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22/06/2016

Manifestation de demain : lourde défaite pour M. Valls

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Son épreuve de force absurde (et ratée) avec la CGT restera dans les annales de l'incompétence et de la présomption :


M. Valls avait prémédité et enclenché (comme d'habitude) une absurde épreuve de force ; mais cette fois il s'en prenait au droit des salariés à manifester. Le morceau était trop gros pour lui. D'où la bouffonnerie qui vient d'avoir lieu en quelques heures. Acte 1 : M. Valls fait annoncer par le préfet de police de Paris, via M. Cazeneuve, l'interdiction de la manifestation des syndicats demain 23 juin. Acte 2 : tollé à gauche, insurrection d'une partie des députés PS, proclamation de résistance des syndicats qui manifesteront quand même. Acte 3 : réunion à l'Elysée ; M. Hollande donne tort à M. Valls et enjoint à M. Cazeneuve de filer place Beauvau annoncer aux syndicats qu'il annule l'interdiction.

Pour le Premier ministre, la défaite est lourde. Elle est spectaculaire. Et surtout, elle brise sa mécanique interne... Il avait en effet programmé l'épreuve de force depuis le début de cette affaire de loi Travail :

- en aggravant le texte du projet après les négociations (en y introduisant des éléments exigés par M. Gattaz), ce qui devait amener la plupart des syndicats à durcir leur résistance ;

- puis en annonçant le 49-3 avant même l'ouverture des débats, ce qui renvoyait dans la rue la confrontation refusée au Parlement ;

-  et enclenchant hier soir l'interdiction des manifestations syndicales (ce qui ne s'était plus vu depuis 1947 [*], forçant ainsi la CGT à braver cette interdiction et à affronter les CRS dans Paris. C'était consciemment la politique du pire. M. Valls savait que le choc ne pouvait que tourner mal, et que la CGT et ses alliés avaient un  recours : bloquer de nouveau les raffineries et les dépôts de carburant, paralysant ainsi les départs en vacances. M. Valls allait donc lancer les CRS et les gendarmes mobiles (épuisés par ailleurs) dans de nouveaux combats... Etc.

Selon le secrétaire général de FO, M. Valls avait agi en "pyromane". C'était délibéré de sa part et ce n'était pas qu'une question de tempérament :

1. tout se passait comme s'il s'était engagé auprès de M. Gattaz à briser les syndicats gênants ; ainsi le travail serait fait avant l'alternance de 2017, et la CGT ne pourrait s'opposer aux "réformes difficiles" annoncées par MM. Juppé et Sarkozy (mesures de dérégulation dont la loi El Khomri n'est que le timide prélude) ;

2. tout se passait également comme si M. Valls se positionnait en futur leader de la future gauche blairiste censée naître, en 2017, des ruines du parti socialiste. [**]

Cette stratégie de M. Valls reposait sur des postulats fragiles. La future gauche blairiste pourrait préférer comme leader M. Macron, qui ressemble à M. Blair plus que le psychorigide Valls (affaibli encore un peu plus depuis ce matin)... Quant à "briser la CGT", l'épreuve de force voulue par M. Valls n'était pas de nature à obtenir ce résultat. Elle faisait admirablement le jeu de M. Martinez ! Car la CGT, combative mais en voie d'être surclassée dans les urnes par la CFDT, n'a d'autre issue que de se "relégitimer" dans les luttes ; plus violentes les luttes, plus légitime la CGT qui pourra dire : "Face à une classe politique inféodée au Medef, nous sommes le seul bouclier des salariés." L'épreuve de force de M. Valls n'était pas en train de briser la CGT : elle lui donnait un bain  de jouvence. Cette épreuve de force n'aura pas lieu (à la vive déception de MM. Gattaz, Fillon, Juppé etc) ; à la place, la défaite de M. Valls donne la victoire à la CGT.

 

ps - Quant aux "raisons de sécurité" brandies par Matignon, Beauvau et LR, elles font grincer des dents dans la Police nationale. En effet, les exactions [***] ne sont pas commises par les salariés défilant contre la loi Travail, mais par les provocateurs en noir opérant trois cents mètres en avant des cortèges. Les forces de l'ordre pourraient aisément les éliminer avant la casse ; "mais les consignes ne viennent jamais", révèlent les policiers syndiqués. Et qui donne les consignes ?

 

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[*]  à ma connaissance au moins.

[**]  Déclaration du député PS du Pas-de-Calais Nicolas Bays face à l'interdiction : "Je ne comprends pas cette décision. C'est une atteinte au droit de manifester, un droit fondamental pour notre démocratie qui fait partie de l'ADN de notre République... Une issue négociée doit être trouvée. J'en appelle au gouvernement pour qu'il revienne sur cette décision et autorise une manifestation sur un parcours sécurisé !". En revanche, la droite faisait bloc autour de M. Valls... Déclaration de François Fillon :  "J'avais demandé l'interdiction depuis plusieurs jours. La raison l'a emporté et je m'en félicite." Aujourd'hui la droite peut crier à la "faiblesse du gouvernement".

[***]  Comme de dégrader des éléments de la façade de l'hôpital des Enfants-Malades ou du musée Rodin : actions délibérément injustifiables, qui permettent au gouvernement d'affirmer que "les manifestants" s'en prennent aux enfants et à la culture...  (priorités du régime Hollande, comme chacun sait).

 

16:11 Publié dans Social | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : manuel valls

Commentaires

LA C.G.T.

> "la CGT [...] pourra dire : Face à une classe politique inféodée au Medef, nous sommes le seul bouclier des salariés."
Et elle aura bien raison. Par une ruse de l'histoire, la CGT est même aujourd'hui la seule organisation de masse républicaine : la loi El Khomri - qui, en une phrase, raye d'un trait de plume un siècle d'histoire de droit du travail - est rejetée par une majorité de syndicats de salariés, de syndicats d'employeurs et les deux chambres du parlement (pour des raisons certes différentes) !
Quant aux violences au sein des manifestations parisiennes, elles sont principalement le fait de groupes d'hommes virils et organisés, se comportant comme des paramilitaires, les amis de M. Coupat sans doute...

Annick L. (avant de me rendre à la manif...)
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Écrit par : Annick Lachosme / | 23/06/2016

POLITICIENS

> ou alors, c'est un moyen pour Valls de pouvoir dire je vous l'avais bien dit et j'avais raison d'agiter le chiffon rouge (s'il y a casse).
Ou alors Valls a besoin d'une CGT forte.
Ou alors le candidat Hollande avait besoin de satisfaire et les pro-loi travail (la loi reste) et les anti (voyez je défends vos droits). Avec en prime, l'attention détournée de l'essentiel, la loi travail.
Hollande et Valls étant trop fins tacticiens pour se laisser aller à de l'improvisation, je ne crois pas que tout cela n'a pas été étudié, pesé.
Bref, c'est encore et toujours la confusion entre le but (qui devrait être le Bien commun) et le moyen (que l'on rabaisse à la sauce politicienne: j'en ai besoin pour cet instant). Aucune longueur de vue ni de recherche du Bien commun, simplement du relativisme érigé en absolu.
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Écrit par : Benoit C / | 23/06/2016

1962

> J'ai entendu un journaliste sur Arte parler de 1962 pour la dernière fois que le gouvernement avait interdit une manifestation. Ce serait l'affaire Charonne. La CGT y était déjà...mais c'était une manifestation politique et pas syndicale.
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Écrit par : VF / | 23/06/2016

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