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13/05/2019

Au nom de quoi fera-t-on mourir Vincent Lambert ?

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Les pouvoirs publics sur la voie de l'euthanasie. Une autre solution était possible  – mais contraire à la politique de réduction des coûts hospitaliers... Déclaration de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence épiscopale :


 

 

L'ARCHEVÊQUE DE REIMS

Reims, le 12 mai 2019

 

Déclaration à propos de M. Vincent Lambert

 

Il y a quelques semaines, déjà, le Conseil d’État a validé juridiquement la décision prise par l’équipe du secteur des soins palliatifs du CHU de Reims quant à M. Vincent Lambert. Cette équipe est donc confirmée dans sa responsabilité d’interrompre l’alimentation et l’hydratation de M. Lambert selon ce qu’elle jugera convenable. Le Dr Sanchez a annoncé à la famille son intention d’appliquer sa décision dans la semaine du 20 mai. La mort de M. Lambert est donc scellée, quoi qu’il en soit des recours tentés par ses parents.

Beaucoup s’inquiètent de la conclusion ainsi donnée à ce qui a été « l’affaire Lambert ».

Comme archevêque de Reims et comme évêque auxiliaire de Reims, avant tout nous prions pour M. Vincent Lambert, pour son épouse, pour sa fille, pour ses parents, ses frères et sœurs et pour tous ses amis. Nous prions aussi pour les médecins, le personnel infirmier et soignant du CHU de Reims qui, depuis des années, se sont occupés de lui. Nous prions également pour ceux qui ont eu et qui ont encore à décider de son sort. Nous remercions les membres de l’aumônerie qui lui ont rendu visite régulièrement tant que cela a été possible.

La situation médicale et humaine de M. Vincent Lambert est singulièrement complexe. Déterminer la prise en charge adaptée dans son cas n’est pas simple. Tout jugement à son propos est délicat. Ce qui a été vécu autour de M. Lambert est unique et ne devrait pas être transposé à d’autres cas. Face à de telles situations, aucune décision humaine ne peut être assurée d’être parfaite, ni même d’être la meilleure. Une société doit savoir faire confiance au corps médical et respecter la décision collégiale des médecins engageant leur responsabilité professionnelle et humaine ; les médecins, de leur côté, doivent accepter de prendre en compte les avis des proches et de nourrir leurs décisions d’une réflexion éthique sur la responsabilité des êtres humains les uns à l’égard des autres.

Les spécialistes semblaient s’accorder cependant sur le fait que M. Vincent Lambert, si dépendant soit-il depuis son accident, n’est pas en fin de vie. Tout en saluant l’engagement des équipes du CHU de Reims, on peut s’étonner que M. Lambert n’ait pas été transféré dans une unité spécialisée dans l’accompagnement des patients en état végétatif ou pauci-relationnel.

Il appartient à la condition de l’homme et à sa grandeur d’avoir à mourir un jour. Il est bon de s’en souvenir en un temps où certains réclament le droit de mourir quand et comment ils le choisissent tandis que des prophètes du transhumanisme annoncent la fin de la mort.

Mais c’est l’honneur d’une société humaine que de ne pas laisser un de ses membres mourir de faim ou de soif et même de tout faire pour maintenir jusqu’au bout la prise en charge adaptée. Se permettre d’y renoncer parce qu’une telle prise en charge a un coût et parce qu’on jugerait inutile de laisser vivre la personne humaine concernée serait ruiner l’effort de notre civilisation. La grandeur de l’humanité consiste à considérer comme inaliénable et inviolable la dignité de ses membres, surtout des plus fragiles.

Nos sociétés bien équipées se sont organisées pour que les personnes en situation « végétative » ou pauci-relationnelle soient accompagnées jusqu’au bout par des structures hospitalières avec des personnels compétents. Leurs familles et leurs amis ont aussi vocation à accompagner l’un de leurs en une telle situation. La confiance mutuelle entre ces personnes diverses est le fondement nécessaire d’un bon accompagnement. Beaucoup font l’expérience que cet accompagnement, tout en étant éprouvant, contribue à les rendre plus humains. Le devoir de la société est de les aider.

Nous prions encore et nous invitons à prier pour que notre société française ne s’engage pas sur la voie de l’euthanasie. Nous rendons grâce à Dieu pour ceux et celles qui sont quotidiennement les témoins de la grandeur de tout être humain menant sa vie jusqu’à son terme.

 

+ Eric de Moulins-Beaufort,
archevêque de Reims

+ Bruno Feillet,
évêque auxiliaire de Reims

 

 

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Commentaires

PROTÉGER

> Merci à Mgr de Moulins-Beaufort de venir au secours de Vincent Lambert et de monter du même coup au front « sociétal ».
Il nous incombe sans doute de prier davantage pour que le Seigneur manifeste sa volonté dans cette affaire. La vie « pauci-relationnelle » de infirmier, dans sa durée, confine au mystère, et au mystère de la foi, interpellant chacun sur la question de la fin de vie et des fins dernières ordonnées au 6e commandement : « Tu ne tueras point ». Et le fait est que nous nous déclarons pour ou contre le meurtre légal qu'est l’euthanasie selon que nous sommes partisan, ou non, de mettre un terme aux jours de Vincent. Je pense à son accident de voiture, en la fête de saint Michel archange, le 29 septembre 2008… Qui est comme Dieu ?! Occupons-nous avant tout de protéger toute vie depuis son origine et jusqu'à son terme naturel.
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Écrit par : Denis / | 13/05/2019

à Denis

> Surtout quand on voit les cris de haine soulevés par la loi de Georgie (USA) ré-interdisant les avortements après le 6e semaine.
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Écrit par : Elsbeth / | 13/05/2019

HORRIBLE

> Tuer son prochain, quelle qu'en soit la raison, est toujours horrible, mais le tuer de cette façon…
Et depuis quand la nourriture et la boisson sont-elles devenus des soins ? Tout être humain en bonne santé a besoin de manger et de boire, il me semble.
Par le passé, il y eut toute une période où les gens redoutaient d'entrer à l'hôpital, en raison d'une quasi certitude d'en sortir les pieds devant. Il semble que ce sera bientôt de nouveau le cas. Plus pour les mêmes raisons.
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Écrit par : Bernadette / | 13/05/2019

QUESTIONS

> Les questions auxquelles j'aimerai obtenir réponse :

Les personnes dans le cas de Vincent Lambert, de ce que j'ai pu lire, ont des séances de stimulation. Dans le CHU de Reims Vincent Lambert n'en a jamais reçu. Manifestement donc le CHU de Riems ne veut pas lui donner les traitements que d'autres patients dans sont état reçoivent. D'autres établissements spécialisés seraient prêts à l'accueillir.
Dès lors
- Pourquoi le CHU de Reims refuse de lui donner les soins auxquels sont soumis les patients de son type ailleurs ?
- Pourquoi, d'autant plus qu'il ne veut pas le traiter, le CHU de Reims s'oppose-t-il à son transfert, quels arguments motivent cela ?

Les personnes dans un état tels que celui de Vincent Lambert en général soit ont une évolution positive, soit meurent au bout de qq mois ou années. Comment peut-on affirmer que Vincent Lambert serait maintenu en vie contre son gré, tout en faisant preuve d'une résistance plus qu'exceptionnelle (d'autant qu'il a déjà survécu à 2 débuts d'arrêt d'alimentation + hydratation) ?

Qu'une partie de sa famille ne veuille plus supporter cet état peut se comprendre, mais dès lors qu'une autre partie souhaite s'en occuper, au nom de quoi/qui donne-t-on priorité à ceux qui souhaitent "en finir", et nommons explicitement le procédé : le tuer par déshydratation ?
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Écrit par : franz / | 13/05/2019

MERCI

> "Se permettre d’y renoncer parce qu’une telle prise en charge a un coût et parce qu’on jugerait inutile de laisser vivre la personne humaine concernée serait ruiner l’effort de notre civilisation" : cette phrase nous rappelle combien les questions "sociétales" sont en fait des questions sociales, le salarié qu'on licencie un jour parce qu'il coûte cher pouvant devenir l'accidenté, le vieillard ou le malade qu'on va laisser mourir pour des raisons analogues. Merci à Mgr de Moulins-Beaufort pour ce rappel.
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Écrit par : Sven Laval / | 13/05/2019

PAUCI-RELATIONNEL

> Comme le signale bien la première intervention ci dessus Vincent Lambert est en état pauci-relationnel.
Mais toute une partie de la presse répète qu'il est en état végétatif ce qui est nettement différent - médicalement parlant.
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Écrit par : Roque / | 13/05/2019

> Peut-être que c'est le moment pour LMPT, écologie humaine ou l'Alliance Vita de se bouger pour défendre l'hôpital qui meurt.
Parce que, quand l'euthanasie fera l'objet d'un projet de loi, ce sera très certainement un pis-aller face à une mort horrible dans des hôpitaux défectueux.
Et alors certains leur diront: "Vous n'avez pas bougé quand l'hôpital crevait des coupes budgétaires et vous prétendez secourir les malades simplement en les privant d'un suicide délibérément choisi. Vous êtes juste perturbés par des dogmes religieux mais vous n'avez aucune compassion."
Et ce ne sera pas tout-à-fait faux.
Alors il est peut-être plus que temps d'arrêter de traiter les gilets jaunes de "zozos", "alcooliques", "analphabètes", "crasseux" et de se mettre vraiment à protester. Et surtout de changer de paradigme. Un Etat qui dispense des services à des personnes en difficulté ne représente pas un scandale. C'est la misère qui est honteuse, pas le déficit public.
Parce qu'aujourd'hui, l'euthanasie ça ne concerne que quelques personnes atteintes de pathologies très spécifiques. Mais peut-être que dans quinze ans, l'euthanasie sera une question que toute personne devra se poser arrivée à un certain âge. Lorsque les soins coûteront trop cher. Quand l'Etat refusera de verser une retraite au-delà d'une certaine limite. Les Belges y réfléchissent très sérieusement.
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Écrit par : Cyril B / | 14/05/2019

CE NE SONT PAS DES SOINS

> Avoir faim et soif n'est pas une maladie.
Par conséquent, nourrir et hydrater ne sont pas des soins médicaux.
Ou alors Bocuse et Robuchon étaient des médecins, un sandwich est un médicament, un pizzaïolo est un infirmier et tout restaurant un hôpital !
On joue sur les mots.
Ou alors que la Sécu rembourse le pinard.
Et je me pose les mêmes questions que Franz.
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Écrit par : E Levavasseur / | 14/05/2019

CÉDRIC DE PIERREPONT ET ALAIN BERTONCELLO
R.I.P.

> Et, en réponse à ce poignant témoignage de l'archevêque de Reims et de son auxiliaire, permettez-moi d'avoir en ce jour de deuil une pensée pour nos deux compatriotes morts en mission devant l'ennemi : qu'ils trouvent le repos éternel dans la Maison du Père. "In paradisum deducant te angeli".
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Écrit par : Philippe de Visieux | 14/05/2019

à Cyril B.

> Tout à fait d'accord en ce qui concerne le troupeau de gnous affolés qu'on appelle "droite catho".
Mais je ne crois pas que la MPT ait jamais insulté les gilets jaunes comme vous le croyez. Ses défauts sont plus du genre "myopie" que du genre "agressivité".
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Écrit par : Arnaud Bodin / | 14/05/2019

"DEMAIN CE SERA TOI"

> "Mais peut-être que dans quinze ans, l'euthanasie sera une question que toute personne devra se poser arrivée à un certain âge. Lorsque les soins coûteront trop cher. Quand l'Etat refusera de verser une retraite au-delà d'une certaine limite. Les Belges y réfléchissent très sérieusement."
C'est pour lors la Belgique, ce sera bientôt l'Europe, cette Europe ultra-libérale pour laquelle on veut nous faire voter dimanche. Cette Europe qui, pour des motifs économiques, euthanasiera des franges entières de la population : malades, vieux, inadaptés... Tout ce qui n'est n'est pas rentable devra périr. Ce sera un système encore plus perfectionné que les camps de concentration nazis ou le goulag, ou ce qu'on trouve actuellement en Chine.
Et les autorités auront bonne conscience, les droits de l'homme seront défendus par des paralogismes d'hommes politiques cupides et cyniques.
Avec Vincent Lambert, il faut tenir. Belle défense de Mgr de Moulins-Beaufort, qui n'a pas eu assez de retentissement. Aujourd'hui, c'est Vincent Lambert qu'on veut euthanasier ; demain, ce sera toi.
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Écrit par : Bégand / | 15/05/2019

IDÉOLOGIE

> En plein accord avec l'article et les commentaires.
Peut-être pourrait-on également envisager un possible lien avec toute l'idéologie liée au don d'organes. Non pas que ce type de don soit négatif en soit à priori, mais on voit bien que toute une tranche de médecins, une certaine industrialisation de la médecine ainsi que les fantasmes du transhumanisme poussent vers une explosion des remplacements d'organes déficients ou simplement fatigués.
Dans leur vision d'un homme simple robot biologique issu d'un processus né du hasard, on voit bien leur logique de finir au plus vite les vies "non efficaces", libérant des ressources, et en récupérant si possible "la matière" pour améliorer celles qui le seraient encore, toujours selon leur vision productiviste. Et dans ce grand mécano les chirurgiens seraient les barons.
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Écrit par : Catho1728 / | 15/05/2019

à Bégand :

> Et peut-être à terme l'avortement post-natal, nec plus ultra du progressisme ?

https://reseauinternational.net/a-quand-lavortement-apres-la-naissance/
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 15/05/2019

LA CONFUSION

> Je suis étonnée de la confusion sur les mots "soin" et "traitements". Confusion bien normale car le mot soin est lié à la notion de soigner qui se rapproche du médical. Aucun soin ne doit manquer à aucune personne, même en l'absence de traitement,c'est la beauté des soins palliatifs : soins nutritifs, de confort, soins relationnels et spirituels. Ce sont ces soins que V. Lambert doit recevoir inconditionnellement.
Pour les traitements, seuls doivent demeurer les antalgiques, éventuellement sédatifs si la personne ne répond de manière satisfaisante aux autres.
Si la situation de V. Lambert est douloureuse à l'extrême elle est pour autant relativement claire du point de vue éthique.
Le manque de soins et de prise en charge normale dans le passé n'a pas simplifié les choses. La confusion entretenue par les médias non plus !
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Écrit par : Le Pivain / | 16/05/2019

@Bégand

> hélas l'avortement "postnatal" est déjà sur les rails :
https://www.huffingtonpost.fr/johann-roduit/avortement-postnatal-aton_b_1374577.html
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Écrit par : franz / | 16/05/2019

@ Ph de Visieux

> Un enfant est un enfant s'il "fait l'objet d'un projet parental" : l'humanité dépend des autres.
Rien de scientifique mais subjectif à 100%.
C'était fatal : à partir du moment où l'on s'arroge le droit de décider qui doit vivre, on déplace la date fatidique jusqu'à laquelle on peut avorter et on finit par dépasser la naissance.
Et après, jusqu'à combien de jours après la naissance ?
et pourquoi quelques jours ? pourquoi l'infanticide ne serait-il pas légal jusqu'à plusieurs années après la naissance ?
jusqu'à l'adolescence ?
jusqu'à ... ?
"Das ist ein Gnadentod" car, n'est-ce pas, "s'ils ne sont pas aimés" ?
avec ce critère (le regard des autres détermine si ma vie est vivable ou non)
à ce rythme on met à mort les gens de couleurs vivants au milieu de racistes "car ils ne sont pas aimés", c'est donc "leur rendre service".

EL


[PP à tous : "Gnatentod" ("mort miséricordieuse" ou "euthanasie") : euphémisme pour désigner l'élimination des handicapés mentaux et physiques, pratiquée en Allemagne sous le IIIe Reich. Notre société ne voit pas de contradiction dans le fait de condamner rétrospectivement cette pratique en tant que nazie, mais à la réintroduire aujourd'hui obliquement et sans le dire.]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 16/05/2019

Bien nommer les choses

> On parle d'un "arrêt des soins" au regard de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie", mais Vincent Lambert n'est pas en fin de vie... sauf si on le prive d'alimentation et d'hydratation ou si en plus, alors qu'on parle d'un "arrêt des traitements", on le "place en sédation profonde" dont il n'a nul besoin puisqu'il n'est pas agité : ce "traitement" n'ayant pas d'autre but que de hâter sa mort.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 16/05/2019

ILS TROUVENT ÇA NORMAL

> La sédation profonde accompagnant la privation d'eau et de nourriture est prévue je crois parce que cette mort est très douloureuse et que la victime sera obligatoirement à ce moment-là très agitée, ce qui je pense dérange encore un peu les bourreaux. La souffrance qui n'est pas visible n'existe pas.
Quand on pense que notre société considère qu'il est odieux de condamner à mort un assassin, même récidiviste, et qu'elle trouve normal d'assassiner un innocent parce qu'il est diminué. C'est d'ailleurs une honte qu'on ait refusé son transfert dans une unité approprié où le fait d'être stimulé l'aurait peut-être fait évoluer. On l'a sciemment privé d'une possibilité de voir son état s'améliorer.
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Écrit par : Bernadette / | 16/05/2019

> Pour ma part je me méfie beaucoup de la surmédiatisation autour de la "victime idéale" Vincent Lambert, surmédiatisation relayée avec abondance, et avec un certain goût pour le voyeurisme?, par les réseaux cathos.
Le système nous fabrique un point de fixation avec un cas d'école à faire pleurer dans les chaumières des deux bords, et on y court, on y brille d'arguments éthiques et de démonstrations scientifiques montrant notre maitrise de la pensée droite, de la bioéthique, de la déontologie, dans un contexte médical complexe (et de l'extérieur le peuple nous prend pour de pédants Diafoirus), montrant notre héritée expertise en humanité (oubliant pour la circonstance qu'on est empêtré jusqu'à la nausée dans des crimes sexuels abominables, et là Tartuffe est un saint homme).
Or dans le même temps ça maltraite allègrement dans les EHPAD, ça laisse nos anciens dans leurs excréments, devant des bouillies infâmes auxquelles ils ne peuvent toucher parce qu'il n'y a personne pour leur amener la cuillère à la bouche, ça les laisse des heures au sol quand ils chutent, ça frappe, ça insulte, ça euthanasie en off de mille et une sales manières, parce que le personnel en sous-effectif n'en peut plus de l'abattage qu'on leur demande d'effectuer à une cadence toujours plus infernale, sans moyens, (trois changes, pas un de plus!!) comme dans un élevage industriel où plus une bête en cage n'a apparence saine: tout cela pour le plus grand profit d'invisibles actionnaires.
Et là, où sont les cathos? Les cas de ces victimes ne sont-ils pas assez complexes pour nos experts, ne requièrent-ils pas assez d'années d'étude en sciences médicales et humaines?
Ne sommes-nous pas devenus des avocats de spectacle, des maîtres "Collas et Vergerd", choisissant nos clients selon l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes, dédaignant le vulgum pecus?
Vous voulez parler stratégie? Pour pouvoir protéger un Vincent Lambert d'un acte criminel, il nous faut d'abord nous montrer crédibles en luttant au quotidien auprès de tous nos anciens pour une vie digne jusqu'au bout, auprès de ceux qui les soignent qui méritent juste reconnaissance et moyens adéquats, en protégeant la vieillesse des lois du marché et de la finance.
Enfin, pour interroger de nouveau nos intentions: le premier des respects, c'est celui de notre intimité. Je vois ici qu'on remet sans cesse le regard fixement douloureux de M.Lambert sur son lit d'hôpital, regard qui hante peut-être l'imaginaire de nos jeunes enfants?, et j'ai l'impression douloureuse que chacun tire sur son corps inerte, les pro-vies avec autant de violence -mais c'est pour la bonne cause!!! que les pro-euthanasie. Me reviennent les conseils dans un divorce conflictuel: plus d'un côté on cherche à garder les enfants de son côté, plus de l'autre cela tirera fort, jusqu'à les démembrer, jusqu'à les détruire. Pour leur bien, même si c'est pour les laisser entre les mains d'une mauvaise personne, malheureusement le moins destructeur pour eux est de lâcher prise. J'ignore si cette pédo-psychiatre pensait à Salomon, mais elle avait raison.
Dans quelle mesure M.Lambert ressent la pression des passions et des enjeux autour de son lit? Je me méfie des mots faussement rassurants: "pauci-relationnel, "état végétatif", etc: on a découvert depuis peu que les végétaux réagissent à une blessure, qu'ils communiquent entre eux, mémorisent, etc et qu'on n'a qu'une infime idée de leur mode d'être, pourtant présent en nous par héritage.
Et je vois bien peu de charité autour de son lit, à se disputer son corps inerte, à le balancer à la face de l'adversaire: "regardez il bouge encore! Mais non ce ne sont que réactions automatiques!" Bien peu de respect de sa famille, à s'immiscer dans les tensions entre les parents-gentils!- et l'épouse-méchante!-, à donner les bons et les mauvais points,...Occupons-nous de nos anciens, de nos malades, de ceux de nos familles dont nous préférons ne pas voir les souffrances, loin des caméras et des belles postures publiques, et alors peut-être un jour on viendra nous demander discrètement: "toi qui t'es si bien occupé de ton parent alors qu'il était souffrant, tu ferais comment à ma place avec mon Vincent?"
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Écrit par : Anne Josnin / | 16/05/2019

@ Anne

> J’ai bien aimé les mots du président de L’Arche internationale, Stephan Posner, lors des obsèques de Jean Vanier hier à Trosly-Breuil : « Jean, tu as été le premier arrivé. Nous sommes les suivants et nous te saluons. »
Il ne tient qu’à nous d’être les « suivants »… et, comme vous le rappelez, d’agir pour que les exclus, les rejetés, les opprimés des Ehpad et maisons de retraite – de traite des vieux ? – soient enfin protégés (des Ehpad confiés à L’Arche, demain, sous la houlette du bienheureux Jean Vanier ?…).
Vous connaissez cette phrase de Jean Vanier : « Aimer, ce n’est pas faire quelque chose pour quelqu’un. C’est être avec lui. »
Soyons avec Vincent Lambert comme avec nos vieux parents. Aimons-les mieux, soyons avec eux et ils seront mieux protégés !
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Écrit par : Denis / | 17/05/2019

Anne,

> vous oubliez un peu vite que justement les parents de Vincent étaient disposés à s'en occuper chez eux si aucun lieu de vie ne pouvait l'accueillir : et que cela leur a été refusé.
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Écrit par : Bernadette / | 17/05/2019

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