Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/02/2014

'Libération' tué par ses maîtres ?

libe-crie-sa-rage-en-une-nous-sommes-un-journal,M140253.jpg

 

Le quotidien libéral-libertaire semble découvrir (in articulo mortis) la logique de l'argent, qu'il servait depuis les dernières années July ! Ses actionnaires vont transformer le journal en ''restaurant, réseau social, espace culturel, plateau télé, bar et incubateur de start-up''... Sans changer la ligne idéologique, bien entendu ! mais les journalistes crient au scandale :

 


« Éjecter les journalistes mais monétiser la marque », constatent furieusement les salariés : « Il s'agit désormais de construire un LibéLand, un LibéMarket, un LibéWorld. Un losange rouge avec rien derrière, dix lettres qui ne signifient plus grand-chose, sinon le prix auquel on veut bien les ''monétiser'' : Libération ! »

Belle indignation. Mais d'un anti-américanisme surprenant (de la part de cette équipe). Et presque aussi vide que la vision « prospective et industrielle » des actionnaires...

Je dis presque, parce que Libération – en dépit de la présence à sa tête de ''chiens de garde du libéralisme'' [1] – parvenait encore à publier (de temps à autre) des points de vue contestataires : notamment dans le domaine de l'environnement.

Mais pour le reste, et depuis des années, la ligne du journal était la même que celle du Monde et de l'écrasante majorité de l'audiovisuel : un conformisme sociétal en béton armé, et une admirable docilité à participer aux opérations de diversion et d'enfumage ; ce qui mena l'ensemble de ces médias à s'éloigner toujours plus des populations, à se recroqueviller sur la mondanité bobo, et, par suite, à prendre une posture de cerbères d'une pseudosocially correctness à l'américaine qui ne correspond pas à grand'chose dans l'Hexagone.

D'où l'érosion des ventes. Elle frappe la plupart des journaux papier (sauf exceptions) mais surtout Libé, en chute verticale. Comment ses journalistes ne comprennent-ils pas que la chute de la demande vient du manque d'intérêt de l'offre, et que ce manque d'intérêt vient de l'uniformisation mentale des médias ? et que cette uniformisation était spécialement flagrante dans le cas de Libé ? À partir du moment où presque toute la presse a partagé le même point de vue (celui des dominants de l'économie), acheter des journaux ne servait plus à grand-chose puisqu'il n'y avait plus rien à comparer entre eux. Ajoutez à cela la concurrence massive de l'internet (dépêches et réseaux), qui informe gratuitement les particuliers en même temps que les salles de rédaction ; et vous avez les causes de l'agonie de ces journaux.

Aujourd'hui et trop tard, les journalistes de Libération voudraient retrouver une identité contestataire ; mais ils furent trop longtemps du côté du manche pour qu'on prenne ce revirement au sérieux. D'autant qu'il s'exprime en page 6 par un dessin de Willem qui paraît surréaliste à force d'onirisme : on y voit la joyeuse et planante équipe de Libé, avec crayons et gants de boxe, défiant une foule de méchants dont un capitaliste avec cigare et haut-de-forme ; les lecteurs voient ce dessin anticapitaliste, se reportent à la liste des actionnaires de Libé, et y trouvent le nom de Rothschild [2] qui y figure depuis 2005. Alors, (comme dit Marx dans le Manifeste), ils s'en vont « avec de grands éclats de rire irrévérencieux ».

 

____________

[1] Cf. le pamphlet-référence de Serge Halimi : Les nouveaux chiens de garde (Liber - Raisons d'agir, rééd. 2005), sur la collusion entre les pouvoirs médiatique, politique et économique.

[2]  Edouard de Rothschild a été imposé dans le capital de Libération par Serge July en janvier 2005.

 

 

Commentaires

@ux journalistes de Libé qui souhaiteraient changer d'air :

http://www.ladecroissance.net

http://www.lagedefaire-lejournal.fr

Ou en plus "posh" :

http://kaizen-magazine.com

Et la liste n'est pas exhaustive...
______

Écrit par : Feld / | 08/02/2014

NEW YORK

> Vous ne les voyez tout de même pas aller travailler dans des journaux où on ne peut pas écrire que NY est la capitale du monde ?
______

Écrit par : amblard / | 08/02/2014

> Ma candeur me perdra (lol)...
______

Écrit par : Feld / | 08/02/2014

REMPLACER LES EMPLOIS PAR DES ROBOTS

> Une tendance actuelle est de tout robotiser, même le tertiaire. Dans 20 ans, juristes, journalistes, avocats ne seraient plus que des logiciels. On l'a fait pour l'industrie, actuellement on vise la maçonnerie, tout y passe. Au moins les robots ne se révoltent pas. Ce sujet est actuellement à la mode dans les conférences higt-tech.Libération, bientôt un journal sans journalistes ?
______

Écrit par : Théophile / | 08/02/2014

@ Feld :

> Plutôt sympa, vos références; la pédagogie Freinet, par exemple, était à l'honneur dans les Ecoles Normales devenues IUFMs, éventrés par Sarkozy…et je sors avec émerveillement cette semaine de la visite d'une classe coopérative à Longpont, en Essonne.

Pour vos réticences par rapport aux Ecritures, je n'ai pas l'impressionnante bibliothèque de Plunkett. Mais je vous conseillerais bien "Difficile liberté", d'Emmanuel Lévinas, qui dégage comme aucun ouvrage la logique du commentaire dans la tradition judaïque.
Il me semble ce que qui bloque, c'est en général la recherche d'une vérité pré-constituée, pré-établie. On découvre là qu'elle est une élaboration séculaire, très savante. Et très belle ! Je crois que l'émerveillement devant la beauté d'une interprétation est un bon guide, et le rejet des lectures médiocres aussi.
Vous voyez, moi, je ne dirais pas que l'article de 'Forbes' est invraisemblable ou même inexact. Juste con. Et ça suffit.
______

Écrit par : Haglund / | 08/02/2014

BRANCHITUDE

> Peut-être que la rédaction de Libé, obstinée dans la bêtise branchée, a signé d'elle-même son propre arrêt de mort par cette une d'il y a quelques mois...qui sait?
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/02/13/liberation-feuille-paroissiale-du-culte-bobo.html
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 08/02/2014

'2001'

>Je ne pense pas, évidemment, malgré ses errements, qu'il faille se réjouir de la disparition d'un journal, fût-il "Libé".
Car cet événement, petit Titanic attendu, confirme de manière particulièrement brutale ce qui couvait depuis bien longtemps : la disparition de la presse papier.
Et avec elle, en somme, cette confirmation spectaculaire de la disparition de toute véritable pensée, et même de toute dialectique, désormais neutralisée dans un magma informatique où, comme dans "2001, l'Odyssée de l'espace", ce seront les ordinateurs qui gouverneront.
En cela, ce jour est à marquer d'une pierre blanche.

jem


[ PP à JEM - Ou d'une pierre noire ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : jem / | 08/02/2014

> Oui, tout est noir en ces temps funestes...
______

Écrit par : jem / | 08/02/2014

LE "JOURNAL DE CLASSE" D'UNE CLASSE QUI NE LIT PLUS DE JOURNAL

> Il y a encore trente ans, en dépit de sa constellation de fôtes d'ortograf prodigieusement agaçantes, la lecture de Libé présentait un certain intérêt, même à qui ne partageait pas ses idées. Ce quotidien donnait dans la contestation ravageuse de l'ordre établi, le sarcasme caustique, l'irrévérence et les secousses mentales en tous genres (dont certaines pouvaient être salutaires).

Depuis bien longtemps, cet assemblage de feuilles imprimées a perdu tout intérêt. Ce n'est plus qu'une compilation - revisitée par un esprit bobo conformiste au possible - de dépêches d'agences de presse et, désormais, d' "informations" paresseusement tirées du Net.
Et si contestation il y a, elle se borne à des aboiements serviles en direction des vrais contestataires, ceux qui contestent les nouvelles servitudes de la pensée unique et les caprices de ses thuriféraires.

RC


[ PP à RC - En gros d'accord avec vous sur le diagnostic, mais avec une petite nuance : ce journal gardait deux marges intéressantes, 1. l'environnement (alors que les actionnaires du 'Monde' ostracisaient Hervé Kempf) et 2. certaines pages "rebonds'... Le reste était de l'académisme bobo faussement polémique : le "journal de classe" d'une classe qui ne lit plus de journal ; d'où son agonie. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Réginald de Coucy / | 09/02/2014

'LA CROIX' VA BIEN

> Certes, la « presse papier » est en crise, mais l'actualité des médias est parfois taquine : un des rares journaux qui parvient à tirer son épingle du jeu n'est autre que « La Croix » ! (+ 0,8 % en 2013). Comme quoi …
http://www.ozap.com/actu/2013-nouvelle-mauvaise-annee-pour-la-presse-quotidienne-nationale/451462
______

Écrit par : François / | 09/02/2014

LIBÉRALISME + CORPORATISME

> La presse française cumule souvent les inconvénients du libéralisme: actionnaires extérieurs à l'équipe de rédaction, donc dépendance ; et ceux d'un système corporatiste présenté comme modèle social, le monopole du syndicat du livre qui défend ses positions par des violences mafieuses et entraîne des coûts de fabrication et de distribution des journaux très supérieurs à ceux des autres pays.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 09/02/2014

PRIVATISATION

> La privatisation du mariage :
www.lepoint.fr/invites-du-point/gaspard-koenig/gaspard-koenig-privatisons-le-mariage-09-02-2014-1789703_2002.php

On peut être sûr que Libé est pour !

Le mariage serait alors égal à une entreprise de bien-être, de production de bébé,d'échange de biens et de services entre contractants.
du coup pourquoi pas la poly-gamie/andrie ?

En effet, à partir du moment où l'on perd de vue toute idée de communauté (pour mieux sombrer dans le communautarisme), où l'on part du point de vue que si la famille est fragile au point de se volatiliser c'est qu'elle n'existe pas vraiment (les gens fondent de multiples familles composées, re-composées, re-re-composées ce qui fait dire que "la famille" n'existe pas, la vieille erreur habituelle), alors la famille n peut être le noyau de la société et d'ailleurs, il n'y a plus de société du tout ! c'est chacun pour soi !

Contrairement à ce que semble croire ce zigoto, la privatisation de la famille n'empêchera pas l'arrivée de ce que décrit Platon** mais au contraire, le favorisera

et Peillon s'acharne déjà à le transformer en réalité. (mais ça a commencé bien avant dès avant les années 70 et même... dès J Ferry !)

**"Les enfants, à mesure qu'ils naîtront, seront remis entre les mains de personnes chargées d'en prendre soin. 
Ces préposés porteront les enfants des sujets d'élite au bercail, et les confieront à des nourrices habitant à part dans un quartier de la ville. Pour les enfants des sujets inférieurs, et même ceux des autres qui auraient quelque difformité, il les cacheront en un lieu interdit et secret, comme il convient."
______

Écrit par : E Levavasseur / | 10/02/2014

INQUIETANT

> Merci à E.L. pour ce retour à Platon.
Ce qui est rassurant : cette question ne date pas d'aujourd'hui.
Ce qui est inquiétant : de nouveaux pas ont été franchis, on ne veut même plus les cacher mais les faire "disparaître".
98% d'une population décimée sur critère physique et intellectuel ...
Comment appelle-t-on cela déjà ?
Ah oui : un génocide !
C'est ce qui est pratiqué actuellement dans notre civilisation moderne de progrès de façon quotidienne sans que l'on s'en émeuve.
Et maintenant on veut élargir le cercle en encourageant l'euthanasie.
En route vers le meilleur des mondes...!
______

Écrit par : franz / | 11/02/2014

ON Y ARRIVE

> Libération qui a proclamé "Dieu démission" en couverture d'un de ses numéros, va arriver à sa fin, l'Eglise en France, elle, perdure ...
______

Écrit par : Aurélien Million / | 13/02/2014

EUTHANASIONS LIBERATION !...

> Depuis l'effarante période de "Libé II", incarnant la démesure de Serge July au milieu des années 90, Libé n'a eu de cesse depuis de multiplier les investissements façon "tonneau des Danaïdes".
Ce qui est embêtant c'est que nos impôts contribuent largement à cette agonie sans fin...
A l'heure où nos "bobos libertaires" prônent l'euthanasie à tous crins, je suggère qu'ils prêchent par l'exemple.
Stoppons tous ces espoirs déçus, ces dizaines d'années d'investissements sans retour, cette perfusion permanente qui laisse croire aux journalistes que leur job a de l'avenir, ces promesses à répétition qui n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Non vraiment trop c'est trop, mettons un terme à toute cette souffrance !
Euthanasions Libération !... ]

réponse au commentaire

Écrit par : PH94 / | 15/02/2014

@ PH94 :

> à ce genre d'indécence, on devine immédiatement que vous êtes en bonne santé.
______

Écrit par : Haglund / | 15/02/2014

ABÎME

> Haglund, quand même, entre euthanasier un journal et euthanasier des êtres humains, il y a un fossé, et même un abîme. Donc je ne vois pas en quoi les propos de PH94 seraient indécents.
______

Écrit par : Barbara / | 15/02/2014

> Relisez. Vous verrez que ce n'est pas seulement le mot, mais bien la loi et la situation qui est évoquée. Très frais, vraiment…
______

Écrit par : Haglund / | 15/02/2014

PIQUE

> J'ai relu. Et finalement, je trouve qu'une petite pique envers tous ceux qui proposent sans sourciller "d'expédier" les malades et sont horriblement choqués à l'idée qu'on puisse arrêter la parution d'un journal se justifie. Si seulement elle pouvait permettre à certains d'ouvrir les yeux !
______

Écrit par : Barbara / | 16/02/2014

@ BARBARA

> Merci Barbara.
Vous n'êtes manifestement pas la seule à le penser.
La thèse est reprise par Atlantico
http://www.atlantico.fr/decryptage/debrancher-libe-tres-longue-histoire-diffucltes-financieres-quotidien-benjamin-dormann-983936.html
______

Écrit par : PH94 / | 17/02/2014

Mgr SIMON

> Je ne crois pas que parce qu'une indécence est largement partagée qu'elle devient décence. Des gens qui peuvent parler de ce sujet sur ce ton ne me persuaderont jamais de la générosité de l'élan qui les habite. Un débat identitaire de plus, c'est tout; et il est évident qu'Atlantico lui ouvrira ses colonnes.
Je reparlerai sûrement bientôt de la sage parole de Mgr Simon, appelant les catholiques à retrouver de la crédibilité dans la société civile; il est vraiment temps de s'y mettre, effectivement.
______

Écrit par : Haglund / | 17/02/2014

Les commentaires sont fermés.