25/09/2014
Le Paris politico-médiatique, haut-parleur des djihadistes
"Qu'attendent nos dirigeants" pour faire leur métier d'hommes d'Etat ? demande Jean Guisnel... Hélas ils n'attendent rien, et l'Etat se dissout dans le média :
Spécialiste des questions militaires et de renseignement, co-auteur d'Au service secret de la France (La Découverte, 2014), Jean Guisnel a publié dans Le Monde du 25/09 – donc juste avant l'annonce de l'assassinat d'Hervé Gourdel – des réflexions auxquelles on ne peut que souscrire. Il souligne que la pression terroriste n'est pas nouvelle, que la France en a subi diverses variantes depuis quarante ans, mais que Daech a deux originalités : 1. la puissance inédite de son attrait sur « de jeunes étrangers » formatés par la société occidentale (djihadistes venus de France, d'Angleterre, d'Australie) ; 2. sa « parfaite maîtrise » du show internet (les réseaux faussement dits sociaux), maîtrise qui lui permet de « jongler avec le voyeurisme planétaire »... On vient d'en avoir quatre exemples atroces. Sous cet angle, notre classe politique – accro aux médias et au show internet – sert de haut-parleur aux djihadistes. Extraits de l'article de Guisnel :
<< [Nos dirigeants devraient commencer par] cesser de se rendre dans le golfe Arabo-Persique baiser les babouches de kleptocrates, financiers du djihadisme*. Ce n'est pas parce que ces derniers savent parler notre langue, à savoir le football et l'argent, que nos dirigeants doivent leur vendre leur âme et les nôtres par dessus le marché... >>
<< Quand on est le ministre de l'Intérieur d'un pays comme la France, on ne devrait pas répondre du tac au tac au communiqué provocateur d'un groupe djihadiste. La France a des lois. Qu'elle les applique et les fasse évoluer par son corps législatif [...] Tant qu'elle y est, elle pourrait aussi faire la démonstration que les moyens énormes de surveillance électronique dont elle s'est dotée ont une autre utilité que l'interception des communications de Mme ou M. Tout-le-monde. A quoi servent donc les milliards donnés aux service secrets (français et autres) s'ils sont incapables de couper le sifflet électronique de djihadistes sanglants ? Les faire cesser de nuire passe par leur réduction au silence. Qu'attendent donc nos dirigeants ? >>
Nos dirigeants n'attendent rien. Ils sont juste « nuls d'être et d'apparence », comme disait le philosophe René Lévy il y a quinze jours. D'où leur rejet par l'opinion.
Parmi les médias, quelqu'un a compris le dégoût des Français envers la classe politique : c'est Jean-Jacques Bourdin, à RMC. Ce matin il martelait que pour parler du drame Gourdel il n'inviterait pas de politiques, car ceux-ci n'ont « rien à dire » et « tout le monde en a assez de leurs sornettes ».
Le drame est que ces mêmes politiques à la tête vide ont engagé la France dans le maelström du soi-disant anti-terrorisme global, et qu'aucun député n'a songé à demander des précisions sur cet engagement lors du pseudo-débat d'hier. Nos politiques ressemblent plutôt à la présentatrice de France Info, qui, ce matin aussi, employait tous les adjectifs souhaités par les terroristes : à l'entendre les Français étaient « sous le choc », traumatisés, affolés, ne « comprenaient » pas, etc. Si les djihadistes veulent semer la panique en France, ils peuvent compter sur la plupart des médias français. La panique c'est de l'audience.
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* « les pompiers d'aujourd'hui et pyromanes d'hier, qui ont allumé des incendies – Irak en 2003, Libye en 2011 – qu'ils se sont révélés incapables d'éteindre... »
10:22 Publié dans Idées, Médias, Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : djihad, politique
Commentaires
ASENSI POUR L'HONNEUR
> Bonjour Patrice, il y a une légère erreur dans votre commentaire lorsque vous affirmez qu'aucun député ne s'est opposé à la politique étrangère du gouvernement. François Asensi, député de gauche de Seine Saint Denis a fait un discours remarquable appelant la France à reprendre la grande tradition gaulliste en matière de politique étrangère... mais les autres l’écoutaient en baillant ou en pianotant ostensiblement sur leurs smartphones ou en souriant...
http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2014/09/24/debat-guerre-irak-seule-intervention-vraiment-contre-255060
RC
[ PP à RC - Père, vous avez raison et je fais mes excuses à François Asensi. Il reste un juste dans Sodome. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Robert Culat / | 25/09/2014
St THOMAS
> ils devraient relire St Thomas d'Aquin et ses conditions pour faire la guerre parmi lesquelles on voit :
-absence d'arrière pensées
-avoir de sérieuse chance de la gagner,
-que cela ne débouche pas sur une situation plus grave
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et Dupont-Aignan qui parle de De Gaulle toutes les 5 minutes, il n'a rien dit ?
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Écrit par : e levavasseur / | 25/09/2014
CORAN
> Une simple remarque de base. De même que Daladier et Chamberlain ne s'étaient pas donné la peine de lire 'Mein Kampf', si George Bush et les autres chefs d'États avaient lu le Coran, ils se seraient vite aperçus que la démocratie, telle que nous la comprenons, est incompatible avec l'Islam, qui est essentiellement une religion de prise de pouvoir et une sorte de totalitarisme des esprits et des cœurs.
Le « Printemps arabe » fut une illusion qui a pour ainsi dire endormi l'Occident.
Ceci me semble mettre (un peu) en perspective la barbarie du jihadisme, au point de faire regretter Saddam Hussein ! J'espère ne pas trop me tromper... mais le redoute.
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Écrit par : Jean-Claude Alleaume / | 30/09/2014
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