Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/10/2015

Le dangereux complot des "précautionnistes"

 GBronner-450.jpg

...dénoncé par un membre du conseil d'orientation d'Areva :


  

 

Sociologue des « croyances dans l'espace social », Gérald Bronner est professeur à l'université Paris-Diderot, membre de l'Académie des technologies, prix européen d'Amalfi en sociologie, prix Procope des Lumières. C'est à la fois un « rationaliste » (primé en 2013 par l'Union du même nom) et... un membre du conseil d'orientation d'Areva. On ne s'étonne pas que son livre de 2010 s'intitule L'inquiétant principe de précaution : principe assimilé par lui à une idéologie qu'il baptise « précautionnisme » (comme les écolophobes baptisent l'écologie « écologisme »). Quand M. Bronner parle des tenants du principe de précaution, il les accuse de « haïr l'Occident » et de vouloir « empêcher l'homme d'explorer le possible » ; quand les écolophobes parlent de l'écologie, ils l'accusent de la même chose. C'est ce qu'on nomme désinformation et déni de réalité.

Et c'est ce qui s'est passé ce matin dans une partie de l'émission d'Alain Finkielkraut : les invités étaient M. Bronner, pour son livre de 2014 La planète des hommes - réenchanter le risque, et le philosophe Robert Redeker, pour son livre Le progrès, point final (dont je rendrai compte prochainement).

M. Bronner ne semblait pas affecté par le ridicule que lui avait attiré La planète des hommes. Ayant affirmé dans ce livre que les « précautionnistes » ont saboté la lutte contre le choléra d'Haïti en empêchant l'usage de l'eau de Javel (histoire qui s'est révélée être un hoax nord-américain), il avait été remis à sa place par Stéphane Foucart* dans Le Monde du 14/10/2014... Cette affaire n'a pas amoindri la superbe du sociologue libéral. Il a accusé ce matin les « précautionnistes » d'être des adorateurs de « Gaïa », et M. Redeker de laisser « la fiction contaminer sa pensée ». Le philosophe a poliment laissé entendre que c'est M. Bronner qui trace un portrait fictif des « précautionnistes » et de l'écologie... M. Redeker ayant ensuite critiqué l'engrenage déshumanisant de l'industrie biotech, M. Bronner l'a accusé de vouloir empêcher les chercheurs de soigner la myopathie.

Cette technique de l'amalgame est la seule arme des écolophobes et des climato-négationnistes : écartant les faits et les textes, ils exorcisent depuis vingt ans un diable imaginaire qui aurait pour but « d'empêcher les chercheurs de chercher ». Alors que la critique écologique de l'artificialisation du vivant** porte sur l'asservissement de la science par l'argent, qui exige l'application immédiate et massive de tout ce que mettent au point les laboratoires - même si nombre de ces applications sont discutables dans l'intérêt de l'humanité...

L'argent est le maître de la planète ; les écologistes et les tenants de la précaution ne sont que des lanceurs d'alerte sans pouvoir. Mais l'argent et ses intellectuels médiatiques  (M. Bronner, M. Luc Ferry) se posent en victimes.

 

_______________

* << Les écologistes ont encore frappé. Leur dangereux « précautionnisme » fait de terribles ravages, jusque dans la manière dont les autorités gèrent des crises sanitaires graves, comme l’épidémie de choléra qui a frappé Haïti fin 2010. Dans l’île caribéenne, déjà meurtrie par le séisme de l’été précédent, on aurait, semble-t-il, laissé des Haïtiens mourir en masse pour cause d’aversion irrationnelle pour les « produits chimiques ». Voilà ce que l’on peut déduire de l’anecdote rapportée par le sociologue Gérald Bronner (université Paris-Diderot), dans un entretien accordé à L’Opinion et publié fin septembre : les autorités chargées de la gestion du choléra en Haïti auraient retardé l’utilisation d’un désinfectant aussi banal que l’eau de Javel pour préserver, au péril des populations, la rivière charriant l’agent pathogène – le vibrion cholérique. L’histoire, brièvement rapportée dans le quotidien libéral, est consignée dans le dernier livre de M. Bronner (La Planète des hommes. Réenchanter le risque, PUF, 156 p., 13 euros), l’un des plus fervents et médiatiques pourfendeurs du mouvement environnementaliste et du principe de précaution... >>


** Bien définie par Alain Finkielkraut au cours de l'émission : « faire de la vie un artefact ». Il aurait pu ajouter : pour le profit financier... Pourquoi ne pas désigner la cause ? La technoscience, c'est la science ravalée au rang de branche du système industriel et commercial. Et c'est le premier moteur du formatage des comportements.

 

 

13:22 Publié dans Ecologie, Idées | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : libéraux

Commentaires

ET LES AUTRES

> Et les autres ! Recensez le nombre d'articles et de colloques en France et aux USA pour vilipender le souci écologique et nier le réchauffement climatique.
______

Écrit par : Quiniou / | 24/10/2015

LE BOURGEOIS BRONNER

> Gérald Bronner est l'exemple parfait du bourgeois, au sens où l'entendait Jacques Maritain : l'archétype "du bourgeois français pour qui le Saint-Esprit est une hypothèse, du bourgeois français qui peut avoir tort dans tous les détails et raison dans l'ensemble, du bourgeois français pour qui l'idée de l'Église catholique ne peut évoquer qu'un fait et qu'un événement historique, la condamnation de Galilée..." ('Le songe de Descartes')
Avez-vous remarqué vers la fin de l'émission, ce passage où Bronner dit "c'est fictif, imaginatif, métaphysique", et Redeker de lui rétorquer :
"vous avez une grande méfiance, vous tournez presque en ridicule la métaphysique. Je crois au contraire que la métaphysique est une très grande et très belle chose, essentielle au développement, au déploiement de la raison humaine dans l'histoire..."
Un ange passe...
______

Écrit par : Frédéric Ripoll / | 24/10/2015

LIBÉRALISME ET LUMIÈRES

> Une fois de plus le lien entre libéralisme et Lumières est mis en évidence. N'oublions pas Voltaire, grand inspirateur de la pensée française, qui était un ultralibéral ayant fait fortune notamment en vendant des armes pour des guerres qu'il avait souvent encouragées, mais s'achetant par sa lutte contre l Église et pour "l'humanisme" une bonne réputation qui incroyablement perdure toujours.
Cela ne vous rappelle rien, un "philosophe" introduit auprès des puissants et provoquant des guerres, mais se faisant passer pour un ami de l'humanité ???
______

Écrit par : Ludovic / | 25/10/2015

> Votre message était déjà en ligne !
______

Écrit par : PP à Ludovic / | 26/10/2015

NIGER

> Areva, cette entreprise qui extrait l'uranium du Niger en reversant un pourcentage ridicule à ce pays ?
Un gouvernement a voulu renégocier le montant il y a quelques années
Il y a eu un coup d'Etat.
Le nouveau gouvernement a annoncé vouloir continuer sa collaboration avec Areva sans rien changer.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 29/10/2015

De limites décisives vont se présenter et à beaucoup plus court terme que la question du CO2 et du réchauffement.
1- Celle de la disponibilité en matières premières, telle que décrite dans l'étude allemande citée dans le remarquable article signalé par un correspondant Facebook:
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2015/10/17/faut-il-prendre-leffondrement-au-serieux/
On voit sur l'infographie de Die Zeit que la question du pic de pétrole (Rohöl), pour symbolique qu'elle soit, est secondaire, et que les énergies vertes sont une baudruche prête à crever.
2-Plus critiques encore, la question des déchets et pollutions et, en corrélation, l'effondrement de la biodiversité. C'est du court terme pourtant, mais ça ne fait ni business vert, ni grands raouts internationaux. Et il faudrait prendre des mesures drastiques contre nombre de pratiques de l'industrie et de la distribution, ces dernières faisant vivre les grands médias par la publicité ne sont pas critiquées sur des points essentiels.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 03/11/2015

Les commentaires sont fermés.