04/03/2016
Faire de la politique... hors de la classe politique
Le député Pouria Amirshahi : "Je quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d'un système institutionnel à bout de souffle. Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction..."
Quadra français d'origine iranienne, militant PS depuis 1987, anti-libéral proche d'Emmanuelli et Mélenchon en 2002 et de Hamon en 2008, Pouria Amirshahi n'est pas un dévot de la croissance : il est partisan d'une nouvelle planification à long terme, de l'appropriation publique des biens communs, de la « centralité du modèle coopératif » et de la relocalisation de la production. Il fut l'un des premiers élus PS à récuser la ligne du gouvernement Valls, notamment en économie, et l'un des six députés à avoir voté contre la prolongation de l'état d'urgence. Secrétaire national du PS « aux transitions démocratiques et à la francophonie » jusqu'à l'arrivée de Cambadélis, Pouria Amirshahi a lancé fin 2015 un « lobby citoyen » : le « Mouvement Commun »*. Aujourd'hui il annonce son départ du PS et sa rupture avec la classe politique.
Dans un entretien au Monde daté du 5/03, il explique (extraits) :
« Notre système, confiscatoire de pouvoirs et de richesses, mène à l'abîme démocratique, social ou écologique... »
« Il y a chez nous [au PS] comme ailleurs une caste de technocrates et de possédants de plus en plus puissants, et c'est contre cela que la gauche et les authentiques républicains doivent lutter... »
« [Le CICE] et le pacte de responsabilité ont légalisé le vol de l'argent public dont on dit pourtant qu'il est si rare : 40 milliards d'euros donnés sans conditions, sans que les salariés aient vu le début d'une amélioration substantielle de leur niveau de vie... »
« S'ajoute à cela le choix de gouverner par la peur. D'où mon opposition. »
« Sous peine de destruction généralisée de nos écosystèmes et de mise en danger de notre commune humanité, il faut poser aujourd'hui les fondements d'un modèle viable et doux. Défendre des causes communes entre citoyens, défendre les biens communs tant négligés, stopper la destruction des espèces vivantes, encourager de nouvelles formes de propriété sociale d'entreprise : voilà le plus important... »
« J'ai agi pour la francophonie, dont j'estime qu'elle est stratégique dans la mondialisation... »
Au sujet du Mouvement Commun, que Le Monde a comparé à « un Podemos à la française », Amirshahi apporte une nuance de taille : « Il ne se présente pas aux élections. Il s'intéresse moins à l'avenir d'un camp qu'à celui de tous. »
Actuellement député des Français de l'étranger, il a résolu de ne pas se représenter en 2017.
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19:49 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : amirshahi, mouvement commun
Commentaires
ÇA FAIT DU BIEN
> Magnifique, ça fait du bien ces (rares) personnes qui font preuve de ce type de courage. Sur les partis politiques il y a aussi la réflexion de Simone Weil reprise sur agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/note-sur-la-suppression-generale-157757
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Écrit par : Pascal / | 05/03/2016
Nicolas,
> il me semble qu'à ce niveau électoral, l'électeur sensé vote pour la personne qui lui semble la plus capable (ou la moins mauvaise, hélas) pour occuper ce poste.
Je vous accorde néanmoins que certains votent pour l'étiquette, pour le plus photogénique, pour celui qui a le plus d'esprit de répartie, pour celui qui fait les promesses les plus mirifiques (même si une once de réflexion montre que c'est irréalisable).
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Écrit par : Bernadette / | 05/03/2016
à Nicolas
> Vous me pardonnerez mon cher Nicolas, mais je ne peux résiter à un peu de provocation.
Vous admirez ceux qui restent fidèles à leurs premiers engagement... Que pensez-vous des généraux allemands qui tentèrent de renverser Hitler en juillet 44? (c'est un point godwin ou pas?)? Nazis au début, ils virent la catastrophe et voulurent élimer le monstre. Et ils trahirent leur serrment. Leur réussite aurait sauvé des milliers de gens dans les camps ou qui n'auraient ps été déporté. Alors? Fidèles jusqu'au bout?
Si on veut une autre comparaison, on peut penser à Napoléon et la funeste épopée des 100 jours, mais j'aime bien mon petit godwin....
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Écrit par : VF / | 05/03/2016
AIDER L'ILE-BOUCHARD
> ... et faire de la finance hors de la finance avec un petit credofunding pour l'Ile-Bouchard qui a dû affronter un incendie criminel : https://www.credofunding.fr/fr/video-ilebouchard
Un confessionnal incendié l'Année de la Miséricorde, tout un symbole.
Un coup de main svp ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/03/2016
CONSCIENCE
> D'accord avec vous VF: il n'y a pas d'autre fidélité légitime qu'à sa conscience (on s'entend bien sur le mot, non il ne s'agit pas de mon petit ego subjectif manipulable par les flatteurs de toutes sortes, mais bien de mon être profond, lieu sacré, temple vivant où s'instaure le dialogue intime entre mon moi fini et ce qui en moi me dépasse, pour nous croyants entre la créature et le Créateur, entre le fils et le Père, ce que redécouvrent hors les murs de nos Eglises nos contemporains par la méditation, merci Matthieu Ricard, si si).
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Écrit par : Anne Josnin / | 06/03/2016
à Nicolas
> pendre le premier avec les tripes du second me paraît la solution raisonnable.
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Écrit par : Georg Elser / | 06/03/2016
à Nicolas
> "Du coeur" au bénéfice de nazis en 1945 ? Beurk.
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Écrit par : Georg Esler / | 06/03/2016
à Georg Elser:
> veuillez me pardonner, mais ce que vous proposez est une hérésie. L'étripage est la pendaison d'une personne avec ses boyaux, pas la pendaison d'une autre personne. Cf la guerre de 100 ans et les jugements des écorcheurs. C'est mon côté prof d'histoire qui revient...Et puis au niveau esthétique, cela me choque. ;-)
Cher Nicolas, plus sérieusement, je sépare la fidélité devenu orgueil de la liberté de conscience comme le dis Anne. Et puis le nazi qui se repent le 1er mai ne trahit personne, Adolf est mort...Et oui, je préfère un nazi qui trahit mais pour preuve de sa(pseudo) bonne foi empêche un train de partir pour Auschwitz.
Le problème en fait, ici, est qui va-t-on trahir?
Est-ce que je vais rester dans l'erreur jusqu'au bout par fanatisme ou orgueil, même quand tout est fini, même si continuer ne fait qu'apporter mort et destruction encore et toujours?
Ou est-ce que je reste fidèle jusqu'au bout par amour de la vérité ou du Christ (cf Etienne et tant d'autres martyr).
Je crois que, ici, on mélange une fidélité vue comme un pseudo honneur (vous savez, ce truc qui ne sert à rien mais qui a fait mourir tant gens - c'est dans je ne sais plus quel film) et la fidélité vue comme un acte d'amour envers la vérité. La fidélité en tant que tel est idiotie et orgueil. La fidélité doit être don de soi en vue du bien.
Ceci dit, j'espère que je ne vous ai pas blessé, cher Nicolas.
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Écrit par : VF / | 06/03/2016
LES ARGUMENTS
> pour moi les motivations de Pouria Amirshahi n'ont aucune importance, elles ne regardent que lui. Ce qui m'intéresse ce sont les arguments de fond qu'il exprime. Ils sont bons. Tant mieux. Je ne chipote pas. L'heure n'est plus aux balances exquises.
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Écrit par : Jean-Bernard / | 06/03/2016
à Nicolas,
> M. Amirshahi réalise que le système est pourri (structure de péché) et il le quitte. Est-ce une trahison?
Car ce n'est pas un échec, ce n'est pas une défaite électorale si l'on écoute ce qu'il dit. C'est vraiment la constatation de l'impossibilité de faire changer les choses avec la système des partis et des élections actuellement existant. Les Poissons roses en sont un autre exemple et, dans une moindre mesure, c'est ce que je vis dans mon activité syndicale.
'Mouvement commun' semble vraiment être porteur de quelque chose d'intéressant. A suivre. J'espère que cela ne fera pas comme 'Nouvelle donne'. Mais peut-être que l'échec de 'Nouvelle donne' vient, entre autre, de sa logique participative au système (élections, programme etc.). Même si les aspects sectaires et et chapelle politique de l'extrême gauche lui ont fait aussi du mal à mon avis.
Ceci dit, c'est vrai, mourir seul, dernier fidèle comme Roland, cela a du panache : mais finalement, n'est-ce pas la plus ultime forme de l'orgueil, le panache ?
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Écrit par : VF / | 06/03/2016
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