"Accord historique sur le nucléaire iranien"

 Et l'Elysée dans tout ça ?

   

 

 

Mis en porte-à-faux par Washington en septembre à propos de la Syrie, le duo Hollande-Fabius l'est aujourd'hui à propos de l'Iran. Dans les deux cas M. Hollande se posait en va-t-en-guerre plus américain que les Américains, au point de s'attirer la dérision du New York Times (14/11) : « Les Français, singes capitulards bouffeurs de fromage selon la phrase des Simpsons, sont devenus les tigres carnassiers de l'interventionnisme planétaire (the world’s meat-chomping enforcement tigers) […] Hollande n'est pas connu pour sa fermeté sur le front intérieur, mais il compense en étant tranchant sur la politique étrangère... Une France en alerte était prête à une intervention militaire conjointe dès le lendemain de l'utilisation des armes chimiques par le régime syrien, [et sur l'Iran] la France a une position semblable : les islamistes veulent la bombe, seule la fermeté paiera », etc. On voit le sarcasme. Seul un Hollande, comme avant lui GW Bush, peut à la fois condamner l'Iran pour « islamisme » et soutenir les véritables islamistes, sunnites, au travail au Proche-Orient ! Jusqu'à quel point est-il même conscient (Bush ne l'était pas) de la différence entre chiites et sunnites  ?

 

Sur la photo de famille prise à Genève hier, on voit Fabius, l'air gourmé, dire quelque chose à un Lavrov présenté par  Reuters comme « son homologue russe » (« homologue » est assez inexact)... Image amusante si l'on se souvient de l'humiliation d'il y a deux mois, infligée par Lavrov à Fabius qui bouclait déjà son paquetage pour aller faire la guerre dans le djebel syrien.

 

Sur la même photo, Kerry tourne presque le dos aux deux autres, et regarde au loin. Son attitude semble symboliser la signature de cet accord de Genève imposé à Hollande par Obama, et la nouvelle vision américaine de la politique mondiale : se tourner vers l'Asie-Pacifique et laisser le Proche-Orient trouver par lui-même un équilibre inédit, dans lequel la véritable puissance régionale – l'Iran – jouera nécessairement un rôle. Cette perspective irrite Paris, en retard d'au moins une époque, engoncé par Sarkozy dans une addiction à Ryad et Doha, en même temps que dans un soutien non critique à Nétanyahou ; attitude française qui dénote un regrettable manque d'analyse géopolitique.

 

Touche finale : Hollande, qui surenchérissait dans l'américanisme, voit General Motors manoeuvrer – avec l'appui d'Obama – pour évincer d'Iran l'industrie automobile française ! Le matou a joué inutilement au meat-chomper tiger.