09/07/2015
Bolivie : le pape François rend hommage à Luis Espinal, jésuite assassiné par les paramilitaires de la dictature
À La Paz, le pape a honoré sa mémoire :
« Frères et soeurs bien-aimés, a dit le pape François, je me suis arrêté ici pour faire mémoire d'un frère : un de nos frères, victime d'intérêts qui ne voulaient pas qu'on lutte pour la liberté en Bolivie. Le P. Espinal prêchait l'Evangile, et l'Evangile a gêné, et pour cela on a éliminé notre frère. Prions en silence pendant une minute, puis prions à haute voix tous ensemble... Que le Seigneur tienne en sa gloire le P. Luis Espinal qui prêchait l'Evangile, cet Evangile qui nous apporte la liberté, qui nous rend libres. Que Jésus l'ait auprès de Lui. Donne lui, Seigneur, le repos éternel, et que brille pour lui la lumière sans fin. Qu'il repose en paix. Et que sur vous tous, frères bien-aimés, vienne la bénédiction du Dieu Tout-Puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. »
Le jésuite catalan Luis Espinal fut assassiné le 22 mars 1980 par les paramilitaires de la dictature de Garcia Meza, après avoir été séquestré et torturé. Son corps fut retrouvé dans un faubourg de La Paz : on lui avait tiré quatorze balles dans la poitrine, et les impacts dessinaient une croix.
Luis Espinal, figure de la théologie de la libération latino-américaine, était arrivé en Bolivie en 1968. En 1976, il avait fondé une « Assemblée permanente des droits de l'homme » pour défendre le peuple face à la dictature sanglante du général Banzer, soutenue par la CIA, qui avait interdit toute activité syndicale dans le pays. En décembre 1977, avec cinq épouses de mineurs, il avait organisé une grève de la faim dont l'effet avait été si grand qu'elle avait provoqué la chute de Banzer. Mais le pouvoir était passé en 1980 aux mains du narco-trafiquant Luis Garcia Meza, flanqué de deux personnages redoutables : Klaus Barbie (ancien chef du SD lyonnais sous l'Occupation) et le néofasciste italien Stefano Delle Chiaie, membre du réseau Gladio de la CIA (qui avait orchestré des attentats en Italie pendant les années de plomb). Le dictateur Meza avait l'appui de la junte argentine.
Très marqué par ces années terribles, Jorge Bergoglio, alors cardinal archevêque de Buenos Aires, avait rendu en 2006 un vibrant hommage* aux hommes d'Eglise assassinés par la junte argentine : entre autres le prêtre français Gabriel Longueville, le franciscain Carlos Murias, l'évêque Enrique Angelelli. Des hommes du Christ comme le P. Espinal ; des hommes faussement présentés comme « marxistes » par une certaine presse à Paris depuis trente ans...
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* Cf ma note du 27/03/2013 : ici
20:20 Publié dans Amérique latine, Pape François | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pape françois
Commentaires
CURIEUX
> C'est curieux, je n'ai vu aucune allusion à cet hommage du pape au P. Espinal chez nos bien-pensants. Comment se fait-ce ? Y aurait-il un problème ?
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Écrit par : churubusco / | 09/07/2015
MÉLUCHE PARLE TROP VITE
> Hé, vous vous rappelez les heures suivant l'élection du cardinal Bergoglio quand M. Mélenchon avait tenté de lancer le plan médiatique : "Le nouveau pape était un serviteur de la dictature argentine !" ?
Avec le recul, c'est tellement drôle, pour tellement de raisons !
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Écrit par : Thibaud / | 09/07/2015
LUIS ESPINAL
> Quel soulagement! Quelle émotion! Aux côtés de frères comme Luis Espinal, Jésus a parcouru ces terres d'Amérique latine, pleines du sang et de la souffrance de ses préférés, mais aussi gorgées de lumière, d'espérance et de vie indestructibles; comme il a parcouru aux côtés d'autres frères, tels Nicolas Berdiaev et Alexander Schmorell, les vastes horizons de la Russie meurtrie et crucifiée, mais également sauvée par une foi indicible et indélébile...
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 10/07/2015
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