31/07/2013
Fête de saint Ignace de Loyola
« Je pense en jésuite » (pape François, 28 juillet 2013) :
<< L'étoffe humaine d'Ignace est très riche. Personnalité puissante : intelligence moins cérébrale que réaliste, il "voit" les situations, les hommes, lui-même, tels qu'ils sont dans leur complexité et dans leur unité : il va droit à l'essentiel, ses affirmations s'imposent plus par leur vérité et leur lumière que par leur lyrisme ; la structure de sa pensée est très forte, très organisée, mais sans raideur, elle épouse le devenir des faits et des personnes...
Il y a chez Ignace un prophète, un visionnaire, mais dont les visions gardent toujours un caractère pratique, une nécessité intérieure...
C'est un hyper-actif, un chef, un entraîneur d'hommes ; aucune difficulté ne le déconcerte ; il va son chemin, avec une ténacité, une fidélité que servent des ressources vitales considérables... C'est un merveilleux lanceur d'hommes et d'idées beaucoup plus qu'un organisateur, beaucoup plus surtout qu'un administrateur (Ignace est à la fois trop grand et trop minutieux pour que de l'ordre s'installe autour de lui) : un apôtre de mondes nouveaux plutôt qu'un abbé de monastère... Avec cela, d'une très grande sensibilité : il est capable de se laisser absorber par la beauté d'un ciel, d'une musique, d'un décor, mais aussi de laisser éclater de brusques colères, sur lesquelles il s'efforce de garder empire.
Cet ensemble s'accompagne d'anxiété, de doutes, de scrupule... C'est un tempérament de feu : il est incapable d'indifférence, de sentiments mesquins... Difficile de le faire entrer dans une catégorie conventionnelle : il sort du commun, et sa personnalité est toute en contrastes : il allie en lui les qualités et les défauts les plus opposés.
Les grâces exceptionnelles dont Ignace fut le sujet n'ont pas aboli cette richesse de tempérament, mais lui ont donné un nouveau sens. Au lieu de se centrer sur soi, Ignace est de plus en plus centré sur Jésus-Christ : cette métamorphose radicale, ce transfert, explique certaines dominantes de sa spiritualité : pauvreté, humilité, combat spirituel, oraison, obéissance, mission universelle à la disposition totale du « Vicaire du Christ en terre », etc, pour être compris dans une authentique perspective ignatienne, doivent être replacés dans ce contexte de la personnalité humaine d'Ignace et de l'Amour absolu de Jésus-Christ. Son effort – et à notre avis sa réussite – est de transmettre cette expérience essentiellement personnelle à d'autres chrétiens d'un autre tempérament : soit dans les Exercices spirituels, soit dans les Constitutions, soit dans les Lettres. >>
André Ravier s.j.,
Les chroniques Saint Ignace de Loyola
Nouvelle Librairie de France 1973.
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