01/08/2013
Ecologie humaine : "L'Ecologiste", la PMA et la GPA
"Faut-il changer la nature de la filiation ?"
Un article d'écologie humaine, par un authentique écologiste !
À lire pour ne plus confondre l'écologie avec Duflot-Mamère :
Hervé Le Meur milite au Comité contre l'artificialisation du vivant et dans plusieurs associations écologiques. Son étude dans le numéro d'été de L'Ecologiste soulève beaucoup de points à débattre sur la scène publique. Elle explique pourquoi l'écologiste (le vrai) lutte « contre les manipulations du vivant et les brevets », et comment « une opposition cohérente aux OGM et à leur monde » mène à interroger la technique inféodée à l'idéologie économiciste de « la Croissance ». Il explique aussi que la nature, loin de devoir être opposée à l'homme, justifie la liberté, l'altérité, « la finitude et la modestie » dans le domaine humain [1]. La nature, di-il, est « un antidote » contre « la volonté de toute-puissance et le consumérisme y compris dans la relation à l'autre »... [2]
Et il en vient aux conséquences inéluctables de la loi Taubira : la PMA et la GPA. Qu'en pense l'écologie, la vraie (non celle des politiciens libéraux-libertaires d'EELV) ? Ceci :
Sur la négation de la maternité : << Il se trouve que nous luttons notamment contre une loi au profit des semenciers qui taxe les paysans qui conservent leurs graines pour les ressemer. Hélas ! L'agenda politique a relégué ce combat loin derrière le mariage gay. Pourtant, autoriser les paysans à ressemer ce qu'ils ont récolté paraît moins problématique que de légaliser l'affirmation selon laquelle un enfant peut avoir deux mamans. Et donc pas de papa ! La loi sur le mariage gay rend donc légal le mensonge aux enfants sur leur filiation. De plus, elle modifie […] la définition de la maternité, puisqu'une mère n'est plus celle qui donne la naissance mais celle qui, à un moment donné, a voulu un enfant, ou a partagé la vie d'une femme qui en a voulu un. Le fondement de la maternité bascule de la matérialité, l'incarnation de la naissance, vers la seule volonté. Un tel fondement est forcément plus fragile que la réalité physique de la mise au monde et commence à négliger, voire à mépriser, le fait que les femmes portent les enfants. Cette nouvelle définition de la maternité […] change la conception de la maternité pour tous et en particulier dans le contenu de l'enseignement. >>
Sur les pseudo-études sociologiques : << Nous aimerions que des études soient faites qui affichent les éventuels conflits d'intérêts ; qui ne recrutent pas les parents par les associations militantes (biais évident) ; qui abordent la question de la filiation, qui se pose plus tard, avec l'enfant une fois devenu adulte, voire parent lui-même ; enfin qui ne confondent pas, comme le font toutes les études actuelles, d'une part un enfant dont l'un des parents se met en relation homosexuelle (mais qui a bien deux parents identifiés) et d'autre part un enfant auquel on dirait qu'il est issu de deux mères (et dont la filiation repose sur un mensonge).>>
Sur le faux argument de l'égalité : << L'amour ne suffit pas à justifier un mariage. Sinon pourquoi interdire la polygamie ? (c'est bien sûr ironique). >>
Sur le déni de l'altérité : << Philippe évoque à 47 ans son éducation par sa mère et sa compagne, dans un journal acquis à la cause homosexuelle : « […] Sa copine avait un problème à liquider avec les hommes. Tout son discours antimecs, je le prenais pour moi. En même temps elle jouait le rôle de père, et cela a brouillé tous mes repères...>>
Sur l'aversion libérale envers nature et condition humaine : << Luc Ferry, philosophe libéral et ancien ministre de l'Education, affirme : « la nature reste quand même largement l'ennemie de l'humanité. » Tous ces intellectuels haïssent la nature et la pensent en opposiiton à la volonté humaine. Implicitement, leur discours suppose la volonté supérieure aux données naturelles, l'esprit supérieur au corps, l'humain supérieur à la nature... C'est un dualisme réducteur [3] qui, en promouvant la toute-puissance de la volonté, ne peut supporter l'irréductible altérité de ce qui résiste à cette volonté. [Mais] les deux pôles doivent coexister : la nature est un impératif pour nous rappeler le principe d'altérité et nous éloigner de la volonté de toute-puissance... >>
Sur les comportements induits par la technique : << Si jamais PMA ou mères porteuses devenaient un mode de reproduction, cela continuerait un mouvement auquel nos sociétés industrielles très individualistes aspirent : tendre vers l'individu atomisé, entièrement autonome et responsable, qui n'a rien à devoir à qui que ce soit (pas même son père, sa mère ou son conjoint), n'est l'obligé de personne et n'est attaché ni à une terre ni à un lieu. Cet humanoïde qui refuse l'amour autre que la sexualité (consumérisme), en plus, pourrait se reproduire tout seul, sans avoir besoin de passer par l'Autre. Ce serait, dans l'évolution, le retour au stade de la bactérie... >>
Sur l'individu atomisé, stade suprême du libéralisme : << ...Nos sociétés nous enjoignent de devenir l'unique acteur de notre existence. L'individu est alors atomisé, et non vu dans un tissu de relations, familiales notamment. Le burning out est d'autant plus fort. Nos sociétés industrielles nous font désirer d'assumer pleinement tout ce que nous faisons et que ces épaules virtuelles soient de plus en plus larges. C'est une exigence inhumaine contre les humains. L'être qui prétend se fabriquer lui-même, l'être autoconstruit, se traduirait en américain par self made man. N'est-il pas dans la volonté de toute-puissance, qui devrait passer avec l'âge adulte ? Déjà Hannah Arendt notait que l'homme futur « paraît en proie à la révolte contre l'existence humaine telle qu'elle est donnée, cadeau venu de nulle part (laïquement parlant) et qu'il veut pour ainsi dire échanger contre un ouvrage de ses propres mains » [4]. Être le produit de sa propre volonté est l'horizon anti-humain assigné par notre société. >>
Sur l'être humain devenant produit industriel : << Tant que ces techniques (PMA-GPA) seront des exceptions, ceux qui veulent se passer de l'Autre seront des exceptions. Mais si la loi confère à la PMA et à la GPA la même valeur que la procréation naturelle et donc les justifie officiellement, cela pourrait susciter des vocations à se passer de l'Autre, et participer à désagréger le lien social. L'être humain ressemblerait alors beaucoup à un produit industriel faisant l'objet d'un marché. Ce qui donnerait un tour particulier à l'analyse de Marx et d'Engels sur la bourgeoisie qui « a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent » [5]... >>
fin des extraits de l'article d'Hervé Le Meur
Catholiques encore libéraux, réveillez-vous.
Ecoutez ce véritable écologiste !
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[1] notions qu'un catholique aurait mauvaise grâce à snober – à moins qu'il n'adhère à l'utopie libérale : ce qui mène à contredire la DSE, les papes et les évêques.
[2] On voit ici la cohérence de l'écologie (véritable) et comment elle converge avec l'anthropologie réaliste, partagée par les catholiques. A contrario, on voit l'incohérence de ceux des catholiques qui restent pollués par le libéralisme : ils ne voient pas (ou ne veulent pas voir) que l'idéologie libérale repose sur « la volonté de toute-puissance et le consumérisme y compris dans la relation à l'autre », attitudes dont la PMA et la GPA sont des sous-produits. L'heure vient pour les catholiques de choisir : catholicisme ou libéralisme...
[3] et incompatible avec l'anthropologie judéo-chrétienne.
[4] Condition de l'homme moderne (Agora Pocket, 2004).
[5] Manifeste de 1848. Rappelons que Joseph Ratzinger, à plusieurs reprises dans ses livres, souligne l'intérêt objectif de l'enquête marxienne sur le système capitaliste libéral : cet aspect des analyses de Marx n'est donc pas incompatible avec le christianisme, la réalité étant la même pour tout le monde. (Ce qui est incompatible parce que faux, c'est l'autre aspect du "marxisme" : la vision politico-utopique de l'avenir et du combat, qui a conduit aux catastrophes du XXe siècle. Ratzinger est très clair à ce sujet).
L'Ecologiste, revue trimestrielle
11:37 Publié dans Ecologie, Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : écolmogie, taubira, pma, gpa, libéralisme
Commentaires
LES MÊMES ASPIRATIONS
> merci, cher Patrice, de continuer à "marteler" nos intelligences en convoquant, ça et là, des personnes de tous bords dont au final les aspirations sont les mêmes : retrouver le sens profond de notre humanité incarnée dans "une nature", et promise à une "Rédemption" au delà de la nature, certes, mais qui devrait l'englober ! Sinon le corps du Christ ressuscité ne serait qu'un fantôme !
Merci à vos amis écologistes, les vrais, les non-partisans, de travailler aussi corps-à-corps, si je puis-dire, ceux qui dans leur mouvance de partis, surout, ont choisi de capituler sur une grand part de l'essentiel écolo.
Bonnes vacances à tous
n'hésistez pas à visiter martial-versaux.net et sa rubrique Ecologie globale : on est sur la même ligne de pensée.
Martial Versaux
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Écrit par : Martial Versaux / | 01/08/2013
ENFIN
> Enfin les faits obligent les droitiers de base à comprendre que leur slogan répété depuis trente ans ("les-écolos-sont-verts-dehors-mais rouges-dedans") ne correspond pas à la réalité. D'ailleurs les droitiers de base sont plus proches de Cohn-Bendit que de "L'Ecologiste" - revue qui, elle, combat le productivisme industriel et l'ultralibéralisme : deux choses aimées des droitiers de base et de Cohn-Bendit !
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Écrit par : Amicie T. / | 01/08/2013
PRÊTS
> Merci Patrice, fondamental, à diffuser sans réserve. Je pense que le milieu catho est largement prêt à entendre cela.
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Écrit par : Ludovic / | 01/08/2013
@ Amicie T.
> Oui! Gauche et Droite partagent fondamentalement les mêmes valeurs. En son temps Ivan Illich en a fait l'amère expérience, ostracisé qu'il fut par les deux bords politiques.
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Écrit par : Blaise / | 01/08/2013
MACHINE ARRIÈRE
> Et pendant ce temps-là, le libéralisme fait la guerre au libéralisme : c'est PMA contre austérité...
http://www.lefigaro.fr/international/2013/07/29/01003-20130729ARTFIG00369-pma-pour-tous-l-espagne-veut-faire-machine-arriere.php
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Écrit par : ChristIan / | 02/08/2013
DEBAT
> débat révélateur :
www.youtube.com/watch?v=I0uvHFWvFnk&feature=share
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Écrit par : E Levavasseur / | 02/08/2013
Dérives prévisibles... Un article de la presse médicale
" Les deux ne font pas le père
Nantes, le jeudi 1er août - Magali Capdeville, 37 ans, et sa compagne Flavie, réfléchissaient depuis longtemps à fonder ensemble une famille. Il y a deux ans, ne souhaitant pas pour cela se rendre en Belgique ou en Espagne (ou la FIV est permise aux couples de même sexe), elles préféraient la solution plus « conviviale » de faire appel à une "connaissance" pour procéder à une insémination artificielle.
Leur choix se portera sur Sébastien, un ami du couple, qui accepte de participer à cette conception « d’apprenti sorcier » comme la qualifie Me Castelli-Maurice, avocate du géniteur. Chacun devait reprendre son chemin et l’histoire demeurer du domaine de l’intime. Ainsi, pour la mère biologique, le « deal » était clair: « Il était le géniteur, il nous rendait service. Mais ne revendiquait pas la place du père ».
En septembre 2011 l’enfant paraît et ce n’est que 7 mois plus tard, que Sébastien le reconnaît sentant en lui poindre le désir d’être plus qu’un simple donneur de sperme. Cette reconnaissance lui permettra en janvier dernier d’obtenir un droit de visite et d’hébergement. Mais les deux jeunes femmes loin d’accepter cette décision fuient la région d’Orléans, où elles résident, pour Nantes dans l’espoir d’éloigner définitivement le jeune homme à la paternité frustrée. Après une assignation pour non-présentation d’enfant, le juge aux affaires familiales a donné raison cette semaine à celui qui est aujourd’hui officiellement le père de ce petit garçon. En pratique, la justice prévoit « des rencontres progressives avec l’enfant pour s’orienter vers un droit de visite et d’hébergement classique », précise l’avocate de la mère biologique, Me Bouillon, qui ajoute qu’il « faudrait réfléchir à un autre statut du parent-géniteur, avec des droits et devoirs différents de ceux du père » et rappelle que cette situation n’est pas unique. « Internet a été un accélérateur de rencontres incroyables. Sur les forums, on voit des couples d'hommes qui cherchent une femme, on voit aussi l'inverse, souligne l'avocate, qui a en charge d'autres dossiers similaires. Ce genre de cas sera de plus en plus fréquent. Il y a des femmes qui acceptent d'aider des hommes puis refusent d'accoucher sous X. Il y a des couples qui bâtissent des projets et, finalement, tout bascule…».
Malgré cette déconvenue, ce couple de femmes n’a pas renoncé. La compagne de la mère de cet enfant a ainsi donné naissance le 4 juillet dernier à une fille, conçu dans les mêmes conditions, avec un donneur dont elles pensent qu’il ne viendra pas revendiquer sa paternité.
Au-delà des mésaventures de ce couple qui s’unira par les liens du mariage le 17 août, ce cas intéressant nous donne un aperçu des problèmes juridiques et psychologiques que porte en elle la pratique de l'insémination artisanale.
Frédéric Haroche "
http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-docs/00/02/24/8A/document_actu_pro.phtml
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Écrit par : Michel de Guibert / | 03/08/2013
ECOLOGIE CONTRE P.M.A.
> Abonné de longue date à "l'Ecologiste", je voulais voir si l'article sur la PMA était en ligne. Apparemment oui.
Il a fallu que ce soit un journaliste chrétien pour voir enfin des questions importantes soulevées avec la PMA, que n'importe vrai écologiste repousserait, comme il repousse -non pas parce que ce serait bon ou mauvais pour la santé- le trafic biologique des plantes car si la Nature les a faites ainsi, ce n'est certainement pas par hasard, mais par une évolution qui a permis, jusqu'à ce que l'homme arrive et notamment dans les trois derniers siècles, une flore et une faune en parfait équilibre, malgré quelques petits ratés concernant les éléments non vivants.
Si on se met à légiférer sur la nature afin de la réduire à nos petits intérêts, l'humanité ne dépassera probablement pas le XXIe siècle en tant que société partiellement stable.
L'ennui, c'est que notre société devient de plus en plus égoïste, l'individualisme est roi et les gens jadis acclamés pour leurs vertus, et je pense en faire partie -de toute façon, cela ne me rapportera rien de le dire-, sont ceux qui sont aujourd'hui montrés du doigt parce qu'ils avancent des arguments et sont perçus comme des donneurs de leçons, des "critiqueurs" et des "contestataires", bref des emmerdeurs.
Les conséquences sociales, sociologiques, économiques et écologiques sont aussi importantes dans l'instauration de la PMA que le serait l'acceptation des OGM.
Le vivant est réel, ce n'est pas un jardin d'enfants, et toute manipulation peut rendre irréversibles les dommages que subirait la Nature en allant trop loin dans le clientélisme et la démagogie.
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Écrit par : Au fond près du radiateur / | 10/01/2014
PARDON POUR L'AMALGAME
> Et pardon d'avoir fait l'amalgame entre l'auteur du blog et l'auteur de l'article. Pour des raisons de santé, je ne suis pas toujours très attentionné sur qui écrit quoi.
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Écrit par : Au fond près du radiateur / | 10/01/2014
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