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24/07/2012

Le sympathique Montebourg sait-il où il va ?

Arnaud Montebourg " risque d'apporter des preuves supplémentaires que les Etats savent à nouveau parler fort mais demeurent radicalement impuissants ", écrit Libération qui publie un entretien avec le ministre dans la foulée de son algarade avec PSA...

 


Ecartons évidemment le point de vue des idéologues libéraux. (Indignés que Montebourg ose déclarer « je ne suis pas le ministre des cours de Bourse », ils montrent leur vraie nature : chiens de garde du casino).

Mais notons la mise en garde de Libération. Elle est exacte. Une chose est de prendre – à bon droit – la posture de l'imprécateur anti-néolibéral. Autre chose est d'avoir une action concrète dans l'immédiat, et de voir clair dans l'avenir.

Or, que dit Montebourg et quels sont (pour l'heure) ses résultats ?

Côté résultats, Libération note que Montebourg a sauvé le groupe alsacien Lohr et ses 940 salariés en le faisant reprendre par Alstom et FSI sans suppression de postes. Mais pour Fralib, Unilever continue à faire des bras d'honneur aux ex-salariés et au ministre. Pour Doux, le ministre est impuissant devant des intérêts privés ostensiblement indifférents aux emplois. Pour les télécoms, on attend de voir si Montebourg avancera dans sa direction annoncée : la relocalisation et l'augmentation des forfaits mobiles...

Côté déclarations, Montebourg (parlant à Libération) semble ne rien céder. On lui demande s'il regrette d'avoir accusé Peugeot d'avoir caché la fermeture d'Aulnay ? Il répond : « Ces mots ont été pesés... Cela fait partie du questionnement naturel d'un ministre en charge du bien public, à l'égard d'une entreprise qui a pris des décisions lourdes touchant des milliers de salariés, et qui bénéficie d'aides publiques... L'entreprise doit être préservée, soutenue, aidée. Mais mon ministère n'est pas celui des mondanités, c'est celui de l'action et du rassemblement patriotique au service de notre industrie. Nous n'esquiverons pas les problèmes et les désaccords. Nous n'enfouirons pas les dossiers comme nos prédécesseurs dans les armories profondes de la République. » On lui reproche d'avoir eu « des mots très durs avec Sanofi » ? Il répond : « Ils m'ont annoncé leur intention de licencier. Je leur ai dit qu'avec le niveau de leurs profits (5 milliards d'euros l'année dernière et 2,5 au premier semestre 2012), ça n'était pas acceptable... » On lui reproche d'avoir l'air de préférer les syndicats aux patrons ? Il répond : « Quand je suis attaché à défendre une loi de reprise des sites rentables, ça ne fait pas plaisir au Medef. » Dans le même esprit, il ajoute : « Le cours de bourse de PSA n'a pas attendu l'annonce du plan de fermeture pour chuter... Je suis parfaitement conscient que nous vivons dans un univers de marché, mais il y a 8000 familles qui sont menacées par le chômage. Je ne suis pas le ministre des cours de Bourse, toujours volatils, mais du redressement de l'économie, qui nécessite des choix dans la durée. »

Lorsque Montebourg dit : « on ne peut accepter que la concurrence 'libre et non faussée', c'est-à-dire sauvage, aille jusqu'à détruire les emplois et les outils de production », aucun esprit honnête et informé ne le contredira. Spécialement pas les catholiques ! (ceux qui connaissent la pensée sociale de leur Eglise*).

 Le-39ème-forum-économique-mondial-de-Davos.jpg

Le problème est l'avenir. Montebourg a raison de plaider pour le « long terme », dimension absente de la mentalité libérale de casino. Mais à long terme, justement, le productivisme montebourgeois est condamné par des phénomènes irréversibles : raréfaction-renchérissement du pétrole et de certaines matières premières, saturations de l'environnement, etc. Montebourg a raison de dire à Libération : « démondialiser c'est rapprocher les lieux où l'on produit des lieux où l'on consomme » ; mais produire et consommer quoi ? pour les besoins des groupes d'intérêts productivistes, ou pour les besoins réels des gens ? selon des modes de production ravageurs (le gaz de schiste devenu bleu-blanc-rouge), ou selon les normes d'une économie réorientée ?

Autant de questions auquel le gouvernement Ayrault (« l'ayraultport ») et l'Elysée-Hollande ne répondent pas, étant sur les mêmes rails que feu Sarkozy.

Conclusion provisoire : Montebourg est sympathique, peut-être même sincère par moments ; il semble être le seul membre du gouvernement à voir certaines réalités ; suggérons-lui de se demander où il va.


ps / Je connais les griefs qu'on articule à son encontre, mais le passé de Montebourg n'est pas la question ici.

 

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* Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise catholique, encycliques Centesimus Annus (Jean-Paul II) et Caritas in Veritate (Benoît XVI), etc.

 

Commentaires

SERIEUX OU PAS

> sérieux ou pas, Montebourg appelle certaines choses par leur nom. Reste à savoir ce qu'il fera.
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Écrit par : xu / | 24/07/2012

DE DEUX CHOSES L'UNE

> Ou bien il fera quelque chose, et Hollande le virera sur hurlement de Mme Parisot. Ou bien il ne fera rien et il aura droit au mépris.
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Écrit par : golo / | 24/07/2012

SARKOZY ?

> Arnaud Montebourg fait étrangement penser à un certain Nicolas Sarkozy lorsqu'il était fraîchement "limogé" (il avait raté Matignon) au ministère de l'Intérieur en 2002. Faire parler de lui même pour rien. Être sur tous les terrains. Jouer à l'homme de la situation. Lancer des propos agressifs pour défrayer la chronique. A l'école du prédécesseur quoi. Ça vous branche un petit Montebourg 2017 ?

CB


[ De PP à CB - Ce n'est pas "pour rien" : à moins de considérer comme "rien" les 8000 suppressions d'emplois de PSA et les centaines d'autres plans sociaux découverts par Montebourg à son arrivée au gouvernement. ]

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Écrit par : CB / | 24/07/2012

PRONOSTIC

> Mon pronostic : Montebourg subira dans les prochains mois assez de désaveux du président, du Premier ministre et de l’Europe de Bruxelles pour rendre son portefeuille et se préparer à jouer les trublions en 2017, après une traversée du désert que nous lui souhaitons d’ores et déjà riche en ressourcement spirituel et réflexions décroissantes.

D.


[ De PP à D. - je ne suis pas loin de partager votre pronostic et votre voeu. ]

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Écrit par : Denis / | 24/07/2012

COURS DE BOURSE

> Il a bien raison de ne pas vouloir être le ministre des cours de Bourse; quand on voit que les cours de Bourse sont capables pour les banques d'être plus faibles que la valeur des actifs desdites banques, de quoi serait-il le ministre s'il était le ministre des cours de bourse? Le ministre du vent, de ...
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 24/07/2012

LE POSSIBLE

> La question est aussi : que PEUT faire M Montebourg. Peut-il obliger une autre entreprise à racheter Doux, par exemple? Nombre d'industriels sont allés au tapis et leur personnel avec, après s'être offert la vaine gloriole de racheter un concurrent en difficulté sans avoir bien évalué ces difficultés: ça rend prudent. PSA lui même fut prés de sombrer avec avoir repris Talbot, ex Simca.
Et aussi, les traités signés par la France lui laissent-ils le pouvoir d'imposer une solution hors du cadre libéral?
Le principal pouvoir restant aux politiciens est la parole. Mais il ne sont pas des dieux, elle n'est donc pas agissante.
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Écrit par : Pierre Huet / | 24/07/2012

QUESTION DE POINT DE VUE

> Le sympathique Montebourg ? J'espère que c'est pour rigoler, car ce monsieur me fait plutôt l'effet d'un arriviste qui cherche tous les moyens pour faire parler de lui, en bien ou en mal, peu importe, du moment qu'on en parle.
Il ne faut tout de même pas oublier qu'il a plus d'une fois retourné sa veste, alors, avec lui l'on ne sait plus si l'on voit la doublure ou la vrai face. C'est quand même inquiétant pour quelqu'un qui a des prétentions politiques de 'haut niveau'.
Merci!
JFL


[ De PP à JFL - Question de point de vue... Et si vous connaissez un politicien de gauche ou de droite ne cherchant pas "par tous les moyens à faire parler de lui", ou n'ayant jamais "retourné sa veste", signalez moi cet oiseau rare.
(ps : svp, tapez votre nom en minuscules, c'est la norme de ce blog. Merci !). ]

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Écrit par : Jacques-François dit Locard / | 24/07/2012

à JF dit L

> Un peu facile de tirer au jugé sur celui-là et pas sur les autres. Pourquoi ? Ils sont tellement mieux ? Copé, c'est une vertu ? Fillon, un grand caractère ? Fabius, une compétence ?
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Écrit par : jean-roch / | 24/07/2012

IL NE PEUT QUE GERER LE COURT TERME

> Très bonne analyse et excellent dessin joint. M. Montebourg ne peut de toute façon que gérer le court terme. Il faut des résultats dans les cinq ans a-t-il déclaré, c'est-à-dire avant les prochaines élections bien sûr. Pour le plus long terme on est supposé attendre la vision de M. Hollande ou de quelques corps constitués ad hoc (commissions parlementaires, conseil économique et social, sénat, ...). Donc on risque d'attendre longtemps une vision qui ne soit pas productiviste, tous étant dans l'attente de la "croissance".
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Écrit par : BCM / | 25/07/2012

REGARDER SANS ROUVRIR

> N'est-ce pas quand-même ce sympathique Montebourg qui souhaite "regarder sans rouvrir" le dossier du gaz de schiste en France ? Regarder sans ouvrir, je ferai bien la même chose avec mes factures, mes avis d'imposition...

Flavien


[ De PP à Flavien - "Sympathique" ne veut pas dire "écologue" ! Montebourg est un productiviste, ce en quoi nous ne l'approuvons pas une minute...
Ce qui est sympathique en lui, c'est qu'il prenne bille en tête les hyper-managers français, auxquels la classe politique a l'habitude d'obéir en se prosternant.
Quant au gaz de schiste, les grandes manoeuvres (politico-médiatiques) commencent pour l'autoriser en France. Je vais en dire deux mots ici cet après-midi. ]

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Écrit par : Flavien / | 25/07/2012

PAS SI SYMPATHIQUE

> Pauvre Montebourg ridiculisé par les siens.....
http://www.lefigaro.fr/social/2012/07/27/09010-20120727ARTFIG00365-l-ile-de-france-delocalise-un-centre-d-appels-au-maroc.php
Au fait, pas si sympathique: il y a quelques années, il s'était déchaîné sur son blog, contre un maire de sa circonscription de Saône-et-Loire qui avait eu le malheur d'installer ou laisser installer un crèche de Noël contre le mur de la mairie.
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Écrit par : Pierre Huet / | 27/07/2012

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