Le Pentagone déploie chars et canons en Europe de l'Est

Un pas de plus vers l'affrontement avec la Russie :

 

Hier 23 juin, M. Ashton Carter, ministre américain de la Défense, est venu en Europe – à Tallin, capitale de l'Estonie – annoncer officiellement ce que Washington fait officieusement depuis plusieurs mois : déployer des armes lourdes américaines contre la Russie sur le territoire de six pays d'Europe : Estonie, Lituanie, Lettonie, Bulgarie, Roumanie et Pologne. Ces nouvelles armes sont des chars et des obusiers automoteurs. Les forces américaines stationnées en Allemagne vont également être renforcées.

C'est un pas de plus vers l'affrontement avec la Russie : posture démentielle au regard de ce qui se passe dans le reste du monde ; mais posture qui correspond aux intérêts économiques américains, au moins dans l'esprit des dirigeants de Washington.

Cette guerre était en germe dès 1993, quand Washington a renié son engagement de 1991 qui était de construire avec Moscou « une paix durable »  et de ne pas amener l'OTAN sur les frontières russe. Depuis cet instant, le Pentagone actionne l'engrenage menant à l'affrontement ; ce contre quoi Boris Eltsine lui-même (« l'ami de l'Occident ») avait mis en garde la Maison Blanche.

C'est cet engrenage qui a provoqué la crise ukrainienne, dans laquelle les services américains ont joué un rôle-clé.

L'engrenage américain amène inévitablement le Kremlin à prendre une posture de réplique, selon la prédiction d'Eltsine ; quarante ICBM s'ajouteront « d'ici à la fin de l'année » à l'arsenal nucléaire russe.

En réplique, le secrétaire général de l'OTAN*, chargé par Washington de faire les déclarations les plus bellicistes, accuse Moscou de « déstabiliser » la situation : déstabilisation dont le moteur est pourtant au Pentagone.

En écho, M. Carter claironne sur CBS qu'il faut riposter aux « provocations russes ». C'est le langage classique des avant-guerre.

Classiquement aussi, le Pentagone fait attiser le feu par des gouvernements vassaux : Varsovie, Vilnius, Tallin, Riga, qui ne cessent de brandir (contre toute évidence) une menace d'invasion que M. Poutine, nouvel Hitler, ferait peser sur l'Europe. C'est pour « protéger » l'Europe d'une invraisemblable attaque russe que le Pentagone y aligne des chars et des canons très réels, en attendant le casus belli que Kiev et Varsovie ne manqueront pas de fournir.

Bruxelles est incapable de s'y opposer quand elle n'y applaudit pas. C'était écrit, depuis l'élargissement de l'UE à des pays qui pensent « Amérique » en disant « Europe ».

Tandis que les Européens lucides s'inquiètent de la décomposition du Proche-Orient, menace gravissime, Washington néglige cette menace et pousse l'Europe dans un affrontement avec la Russie, contre laquelle les moyens militaires américains sont pointés.

C'est précisément pour éviter ça que le général de Gaulle nous avait fait sortir de l'OTAN, et en un temps où l'URSS était autrement plus périlleuse que la Russie de 2015.

 

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* fonction exercée désormais par des personnalités scandinaves vassales du Pentagone : M. Stoltenberg (Norvège) après M. Rasmussen (Danemark).