Non, "2017" ne sera pas "décisif pour l'avenir du pays"

...comme nous l'affirment déjà les post-sarkozystes :

  

Je reçois le message suivant, qui émane d'un cercle « libéral-conservateur » labellisé catho :

 

<<   2017, c'est maintenant.

Chère Madame, cher Monsieur,

Les élections municipales et européennes sont maintenant derrière nous. Les Français ont exprimé à cette occasion leur exaspération pour la comédie du pouvoir et les fausses solutions.

Nous allons maintenant nous mettre en ordre de bataille pour l'élection présidentielle à venir, qui, chacun le pressent, sera décisive pour l'avenir de notre pays.

Pour cela, nous avons besoin de votre participation et de votre soutien généreux (…) Votre avis nous est indispensable. De même, votre générosité financière nous permettra également de mener à bien notre action future.

La bataille sera longue, et la victoire se construira pas à pas, grâce à vous. >>

 

Le message est signé d'un « délégué général ». Mercredi soir, dans une salle de conférences parisienne, ce monsieur présidait un débat à deux voix entre un écolophobe septuagénaire, assis à sa gauche, et Gaultier Bès, 25 ans, assis à sa droite. (Gaultier est co-animateur des Veilleurs et auteur de Nos limites, pour une écologie intégrale : remarquable livre qui vient de paraître au Centurion et dont je vous parlerai très vite*). « Présidait » n'est d'ailleurs pas le terme, tant la partialité du monsieur et sa méconnaissance du sujet ont déconcerté une partie de l'assistance. Après l'exposé de Gaultier Bès (qui aurait enchanté Jorge Bergoglio), l'étrange président a qualifié ce qu'on venait d'entendre d’ « impasse, même si à l’occasion ce peut être très joli, une impasse fleurie... » Et il a enfoncé le clou, déclarant espérer que les thématiques évoquées par Gaultier Bès n’occasionneront pas des lendemains qui chantent finissant sur l’échafaud. Après quoi il a passé la parole à l'écolophobe en ces termes : « ...Mais ce soir l’espérance se trouve plutôt à ma gauche, c’est bizarre, d’habitude ce serait plutôt à droite, mais, bon... » C'était Versailles en 1871.

Ayant surmonté son étonnement, la salle a subi le très long topo de l'écolophobe ; puis elle a fait savoir qu'on ne se débarrasserait pas comme ça de la réalité, ni de la parole de l'Eglise catholique.

J'en reviens au message du monsieur sur 2017. La dernière fois que des libéraux-conservateurs labellisés catho nous ont fait le coup de « l'élection décisive pour l'avenir de la France », c'était en 2007 avec Nicolas Sarkozy. On a vu la suite : une abdication dans tous les domaines, accompagnée de gesticulations jusque dans le religieux sous l'oeil attendri de la bourgeoisie d'affaires. La même bourgeoisie veut refaire en 2017 l'opération de 2007 (avec Sarkozy ou un autre). Sa succursale catho, dans le message que vous venez de lire, nous présente ça comme une rupture avec « la comédie du pouvoir » et « les fausses solutions », alors que ces deux termes qualifiaient l'ère Sarkozy autant qu'ils qualifient l'ère Hollande.

Ce ne serait, bien entendu, une rupture avec rien. Il n'y aura pas de rupture sans un changement radical du système économique. Ce changement ne peut s'opérer qu'à l'échelon international. Et le système qu'il faut changer (comme les papes nous y exhortent depuis vingt ans), c'est justement celui que les libéraux-conservateurs défendent ! Cette défense est une tragique erreur. On peut comprendre que cette erreur soit commise par des agnostiques ; on ne peut pas comprendre qu'elle soit commise par des catholiques.

 

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[*]  J'en parle déjà dans ma chronique hebdomadaire de Radio Espérance : blog, note suivante.