29/05/2019
Fusion Renault-Fiat-Chrysler : M. Le Maire "souhaiterait" que survivent les "intérêts français"
Le "souhait" de M. Le Maire fait sourire à Turin et Detroit
Son et texte de ma chronique de ce matin à Radio Présence (diocèse de Toulouse / Midi-Pyrénées) :
https://radiopresence.com/IMG/mp3/29052019_chroeco_airtem...
<< Bonjour à tous. Hier, nos médias étaient dans l’extase à l’idée d’une fusion Renault-Fiat Chrysler. Pour décrire cette vaste opération boursière, ils rivalisaient d’emphase : ce serait la naissance d’un "n°3 mondial de l’automobile", avec "un chiffre d’affaires combiné de 170 milliards d’euros", etc.
S’agit-il d’un projet industriel ? A entendre ses promoteurs, il s’agit plutôt d’une opération financière visant à renforcer le taux de rentabilité pour les actionnaires : la fusion serait "génératrice de valeur additionnelle", explique Renault en un langage d’assemblée générale.
Et avant de voir cascader les profits financiers il s’agit de réaliser ce que l’on appelle pudiquement des "économies". Elles sont chiffrées à 5 milliards d’euros par Renault et Fiat.
D’où l’inquiétude des salariés exprimée par leurs représentants : "Quand il y a fusion, disent-ils, il y a ce qu’on appelle suppression des doublons", autrement dit : suppressions de postes et compression de personnel. Puis, dans un second temps, fermetures d’usines… La France en fait particulièrement les frais ces temps-ci.
C’est tellement vrai que Bruno Le Maire, pourtant peu suspect de nostalgies étatistes, tient à nous dire (je le cite) qu’il a demandé au président de Renault, Jean-Dominique Senard, "des garanties sur la préservation des emplois et des sites industriels en France".
Singulière demande, alors que M. Le Maire est partisan de vendre Aéroports de Paris à un groupe privé, en dépit des critiques et des mises en garde formulées par des économistes !
D’autant que, si la fusion Renault-Fiat se réalise, le poids de l’Etat français dans le capital du futur géant ne sera plus que de 7,5 %, ce qui le privera de la minorité de blocage qui lui laissait une influence stratégique…
M. Le Maire nous dit qu’il souhaite que les intérêts français soient bien représentés dans la gouvernance du futur géant. Mais s’en remettre à la finance globale du soin de respecter les intérêts stratégiques et les intérêts sociaux de la France, ce serait gober la lune. Seule une présence significative de l’Etat dans la structure garantirait ces intérêts français.
C’est bien ce qu’on pense en Italie : le parti nationaliste au pouvoir, celui de M. Salvini, condamne comme une "anomalie" (je le cite) la présence de l’Etat français au capital de Renault. Mais non, ce n’est pas une anomalie ! Comme le disent les encycliques sociales, dans certains cas l’Etat est seul à pouvoir garantir le bien commun... >>
11:19 Publié dans Economie- financegestion | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
A l'attention du président de la République.
> Il y a quelques jours, le groupe FCA a proposé une fusion "entre égaux" avec le groupe Renault dont l'Etat est actionnaire.
Le conseil d'administration doit étudier l'offre. Je suis assez surpris de l'accueil relativement positif de cette proposition.
Le gouvernement semble y être favorable.
Les fusions entre égaux n'existent pas. Malheureusement, il y a de nombreux exemples qui prouvent cette affirmation :
Technip FMC
Essilor Luxoticca
LafargeHolcim...
Dans ces configurations les entreprises françaises ont perdu beaucoup d'influences.
La famille Agnelli va se retrouver actionnaire n°1 du groupe et à moyen long terme, elle imposera ses choix notamment dans la nomination des administrateurs.
Renault se retrouvera minoritaire dans cet ensemble.
L'Etat verra sa participation tomber de 15% à 7.5% avec la perte des droits de vote double et elle n'aura plus sa minorité de blocage.
De plus, la valorisation du groupe Renault est complètement sous-évaluée : participation dans Nissan, dans Daimler...
Le groupe PSA est plus valorisé que Renault... alors que sa présence à l'internationale est très faible.
Au niveau technologique, le groupe FCA est très en retard sur le groupe Renault notamment en matière de voitures électriques. Certaines usines de FCA en Europe et notamment en Italie ont un taux d'occupation très faible.
Renault devrait au minimum faire une contre-offre ou bien abandonner le projet et se recentrer sur le développement de ses marques et partenariats actuels.
Je sais très bien que dans le bras de fer qu'il existe entre Renault et Nissan, cette proposition peut paraître intéressante. Mais avec un minimum de recul, je crains une prise de contrôle rampante de la famille Agnelli sur Renault et une perte d'indépendance.
Le deal actuel est totalement à l'avantage du groupe FCA. S'il est accepté, le grand gagnant sera FCA et non les intérêts du groupe Renault.
Mr Gil Fabien, un simple citoyen français.
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Écrit par : elgringos777 / | 30/05/2019
> Votre message "A l'attention du président de la République" a déjà été mis en ligne le 30/05.
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Écrit par : à elgringos777 / | 31/05/2019
MERCORUR
> L'Union européenne vient de conclure en grande pompe un accord de libre-échange avec le Mercosur sud-américain, avec à la clef un quota de viande de près de cent mille tonnes par an. Même certains députés macronistes se sont émus du peu d'intérêt accordé par Bruxelles aux consommateurs européens : cet accord ne va pas dans le bon sens et n'aurait pas dû voir le jour, en particulier dans une perspective écologique.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/06/2019
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