse et de la librairie Siloé pour deux après-midi de dédicace de mon livre, pendant lesquelles j'ai rencontré plusieurs d'entre vous – et nombre d'auditeurs de Radio Notre-Dame, auxquels la semaine michélienne de RND (note de ce blog du 6/06) avait donné le désir de venir revoir le Mont « autrement ». A Rennes, j'étais l'invité de l'émission Regards d'Arnaud Wassmer (RCF) pour parler du livre. Durant cette émission, j'ai évoqué les « nocturnes » estivales 2011 à l'abbaye du Mont. Ce son et lumière est un événement. Réalisé par une équipe de jeunes (le collectif Alambik) découverte par Jean-Marc Bouré, l'administrateur des Monuments nationaux, la scénographie Chant d'ombres à la Merveille se présente ainsi : « A la nuit tombée, l'abbaye du Mont Saint-Michel lève le voile sur son passé et ses mystères. Décors de lumières et d'images, ambiances sonores et musicales prennent possession des lieux... »
UNE MISE EN LUMIÈRE
Il y a dix ou douze ans, les nocturnes au Mont détournaient le cadre de l'abbaye pour parler d'autre chose, à la manière snob de la fin du siècle dernier ; et le public tiquait, parce qu'on ne vient pas au Mont pour autre chose que le Mont : haut lieu en soi, riche de significations universelles à connaître. Cette année, l'arrivée d'une jeune équipe change tout. Question de génération ? Alambik a compris l'esprit du lieu. Son travail est une mise en lumière plus qu'une mise en scène. Il utilise avec brio les images des manuscrits montois conservées à Avranches. Dans le scriptorium de l'abbaye (la salle dite « des chevaliers »), un nuage en suspension de lettrines romanes et gothiques, découpées et éclairées par des faisceaux de spots, projette leurs ombres noires sur la blancheur des piliers : hommage aux moines copistes du Mont, « cité des livres ». Dans la chapelle Notre-Dame-sous-terre, c'est le vieil enchantement de la lanterne magique, réinventé en couleurs avec les techniques actuelles par un garçon de vingt-cinq ans : projetée sur le mur nord, la silhouette abstraite du Mont s'enveloppe de soleils d'or et de tempêtes glauques ; le monstre marin Jasconius (« antérieur à tout ce qui nage dans l'océan ») porte la barque de saint Brendan... Dans la chapelle saint Martin, l'histoire de la Rédemption se déroule sur la paroi de l'est, projetée en images éclatantes au dessus de l'autel : de l'Annonciation au combat de Michel et du dragon dans le ciel du Mont [1], le spectacle découpe et anime comme dans une BD les personnages des manuscrits d'Avranches. L'effet est fascinant. Certains visiteurs restent sur leur banc indéfiniment, à regarder le cycle se répéter... Comme ceux du cloître, perdus en contemplation devant les champs de lumière projetés sur la façade en surplomb, où l'on devine le ciel et les constellations. C'est l'esprit même des cloîtres : ouvrir sur la voûte céleste.
Dans la crypte des Trente Cierges, le spectacle est encore plus simple : la croix d'or au dessus de l'autel s'illumine de vingt secondes en vingt secondes, comme si elle palpitait ; à gauche de l'autel, la statue de la Vierge est nimbée d'une lueur discrète. Cette crypte est un des pôles liturgiques du Mont, et le Mont n'existerait pas sans le Christ, son incarnation, sa crucifixion et son eucharistie.
En félicitant les jeunes d'Alambik, je ne leur ai pas demandé s'il y avait des croyants parmi eux. Ils ont capté le message du Mont qui s'impose à tout visiteur attentif, chrétien ou pas ; et si le visiteur n'est pas chrétien, ce rayonnement sur lui est encore plus impressionnant :
Non point récit, non point langage,
nulle voix qu'on puisse entendre,
mais pour toute la terre en ressortent les lignes,
et les mots jusqu'aux limites du monde.
Telle que la vivaient les moines du Moyen Âge au Mont [2], la piété michélienne passe par l'archange (créature) mais s'adresse au Créateur : Mikaël veut dire « Qui est comme Dieu ? ». L'archange est un doigt qui désigne l'Eternel. Des milliers de visiteurs de Chant d'ombres le comprendront cet été.
Des visiteurs, le Mont en accueille par milliers et de toutes les origines. Dimanche matin à neuf heures, dans la petite église paroissiale du Mont, un pèlerinage de quatre-vingts Africains chantait les laudes avec une vigueur à faire trembler les vitraux ; on les entendait jusqu'à la tour du Nord. Ce catholicisme eucharistique n'a rien à envier aux pentecôtistes, et il est aux antipodes des passéismes hexagonaux. Comme dit Laurent Fourquet dans un livre dont je vous parlerai bientôt [3], l'éruption chrétienne viendra de l'hémisphère Sud.
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[1] la célèbre miniature des frères Limbourg (Très Riches Heures du duc de Berry).
[2] étrangère au « michélisme » politique (manipulateur) des duc normands ou de Louis XI.
[3] L'ère du Consommateur (Cerf).
12/07/2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
La flamme des JO, les médias et le Mont Saint-Michel
La flamme olympique chez saint Michel avant-hier... Une fois évoqués les phoques, les grandes marées et l'inexorable mère Poulard, nos médias sont restés quasi-cois sur le Mont comme "pèlerinage". Il est vrai que nombre de cathos, quant à eux, prennent l'Archange pour un symbole politico-militaire alors que son rôle est de convoyer les âmes vers le Paradis – et qu'au grand Moyen-Âge, ce pèlerinage montois très spécial était parcouru par chacun comme un entraînement pour sa dernière heure :
Vendredi, la flamme olympique passait par le Mont Saint-Michel. Occasion pour les grands médias de rappeler au public les “choses importantes” : les trois millions de visiteurs annuels, les grandes marées, la mer qui entoure le Mont "quatre-vingt fois par an", les phoques, les dauphins… Et forcément l’omelette de la Mère Poulard, dont on parle depuis 1890 chaque fois qu’on mentionne la Merveille de l’Occident – pour dire que cette omelette est (je cite) “indissociable” du Mont Saint-Michel.
En évoquant le Mont à propos de la flamme olympique, les médias n’ont pas tous oublié de dire (je cite) : “C’est aussi un lieu de pèlerinage”.
Mais pèlerinage dans quel but ? Dans quel esprit ? Mes confrères journalistes ne l’ont pas dit. Sans doute n’en sont-ils pas informés. Sans doute aussi seraient-ils embarrassés pour le commenter...
Car le Mont Saint-Michel, à sa grande époque médiévale, n’est pas un pèlerinage comme un autre. C’est le Mont de l’Archange et les Archanges n’ont pas de corps : donc pas châsse de saint que l'on puisse venir vénérer. Ce que l'on vénère en Michel, c'est son rôle.
Et au grand Moyen Age, quel est ce rôle ? Contrairement à ce qu’on imagine aujourd’hui ce n’est pas un rôle guerrier. Ni un rôle "national". Ces rôles-là n’apparaîtront qu’à la fin de la période (XIVe-XVe siècles), comme un produit dérivé de la guerre de Cent Ans – et hors de toute théologie catholique.
Non : le vrai rôle de saint Michel, son rôle d’origine, depuis les premiers chrétiens, est de conduire les âmes vers le Paradis quand notre dernière heure est venue.
Aux XIIe ou XIIIe siècle, chaque pèlerin, traversant pieds nus sous le vent et la pluie le grand désert marin qui sépare le Mont de la terre ferme, vit cette marche vers l’Archange comme une répétition générale de notre dernière heure à tous : donc de la sienne propre. La traversée des grèves, c’est l’épreuve de la mort. La montée des immenses escaliers de l’abbaye, c’est l’épreuve du jugement. L’entrée dans l’abbatiale, elle aussi en degrés successifs, c’est l’admission dans le Paradis. Voilà en quoi le pèlerinage au Mont Saint-Michel est unique en son genre ! Il a un sens absolu, très spécifiquement chrétien et catholique. Il répond à la question fondamentale des êtres humains ; du moins pour ceux qui se posent encore des questions fondamentales, démarche que notre société de l’étourdissement n’encourage pas…
Difficile de ne pas y penser, l’autre jour, en voyant la flamme olympique passer devant la Merveille.
02/06/2024 | Lien permanent | Commentaires (2)
Mont Saint-Michel : le ravage administratif s'aggrave
Voir note du 11/12/2013
fenêtre 'rechercher', taper bulldozers et foreuses
+ info de la presse départementale, ici
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31/01/2014 | Lien permanent
Hier, le Mont Saint-Michel est redevenu une île... pour la première fois depuis 1879
La technique peut être mise au service du sens spirituel...
à quelles conditions ?
Dans Les Romans du Mont Saint-Michel*, j'évoque la véritable histoire du Mont et son sens spirituel (très éloignés du kitsch cocorico 1880 révisé 2013) : le pèlerinage au sanctuaire du Mont est une « répétition générale » du Grand Passage de chacun dans l'éternel. Et la longue traversée des grèves au péril de la mer est l'allégorie de ce Passage... Le rétablissement du caractère maritime du Mont contribue à mieux mettre en valeur ce sens spirituel, sans lequel ce lieu n'est qu'un chef d'oeuvre d'architecture doublé d'un business laïque. J'applaudis donc à ce qui s'est passé lors de la grande marée d'hier, je renouvelle mes félicitations à François-Xavier de Beaulaincourt, chef de ce chantier géo-hydraulique. Et j'espère par ailleurs que le conflit local prendra fin – si l'on met Veolia à la raison. L'exploit du chantier hydraulique ne doit pas être gâché par le greed d'une multinationale.
* Le Rocher 2011.
25/07/2013 | Lien permanent
Mont Saint-Michel : entretien avec un ”passeur de sacré”
Ce que m'expliquait François Saint-James, conférencier des Monuments historiques :
16/01/2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
”Les romans du Mont Saint Michel” à Europe 1 ce matin
...à l'émission Au coeur de l'histoire de Frank Ferrand, dont j'étais l'invité ainsi que Stéphane Compoint :
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire
28/06/2012 | Lien permanent
1ères ”Rencontres des Portes du Mont Saint-Michel”
Conférence-débat et dédicace de mes Romans du Mont Saint Michel (éditions du Rocher) : le samedi 17 septembre à 15 h, à l'hôtel Mercure du Mont Saint-Michel, sur la rive.
Premières Rencontres des Portes du Mont Saint-Michel. (Vendredi 16 septembre : à 17 h, Henry Decaëns, Le Mont Saint-Michel, 13 siècles d'histoire en images. - Samedi 17 septembre : à 15 h, Patrice de Plunkett, Le Mont Saint-Michel, mille ans d'aventures humaines ; à 17 h, Luc Weizmann, architecte du barrage. - Dimanche 18 septembre : Jean-Loup Eve , Le Mont à travers le regard d'un aquarelliste.
13/09/2011 | Lien permanent
KTO, ce dimanche, 20 h 40 : le fascinant Mont Saint-Michel
18 septembre à l'émission La foi prise au mot : Régis Burnet invite le frère Pierre-Marie Delfieux (Fraternités monastiques de Jérusalem) et moi (Les romans du Mont Saint-Michel, éd. du Rocher). Après 1300 ans de fascination des foules, le Mont attire en 2011 trois millions de visiteurs... Pourquoi cet appel à travers les siècles et les cultures ? Quel "écosystème spirituel" est donc le Mont Saint-Michel ?
Et en ce week-end du Patrimoine, au Mont (hôtel Mercure sur la rive), les premières Rencontres des Portes du Mont Saint-Michel. Vendredi 16 septembre : à 17 h, Henry Decaëns (Le Mont Saint-Michel, treize siècles d'histoire en images). Samedi 17 : à 15 h, Patrice de Plunkett (Le Mont Saint-Michel, mille ans d'aventures humaines) - à 17 h, Luc Weizmann, architecte du barrage. Dimanche 18 : Jean-Loup Eve ( Le Mont à travers le regard d'un aquarelliste).
16/09/2011 | Lien permanent
Je suis au Mont Saint-Michel - Prochaine note le 18 mai
Les commentaires
seront mis en ligne le 18,
à mon retour de chez l'archange !
6 juin
en librairie :
Les Romans du Mont Saint-Michel
(éditions du Rocher)
Une enquête sur 1500 ans
avec un impact surprenant
au XXIe siècle
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16/05/2011 | Lien permanent