Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/04/2015

Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton

 hillary-clinton26.jpg

La sujétion française s'affiche une fois de plus :


 

 

 « I'm running for president. Everyday Americans need a champion, and I want to be that champion... » Archétype de la classe dominante, Hillary Clinton – qui vit dans un verdoyant palais new-yorkais [1] et dont la fortune dépasse 25 millions de dollars – tweete qu'elle veut être la candidate de l'Américain moyen, ce qui montre un fier culot de sa part : la presse US annonce que le trésor de guerre de la campagne Clinton, alimenté par les grands intérêts financiers, va se monter à 2,5 millions de dollars.

Mais voilà : comme si Hillary était élue d'avance (« Queen Hillary the Inevitable », ironisent les sites contestataires américains), les dirigeants de la classe politique française lui tweetent des félicitations. Et ils le font tous en anglais, car leur allégeance ne va pas à un parti : elle va à l'Amérique en soi.

Manuel Valls (sobre) : « Good luck @HillaryClinton

Nicolas Sarkozy (redevenant Sarko-l'Américain) : « Good luck @HillaryClinton ! I know how strong your passion is for the United States. - NS. »

Marisol Touraine (polarisée) : « Go Hillary ».

Christiane Taubira (faisant des phrases à sa manière, et copiant-collant quatre mots d'un poète américain) : « @HillaryClinton running, good news ! Could fair winds strengthen your sails and give you wings [2]. 'Hold fast to dreams' Langston Hughes - ChT »

Les humoristes prétendront que ces enthousiasmes parisiens viennent d'une lecture littérale du premier communiqué de presse de John Podesta, chef de la campagne Clinton, texte qui semblait dire – en raison d'une faute de frappe – que la candidate avait «combattu les enfants et la famille durant toute sa carrière »  : « Hillary has fought children and family all his career »... Manquait évidemment le mot « for ».

Les analystes préféreront disséquer la réaction du tout-Paris. Sur qui se porte son enthousiasme ? Sur une femme politique d'une remarquable brutalité, résolue à tout pour enrayer le déclin de l'empire américain. La vision planétaire hillaryenne est-elle si différente de celle des néoconservateurs, qui ont mis à feu et à sang le Proche-Orient (et veulent en faire autant avec le monde slave) ? En 2013, Mme Clinton avait voté pour l'invasion de l'Irak, cause de toutes les catastrophes ultérieures. En 2014, parlant en tant qu'ex-chef de la diplomatie américaine, elle assimilait Vladimir Poutine à Hitler : ce qui impliquait en pointillé une entrée en guerre des Etats-Unis. Depuis six mois elle fait savoir qu'elle désapprouve les raisonnables velléités d'Obama en direction de Téhéran...

Sur le plan économique, Mme Clinton se pose en incarnation de l'âge d'or que fut, aux yeux de Wall Street, la présidence de son mari. Souvenons-nous de Bill Clinton abolissant le Glass-Steagall Act de 1933 (qui séparait banque de dépôt et banque d'investissement) : d'où, entre autres, la naissance de Citigroup qui allait coûter 300 milliards au gouvernement américain en novembre 2008 ! L'abolition du Glass-Steagall Act avait été obtenue par les principaux banquiers US, réunis à la maison Blanche le 13 mai 1996  en compagnie du secrétaire du Trésor : le clintonien Robert Rubin, ex-patron de Goldman-Sachs... Ce qui suivit cette réunion allait « coûter quelques milliers de milliards de dollars à l'économie mondiale, favoriser l'envol de la dette des Etats, et provoquer la perte de dizaines de millions d'emplois ».[3]

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la jubilation courtisane de nos hommes et femmes politiques (ainsi que des neuf dixièmes de la presse française), à l'idée de voir la Maison Blanche redevenir le siège des Clinton.

Mais les américanolâtres français ont deux caractéristiques : ils parlent mal anglais et ils ne comprennent rien aux Américains. Fin mars, le Washington Post faisait remarquer que l'indice d'opinions en faveur de Mme Clinton était inférieur à 50 %, et que son classement en tête des précandidats démocrates tenait moins à ses talents qu'à la pagaille chez les républicains. Quant à Downtrend.com, en guerre contre « l'oligarchie corrompue qui contrôle le perchoir », il compare carrément les allégations de Mme Clinton (au sujet de ses courriels illégaux) à celles de... Richard Nixon au sujet du Watergate.

 New_Nixon-320x300.jpg

  Mais n'allez pas expliquer tout ça chez Nicolas Sarkozy ou chez nos ministres : on rirait beaucoup de vous.

 

_______________

[1] Alors qu'elle et Bill emménageaient dans cette résidence fastueuse, Mme Clinton déclarait : « nous sommes dead broke (complètement fauchés). »

[2] « Que des vents favorables donnent force à vos voiles et vous donnent des ailes », lui écrit-elle... Taubira, c'est le maire de Champignac. (Comme disait le vieux pastiche :  « la vie est un tissu de coups de poignards qu'il faut savoir boire goutte à goutte »).

[3] Le Monde diplomatique, juin 2010.

 

 

12:04 Publié dans Politique, USA | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : hillary clinton

Commentaires

> atterrante cette sujétion.
______

Écrit par : a. ancelin / | 13/04/2015

LE COüT D'UNE "DÉMOCRATIE"...

> 2008 DEUX PRINCIPAUX CANDIDATS
Barack Obama (D) John McCain (R)
Levés $778,642,962 $379,006,485
Dépensés $760,370,195 $346,666,422
Nombre de "votes populaires" 69,498,516 59,948,323
Coût par vote $10.94 $5.78

En 2012 Obama et Romney ont levé plus de 2 milliards de dollars.

En 2016 les frères Koch activistes d'extrême droite qui disposent d'une fortune estimée à 78 milliards de dollars ont promis de dépenser pas moins de 889 millions de dollars de leurs fonds propres pour soutenir les candidats les mieux à même de défendre leurs visions réactionnaires du monde au cours des prochaines échéances électorales et tout spécialement la prochaine présidentielle.
http://www.washingtonpost.com/politics/koch-backed-network-aims-to-spend-nearly-1-billion-on-2016-elections/2015/01/26/77a44654-a513-11e4-a06b-9df2002b86a0_story.html
______

Écrit par : Jean-Christophe / | 13/04/2015

VIRTUELLE

> La revoici devant son Everest… Le problème numéro 1 d’Hillary Clinton, c’est qu’elle est virtuellement présidente depuis trente ans.
A l’époque où son mari engrangeait ses premiers succès politiques à la tête de l’Arkansas, nombre d’observateurs plébiscitaient déjà Hillary Rodham Clinton, l’avocate si brillante et engagée, tellement plus intelligente que son époux. Bref, à ce qui se disait, c’est elle qui aurait mérité de devenir présidente des Etats-Unis, pas Bill !
La virtuelle présidente semble certes d’un «néocon-formisme » politique affligeant, mais elle n'est pas dénuée de talents. Elle aurait un peu de retard dans l’opinion mais de bonnes chances de l’emporter en 2016, ne serait-ce qu’à l’ancienneté [okay, c’est vache, mais pas goujat]… et malgré quelques casseroles accumulées au fil des ans.
Reste qu’elle me paraît tout de même moins dangereuse pour la paix du monde qu’Obama.
La campagne sera intéressante. Evitera-t-elle mauvaise foi – voire la goujaterie – consubstantielle au combat politique quand une femme est en lice ? (voir chez nous Ségolène Royal, en 2007-2008, il me revient par exemple l’épisode de sa « bravitude » de la Grande Muraille, pour lequel elle fut plutôt méchamment brocardée).
______

Écrit par : Denis / | 13/04/2015

CULTURE

> Hillary Clinton incarne la culture de mort (avortement, mariage gay, théorie du genre, clonage). Sur son premier spot publicitaire pour devenir présidente, on voit deux hommes homosexuels se tenir la main...
______

Écrit par : jean-pierre aussant / | 13/04/2015

@ jp aussant :

Ah, d'accord, je comprends mieux, du coup, cette citation deux fois caviardée :
"Hillary has fought children and family all HIS career »...
Elle est trans-pluri-bi-intertruc ?
______

Écrit par : Alex / | 14/04/2015

CONVERGENCE

> Ce qui est remarquable – et je ne suis sûrement pas seul à le noter – c'est la convergence, presque la fusion, entre le sociétalisme progressiste et le néo-conservatisme le plus dur.
On n'oublie pas que Dame Hillary fut en grande partie à l'origine de la lutte pour les "droits des minorités sexuelles", et tout ce qui s'ensuivit.
Il faut effectivement être parisien, de gauche, et "penser" en pidgin-english pour ne pas s'en rendre compte.
______

Écrit par : Michel Donceel / | 14/04/2015

@ Denis

Petite histoire datant des années 90:
Bill et Hillary Clinton prennent de l'essence dans une station.
-Hillary, tu as vu ce pompiste ? dire que tu aurais pu épouser un gars comme ça et être seulement femme de pompiste...
- Voyons Bill, si je l'avais épousé, ce serait lui qui serait président des Etats Unis !
______

Écrit par : E Levavasseur / | 14/04/2015

@ Eric

> Le bon côté de Bill, c’est qu’en entendant cette bonne blague, tout comme nous, il a ri…
Il ne faut pas désespérer d’Hillary, nous devrions même l’aider à cultiver ses bons côtés. En stimulant par exemple sa foi de protestante méthodiste, dont fait état notamment l’article suivant – http://www.religionnews.com/2015/04/10/5-faith-facts-hillary-clinton-social-gospel-methodist-core/
J’espère que les journalistes ne manqueront pas de l’interroger durant cette campagne sur cette « foi tranquille et inébranlable » (« quiet unshakable faith ») ou sur ce qu’elle appelle les « notes de la grâce » qui la connectent jour après jour avec Dieu et avec les réalités les plus « terre-à-terre » (« mundane »).
______

Écrit par : Denis / | 14/04/2015

HARRY LESSIG

> Voici, diffusé par Arte, un film de Flore Vasseur sur Harry Lessig, professeur américain luttant contre l'argent en politique - qu'il dénonce comme "corruption légale" - et préparant à sa manière les élections !
https://www.youtube.com/watch?v=rUlhQJ3fYyE
"Professeur de droit et d’éthique à Harvard, conseiller d’Obama en 2008, fin constitutionnaliste, il connaît tous les rouages de Washington. Il aurait pu être juge à la Cour Suprême. Il a décidé de se rebeller pour sauver l’intérêt général. "
______

Écrit par : Isabelle Meyer | 16/04/2015

TARTUFFE

> H. Clinton, aussi, est maîtresse es-tartufferie http://www.redflagnews.com/headlines-2015/hillary-clinton-claims-the-bible-is-her-biggest-influence
______

Écrit par : Aurélien Million / | 18/04/2015

Les commentaires sont fermés.