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03/07/2014

L'écologie fait partie des devoirs des catholiques

...quoi qu'en disent les prédicants de l'agro-alimentaire :

 


Mon billet d'humeur d’hier matin à RCF :

 

Bonjour à tous. Depuis le flamboyant message de Jean-Paul II du 1er janvier 1990, en passant par les discours de Benoît XVI et les  fulgurances de François, les papes ne cessent d'appeler à ce que Jean-Paul II nommait "la conversion écologique" : la responsabilité des humains envers l'environnement, dont dépend notre vie et celle de nos enfants. Les papes sont clairs (et nos évêques aussi, dans un petit livre paru il y a deux ans) : l'écologie (la vraie, pas celle du parti qui abuse de ce mot) fait partie du bien commun, donc des devoirs du catholique en tant que citoyen. Et l'écologie, la vraie, implique un changement du modèle économique actuel, que le pape François condamne sévèrement dans son exhortation La joie de l'Evangile.

 

Pourquoi parler de ça aujourd'hui ?  A cause d'un événement tout récent : le procès ouvert hier, à Amiens, contre neuf syndicalistes paysans. Ils sont poursuivis par un industriel qui va ouvrir, dans la Somme, une sorte d'usine de béton et d'acier où un millier de vaches  enfermées, traites par des robots trois fois par jour, seront surexploitées dans des conditions concentrationnaires. Les paysans trouvent ça révoltant sur le plan animal, dangereux sur le plan de l'environnement, et absurde sur le plan économique – alors que le modèle hyper-productiviste est en train de se révéler une impasse.

 

Ces syndicalistes sont passés à l'action contre la Ferme des Mille Vaches, en démontant une partie de la salle de traite géante. On leur a envoyé les CRS. On les a inculpés de "vol" et de "recel" (pour avoir démonté trois tuyaux)... Et les voilà devant le tribunal correctionnel d'Amiens ! Contrairement au Dr Bonnemaison, ils sont guettés par des peines de prison ferme : s'en prendre à l'argent, c'est ce que la société d'aujourd'hui ne saurait pardonner.

 

Le porte-parole des neuf inculpés déclare, je le cite : « Nous, les lanceurs d'alerte, demandons la relaxe, demandons un débat parlementaire sur les fermes-usines, demandons le respect des règles d'urbanisme, demandons une justice qui traite les faibles et les puissants de la même manière, demandons un arrêt immédiat des travaux jusqu'à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui sent le gaz... Paysan, paysanne, ouvrier, ouvrière, madame, monsieur, de partout, luttez, combattez, résistez, notre art de vivre ne se monnaye pas ! »

 

Voilà qui rappelle le langage du pape quand il parle de l'économie. Ou le langage de José Bové quand il condamne la PMA et la GPA au nom de la nature humaine : parce que le véritable écologiste refuse que l'on inflige à l'homme ce qu'on ne doit pas non plus infliger à la nature...

 

Eh oui : les lignes bougent, les catholiques ne sont pas seuls, ils ont des alliés potentiels très inattendus – à condition de savoir aller à leur rencontre en oubliant les préjugés ; à condition de « sortir pour aller vers les périphéries », comme nous y appelle un certain Jorge Bergoglio. Et cette rencontre est aussi un terrain de témoignage évangélique dans l'action, avec tous les interlocuteurs et par tous les moyens, même et surtout ceux auxquels nous ne nous attendions pas. Bonne semaine à tous !