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02/10/2014

Etranges propos sur le pape François

...de la part d'un journaliste catholique :


 

 

« Vaticaniste » dans la presse quotidienne, Jean-Marie Guénois publie un livre intitulé Jusqu'où ira François ? Il donne ce soir une conférence sur son livre à la librairie parisienne de la Procure : chose logique.

Il était reçu ce matin – chose non moins logique – par Radio Notre-Dame.

Durant le deuxième tiers de l'émission, il reconnaît au pape François le mérite de faciliter par son comportement « une vraie compréhension du christianisme dans la société moderne », notamment par sa façon de « déminer » les polémiques sociétales. C'est ce qui attire à l'Eglise une vague d'intérêt de la part des foules déchristianisées : c'est donc le chemin de la nouvelle évangélisation. Un journaliste catholique ne peut que s'en féliciter.

Alors pourquoi, durant les deux autres tiers de l'émission, multiplie-t-il les jugements péjoratifs – et graves – envers le pape François ?

« Benoît XVI a fait une synthèse parfaite mais n'a pas organisé sa succession », affirme-t-il (comme si les papes organisaient leur succession). Il parle même de « succession ratée » à propos du conclave de 2013 :« Arrive un pape qui incarne l'esprit du concile qu'avait combattu en partie Benoît XVI... »

Tout est faux dans cette phrase, car :

1. Benoît XVI n'a pas combattu « en partie » l'esprit du concile : il l'a combattu totalement, parce que « l'esprit » du concile (mythe fabriqué en 1965 par des lobbies) n'avait rien à voir avec les textes du concile, fruit de longues confrontations entre évêques en présence du Saint-Esprit ;

2. en amalgamant le concile et « l'esprit du concile », Jean-Marie Guénois parle comme l'évêque schismatique Bernard Fellay [1] ; il ressuscite l'erreur de vision qui empêcha nombre de catholiques français de comprendre le concile (et qui permit les ravages des années 1970) ;

3. en amalgamant le pape François à « l'esprit du concile », M. Guénois semble l'accuser de vouloir en revenir à ces ravages.

C'est difficilement excusable de la part du chroniqueur religieux d'un journal lu par une partie des catholiques français : ceux, précisément, parmi lesquels monte, depuis six mois, un malaise d'origine économique et sociale à l'encontre du pape François (qualifié de « marxiste » par Forbes Magazine)... Au lieu d'aider à dissiper cette « fumée de Satan », comme aurait dit Paul VI, le chroniqueur allume un fumigène supplémentaire.

Il en allume même d'autres, qui ne sentent pas bon.

Deux fois de suite, il qualifie sarcastiquement François de « pape normal »: ce qui revient à le comparer à un autre François – dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne jouit pas de l'estime du public.

Après quoi il attaque sa simplicité de vie, ses façons de faire, et même sa « petite voiture » qu'il a trouvée « ridicule » dans les cortèges de limousines officielles lors du voyage en Corée... [2]

Il accuse aussi le pape de « pipeuliser » (de people) et de « personnaliser » sa fonction : personnalisation envers laquelle il se dit « très réservé » (car « à trop affaiblir l'institution... », etc).

Et il taxe de« dépeçage » et de « satellisation » le pouvoir doctrinal « reconnu », paraît-il, aux évêques : « on va vers une perte de substance et d'autorité dans l'Eglise », en déduit-il – oubliant que le pouvoir doctrinal n'a pas à être « reconnu » puisqu'il fait partie de la mission des évêques, successeurs des Apôtres, de façon collégiale autant qu'individuelle ! (Catéchisme de l'Eglise catholique, §§ 77-78, 861-862, 877-878, 883-884).

 

Jean-Marie Guénois au cours de cet entretien s'est livré à une violente attaque envers l'épiscopat français, qu'il inculpe d'« opposition à la Manif pour tous » : opposition qu'exprimerait – selon lui – l'entretien du président de la conférence épiscopale française  à La Croix. On retrouve là l'animosité (envers la CEF)  d'une certaine droite sociologique, celle dont notre blog a souvent critiqué le confusionnisme politico-religieux.

Polarisés sur des combats « sociétaux » à forte charge partisane, les catholiques de cette droite sont installés depuis 2013 dans une ambiguité : ils réduisent l'engagement chrétien à ces seuls combats.

Ces combats ont leur légitimité. Mais les catholiques français ne doivent pas oublier :

a) l'urgence de faire découvrir le Christ aux foules déchristianisées d'aujourd'hui : c'est ce que le pape François rappelle en nous disant de ne pas nous hypnotiser sur le sociétal, et de ne pas engluer la foi dans la partisanerie ;

b) ce que disent Mgr Pontier [3] et LMPT, chacun à sa manière : que LMPT n'est pas un mouvement d'Eglise mais une manifestation « pour tous ». Aujourd'hui 80 % des Français ne sont pas chrétiens ; présenter LMPT comme un mouvement religieux serait à la fois une faute (du point de vue des manifs) et un faux-fuyant (du point de vue catholique).

Je le dis d'autant plus fermement que je serai dans la rue dimanche à Paris : car « l'humain n'est pas une marchandise » !

Et à ce propos, regrettons que M. Guénois n'ait pas mentionné ce matin, parmi les prises de position papales qui attirent au christianisme l'intérêt de non-chrétiens, le combat de François contre l'idole Argent et la marchandisation du monde.

 

__________ 

[1] Jean-Marie Guénois répétait naguère que les lefebvristes allaient revenir à Rome en triomphateurs, Benoît XVI leur ouvrant (paraît-il) la porte sans conditions. « Impensable », disait un curé de paroisse de mes amis : « Affirmer ça est une honte ! Quand on connaît Joseph Ratzinger et son attachement au véritable concile, personne ne peut croire une minute qu'il le sacrifierait – même pour résorber un schisme. Qui d'ailleurs ne se résorberait pas entièrement... » On sait ce qu'il en fut.

[2] Il aurait dû imiter Jésus, qui évitant le petit âne ridicule entra dans Jérusalem porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate.

[3] Mgr Pontier à La Croix, 1/10 : « La Manif pour tous n’étant pas un mouvement d’Église, il n’est pas de mon rôle de commenter leur choix politique de manifester dans les rues. La manifestation est l’une des formes de la liberté d’expression dans nos démocraties. Mais cela ne peut pas devenir le seul moyen. » C'est à peu près ce que la Manif pour tous dit d'elle-même ! On en comprend donc pas la fureur de M. Guénois ce matin contre Mgr Pontier et les trois quarts des évêques français... Plus papal que le pape, plus catho que les évêques, M. Guénois est plus LMPT que LMPT. 

 

Commentaires

BULLE

> hum ... il bosse aussi pour KTO...

je voudrais aussi demander s'il était possible que les journalistes cathos cherchent moins à provoquer qu'à informer (écrire par provoc' "le pape françois est-il un anti-pape ?" : c'est con, tout simplement con)
On n'a pas le temps ; il faut aller à l'essentiel.
j'y vois le signe d'un journalisme catholique qui, vivant dans sa bulle, est persuadé qu'on a le temps de faire des bons mots, que tout le monde comprendra, etc.
Le pape a parlé des évèques d'aéroport.
On pourrait parler des vaticanistes de salons qui se soucient surtout de se faire bien voir des cathophobes, des théologiens-petits fours qui parlent à vous tirer des larmes de la vertu de Charité mais ne participent jamais à une soupe populaire.
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Écrit par : E Levavasseur / | 02/10/2014

ULTRA

> Choqué ce matin, comme vous en écoutant RND...j'avais l'impression de lire la prose d'un blog ultra qui passe son temps décerner des bons ou mauvais point à nos évêques. Reprocher à l'épiscopat son manque de "politisation", on a vu le résultat en Espagne...
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Écrit par : Tangui / | 02/10/2014

J.M. GUÉNOIS

> Jean-Marie Guénois voit ce qui l'intéresse, certes.
Mais en ce qui concerne les lefebvristes, il faut bien reconnaître qu'il était bien informé. Si les lefebvristes ne sont pas "rentrés", alors qu'ils étaient à deux doigts de le faire, c'est parce que certains parmi eux ne l'ont pas voulu, et la galaxie lefebvriste se divise depuis deux ans ans sur le sujet !
C'est aussi Jean-Marie Guénois qui avait annoncé plusieurs jours à l'avance la levée des excommunions en 2009, de même que la signature du décret de vénérabilité (je ne connais pas le terme exact) de Pie XII.

Donc, il a sa grille d'analyses, qu'on peut contester... mais il faut reconnaître qu'il a d'excellentes sources.

Edel


[ PP à E. :

- Il ne s'agit pas de savoir "ce qui l'intéresse", mais de savoir pourquoi il parle aussi mal du pape François.

- Les lefebvristes se sont dérobés à cause de la lettre de Benoît XVI leur imposant le respect du concile. Mgr Fellay a préféré suivre ses troupes plutôt que de signer. Et, comme disait le curé de paroisse que je cite (et qui les connaît bien), en cas d'accord la moitié de la FSSPX aurait refusé de revenir dans l'Eglise : ce qui annulait d'avance l'espoir de résorber le schisme...
Je vous suggère de consulter les informations publiées à l'époque, notamment dans notre blog.

- Le fait que JM Guénois fasse habituellement son métier de chroniqueur religieux, n'atténue pas ce qu'il a dit ce matin. En tous cas, pas aux yeux des catholiques loyaux envers le pape et soucieux d'évangélisation.... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Edel / | 02/10/2014

POMPE

> Au fond, ce que Jean-Marie Guénois aime dans le Saint-Siège, c'est le luxe, la pompe et le pouvoir. Le pape est un monarque comme les autres, qui doit jalousement défendre son prestige et sa puissance, maintenir son rang parmi les Etats souverains et domestiquer sa noblesse.
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Écrit par : Blaise / | 02/10/2014

PERSONNALISATION

> Personnaliser la fonction c'est évangéliser les foules, en un temps où l'image personnelle
est la seule chose qui "porte".
Ne pas comprendre ça, c'est renoncer à évangéliser.
C'est vrai qu'évangéliser, la droite catho s'en fout. Un club n'évangélise pas.
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Écrit par : Albin Landry / | 02/10/2014

à Blaise

> Jean-Marie Guénois est à côté de ses pompes car il n'a pas compris que le rôle d'un pape est au delà de la pompe.

"Upon the king! let us our lives, our souls,
Our debts, our careful wives,
Our children and our sins lay on the king!
We must bear all. O hard condition,
Twin-born with greatness, subject to the breath
Of every fool, whose sense no more can feel
But his own wringing! What infinite heart's-ease
Must kings neglect, that private men enjoy!
And what have kings, that privates have not too,
Save ceremony, save general ceremony?
And what art thou, thou idle ceremony?
What kind of god art thou, that suffer'st more
Of mortal griefs than do thy worshippers?"

etc etc
______

Écrit par : E Levavasseur / | 02/10/2014

L'INSTITUTION

> Le problème de la droite catho est double :
- elle ne voit l'Eglise que comme institution à "protéger", non comme humble outil de l'évangile
- l'institution qu'elle croit voir, est un mirage : "la dernière monarchie de droit divin", etc. Après 1830 la droite catholique légitimiste a transféré son besoin de Roi sur le Pape. Elle en est toujours plus ou moins là au fond de son inconscient, qui "remonte" en toute occasion. Elle est complètement hors de la réalité chrétienne aujourd'hui. Comment aimerait-elle vraiment François ?
______

Écrit par : angelo rossi / | 02/10/2014

PROCHES

> Grâce à cet article, je sais qu'il faut éviter d'acheter le dernier livre de Jean-Marie Guénois, pourtant encensé par le journaliste René Poujol qui se revendique du christianisme social.
Mais peut-être que là, il s'agit d'une promotion entre anciens collègues ayant tous les 2 travaillé pour le groupe Bayard.

Pour répondre à E. Levavasseur au sujet de KTO, il est vrai qu'on peut reprocher à cette chaîne d'aimer un certain élitisme; cependant, j'ai eu l'occasion de discuter avec un journaliste de cette chaîne, il y a quelques jours, et j'ai pu constater qu'il était plus proche de la ligne éditoriale de Patrice de Plunkett que celle de Jean-Marie Guénois.
Il y a donc des exceptions qui confirment la règle, même à KTO !

A. Le B.


[ PP à A. Le B. - Attention : je n'ai pas lu le livre et n'ai donc aucune opinion à son sujet. J'ai simplement entendu l'émission ; je ne réagis qu'aux propos exprimés ce matin par l'auteur. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Arnaud Le Bour / | 02/10/2014

QUI LE COMPRENDRA

> Il me semble que François ne personnalise en rien la fonction, au contraire, il se fait tout petit, il refuse les "viva Francesco", s'entoure et travaille à l'esprit d'équipe, de concertation, justement pour éviter les erreurs qui pourraient être dues à sa seule personne, etc.
J'aime beaucoup.
Je ne nie pas le fait qu'on puisse être déconcerté quand on aime le mystère et l'autorité (comme dirait Dostoievski - il fait bon relire les frères Karamazov au sujet de l'Eglise),
mais c'est justement l'occasion d'une conversion du regard, et ça, ça dépote toujours un peu.

Sans rapport direct: je note qu'une participante au festival Familho à Marseille a dit "c'est bien de se retrouver entre chrétiens et de montrer aux Marseillais qu'on est là".
Je comprends le sens: c'est bien de faire connaître les activités de l'Eglise aux Marseillais.
Mais il me semble bien triste qu'on ne se retrouve qu'entre chrétiens et qu'on soit "là" au lieu d'être auprès des autres, dans leurs activités plus que dans les nôtres.
Il fait bon se sentir entre soi, c'est vrai.
Mais n'est-on pas appelés aux périphéries?
Là, ça continue à coincer.

Quant à la manif pour tous, j'en serai, pour les mêmes raisons que Patrice, tout en espérant ne pas me retrouver qu'avec les plus durs des manifs précédentes.
Parce qu'en proclamant que l'humain n'est pas une marchandise, on proclame la douceur, l'humanisme, la fraternité - pas le rejet d'autrui, pas la gloire d'avoir raison contre tous, pas le plaisir de casser les pieds du gouvernement.
Mais qui le comprendra ?
______

Écrit par : Ninelene / | 02/10/2014

IT'S THE ECONOMY

> "regrettons que M. Guénois n'ait pas mentionné ce matin, parmi les prises de position papales qui attirent au christianisme l'intérêt de non-chrétiens, le combat de François contre l'idole Argent et la marchandisation du monde".
Il ne le fera certainement pas.
J'avais lu dans le Figaro, un article où justement, il les critiquait à mots très feutrés.
Pour ma part je pense que tout ce que vous avez rapporté de ses propos dans ce post est expliqué par cette prise de position.
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Écrit par : ND / | 02/10/2014

LES FRUSTRÉS

> A force de demander la démission de François, la droite catho (je schématise: pas tous les cathos de droite!) dérape...
Le "Jusqu'où ira François" est-il une invitation à manifester contre le gouvernement... de l'Eglise???
Espèrent-ils avoir gain de cause contre celui du Vatican, celui de l'Elysée ayant fait savoir qu'il s'accrocherait jusqu'à la fin (tandis que l'autre a bien fait savoir qu'il n'hésiterait pas à démissionner si nécessaire)?
jusqu'où mène la frustration...
______

Écrit par : Ninelene / | 02/10/2014

ZUNDEL

> Blaise a bien résumé la situation : du point de vue de l'autorité d'Eglise, un pape en limousine c'est quand même nettement plus sérieux et crédible qu'un pape en dodoche.
Jean-Marie Guénois en est là ! Pour lui, en parfait mondain, la marque de l'autorité papale doit s'identifier aux postures de toute-puissance, de superbe et de domination. L'éternelle ringardise des "grands".

Ca m'évoque ce propos de Maurice Zundel :
"Le Christ introduit une nouvelle échelle de valeurs. C'est au Lavement des pieds qu'Il a inauguré cette transmutation des valeurs, et le monde chrétien ne s'en est pas encore aperçu! Si Jésus nous donne cette leçon de grandeur, c'est que la grandeur a changé d'aspect. Elle ne consiste pas à dominer, mais à servir"

...oui, le monde chrétien ne s'en est pas encore aperçu !
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 02/10/2014

@ Arnaud Le Bour

> Je ne fais pas ce reproche à KTO à qui je ne reproche rien du tout en la matière.
Je notais au contraire et seulement la présence d'un tel [...] sur une chaîne de télévision catholique.
C'est tout.
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Écrit par : E Levavasseur / | 02/10/2014

DÉDAIGNEUX ENVERS LE PAPE

> Dans le même genre : http://www.libertepolitique.com/Actualite/Tribunes-et-documents/Manif-pour-tous-les-apotres-auraient-ils-ronfle-pendant-le-sermon-des-beatitudes

Extrait : "(...) On peut ne pas être d’accord avec un prélat lorsqu’il s’exprime. Prenons un exemple précis : on peut très bien être en désaccord avec les positions pratiques du pape François sur l’immigration car celui-ci a une vision irénique du problème mais au moins s’exprime-t-il, et s'exprime-t-il sur le drame de la charité blessée. On lui fait crédit de son audace et de sa générosité."
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Écrit par : Feld / | 02/10/2014

E Levavasseur,

> Pardon! Effectivement, j'ai fais une mauvaise interprétation de votre petite phrase: "hum ... il bosse aussi pour KTO..."
En effet, Jean-Marie Guénois présente la très bonne émission "L'esprit des lettres".
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 02/10/2014

Mgr PONTIER

> Guénois a exagéré contre les évêques français mais je ne peux m'empêcher de trouver les paroles de Mgr Pontier trop prudentes sur les enjeux de GPA.
Il ne faut pas tout ramener à cela mais il faut aussi être ferme avec cela.
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Écrit par : ludovic / | 02/10/2014

D'UN AUDITEUR

> Les propos de JM Guénois ce matin étaient étonnants.Plus dans la provoc partisane que dans l'analyse. Est-ce pour mieux vendre ? Chez moi, ç a a l'effet inverse. Les analyses du pape sur le monde et l'Eglise, il ne les comprend pas, et il en reste à une lecture politique de l'Eglise, sans percevoir ce qui se joue spirituellement dans les démarches entamées par le pape.
Quant aux attaques contre l'épiscopat français, elles sont consternantes de caricature. Il ramène tout à la droite et à la gauche. Est-ce vraiment le sujet ? Est-ce au niveau des enjeux ?
On peut apprécier au contraire des paroles claires, mais dites avec le souci de ne pas diviser, de ne pas attiser les tensions. Et des paroles dans lesquelles les nuances et la complexité du réel, du vécu, des sentiments ne sont pas biffées pour satisfaire une idéologie.
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Écrit par : phil / | 02/10/2014

DÉJÀ

> En fait, Jean-Marie Guénois récidive et reprend les propos qu'il avait tenus dans un article publié il y a quelques mois dans Le Figaro, cf. ce que j'en avais dit :
http://patpik.blogspot.fr/2014/09/des-cathos-rebelles-en-france-ou-le.html

Patrick Pique


[ PP à PP - Je souscris entièrement à cet article de votre blog. Bravo. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Patrick Pique / | 03/10/2014

LIBRE EXAMEN

> Et si tout simplement nous n'étions plus en 1966 ?
La " droite catho" n'a plus l'obeissance de jadis à l'egard de Rome. Elle s'est " republicanisée" vouer " protestantisée" et a découvert les joies du libre examen des textes et la critique de la hiérarchie . L'argument d'autorité ne porte plus ou presque plus sur elle.
Il serait cocasse que la " gauche catho" découvre maintenant les Charmes de la discipline et veuille l'imposer après avoir si longtemps inviter le " peuple" à s'exprimer ...
Le pape François est peut être " simple". ( du moins il le dit) mais il cite rarement les textes du concile ou même de l'Ecriture préférant partager ses idées sur le Diable et les anges. Ce faisant il propose des idées assez personnelles, pas forcément de gauche mais selon une méthode très centrée sur ses opinions et jugements propres - ce qui peut surprendre certain ( gauche et droite confondues).
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Écrit par : Roger / | 03/10/2014

VALLS

> Tiens, au sujet de la GPA... La fermeté de Valls affichée aujourd'hui dans La Croix semble le fruit d'une prise de conscience récente...

http://www.bfmtv.com/politique/au-sujet-de-la-gpa-manuel-valls-a-retourne-sa-veste-837946.html
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Écrit par : Ninelene / | 03/10/2014

JÉSUS

> "Il aurait dû imiter Jésus, qui – évitant le petit âne ridicule – entra dans Jérusalem porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate. "

Ah, ah, ah ! Merveilleux !
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Écrit par : JG / | 03/10/2014

ESCHATOLOGIE

> Les journalistes ont tendance à commenter un pontificat comme on commente une mandature politique. Ils appliquent des grilles de lecture des papes, des pontificats et des réformes. Ces grilles sont par définition discutables, comme on le voit ici.
Concernant l’ambition réformatrice de l’Eglise, il y a parfois une certaine vanité qui consiste à croire que notre "contemporanéité" va enfin présenter le vrai visage de l’Eglise pour évangéliser, alors même que l’Eglise présente, à chaque époque, peu ou prou le visage de son temps. Et si elle présente le visage de Dieu, c’est à travers la foi, l’espérance, la charité, les sacrements.
Si l’on se réfère à l’eschatologie chrétienne, on pourrait considérer que le temps où l’Evangile a été porté aux quatre coins du monde est advenu avec l’épopée missionnaire du 19ème siècle. Nous serions alors entrés dans les derniers temps des derniers temps. Et il nous revient d’annoncer l’Evangile jusqu’au bout. Peu importe finalement, peut-être, la réforme de l’Eglise.
Léon Bloy a publié en 1916, un an avant sa mort, « Au seuil de l’apocalypse » (journal 1913-1915), sous-titré « La porte des humbles ». Il termine par ces mots :
« Toute grandeur est exilée au fond de l’histoire et si Dieu veut agir manifestement, il faudra bien qu’il agisse de lui-même, victorieusement comme il y a deux mille ans, lorsqu’il ressuscita d’entre les morts. J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit. »
Lisant cela, je suis frappé par la dimension puissamment eschatologique de son âme alors même qu’il plonge vigoureusement dans les polémiques de son temps (cette phrase conclut une très rude saillie finale contre Benoît XV). Comme dédicace offerte à sa fille Madeleine, Bloy écrira de sa belle calligraphie légèrement tendue vers le haut :
« Tu remarqueras, ma bien-aimée, que ce livre, qui finit par l’invocation au Saint-Esprit, a paru précisément dans la semaine de Pentecôte et qu’en même temps ont commencé les immenses batailles d’Orient qui paraissent annoncer le dénouement de cette guerre des démons que suivra probablement une manifestation inimaginable de la puissance divine en conflit avec toutes les puissances de l’enfer. On te dira peut-être que ton père a vu ces choses mieux qu’aucun autre – ce qui est possible – et qu’il a osé les dire quand tout le monde se taisait. Tu sentiras alors le besoin de prier avec plus d’amour pour un pauvre homme chargé d’une mission aussi extraordinaire. »

Quand je me fatigue des polémiques du temps, y compris et surtout dans l’Eglise, il me vient à l’idée de les jeter au feu en méditant sur l’arrogance et la vanité des temps, et particulièrement de notre temps qui ignore plus que jamais ce que Bloy avait vu. De plus en plus, un peu comme Bloy, « j’attends les Cosaques et l’Esprit-Saint », même si je ne parviens pas à me détacher vraiment de mon temps, ce temps que j’aime parce qu’il m’a été donné de le vivre.

GP


[ PP à GP :

- Cher Guillaume, en aucun cas il ne faut céder à la morosité que cherchent à nous instiller les désinformateurs de la droite libérale. La foi surnaturelle nous dicte de faire confiance au Saint-Esprit, non en attendant les cosaques mais en soutenant le successeur de Pierre. Sa façon d'être vous déconcerte ? C'est pourtant elle qui construit l'avenir. 'Nova et vetera.'

- Se souvenir que Léon Bloy en voulait à Benoît XV... à cause des positions "pro-allemandes" prêtées par les nationalistes français à ce pape, qui voulait la paix entre deux nations également peuplées de chrétiens.
C'est le pape qui avait raison, et Bloy qui avait tort. (Même si l'inverse a été affirmé récemment par l'illuminé catho-gnostique qui sert de Madame Irma à un groupe d'e-business libéral. (Car ça aussi ça existe : des gens assez fêlés pour mélanger Hermès Trismégiste et Milton Friedmann. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 03/10/2014

ATTITUDES

> Il y avait un certain confort dans cette attitude consistant à aimer se faire détester du reste du monde.
Tout cela avait pourtant si bien commencé : François était accusé de collaboration avec la dictature argentine. On pouvait le défendre et arguer du fait qu'il avait pris le nom du poverello. Et maintenant que François est mieux accueilli que ses prédécesseurs, alors qu'il dit la même chose, il est de bon ton de s'en méfier : "on avait bien raison de dire qu'il n'avait pas collaboré avec la dictaure, il a bien la tête à avoir fait Mai 68".

Bref ... La pneumatocratie a encore des contestataires en son sein.
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Écrit par : spooner / | 03/10/2014

PATRICK PIQUE

> Je tiens à féliciter Patrick Pique pour son article cité plus haut. Quelle clairvoyance sur le grand écart permanent de cette droite catho...
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Écrit par : Tangui / | 03/10/2014

MAL À L'AISE

> Dans cette émission, le ton de JM Guénois accusant les "évêques de gauche" montrait la fureur froide de beaucoup de "cathos de droite" sous le pape François.
Ils refusent que le pape leur demande de rompre avec des habitudes mentales venues de leurs pères et grands-pères et subordonnant la religion à leurs opinions.
C'était un peu la même chose chez les progressistes sous JP II, mais ceux-là étaient à l'aise dans insubordination. Tandis que les droitistes catho "papistes" par tradition sont mal à l'aise d'en vouloir à un pape.
Etant mal à l'aise, ils sont encore plus furieux. Cela commence à s'entendre.
______

Écrit par : jean-eudes / | 03/10/2014

DE JEAN-MARIE GUÉNOIS

> Monsieur,
En vous écrivant personnellement, je ne pensais que vous feriez de ma réponse un sujet de blog.
Je trouve le procédé désobligeant, curieux, diffamatoire mais il est finalement conforme à l'esprit de votre premier billet et à sa méthode.
Cela n'a aucun importance réelle pour moi mais je maintiens pour la vérité des choses que je ne peux laisser dire n'importe quoi sur le livre qui en aucun cas, ne tourne le pape en dérision.
Loin de là.
C'est même le contraire car je démontre précisément point par point à ceux qui doutent de la validité de la renonciation de Benoît XVI ou à ceux qui sont nostalgiques de lui ou encore à ceux qui s'interrogent sur François, qu'il est un pape prophétique à bien des égards et que son élection est tissée d'un concours de circonstances proprement providentielles.
Merci, s'il vous plait, de bien vouloir lire avant de critiquer publiquement ce qui revient, somme toute, à respecter la vérité des faits.
Avec mes salutations les meilleures

Jean-Marie Guénois



[ PP à JMG :

Monsieur,

Si vos propos font de l'ombre à vos écrits, le plus simple serait de ne pas les proférer.

Et si votre commentaire n'était pas destiné à la publication (contrairement à tous les commentaires de blog), il aurait fallu me le préciser.

Quant au fond du débat, je me permets de vous rappeler ma réponse de ce matin. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guénois / | 03/10/2014

FORMULE

> Un autre article sur le même thème qui "emprunte" l'excellente formule de Patrice de Plunkett ("porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate"). Mais après tout les bonnes formules c'est comme la poésie : ça appartient à ceux qui en ont besoin....

http://www.letempsdypenser.fr/jean-marie-guenois-contre-le-pape-francois/
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Écrit par : Louis Charles / | 03/10/2014

LE DÉBAT

> Cher Patrice,
Pas de problème avec l'intox libérale : je me réjouis des mots du pape contre "la dictature de l'argent" et s'il contribue à la faire tomber, ce sera "champagne".
Après, il y a deux choses :
- Le niveau des débats, entre ceux qui présentent le pape comme un "coupeur de tête" (sic) procédant à une "dératzingerisation" (re-sic) et ceux qui croient l'avoir mis à la tête de leur parti-clan de "l'ouverture" (concept dialectique vide de sens). Mais je crois que le pape est libre des partis et que c'est un pasteur d'âmes, pas un idéologue.
- Et il y a une chose beaucoup plus générale et importante à propos du catholicisme contemporain : je trouve chimérique cette quête de l'Eglise idéale qui n'existe pas. L'Eglise a déjà tout pour la quête de Dieu : la foi et les sacrements, le Christ et l'Esprit-Saint, la charité, l'espérance du Salut etc. C'est précisément la vision surnaturelle qui est oubliée, la vision eschatologique du christianisme, la compréhension de l'histoire du Salut.
C'est pour cela que je relis Bloy en ce moment, parce que son âme est eschatologique et qu'il a encore des choses à dire à notre temps. Je pense que s'il écrivait aujourd'hui, il nous secouerait tellement qu'on serait capable de restaurer l'index rien que pour lui (et peut-être Bernanos).
Mais il faut en effet du recul par rapport à l'auteur et aux conditionnements et mentalités de son époque : bien sûr, il a tort concernant B.XV.

GP


[ PP à GP

- Tu oublies ceux qui font sourdement campagne contre François, et qui sont des gens de droite. Leur attitude est logique en tant que libéraux, mais scandaleuse en tant que catholiques lorsque c'est le cas...

- J'aime beaucoup Bloy, mais comme on peut apprécier Céline : pour son art, pas pour ses idées ! (sauf ce qu'il dit de la bien-pensance bourgeoise). Comme catholique il sent le fagot. C'est lui qui oppose à l'Eglise charnelle une Eglise "idéale" et même ésotérique, qui finit par se confondre avec ses obsessions personnelles, jusqu'à produire des idées effarantes, cf l'explosion de la Montagne Pelée mise en rapport avec la première communion de Mlle Bloy !
Cette posture évasive se reproduit à chaque tournant de l'histoire du catholicisme, quand l'Eglise demande à ses membres de se désencombrer d'habitudes mentales (culturelles et sociologiques) pour se mettre en mesure de vivre l'Evangile pour et parmi tous ceux qui ne le connaissent pas.
Le Christ ne nous demande rien d'autre : nous désencombrer de notre mentalité de milieu pour nous centrer concrètement sur sa personne. C'est ce que François nous demande. Et c'est pourquoi un certain milieu, qui n'est pas "de gauche", le déteste en sourdine. ]

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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 03/10/2014

NOACHIQUE

> Quant on comprendra que l’Eglise catholique romaine est focalisée depuis presque deux millénaires sur l’universalité des lois de Noé, et ceci tout simplement pour des raisons historiques, dont le timing est réservé exclusivement à la providence, on aura fait un grand pas, le volet juif (autrement dit « l’Eglise de Jacques »), ayant disparu de la circulation depuis le troisième siècle (cf le cardinal Lustiger dans son ouvrage "l'alliance").
Hors cette vue d’ensemble – les deux volets de l’Eglise – on ne pourra que tourner en rond et c’est ce que l’on fait en s’épuisant sur des sujets en réalité annexes, cela devient usant.
Parce qu’il découle de cette vue d’ensemble, que « l’exil du volet juif » n’est pas définitif…(aïe, aïe, inacceptable pour certains).
A l’universalité des lois dites de Noé (cf wiki), s’adjoint la loi spécifique dite de Moïse et réservée au peuple juif, laquelle loi de Moïse n’a jamais – jamais – été abolie par Jésus : ce qu’il a « aboli », c’est la loi de la mort, soit les conséquences irrémédiables du péché (cf la prière eucharistique spécifiant « l’arrachement à la damnation » ; « l’arrachement », terme puissamment évocateur s’il en est).
La liturgie de la messe est d’ailleurs saisissante pour celui qui sait observer, c’est ni plus ni moins une liturgie basée sur l’universalité des lois de Noé, lesquelles ne sont nullement en conflit avec celles de Moise, elle sont tout simplement complémentaires et adaptées.
Alors s’attacher à la nostalgie d’une certaine forme de puissance de l’Eglise (les huit premiers conciles œcuméniques n’ont-il pas été convoqués par les empereurs romains par exemple ?), à la pompe et tout le reste, et critiquer le pape qui voit certainement beaucoup plus loin que le commun ordinaire tout en restant sur le registre de la prudence (il n’est pas utile de provoquer le calendrier de la providence, celle-ci saura bien le faire elle-même en suscitant les circonstances nécessaires le moment venu), c’est autant de temps de perdu pour travailler sur soi-même. Travailler sur soi-même, la « petite voie » de Saint Thérèse (ce n’est pas pour rien qu’elle a été faite docteur de l’Eglise en 1997…, sans doute un « rappel au bon sens »).

Quant au temps marqué, où la providence décidera la réunion de ces deux volets, il y aura certainement du « tangage » dans la maison catholique et celle du judaïsme.
Mais, « n’anticipons pas » comme dirait Mathusalem au sujet de la retraite des personnes âgées.
Il n’y a pas urgence à la purgation, elle va se faire toute seule, avec ou sans notre participation.

Jean


[ PP à Jean - Sans aucun doute... Mais Jésus a versé son sang pour tous, comme dit l'Offertoire : la rédemption en Lui est universelle, mystérieusement plus que l'alliance noachique ! ]

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Écrit par : jean / | 04/10/2014

DIALECTIQUE

> Consternant ! Cette vision dialectique de l’Église n'est ni juste ni capable de porter du fruit.
J'ai le sentiment de me trouver devant un de ces "athées pieux" dont parlait Mgr Daucourt.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 04/10/2014

CHRISTOPHE GEFFROY A LU LE LIVRE DE J.M. GUÉNOIS

> Dans le numéro d'octobre de 'La Nef', Christophe Geffroy dit ce qu'il pense du livre
(que PP dit ne pas avoir lu) :

« Si le livre est richement documenté et même empreint d'une passion sympathique, il faut avouer qu'il laisse cependant un certain malaise. En effet, ce qui ressort de son analyse est le côté "révolutionnaire" du nouveau pape - donc en 'rupture' avec ses prédécesseurs en renouant "avec une tradition de papauté à la Jean XXIII, d'ouverture, en ligne avec 'l'esprit du concile' '' - et l'emploi systématique de cet adjectif nous semble peu adapté aux réalités ecclésiales, surtout que notre auteur laisse entrevoir des changements sans vraiment dire jusqu'où ils iront, notamment sur les sujets controversés dont nos médias raffolent comme l'accès à la communion des divorcés remariés...»
En effet, constate Christophe Geffroy, Jean-Marie Guénois, « qui parle de "succession 'ratée' de Benoît XVI" car Bergoglio n'était pas 'son' candidat (mais Scola) », « ajoute que le but de François est "de réconcilier les gens avec le christianisme" en prônant un "christianisme d'attraction", notamment par l'évangélisation et la simplification du message en allant droit à l'essentiel » : et c'est là, souligne Geffroy, que se glisse une ambiguité que Guénois « ne lève pas, surtout quand il évoque "une réconciliation historique entre l'esprit du monde et l'Eglise catholique" ! »

Cette ambiguité, remarquée dans le livre par le directeur de 'La Nef' - revue peu suspecte d'anti-ratzingérisme - , s'est durcie durant l'émission en formules verbales de JM Guénois qui ont choqué nombre de catholiques dont je suis.
C'est clair : la droite catho ne s'intéresse pas, mais alors pas du tout, à changer ce qui doit l'être pour évangéliser les non chrétiens. Ce qu'elle veut c'est se sentir entre soi.
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Écrit par : amblard / | 04/10/2014

> changer pour évangéliser, elle appelle ça "perdre la substance de l'Eglise".
Comme disaient les bigotes devant Vatican II : "on nous change la religion !"
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Écrit par : emmeline / | 04/10/2014

ENTENDU

> Je n'ai pas lu le livre (ça n'était pas l'objet de la note) mais j'ai écouté l'émission (ça l'était).
M. Guénois sera gentil de ne pas nous faire croire que "l'on sort ses propos de leur contexte". On comprend le français.
Qu'ai-je entendu ? Un homme apeuré, stupéfait de voir sous ses yeux son monde imaginaire s'écrouler.
M. Guénois, c'est palpable au cours de toute l'émission, est obnubilé par les apparats de la "grandeur pontificale", par la puissance mondaine de l'institution papale, par son "rôle" et son "rang" à tenir sur la scène diplomatique. Il voit les papes en rêvant de grands rois. C'est tout simplement infantile.
M. Génois, fort logiquement, est donc tétanisé d'effroi en voyant à travers la simplicité évangélique de François (il appelle cela de la "démagogie") l'effondrement de ce lustre papal, "l'affaiblissement de la fonction pontificale", qui constitue, croit-il, une vraie menace pour notre Eglise. Que notre Eglise soit grande parmi les grands de ce monde, comme dans le bon vieux temps, voilà qui rassurerait tant Jean-Marie Guénois!
Convaincu d'être un grand vaticaniste (il le sous-entend plusieurs fois dans l'émission), ce "spécialiste de l'Eglise", quand il la regarde, voit tout en elle sauf le mystère de rabaissement à l'oeuvre, celui que vit notre Eglise, qu'elle vivra jusqu'au bout, elle avec nous, nous avec elle, suivant le Seigneur dans sa Pâques et son rabaissement rédempteur, et par lequel lui sera pleinement révélée sa seule et vraie grandeur.
Au Figaro, on n'aime pas beaucoup ça. On préfère la tiare, les vêtements propres et brillants... et les belles limousines.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 04/10/2014

VÊTURES

> Critiquer Jean-Marie Guénois sur son goût -supposé- pour la pompe vaticane, je veux bien...
Mais alors que dites-vous de la démarche de Benoît XVI durant son pontificat, de restaurer l'usage de certaines vêtures d'une papauté de l'époque souveraine et triomphante ?
Avions-nous là un pape "mondain", "obnubilé par les apparats de la grandeur pontificale" ? Et de ce fait, un vain pontife, dont la renonciation aurait été, comme je l'ai entendu de la bouche de certains catholiques, "le meilleur acte de son pontificat" ?

AC


[ PP à AC

- De quels vêtements voulez-vous parler ? Tout juste un ou deux couvre-chef historiques, qu'il a coiffés par plaisanterie une ou deux fois... Cet homme vivait dans une simplicité qui n'avait pas encore la radicalité de celle de François, mais qui était grande et qu'il a pratiquée toute sa vie. Pour l'avoir rencontré deux fois, je peux témoigner qu'il est l'humilité même.

- Cela dit, quelques (rares) cardinaux ont tenté de restaurer à leur profit des falbalas du genre cappa magna, tombés en désuétude à juste titre depuis trente ans et plus. Ce fut bref et peu apprécié. ]

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Écrit par : Albert Christophe / | 04/10/2014

SCÈNE

> Cette affaire entre en résonnance avec la scène à laquelle j'ai assisté un moment, à l'issue des Etats Généraux, entre une femme arborant le "noun" des chrétiens d'Irak et le pauvre Laurent Grzybowski, sur qui elle se déchainait parce qu'il avait invité "un marxiste" (Larrouturou !) et posé une question orientée sur les écoles de commerce... Je devine la violence des désaccords au sein des catholiques en ce moment.
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Écrit par : marie-françoise / | 04/10/2014

ALLIANCES

> En réponse à votre commentaire.
Bien sûr que la rédemption est universelle et agit mystérieusement.
Effectivement, l’abandon volontaire du Verbe créateur incarné Jésus aux caprices de la liberté absolue humaine, a abouti sous le coup de l’engrenage infernal du péché des hommes, à la mort de Jésus. C’est cet acte fou et stupéfiant de courage du créateur qui a voulu ainsi « descendre personnellement dans l’arêne » qui est cause de rédemption, le sang versé par Jésus en étant la conséquence dramatique. C’est ici l’expression d’un de ses noms « Elohim », qui signifie la perfection de la justice. Un de ses autres noms « Hachem », signifie la miséricorde. Et la miséricorde, c’est de dire « vous avez péché, je passe l’éponge, mais instruisez vous bien de ce dernier pour mûrir ». La justice, c’est pour les « tordus », c’est leur dire « j’ai revêtu la nature humaine que j’ai créé parfaite, ma créature a péché, je suis mort à sa place, la justice qui à la suite du péché exigeait la mort de l’homme selon la loi que j’ai moi-même créée a été respectée, vous n’avez aucun argument contre moi, passez votre chemin ».
Il est ici l’honneur du Nom de DIEU : « vous n’avez aucun argument contre moi ». D’ailleurs, si on y prend garde en lisant les Ecritures, on s’aperçoit en fait qu’il s’agit d’une longue plaidoirie incessante.
Les alliances sont une autre affaire.
Avec mes bien cordiales salutations
______

Écrit par : jean | 05/10/2014

@ PP

> Ma question était volontairement provocatrice ; je sais très bien à quoi m'en tenir sur nos bons papes, l'émérite comme l'actuel, et ne mets aucunement en doute l'humilité du premier. Reste que Benoît XVI a remis en vigueur, lors des diverses célébrations qui ont ponctué son pontificat, un certain nombre de vêtements liturgiques traditionnels :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Port_c%C3%A9r%C3%A9monial_de_Beno%C3%AEt_XVI

Ce ne sont pas "un ou deux couvre-chef" coiffés "par plaisanterie" (sérieusement ?), mais une démarche délibérée de sa part, qui demande explication, autrement, les chroniqueurs s'en donnent à cœur joie :
http://rue89.nouvelobs.com/2010/11/01/benoit-xvi-un-pape-reac-jusque-dans-son-dressing-173738
(et je les trouve encore modérés)

Je ne cherche pas ici à défendre à tout prix JM Guénois. J'estime, à l'aune de ses propos dans l'entretien que vous citez, que votre critique à son adresse est entièrement justifiée (et sa défense à côté de la plaque). Mais les commentaires de meute "ah, ces journalistes du Figaro complètement imbus de lustre papal, qui passent à côté de l'essentiel..." m'agacent par leurs relents d'étiquetage.

AC


[ PP à AC - "Meute" me semble inadéquat. Pour connaître quelques-uns d'entre eux, je peux vous certifier qu'il s'agit de caractères aussi peu grégaires que possible ! ]

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Écrit par : Albert Christophe / | 05/10/2014

MOMENT

> J'ai bien aimé le moment où Jean Marie se demande s'il manque d'humilité . C'est la preuve que la foi questionne , et vient nous chercher là où nous en sommes .
Sa question trouvera-t'elle réponse ?
Je crois que de trouver " too much" le fait que le pape se soit baladé dans une petite voiture au milieu d'un cortège de grosses berlines est une interprétation surprenante. La promotion de la simplicité aurait des limites ?
Et au lieu des clous de la croix , de l'adhésif aurait suffi, peut être ?
Il y a bien des choses que l'amour de Dieu doit dépasser , voir surpasser ...dont la culture du moment dans laquelle notre humanité est immergée .
Le chemin est d'autant plus difficile que la culture de chacun véhicule des vérités et des erreurs dont nous n'avons même plus conscience tant elles sont évidentes.
______

Écrit par : béber / | 06/10/2014

@ Albert Christophe

> Il faut avoir à l'esprit que Benoît XVI est un artiste, épris de beauté.
On aurait dû comprendre l'usage qu'il aimait faire du si riche patrimoine de l'Eglise, lui, l'un des acteurs les plus "progressistes" de Vatican II, comme acte de libération de l'art de la mondanité, pour lui rendre sa vocation première: rendre gloire au Créateur par l'exaltation de la Création.
On en a conclu au contraire qu'il était d'Ancien Régime. Sa démission seule pouvait aussi, vous avez raison cher PP, rétablir la vérité.
Il a dû , peut-être plus que quiconque, souffrir du détournement de l'art dans les idéologies du XXe siècle. Son côté espiègle, lui l'ancien cardinal conduisant lui-même sa golf VW, Pape portant chausses rouges et chapeaux à faire pâlir les grands couturiers, je le vois geste effronté d'enfant ouvrant la cage pour que s'envole en liberté retrouvée la créativité des amoureux du beau. Pour la gloire de Dieu.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 07/10/2014

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