Gaz de schiste : Martin bat Montebourg

...mais est-il sûr d'Ayrault-Hollande ? 

 

Nouveau ministre de l'Ecologie et crédible en la matière, Philippe Martin vient de remettre à sa place le « young leader » Montebourg : l'homme qui dit n'importe quoi comme s'il avait juré de ridiculiser l'idée de relocalisation économique. Le 9 juillet, Montebourg avait recommencé ses hâbleries en faveur du gaz de schiste hexagonal (style  « vous verrez que l'Elysée-Matignon n'osera pas me démentir ») ; il était allé jusqu'à prétendre que l'on verrait sous peu « un gaz de schiste écologique ». Dès le lendemain, Martin a riposté : « La question de l'exploitation 'écologique' du gaz de schiste ne se pose pas. » Précisant : « ma feuille de route, celle que m'a fixée le président de la République, est de conduire la transition écologique et énergétique afin, notamment, de réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles. » Et pour river son clou à Montebourg qui avait déclaré s'exprimer à titre personnel, Philippe Martin a conclu : « ma position n'est pas personnelle, c'est celle du gouvernement. »

C'est là que le courage de Philippe Martin risque de se trouver trahi. De deux façons : par le « gouvernement des juges », qui se substitue de plus en plus à l'Etat, et par l'exécutif lui-même.

Côté « gouvernement des juges » : le Conseil constitutionnel s'apprête à se saisir de la requête –arrogante- du gazier texan Schuepbach, qui poursuit l'Etat français pour violation du droit sacré des multinationales. Schuepbach avait obtenu des permis de forer en France (par la complaisance de M. Borloo agissant sous M. Sarkozy), mais ces permis avaient été annulés (par M. Sarkozy devant l'indignation populaire) ; le Texan se fait fort de mettre l'Etat français à genoux. De quel côté penchera le Conseil constitutionnel ? On ne tardera pas à le savoir.

Côté exécutif, personne ne se fait d'illusions sur le fond de la pensée de MM. Hollande et Ayrault en matière de gaz de schiste. S'il en fallait une preuve, il suffirait de rappeler que M. Hollande a choisi comme directrice de cabinet l'épouse énarque du PDG d'un des groupes français les plus intéressés au gaz de schiste ; PDG qui se vantait, plusieurs semaines avant l'événement, d'obtenir sans difficultés l'éviction de Mme Batho...

M. Martin a donc pris une posture résolue, apparemment couronnée de succès. Mais c'est à très court terme. M. Ayrault ne songeait qu'à « calmer le jeu » entre le PS et EELV (jeu que les irritations du PS après Villeneuve-sur-Lot avaient brièvement troublé) ; EELV, qui s'intéresse aux élections plus qu'au gaz mais qui doit donner le change à ses électeurs (tout en soignant ses accords de circonscriptions avec Solférino), saute sur l'occasion de se déclarer satisfait de M. Martin – donc, aussi et surtout, du PS... A l'arrivée de l'étape, M. Martin a l'air de l'homme qui a réussi à se détacher du peloton.  Cette éco-euphorie est factice et ne durera pas longtemps.