Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/11/2016

En quoi Donald Trump n'est pas catho-compatible

165_Tl4qc_trump-vs-pape-francois-le-clash-a-suivre-en-2016_x240-H_g.jpg

 ...s'il applique certains points de son programme :


 

 

L'élection surprise de Donald Trump a déclenché un extraordinaire tapage de commentaires dans nos médias, qui n'avaient rien vu venir et prédisaient un triomphe de Mme Clinton.

Et c'est vrai, la victoire de Trump soulève une masse de questions. Mais pas celles que croient devoir poser les bobos ridiculisés par l'événement... Plutôt les questions que se posent les catholiques croyants.

Sous plusieurs angles, la défaite de Mme Clinton est une bonne nouvelle. Son programme international portait la guerre comme la nuée porte l'orage ; une guerre contre la Russie ; guerre que les amis de Mme Clinton (néoconservateurs ou généraux du Pentagone) nous annonçaient comme nécessaire, inéluctable et plus destructrice que les précédentes guerres mondiales : une guerre pour défendre « le mode de vie américain », disaient-ils.

Les électeurs n'aiment pas l'idée de la guerre. Les électrices encore moins. Ce qui peut expliquer, au moins en partie, qu'une majorité de femmes aient voté contre Mme Clinton dont les slogans féministes n'ont eu aucun effet.

Impopulaire, antipathique, liée aux milieux financiers les plus discutables, Mme Clinton était une mauvaise candidate. En se laissant convaincre de la choisir, le parti démocrate a commis une lourde erreur et permis la victoire de M. Trump.

Grâce à la défaite de Mme Clinton, le reste du monde a sans doute échappé au pire.

Mais faut-il applaudir cette victoire ? Faut-il en généraliser la perspective, et proclamer que le phénomène Trump peut et doit susciter des phénomènes comparables, en Europe et en France ?

Pas si vite.

D'une part, la société américaine est très différente de la société française. D'autre part, nul ne sait quelle politique va suivre M. Trump à partir de janvier 2017...

Si (comme c'est probable) il se révèle combinard et manoeuvrier plus que sa campagne ne l'avait fait croire, son mandat donnera d'autres résultats que ceux que prédisent les médias pour se faire peur.

Mais s'il réalise certains points de son programme, les catholiques lucides auront du mal à le suivre.

Ils auront du mal à applaudir la machine à expulser les Latino-Américains (nos coreligionnaires, rappelons-le).

Et du mal à approuver la promesse d'abolir l'assurance santé ! Ce n'est pas parce que la réforme Obama fonctionne de travers, et parce qu'elle incluait l'avortement, que l'on peut se permettre de retirer l'assurance santé aux 22 millions de personnes qui en bénéficiaient. Il suffirait de supprimer, dans l'Obamacare, les dispositions concernant l'avortement... Réclamer cette suppression est catholique. Réclamer que guérir soit de nouveau trop cher pour les pauvres est incompatible avec la pensée sociale de l'Eglise - et signe l'idéologie de ceux qui le réclament.

Les lecteurs de l'encyclique Laudato Si' auront également du mal à accepter l'effarant programme Trump dans le domaine environnemental (domaine qui engage l'avenir des générations futures). Car le programme extracteur, pollueur et climato-négateur de Trump, c'est « après moi le déluge » : l'irresponsabilité et l'égoïsme érigés en système...  Prétendre que ce programme est catho-compatible, c'est confondre Jésus et Mammon.

Mais M. Trump va-t-il appliquer son programme ? Ce n'est pas l'impression qu'il donnait en rencontrant M. Obama. Ce n'est pas non plus l'impression que donne le nouveau vice-président, ce gouverneur Pence que M. Trump a choisi parce qu'il professe le contraire de tout ce que M. Trump a proclamé jusqu'ici ! Wait and see...

 

 

tweet_donald.png

 

16:28 Publié dans Idées, Trump, USA | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : trump, catholicisme, climat

Commentaires

PROVIDENTIEL ?

> Donald Trump, paraît-il, est presbytérien. Est-ce à dire que tout ce qui lui importe, c'est d’avoir la foi ? En effet, pour ces héritiers de Calvin, seule la foi sauve, pas les œuvres. Et donc, si l’on s’en tient à ce credo WASP très répandu, le nouveau président peut accumuler les conneries, ça ne met pas en jeu son salut. Le rêve américain est aussi bâti là-dessus.
Reste que, pour le coup, une majorité d’Américains s’inquiète tout de même des œuvres à venir – le début d’une conversion ?
Ils souffrent déjà depuis trois jours d’une sacrée crise de foi et perte de confiance en leurs institutions représentatives, ce « spoil system » qui a encore permis (cf. le précédent Gore vs Bush) que le candidat ayant récolté le moins grand nombre de voix entre à la Maison Blanche. Alors, quid de la foi et des œuvres sous Oncle Trump ?
Quoi qu’on en dise, le président Trump sera jugé sur ses œuvres. Et s’il s’en tient à son programme, nombre d’entre elles risquent fort d’être synonymes d’abaissement voire de disqualification de la démocratie américaine.
J’ai dit abaissement ? Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai tendance à penser que la perspective d’assister à un abaissement, repli ou recul de la place des Etats-Unis dans le monde dans les prochaines années, mesurée à l’aune des errements destructeurs de leur politique étrangère depuis trente ans, aurait quelque chose de providentiel.
______

Écrit par : Denis / | 11/11/2016

AVEUGLES

> Aucun candidat n'était catho-compatible à 100%, en France non plus. La politique est d'un autre ordre, malheureusement, et le passé a prouvé que les rois ou présidents soi-disant catho-compatibles ne l'étaient finalement pas tant que ça.
Il y a quand même une occasion de se réjouir : Eric Le Boucher, éditorialiste libéral, écrit un article à la suite du vote Trump où il avoue ingénument :
"Le vote Brexit était le premier coup de tonnerre. Sidérant, il m’a ouvert les yeux [...] Dès lors mon effroi n’entamait pas mon adhésion à la réponse classique: cette poussée populiste reculera naturellement quand l’économie ira mieux, quand les perdants retrouveront un job. Cela prendra un peu de temps mais cela viendra."
Tout est dit : l'aveuglement face aux dévastations en cours, dans le confort de son bureau et d'un salaire confortable, et au final une relative indifférence aux "perdants" qui retrouveront un job plus tard (quand ? : mystère ! demain peut-être, après-demain sinon, en attendant le système est bon si on est du côté des gagnants).
Comme toujours on ne bouge et on ne recherche des solutions que lorsqu'un accident est arrivé. C'est triste, mais savourons le moment pour l'instant.

BCM


[ PP à BCM :
D'accord avec vous : les dirigeants politiques crus "catho-compatibles" dans le passé l'ont (souvent) été à tort.
Mais les catholiques ne peuvent pas indéfiniment patauger dans l'illusion du moins-pire ou "moindre mal", alors que l'Eglise les appelle à changer les choses en profondeur. ]

réponse au commentaire

Écrit par : BCM / | 11/11/2016

TRUMP ET LA MONDIALISATION

> Quand même une chose pas mauvaise socialement et écologiquement, dans ses annonces, c'est le ralentissement de la mondialisation économique, protectionnisme que dénoncent des foules de bonnes consciences.
Se préoccuper de l'environnement en gardant la mondialisation dans un angle mort, c'est comme se préoccuper des gaz d'échappement d'une voiture sans s'intéresser au moteur. La mondialisation, ce sont des transports massifs avec leur consommation et leurs infrastructures, des produits low cost non réparés car moins chers que la réparation, c'est le développement déséquilibré des pays émergents, l'aggravation de la course aux matières premières.
C'est pourtant l'attitude de nombre de catholiques, comme on peut le constater en écoutant quelques colloques, tables rondes ou assises sur le sujet. Certes, on y dénoncera parfois les projets d'accords futurs comme le TAFTA, mais sans jamais remettre en cause l'existant, ce qui n'est pas compromettant.

PH


[ PP à PH :
- Certaines tables rondes cathos ont en, effet des progrès à faire en matière de cohérence, de lucidité, ou simplement d'indépendance vis-à-vis de Mammon.
- Trump a annoncé hier qu'il allait prendre conseil auprès de... Bill Clinton. Les trumpistes français (qui confondaient testostérone et politique) et se préparent des désillusions. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 11/11/2016

ET SI

> et si vous aviez eu à voter, qu'auriez vous fait ?

S.


[ PP à S. - 1. Je ne suis pas citoyen américain ; 2. aucun citoyen n'est tenu de voter en violant sa conscience. ]

réponse au commentaire

Écrit par : stevenson / | 12/11/2016

@ Pierre Huet

«Se préoccuper de l'environnement en gardant la mondialisation dans un angle mort, c'est comme se préoccuper des gaz d'échappement d'une voiture sans s'intéresser au moteur»
Jolie formule, dont j'espère qu'elle resservira souvent.
______

Écrit par : olivier / | 14/11/2016

ZÉRO POUR CENT

> En quoi Trump n'est pas catho-compatible ? Mais en presque tout ! Non aucun candidat n'est catho-compatible à 100% mais Trump l'est à pratiquement 0%.
Il a été pro-choix toute sa vie mais a compris qu'il fallait s'afficher pro-vie pour gagner les primaires républicaines.
Il fut le seul candidat de l’histoire de son parti à dire du bien de Planned Parenthood durant ses discours de victoires durant les primaires, le premier candidat à la présidence de son parti à ne pas parler de l'avortement lors de son discours d'investiture à la convention en plus de trente ans.
Il a aussi vanté la compétence de sa sœur qui est une des juges les plus pro-choix qui soit.
Pour couronner le tout, il croit à la supériorité des gènes de certains individus… : http://www.huffingtonpost.com/entry/donald-trump-eugenics_us_57ec4cc2e4b024a52d2cc7f9
La majorité des électeurs pro-vies se sont donc ralliés à un prédateur sexuel favorable à la torture et au meurtre de membres des familles de terroristes, qui s'est vanté toute sa vie de coucher avec des femmes mariées (pas avec lui...), qui en est rendu à son troisième mariage, se moque des handicapés, ne croit pas à la liberté de presse, etc. Il s'agit d'un des plus grands actes de folie qui soit...
Comme le dit un de mes blogueurs catholiques américains préférés, Clinton était un adversaire extérieur. Trump risque de détruire le mouvement de l'intérieur. Jésus nous a bien dit « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne » (Mathieu 10, 28).
Pour ce qui est de sa politique étrangère moins guerrière que Clinton, on risque d'être déçu... Il a promis de déchirer l'accord avec l'Iran et on parle de John Bolton comme possible secrétaire d’Etat :
https://www.youtube.com/watch?v=X5Bh3--BOC4
______

Écrit par : François Sarrazin / | 16/11/2016

Les commentaires sont fermés.