Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/05/2015

"Les pensées de la classe dominante sont aussi les pensées dominantes..."

...disait Marx (dont la lucidité dans l'analyse critique a été soulignée par Joseph Ratzinger). On le vérifie par exemple avec la GPA :


  

« Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe – la classe des riches – qui est en train de la gagner », dit quant à lui Warren Buffett... On le voit par exemple dans les « réformes sociétales » : nous le constations hier en lisant l'article de Patrick J. Deneen sur l'affaire de l'Indiana ; nous le vérifions avec la décision du tribunal de Nantes qui pousse obliquement (sous la pression de la CEDH) à la reconnaissance de l'industrie des mères porteuses. Cette irruption de l'idéologie ultralibérale dans le fonctionnement de la justice vient dynamiter – avec l'appui discret de la garde des Sceaux* – la loi française en vertu de laquelle la GPA est interdite, donc non reconnue.

Indignation aussitôt chez les anti-GPA ! Qui sont-ils ? Certes pas des copains du financier Bergé, chantre de l'industrie américaine des mères porteuses... Lisez leurs noms au bas du « manifeste des 160 » publié par Libération le 12 mai (Pour l'arrêt immédiat de la gestation pour autrui)  

<< Ruchira Gupta (Inde), journaliste, fondatrice et présidente de Apne Aap Women Worldwide, association de lutte contre le trafic des femmes, Farida Akhtar (Bangladesh), actrice et militante des droits des femmes, Renate Klein (Australie), biologiste, coordinatrice de Feminist International Network of Resistance to Reproductive and Genetic Engineering (Finrrage), Julie Bindel (Angleterre), écrivaine et féministe, Elisa-Anne Gomez (Etats-Unis), mère porteuse, Tanya Lynn, mère porteuse, Gail Robinson, mère porteuse, Jessica Kern, née de mère porteuse, Janice Raymond (Etats-Unis), professeure émérite à l’université du Massachusetts, auteure de «Women as Wombs: Reproductive Technologies and the Battle Over Women’s Freedom», Adesuwa Onyenokwe (Nigeria), journaliste, rédactrice en chef de «Today’s Woman Magazine», Eberechukwu Okey-Onyema (Nigeria), directrice exécutive, Healthy Living and Women Empowerment Initiative (Helwei), Alice Schwarzer (Allemagne), cofondatrice du MLF, fondatrice et éditrice du magazine politique «Emma», Gertrud Åström Suède, présidente du Sweedish Women’s Lobby (SWL), rapporteure, en 2004, pour le gouvernement sur les politiques en matière d’égalité de genre, Kajsa Ekis Ekman (Suède), journaliste et activiste, auteure de «l’Etre et la Marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi», Elfriede Hammerl (Autriche), journaliste et essayiste, Michel Onfray philosophe, Yvette Roudy ex-ministre des Droits des femmes, Nicole Péry, ex-secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Sylviane Agacinski philosophe, José Bové député européen, Anne-Yvonne Le Dain députée, Nathalie Heinich sociologue, Geneviève Couraud présidente d'Elu-e-s contre les violences faites aux femmes, Monette Vacquin psychanalyste, Irène Tabellion présidente de La Lune, association strasbourgeoise de femmes homosexuelles, Marie-Josèphe Bonnet historienne des femmes, Nora Tenenbaum et Maya Surduts corrdination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception... >>  

 

On aura du mal à classer ces personnalités parmi la bourgeoisie réactionnaire. 

Et la bourgeoisie réactionnaire est très minoritaire au sein de la bourgeoisie de 2015... En régime capitaliste les classes sociales sont définies par l'économie ; le modèle ultralibéral atlantique produit aujourd'hui une classe dominante qui n'a plus rien à voir avec la bourgeoisie réactionnaire (ou conservatrice), et qui adhère à la déconstruction sociétale produite par l'ultralibéralisme : y compris, évidemment, les « nouvelles moeurs ». 

Ce qui reste de bourgeoisie réactionnaire (ou conservatrice) s'imagine avoir fait un « Mai 68 de droite » en 2013-2014. C'est une illusion totale, qui repose sur : 1. l'incompréhension de ce que fut réellement Mai 68 ; 2. le refus de comprendre que les déconstructions sociétales sont l'un des sous-produits de l'ultralibéralisme économique. Autant dire que le « Mai 68 de droite » a fait pschitt, comme disait l'autre, et que tout reste à faire – mais autrement et ailleurs (certainement pas sous le mot « droite », label historique des mal-comprenants).

La tâche prioritaire est de critiquer la pensée dominante, en mettant en lumière sa vraie nature de pensée de la classe dominante ; cette dernière n'étant  pas une force « conservatrice » mais l'agence d'une machine économique radicalement déstabilisatrice.

Critiquer cette classe est légitime en soi, de la part de tout un chacun et notamment... des catholiques : libérons-nous, comme dit le pape, d'une « confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant ».

 

_______________

* ...et l'appui spectaculaire des médias. Affirmant que ces enfants nés de la GPA aux Etats-Unis n'avaient « pas d'existence » en France, les médias ont même inventé l'expression (hyper-émotionnelle) de « petits fantômes de la République ». On est surpris de cet accès de chauvinisme identitaire de la part des journalistes... En effet, les enfants en question n'étaient nullement des fantômes : ils possédaient une existence légale, étant citoyens américains  par droit de naissance ! Statut que nos médias nous avaient habitués jusqu'ici à considérer comme le plus enviable... 

** Evangelii Gaudium, § 54.

 

Commentaires

CHAMBERLAIN

> La phrase du pape François, que vous citez à la fin de votre commentaire, me fait penser à la naiveté de Chamberlain et Daladier convaincus d'avoir "sauvé" la paix en faisant confiance à Hitler, en signant le pacte de Munich -- ils n'avaient pas lu "Mein Kampf" ! L'Histoire en marche...
______

Écrit par : Alleaume, Jean-Claude / | 17/05/2015

"JE L'AI SIGNÉ"

> Ce « manifeste des 160 », c’est une bonne chose – et quoique très éloigné des mouvements féministes qui l’ont lancé, je l’ai signé.
Le bon sens et la cohérence exigeraient maintenant, du côté français, que le Parlement se saisisse sérieusement de la question afin que la condamnation de la gestation pour autrui par la France se traduise par les trois mesures suivantes :
1/ une reconnaissance claire par les parents de l’enfant née par GPA à l’étranger de sa véritable filiation biologique – de sorte que cet enfant, en grandissant, ait connaissance de l’identité de sa mère porteuse et des informations disponibles sur l’identité de chacun de ses géniteurs, homme et femme ;
2/ l’exigence d’une adoption en bonne et due forme de l'enfant né par GPA à l'étranger à l'occasion de sa demande de naturalisation en France, quand bien même les gamètes ayant présidé à sa conception viendraient des parents demandeurs ;
3/ une sanction pénale – au minimum une contravention – condamnant les parents demandant la naturalisation de l'enfant à une amende substantielle afin de générer un courant dissuasif à l’encontre des candidats à cette forme nouvelle d’esclavage du corps féminin.
Légiférer en ce sens pour protéger les femmes, les enfants et au bout du compte les familles, serait tout à l’honneur de Mme Taubira. Mais apparemment, cet esclavage moderne ne suscite guère de solidarité de sa part, ce que souligne notamment la réaction de la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère : http://www.bfmtv.com/politique/gpa-ludovine-de-la-rochere-denonce-le-silence-de-vallaud-belkacem-et-de-taubira-887222.html
______

Écrit par : Denis / | 17/05/2015

TAUBIRA ULTRALIBÉRALE

> https://fr.news.yahoo.com/taubira-redit-favorable-à-l-inscription-à-l-141950922.html
Mme Taubira se déclare pour la GPA. Ministre de la justice contredisant le droit de la République ! et elle restera en poste évidemment.
______

Écrit par : luça / | 17/05/2015

RANCOEURS D'UN AUTRE ÂGE

> - C’est bien pour cette raison que, les médias indépendants de ladite classe dominante ayant disparu, il est péjoratif de parler des populistes.
- Oui, les antilibertaires qui ne veulent pas être antilibéraux sont aussi paraplégiques que les antilibéraux qui ne veulent pas être antilibertaires. Tous sont surtout "anti-efficaces". Paralysies antagonistes mais dont les victimes, nombreuses chez les catholiques, pourraient devenir précieusement complémentaires. Il faudrait pour cela que leurs visions stratégiques naissent de l’abandon de rancoeurs d’un autre âge.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 17/05/2015

Les commentaires sont fermés.