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23/05/2013

Alain Supiot et la critique du "marché total"

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   La loi Taubira ne tombe pas de la Lune :

 


...Elle est l'un des volets de l'hyper-individualisme qui est la philosophie de l'ultralibéralisme économique : le "marché total". Donc, toute critique de la loi Taubira qui ne déboucherait pas sur une mise en cause de l'ultralibéralisme, serait insignifiante...

Nous disons cela depuis que le blog existe (2005) ; beaucoup d'autres catholiques commencent à le dire aussi (dans la foulée des Manifs pour tous – même si les crocodiles libéraux n'ont pas encore quitté le marigot). Cette prise de conscience les rapproche de non-catholiques : ce qui prouve que la pensée sociale de l'Eglise est faite pour le partage et le bien commun général.

Alain Supiot, auteur de L'esprit de Philadelphie : la justice sociale face au marché total, (Seuil-Débats 2010), était ce matin l'invité de France Culture. Professeur au Collège de France depuis 2012 (sa leçon inaugurale vient de paraître chez Fayard : Grandeur et misère de l'Etat social), Alain Supiot est juriste et spécialiste du droit du travail ; avec Pierre Legendre, il participe au  "défrichage de la dimension anthropologique du droit"  et de l'anthropologie dogmatique. Une pensée que les néophytes de l'écologie humaine feraient bien de découvrir !


La leçon inaugurale d'Alain Supiot :  ici

 

Commentaires

LE BLOG ET LUI

> En écoutant les analyses de ce professeur (et en rageant sur les commentaires de Brice Couturier), je me faisais la remarque qu'elles auraient droit de cité sur votre blog. Et j'ai le plaisir de trouver votre billet : je ne m'étais donc pas trompée et je pense aller me procurer le ou les ouvrages de ce monsieur.
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Écrit par : Diane Le Coq / | 23/05/2013

"AMUSANT"

> C'est amusant comme sur votre blog la dimension de la reconnaissance sociale des couples homosexuels est totalement absente. Il ne vous semble apparemment pas possible que des partisans de la Loi Taubira souhaitent une pleine intégration sociale de ces couples, et partant, des individus qui les composent, que cette revendication n'est donc pas le fruit d'un hyper-individualisme, mais au contraire d'une volonté de participation pleine et entière au bien commun.
Vous êtes un amateur de Philippe Arino, j'imagine que comme lui vous voyez en l'homosexualité le fruit d'un désir de viol, ou un lien non-causal avec l'inceste, le totalitarisme et à peu près tout ce qui se fait de sympathique dans la condition humaine. Peut-être êtes vous de ceux qui refusez aux couples homosexuels la dignité du mot couple, pour lui préférez les termes humiliants et rabaissants de paire ou de duo. Peut-être pensez-vous que deux personnes homosexuelles ne sont pas capables d'amour conjugal. Peut-être pensez-vous qu'aucune reconnaissance sociale ne devrait être accordée à ces couples qui ne sont pas des couples, qui ne sont pas capables d'amour, qui relèvent du narcissisme, de l'immaturité et du caprice (tous ces termes se trouvent sous la plume de penseurs catholiques). Mais alors il faut bien étudier quelles sont les conséquences sociales d'une telle vision pour les personnes homosexuelles : la solitude, la marginalité, la haine et la mépris de soi et une sexualité furtive vécue dans les parcs, les pissotières et lieux mal famés. Une forme d'hyper-individualisme, d'absence de lien social.
Ce n'est plus ce que désire aujourd'hui la plupart des jeunes homosexuels. Ce qu'ils désirent (pas tous peut-être, je ne souhaite pas parler au nom de tout le monde, je ne me permettrais pas de me comporter de la même manière que Philippe Arino, mais beaucoup) c'est d'être pleinement intégrés, de sentir qu'ils ont une place dans cette société. Ce désir, c'est l'inverse absolue de l'hyper-individualisme. Et c'est votre vision qui conduit au contraire à l'anomie et à l'effilochement du lien social pour les personnes homosexuelles. Oui, il y a plein de jeunes homosexuels, qui s'engagent dans des associations, qui n'éprouvent pas un amour immodéré pour le marché total, pour la marchandisation de la vie et pour l'aliénation de certaines formes du capitalisme, et oui, c'est gens-là souhaitent qu'on reconnaissent leurs couples. Ils ne sont pas ultra-libéraux et ils sont pour la Loi Taubira. Merci d'introduire un peu de nuances dans vos considérations politiques.
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Écrit par : Martin / | 23/05/2013

@ Martin

> La conjugalité, au sens où vous l’entendez et qui s’applique donc à toutes sortes de couples, n'est pas au centre du débat pour ou contre le mariage et l’adoption des couples homosexuels. C'est la filiation issue de l’altérité et de la complémentarité sexuelle, et sa reconnaissance sociale pour tout enfant à naître, qui est la pierre de touche de ce débat. La reconnaissance sociale des ascendances humaines d’un enfant, condition de son équilibre et de son épanouissement, est-elle à vos yeux plus ou moins importante que la reconnaissance sociale des couples homosexuels ?
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Écrit par : Denis / | 23/05/2013

@ Martin

> Tout d'abord, merci de votre commentaire.
Qu'est-ce que c'est le mariage pour vous ?
Le respect c'est être fondu dans la masse ou regardé comme une personne ?
Sur quel critère une aspiration est-elle être "légalisable" ?
(ce ne sont pas des "questions-défis", ça m'intéresse)
merci
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Écrit par : E Levavasseur / | 23/05/2013

Martin,

> jusqu'au vote de cette loi, le mariage était un engagement ouvert à tous les adultes aptes à comprendre le sens de cet engagement (c'est à dire suffisamment adultes et sains d'esprit). C'était un engagement destiné à protéger les futures mères et les enfants à naître.
Depuis quelques décennies, cette institution du mariage est attaquée de toutes parts, et maintenant complètement dénaturée.
Les personnes mariées sont maintenant une minorité. D'ailleurs, même celles qui se marient sont nombreuses à divorcer et se remarier, ce qui peut être assimilé à plusieurs concubinages successifs puisque l'engagement à vie et la fidélité sont balayées.
A moins de voir le passage devant monsieur le maire comme un acte magique qui va transformer le regard des gens (dans ce cas c'est une belle désillusion qui se prépare), le seul intérêt est de pouvoir obtenir non des enfants à l'adoption, qui sont en nombre ridiculement faible, mais l'autorisation de créer un juteux marché de la gestation pour autrui.
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Écrit par : Barbara / | 23/05/2013

NI DE 1789

> La loi Taubira ne tombe ni de la Lune ni de 1789, contrairement à ce que le dingue Peillon semble croire. Il a été question de bien des utopies volontaristes en 1789-1794, mais jamais de nier l'identité sexuée.
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Écrit par : Brutus Fouillard / | 23/05/2013

@ Martin

> M. Philippe Arino a-t-il tort parce qu'il est catholique ou a-t-il tort parce que sur le fond ses statistiques sur le viol des homosexuels sont infondées ? Quelle explication donnez-vous à ces statistiques : 55 de ses amis homo victimes de viol par un autre homo ?
Pensez-vous que la loi Taubira sortira les homosexuels d'un ghetto de facto : peuvent-ils sans générer un rejet "draguer" les hommes et femmes sans pratique et désir homosexuel ?
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Écrit par : Benoît / | 23/05/2013

@ Martin (en espérant que son passage ne soit pas éphémère)

> S'il avait suivi au moins une manifpourtous il aurait vu et entendu que le pbm de la reconnaissance des homosexuels y est entendu, et abordé lors des discours.
Et il est évident que pour les homosexuels qui cherchent une reconnaissance et/ou solennité dans leur engagement, le PACS ne répond pas du tout à cela.
Mais ne pouvait-on pas envisager un acte équivalent (passage en mairie, texte officiel, ... etc) mais qui aurait porté un autre nom ?
Le mot mariage pose problème car trop de choses y sont rattachées.
L'adoption, la filiation sont bouleversées par cette loi.
Comment peut-on dire qu'un enfant descendra de 2 hommes ou 2 femmes ?
Comment peut-on croire que la procréation médicalement assistée ET faisant intervenir un tiers (choisi sur "catalogue) n'en découlera pas ? Comment peut-on croire qu'au nom de la non discrimination un marché de femmes louant leur utérus ne proliférera pas (encore une fois via moyen médicaux) ?
Surtout après la fameuse circulaire Taubira ! Si au contraire on avait voulu faire barrage à ces derniers points on aurait commencé par faire une loi stipulant que tout enfant à venir par ces moyen ne pourrait accéder à la nationalité française et à l'adoption plénière. Que n'a-t-on pas dit que déjà l'adoption simple était possible, pourquoi au contraire le passe-t-on sous silence ?
Pourquoi la position des enfants adoptés n'est pas écoutée. Pourquoi la position des corps intermédiaires de l'Etat qui ont rendu un avis défavorable n'est-elle pas entendue ? Au nom de quoi la loi naturelle est-elle jugée comme n'étant pas la meilleure pour l'enfant ? (et ne me faites pas le coup de la comparaison de 2 variétés de fruits en prenant d'un côté le fruit à point et de l'autre un fruit avarié)
Je rapelle aussi que l'égalité brute est totalitaire, l'égalité en droits s'appelle l'équité et ne peut s'entendre que sur des potentiels.
Enfin là nous allons sûrement diverger mais reconnaissance ne veut pas non plus dire égalité, toutefois je veux bien admettre que ce dernier point ne relève pas de la seule logique et est plus philosophique, il entraînerait donc de plus longue explications.
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Écrit par : franz / | 24/05/2013

TABLE RASE

> C'est vrai qu'en 1789, il n'était pas encore question de nier l'identité sexuée. Les gens étaient encore en majorité des campagnards, ancrés dans la réalité charnelle.
N'empêche que l'idée de faire table rase du passé était bien là. D'où peut-être l'envie de Peillon de relier la Loi Taubira à ce passé qu'il juge glorieux. Mais enfin, on pourrait tout autant dire que la France a renié 1789 le jour où elle a aboli l'usage de la guillotine. Quant à sacraliser la Révolution française, on voit bien là l'inculture de Peillon qui semble ignorer qu'il y a eu d'autres révolutions dans l'histoire de notre pays. Pas aussi sanglantes il est vrai, et ne s'acharnant pas à éradiquer la religion.
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Écrit par : Barbara / | 24/05/2013

Monsieur Martin,

> De votre texte, je retire l'impression que le droit donné aux homosexuels de s'appeler couple quand ils se mettent ensemble vous apparaît comme la solution à bien des difficultés.
Ce qui m'ennuie dans votre idée est que le changement de mot vous paraît être un changement de réalité. Pour vous, les mots créent la réalité. Cela relève pour moi de ceux qui affirment que "vieux" est stigmatisant et que "3e âge" ne l'est pas. Vous pratiquez cette illusion avec votre texte.
Je pense que la réalité n'est pas dans les mots. je pense que la réalité ne relève pas du désir. je pense que la réalité ne correspond pas à vos désirs. Vous pouvez changer d'attitude face à elle, pas la changer
Je pense aussi que le droit de s'appeler couple va vous donner le droit d'utiliser tout ce qui y est associé. Vous utilisez ce qui est associé à, ce qui pour vous est un concept, la vie en couple. Vous ne la construisez pas.
C'est exactement ce qui fonde le néo-libéralisme à mes yeux. Le droit d'utiliser tout ce qui passe à votre portée pour satisfaire vos désirs. Cette doctrine fournit aux gens ce qu'ils désirent. Après, les néo-libéraux se moquent totalement de ce que les gens en font. C'est le droit de propriété.
Avec cette idée de votre "amusant", votre notion de "bien commun" devient seulement un point de langage pour faire passer une idée aux dépens de vos contradicteurs.
Je pense que vous êtes sincère et que vous vivez dans une réalité devant se conformer à vos désirs. Je pense qu'il existe une réalité qui existe, qui nous dépasse tous les deux et que cette réalité m'appelle à devenir quelqu'un de plus grand que mes désirs.
C'est un très gros défi. Je ne le relève pas sans chuter très fréquemment. Je le relève avec de très nombreuses chutes et faiblesses. Je le relève très souvent en étant à côté de la plaque et en échouant. C'est aussi pourquoi chez les catholiques, il existe la notion de péché.
Je le commets. Je le reconnais. Je répare ce que je peux de ma faute. Je la dépasse. C'est la culpabilité dans la religion que je connais. Quand je recommence, je sais qu'il y a un truc assez bizarre pour ce monde, nommé espérance, qui me permet de recommencer le processus. Il est soutenu par l'idée que je suis une créature de Dieu et qu'Il a vu que cela était bon.
Donc, que cela me plaise ou pas, j'ai en moi du bon. Le défi est de l'assumer.
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Écrit par : DidierF / | 24/05/2013

> J'aime beaucoup votre commentaire, DidierF. Sincèrement.
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Écrit par : Natalie / | 24/05/2013

@ barbara

> Exact
A partir du moment où le désir de l'homme est la seule source de légalité, ce que nous vivons aujourd'hui était fatal.
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Écrit par : E Levavasseur / | 24/05/2013

INDIVIDUALISME

> Le nom de "mariage pour tous“ indique déja le changement du paradigme, la nouvelle perspective individualiste.
Le mariage pour tous ceux qui le désirent - et non plus en tout premier lieu pour ceux qui en sortent, qui y sont éduqués - et qui ont le droit d'une mère et d'un père...
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Écrit par : Steffen Hein, Munich / | 24/05/2013

Mon cher Benoît,

> Philippe Arino n'a évidemment pas tort parce qu'il est catholique. Il a tort parce que ses écrits sont un ensemble d'affirmations péremptoires non démontrées, parce qu'il utilise des concepts dont il change le sens comme celui de viol, qu'il étend à des tas de choses qui ne sont pas une agression sexuelle, ce qui lui permet ensuite d'affirmer que dans tout désir homosexuel, il y a un désir de viol. Il a tort parce qu'il cite dans ses écrits des citations de textes tirées de leur contexte, qui remises à leur place, ne concerne absolument pas l'homosexualité. Il a tort parce qu'il cite des chiffres sans preuves, des faits qu'il faudrait croire sur parole, et il utilise ensuite la culpabilisation si on refuse de le croire sur parole justement. Un exemple de cette détestable manière de procéder : vous me demander de donner une explication au fait que 55 des amis de P.A. ont été violés par un autre homo. Et moi je vous demande : qu'est-ce qui me dit que ces statistiques sont réelles et non pas l'invention de P.A. ? Je dois simplement lui faire confiance pour ses beaux yeux ? Excusez-moi, mais 55 amis violés, ça ne vous semble pas absolument incroyable ? Sans doute P.A., du fait de son esprit supérieur, de sa beauté angélique et de l'évidence de son envoi par le Seigneur comme nouveau prophète, peut-il avoir 55 amis. Moi, qui ne suis qu'un modeste humain, je ne pense pas en avoir autant. 55 connaissances, peut-être, mais des amis ! Quand on connaît le temps que prend la construction d'une amitié ? Et puis, 55 personnes qui lui font assez confiance pour lui parler d'une histoire aussi douloureuse que celle d'un viol ? Au passage, porter 55 histoires de viol dans son coeur, c'est extrêmement dur ! Une déjà, quand un ami vient vous dire qu'il a été violé, c'est une véritable épreuve ! Si cela m'arrivait, je ne sais pas ce que je ferais. J’espérerais être à la hauteur pour mon ami, pour l'aider autant que possible à se reconstruire et revivre après une telle expérience destructrice. Mais 55 ! Comment est-ce possible ? Comment P.A. vit-il une telle expérience psychologiquement ?

DidierF, je ne croit pas du tout que le "droit donné aux homosexuels de s'appeler couple" va résoudre les difficultés. D'abord, parce que, excusez-moi, mais les homosexuels se foutent pas mal de vos idéologies pour savoir s'ils doivent eux-même s'appeler couple, ou plutôt paire, duo ou encore agrégat sexuel. Ce que je dis, c'est qu'appeler le couple homosexuel, paire, ou duo, ou agrégat sexuel, que dire que l'amour homosexuel n'est pas vrai, qu'il est narcissique ou immature ou encore contraire au plan de Dieu, c'est insulter des gens. C'est se positionner sur un piédestal, et à partir de là, prétendre juger du désir, de l'amour et de la vie de l'autre. Tout en refusant d'écouter ce que l'autre à à dire sur sa propre histoire, en refusant de se laisser questionner par l'autre, par sa vie, par sa présence. Et je n'aime pas cette attitude. Vous êtes bien gentil de reconnaître le bon en chaque être humain. Mais ce n'est pas la question. Moi ce que je dis, c'est que ce bon, les homosexuels peuvent l'assumer en vivant leur homosexualité, en construisant un couple et en vivant aussi heureux que possible sur cette terre. Et qu'ils peuvent donc rejeter sans complexe la vision officielle de l'Eglise, cette détestable vision doloriste, qui conduit à la haine de soi, à la souffrance, au repli sur soi et à la fermeture à l'autre, et pour certains à la mort.

Ce que je dis surtout, c'est que donner une reconnaissance sociale à l'amour entre deux personnes, c'est effectivement les tirer du ghetto, offrir aux jeunes qui se découvrent homosexuel un avenir autre que la solitude et la sexualité des parcs et des pissotières. Et que ce n'est donc pas lié au néo-libéralisme. Je ne parle pas de la question de l'adoption même si c'est une question importante, parce que j'ai déjà trop parlé, que nous ne serons pas d'accord, mais pour moi l'idée est la même : intégrer les couples homos qui élèvent déjà des enfants, c'est les ramener vers le collectif, plutôt que les rejeter vers la marginalité. C'est donc l'inverse de l'individualisme. Je tiens juste à dire pour finir que je ne suis pas pour le droit à l'enfant. L'ouverture de l'adoption aux couples homos doit se plier à l'intérêt de l'enfant, comme l'a rappelé le Conseil constitutionnel.
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Écrit par : Martin / | 25/05/2013

QUID

> Humanité normée ? Humanité légalisée ? Humanité encadrée ? Humanité marchandisée ? Humanité avec ou sans boussole ? Humanité inhumaine ? Totalitarisme du désir ? Humanité auto-référente ?
Quid de la "note bleue" ?
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Écrit par : Gérald / | 25/05/2013

Martin :

> "Ce que je dis surtout, c'est que donner une reconnaissance sociale à l'amour entre deux personnes, c'est effectivement les tirer du ghetto, offrir aux jeunes qui se découvrent homosexuel un avenir autre que la solitude et la sexualité des parcs et des pissotières."
Je suis désolé dire que la société se fiche éperdument des affects que A peut porter envers B et réciproquement. Cela relève de la vie privée exclusivement et sûrement pas du domaine public.
Quant aux soi-disant ghetto, je crains fort que ce ne soient les homosexuels qui se créent leur propre ghetto : hôtels gays, bars gays, boîtes gays, plages gays, destination touristiques gay - qui discrimine ici ?
Pour la sexualité des parcs et des pissotières, vous essayez de nous prouver quoi ? Qu'en France les homosexuels sont persécutés, traqués, pourchassés ? Bref, j'aimerai bien savoir ce qui interdit en France les homosexuels de vivre en "couple". La réponse est : rien, puisqu'ils le font très bien déjà, la plupart sans gémir, ni pleurnicher, ni en vouloir à la société entière.
Je vous laisse enfin à votre vision de l'Eglise, mais dans cas ne reprochez pas à Ariño ce que vous faites vous-même sans scrupule, si vous voulez conserver un minimum de crédibilité.
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Écrit par : Miguel / | 25/05/2013

@ Martin

> «dire que l'amour homosexuel n'est pas vrai, qu'il est narcissique ou immature ou encore contraire au plan de Dieu, c'est insulter des gens. C'est se positionner sur un piédestal, et à partir de là, prétendre juger du désir, de l'amour et de la vie de l'autre. »

Cher Martin,

Il y a deux erreurs fondamentales dans ce que vous exposez ci-dessus (avec une éloquence enviable dont je ne dispose malheureusement pas - ni en tant qu'étranger ni en tant que professionnel habitué aux formules concises - ce qui va se réfléter dans la brieveté de mon commentaire...).
D'abord, ce n'est pas nier la véracité de l'amour homosexuel de se tenir au principe de la réalité!
Ce n'est pas nier la véracité de l'amour homosexuel de reconnaître que le mariage n'est pas réductible à une union amoureuse entre deux individus, mais qu'elle est - par essence (biologiquement et anthropologiquement; à travers toutes les cultures et toute l'histoire de l'humanité...): lieu de la procréation (et donc de la fertilité par le biais de la complémentarité de deux sexes) ainsi que de l'éducation des enfants et de l'encadrement de la nouvelle génération dans une lignée de parenté et de filiation.
Votre premire erreur est donc de reduire le mariage à un aménagement d'amour entre deux individus (tout en le privant des fonctions indiquées ci-dessus).
La deuxième erreur fondamentale - et l'impasse de tout essai d'émancipation qui aspire à ce qui lui est essentiellement opposé – c'est de croire que l'émancipation puisse se faire par l'appropriation, par la mainmise sur cela – plutôt de par la découverte du meilleur de soi-même. (C'était déjà l'erreur fondamentale de certaines féministes qui en elles-mêmes recherchaient éperdument ce qui était le plus masculin...)
Vous dites vous-même: «Moi ce que je dis, c'est que ce bond, les homosexuels peuvent l'assumer en vivant leur homosexualité, en construisant un couple et en vivant aussi heureux que possible sur cette terre. » Larguez les amarres, mais n'abordez pas un navire étranger pour cela!

Steffen Hein, Munich
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Écrit par : Steffen Hein / | 26/05/2013

CANNES = DAVOS

> En tout cas, cette info ne nous étonnera pas...
http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/05/27/03002-20130527ARTFIG00417-kechiche-palme-d-or-amere-pour-ses-techniciens.php
Les techniciens de la palme d'or libertaire opprimés par un réalisateur sans coeur, un système libéral qui piétine les faibles et une recherche du profit sans limite ! Pas très étonnant pour qui a lu Michéa dont je rappelle cette phrase extraite de son ouvrage "La double pensée" : "Le Festival de Cannes n'est pas la négation majestueuse du Forum de Davos. Il en est au contraire, la vérité philosophique accomplie."
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Écrit par : mb / | 27/05/2013

Martin,

> Merci de m'avoir répondu.
Vos propos évoquent pour moi un texte zen très court. "Quand un homme montre la lune du doigt, le fou regarde le doigt et le sage la lune".
Pour notre propos, la lune de ce texte existe indépendamment de l'homme qui montre la lune et de celui qui regarde la lune ou le doigt. La lune est hors des désirs de ces deux personnes. Pour la voir, il faut lever les yeux. Ce n'est pas à la portée de tout le monde ou personne ne saurait ce qu'est un fou dans cette histoire.
Je tente de regarder la lune. Chaque fois que je la vois, je m'enrichis. Si je la regarde, je peux noter mille fois le même détail et en apprendre du neuf. C'est la lune. Mon regard sur elle ne l'use pas. Mon regard sur elle me fait grandir. Elle n'est pas dans mes désirs. Elle n'est pas dans mes mots. Elle existe au delà des langues, des discours, des hommes et de tout ce qu'ils peuvent faire.
Dans ce cadre, je peux tenter de comprendre votre point de vue. Je souligne que je fais ici une tentative. Allons-y !
Dans votre vision de la réalité, la lune est idéologie car elle est hors des désirs humains. Elle les dépasse. La lune est dolorisme car elle affirme que les désirs non vécus ne sont pas essentiels à la vie humaine. La lune est également, pas sa seule existence, une oppression pour vous. Elle met une limite à la valeur des désirs. Cette limite, vous ne pouvez que très mal la vivre. Vous en concevez de l'hostilité à mon égard. C'est parfaitement logique.
La lune existe. Ce n'est pas un plan divin. Elle est là. et est hors de vos désirs. Je me base sur cette présence pour vivre, aimer, décider et agir. Mon affirmation de cette existence est pour vous une agression. Vous affirmez que ce que je vois est idéologie, dolorisme, arrogance, agressivité et j'en oublie. Nous sommes dans un désaccord radical.
Voici ce que je vous propose. Vous existez. Vous êtes aussi réel que moi. Vous avez droit à la dignité naturellement due à tout être humain. J'y ai aussi droit. J'existe. Je suis tout aussi réel que vous. J'ai droit à la dignité naturellement due à tout être humain. Je vous la demande.
Quand vous parlez, je vous écoute. Quand je parle, vous m'écoutez. J'ai le droit d'émettre mon opinion et de la défendre. Vous avez ce droit. Ecoutons nous. Quand chacun aura bien compris la position de l'autre, il a le droit d'en penser ce qu'il veut et il a le droit de le dire.
Si ma vision de la réalité est la bonne, vous allez souffrir même si vous devenez le plus puissant des hommes de la terre. Si j'ai tort, je serai emporté. Laissons la réalité décider. Naturellement, votre réalité relève de vos désirs. Vous allez avoir envie de la modifier à votre avantage. Vous le saurez que cela vous plaise ou non. Simplement votre réaction de plus en plus brutale me dira que vous savez avoir modifié la réalité. Cela ne m'inquiète pas car je pense que ma vision est bonne et que quoiqu'il m'arrive, vous serez emporté par le réel qui soulignera de plus en plus fort vos contradictions. Je regrette la casse humaine associée à l'opération.
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Écrit par : DidierF / | 29/05/2013

DidierF,

> à mon tour de faire une tentative de compréhension de votre point de vue et de celui de l'Eglise. Et d'étudier ses conséquences, non pas dans le ciel des idées, mais dans le concret et le terre-à-terre.
Si vous êtes d'accord avec le catéchisme de l'Eglise catholique, vous considérez l'homosexualité comme une dépravation grave. Pour vous, la sexualité n'a de sens que dans la visée de la procréation, et dès lors, l'homosexualité n'a pas de sens. L'Eglise pourrait s'arrêter là. Mais elle ne le fait pas. Elle ajoute à cette vision une théorie du désir homosexuel comme refus de l'altérité, refus de la complémentarité homme-femme et certains penseurs autorisés rajoutent à ces considérations l'immaturité, le narcissisme, et parfois la pédophilie (on notera au passage que cette vision ne s’embarrasse pas de l'avis des personnes concernées et prétend juger le désir homosexuel à l'aune du désir hétérosexuel - ce genre de choses se pratique ailleurs, par exemple quand on juge une culture à partir de la sienne et que, ô surprise, on aboutit à la conclusion que notre propre culture est supérieure à l'autre). En conséquences, l'Eglise demande aux personnes homosexuelles de renoncer à la sexualité, à la construction d'un couple (de toute façon pour elle ce n'était pas possible) et engage l'entourage de ces personnes à leur rappeler constamment que si elles s'engagent dans des "pratiques homosexuelles", ce n'est pas moralement acceptable.
Quelles sont les conséquences de ces théories dans la vie quotidienne ? Un enfant grandit, il atteint l'adolescence et découvre qu'il éprouve des sentiments ou du désir pour ses camarades de même sexe. D'abord, il devra faire face aux moqueries et au mépris, même si cela ne lui est pas directement dirigé, car chacun sait bien qu'à l'école, l'homosexualité est le summum du ridicule et qu'on s'en moque. S'il est catholique, il devra grandir avec les idées développées plus haut, diffusées par sa famille, par sa paroisse ou par d'autres canaux. On se demande bien comment il fera pour développer la moindre estime de soi, mais passons. Ce qui est surtout important, c'est qu'à 15 ans, son avenir vient brutalement de s'assombrir et de se fermer. Alors que ses amis pourrons songer à vivre des relations amoureuses, s'épanouir dans leur être et songer à l'avenir d'un couple et d'une famille, lui n'a plus comme chemin à suivre que le célibat imposé, le rejet de ce qu'il ressent et la solitude. On peut espérer pour lui que ses parents ne feront pas partie de ces individus qui cherchent à guérir leur enfant de leur douloureux problème, sachant que plusieurs associations de psychiatres ont démontré que ce genre de pratiques, loin d'être efficaces, avaient pour conséquences dépressions et tentatives de suicides.
L'Eglise a t-elle quelque chose à dire là-dessus ? Un chemin optimiste à proposer aux personnes homosexuelles, qui ne se contente pas de bons sentiments humiliants et de réflexions philosophiques abstraites ? Parce que c'est bien beau de dire que le Christ suffit à nourrir une vie. Moi ce que je constate, c'est que ceux qui disent ça, une fois qu'ils l'ont dit, retourne bien tranquillement dans leur petite famille, songer à leur carrière, à leurs prochaines vacances et à la sortie du samedi soir, en se félicitant d'être si conformes au plan de Dieu. Il me semble que le mot adapté pour de tels individus est "tartuffe". Bien sûr, il y a les religieux, qui eux vivent dans la continence, et qui peuvent vivre une vie très riche. Mais cette vie, ils l'ont choisie.
Avez-vous autre chose à dire aux personnes homosexuelles que "souffrance", "malheur", "refus de l'altérité" et "casse humaine"? Avez-vous autre chose comme attitude à proposer à leur égard que condescendance et pitié ? Vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte, mais tout ceci est seulement humiliant.
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Écrit par : Martin / | 30/05/2013

Merci Martin,

> sincèrement merci, de poser ces questions primordiales sur l'accueil des personnes homosexuelles.
Vous avez mille fois raisons de nous les poser.
Je n'ai pas de réponses toutes faites à vous proposer.
Je sais que des associations "de terrain" travaillent en ce sens, mais je n'en sais pas beaucoup plus.
Je suis convaincu que nous avons beaucoup de travail et de progrès à faire en ce domaine !
A propos de morale sexuelle, le chemin que propose l'Eglise est exigeant pour tout le monde, et je crois que personne ici ne peut dire "moi je suis un exemple en la matière". La tartufferie nous pend au nez, à tous.
Il y a le discours moral du catéchisme, peut-être un peu abrupt, qui est le guide ; ensuite, il y a le cas particulier de chaque personne, avec son histoire, ses désirs, qui peut, si elle le veut, décider en conscience et en liberté de se mettre sur ce chemin, accompagnée, dans l'écoute et le respect. Cela s'adresse à tout le monde !
Et pas que dans le domaine sexuel !
Je me dois de dire que je connais certaines personnes de "bonnes familles" catholiques qui ont, j'en suis convaincu, des désirs homosexuels, et qui ne l'assument pas du tout. Je n'ai jamais su comment aborder ce sujet avec eux... mais voir leur souffrance inexprimable (quelle conscience en ont-ils eux-même ?) me fait souffrir également.
Face à eux, je suis totalement désemparé, et je me pose exactement les mêmes questions que vous, Martin !
Je n'ai jamais rencontré de personne catholique ouvertement homosexuelle ; je ne connais pas Philippe Ariño personnellement.
Je connais d'autres personnes, pas catho, qui assument parfaitement leur homosexualité et la vivent, sans la revendiquer (ce qui est à mon sens signe d'équilibre), et avec qui j'ai pu en discuter sérieusement. C'est aussi difficile, mais là le discours peut être plus franc, on sait de quoi on parle. Même s'il y a incompréhension, ce sont des amis, et nos coups de gueule respectifs sur ce sujet renforcent même notre amitié. Nous vivons par ailleurs le même idéal de sobriété dans un mode de vie paysan en agroécologie, et c'est cette recherche commune dans la vie quotidienne qui nous unit.
Comme je le disais plus haut, le chemin que propose l'Eglise est exigeant pour tout le monde.
Pour moi aussi : j'ai trente ans, je suis célibataire, le "petit milieu catho" dont je viens me pose pas mal de soucis, et je vis au milieu d'anarcho-libertaires décroissants chevelus ; autant vous dire que pour trouver une femme, dans ce milieu, avec qui je pourrai construire un couple solide et peut-être une famille suivant ma foi, est quelque chose de pas évident... (Ce paragraphe est plein d'euphémismes...)
Et bien, donc, pour moi, aujourd'hui, suivre la morale sexuelle de l'Eglise, je puis vous assurer que c'est très difficile ; je fais ce que je peux...
Vous pouvez certes me répondre que je peux toujours avoir l'espoir de trouver "l'âme soeur", contrairement à une personne homosexuelle qui doit "faire une croix" définitive sur sa vie sexuelle, vous n'auriez pas complètement tort. Mais en attendant, ma situation au jour le jour est la même.
Encore merci pour vos questions, j'espère que certains prendront le relais : ces questions sont en effet si importantes !
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Écrit par : PMalo / | 30/05/2013

M. Martin,

> J'admets avoir mis beaucoup de temps à vous répondre. Je m'attendais à une réponse dévastatrice de votre part sur un sujet où je me sens particulièrement sensible. Après avoir rassemblé assez de courage pour vous lire, je découvre m'être "fait un cinéma", i.e. votre réponse n'est pas dévastatrice et je ne vois pas quel risque vous représentez pour ma vision de la réalité.
Dans ma vision du monde, toute rencontre est un saut dans l'inconnu. Des surprises désagréables sont possibles. Comme je ne sais pas dans quoi je m'engage, je risque une brûlure. Ici, ce n'est pas le cas.
Car vous jugez l'Eglise à l'aune de l'homosexualité et, en vous citant, "quand on juge une culture à partir de la sienne et que, ô surprise, on aboutit à la conclusion que notre propre culture est supérieure à l'autre". (C'est du copié-collé). Vous prononcez ainsi votre propre jugement. Je pense pouvoir le faire car vous jugez l'Eglise à partir de votre culture (représentée ici par l'homosexualité) et selon vos critères. Vous me donnez également l'impression de considérer votre point de vue supérieur à celui de l'Eglise. Ce jugement me concerne car Elle est ma référence en matière de culture. Je l'admets ici volontiers.
Je vous suis également sur l'idée qu'un point de vue de ce type sur ces questions a des conséquences très importantes. au point de modifier toute une vie.
Nous divergeons totalement sur ces questions. Quand je rencontre un problème de ce type, je tente de me placer en amont de la contradiction. Je la ramène à une différence radicale entre ma vision de la réalité et la votre.
Je pose que la réalité existe, qu'elle nous dépasse à chacun de nos pas, à chacune de nos pensées, qu'elle contient plus de choses et de richesses que toutes nos capacités réunies pourraient simplement observer. Je ne parle pas de les vivre. C'est encore plus riche.
Votre réponse confirme que votre réalité se base sur le désir. Pour vous, il n'est rien au dessus de la sexualité en général. L'homosexualité n'en est qu'un cas particulier. Vos désirs organisent votre vie. Ils sont votre vie.
Je sais que les désirs existent. Je les ressens dans toute leur force et leur intensité. Pour moi, ils ne sont pas ce qu'il y a de plus important et de plus haut. Je peux donc, de temps en temps, décider autre chose que de leur obéir. Ils peuvent même me servir. Je me retrouve avec l'énorme responsabilité de mener ma vie et d'y faire des choix. C'est là qu'intervient ce que vous nommez idéologie. Pour vous, (dans ma compréhension de votre vision), c'est impossible de faire des choix au dessus des désirs car rien n'est plus grand qu'eux. Pour moi, il est possible de connaître plus grand que mes désirs et de m'y conformer.
Je peux non seulement le connaître mais je ressens comme un devoir de découvrir et rencontrer ça. Pour moi, c'est un devoir d'aller vers la réalité, vers les autres humains qui y vivent, vers la nature où nous vivons (l'écologie au sens politique du terme en devient naturellement une valeur chrétienne) et j'en oublie. Je ne peux pas connaître complètement ces choses. C'est impossible.
C'est souvent un drame quand je ne sais pas que faire ou que la situation me dépasse. C'est aussi une chance car cette limite m'invite à la tolérance envers mes faiblesses et donc envers celles des autres. Toute personne a le droit de se tromper, d'être faible, d'être dans l'erreur.
Cette possibilité d'accès à tout est aussi un drame car je dois choisir. C'est aussi une chance car cela me dit que je fais partie de ce qui me dépasse. Je suis une de ces choses qui me dépasse. Elles sont toutes infinies en elles-mêmes. Je suis donc un de ces infinis. Cela me donne une dignité du même ordre.
Je vous rappelle que cela est valable pour chaque être humain. Alors si quelqu'un est homosexuel, je sais qu'il n'est pas que ça. Je sais aussi que je n'ai pas à le juger comme vous le pensez. La religion que je connais me l'interdit. Je sais que je n'ai pas à mépriser un homosexuel pour la même raison. Je sais aussi qu'il y a autre chose à faire avec un homosexuel que de parler sexe. Dans ma religion, il y a même une infinité de choses à faire avec cette personne. Pour moi, je peux vous connaître sans que nous parlions de nos préférences en matière de sexe.
Pour vous, cela est de l'hypocrisie car rien n'est au-dessus du désir. Pour vous, ne pas en parler est une façon d'éviter ce qui est le plus important. Le mot de "tartufe" est sorti chez un autre commentateur. C'est une insulte. Je vous imagine sensible à l'homophobie. Pensez à vos sentiments à ce sujet et vous pourrez situer le niveau de cette insulte et l'intensité de la réaction qu'elle provoque en moi. Comme pour moi, les désirs ne sont pas la chose la plus élevée, je peux passer sur cet obstacle.
Selon mes croyances, il est possible de connaître ce que vous nommez idéologie et cette idéologie correspond à la réalité. Vous ne voulez pas la connaître. Vous ne pouvez pas la connaître car vous la refusez. Cela me sidère car vous vous coupez de toute découverte, surprise, rencontre et invention en dehors de la sphère de vos désirs. Vous vous privez d'un choix de vie. Vous vous privez de tous les défis que la vie peut nous donner. Vous le faites car vous traitez d'idéologie ce que je crois et ce que je vis. C'est dommage.
Pire encore, vos choix étant limités aux façons de satisfaire vos désirs et vos connaissances à ce qui en découle, vous vous enfermez dans une bulle où vous êtes votre dieu. Vous créez votre réalité. Je vous imagine conscient de ce fait. Je vous imagine conscient de l'existence de quelque chose au-delà de cette bulle. Je vous imagine ensuite refusant tout ce qui vient à vous du dehors de cette bulle car il en va de votre vie. Toute surprise en devient pour vous une menace mortelle. Vous devrez la combattre par tous les moyens pour ne pas être anéanti. Pour moi, les surprises font mal mais ne sont que des saluts de ce que je nomme réalité. Je n'en suis trop souvent pas à la hauteur mais elles ne me détruisent pas et ne sont pas des menaces absolues.
Si quelqu'un vient avec n'importe quoi affirmant qu'il est hors de vos désirs et de votre réalité, il est pour vous une menace. Si ce quelqu'un s'est construit comme vous, vous vous affronterez dans un combat à mort ou vous vous éviterez soigneusement. Vous avez le choix entre la guerre et la solitude. Vous faites de chaque humain différent un être mauvais (car agressif). Vous fondez ici l'individualisme le plus pur et le plus solide.
Les néolibéraux adorent ça.
Si quelqu'un vient et se met au diapason de vos désirs, il sera pour vous un ami, un frère, un soutien, un guide. Il entrera dans votre réalité car il en a les clés. Il satisfera vos désirs par soumission ou en vous manipulant. Vous êtes accessible si vos désirs vous dominent. Une société lourdement hiérarchisée se met en place.
Les néolibéraux adorent ça.
Nous sommes plus que nos désirs. Nous sommes plus que nos actes. Nous sommes plus que notre passé. Nous sommes plus que nos habitudes. Nous sommes plus que nos fautes. Nous sommes plus que notre image. Etre humain signifie pour moi sortir d'une mauvaise habitude, relever un défi, entrer dans l'inconnu, s'engager auprès d'un ami, sourire à un être cher, écouter une âme en peine.
Il y a d'autres choses.
Je pense qu'un chrétien n'est pas ouvertement homosexuel car il a autre chose dans sa vie que ses pulsions sexuelles. Il peut donc présenter bien des facettes. Vous ne le pouvez pas ou toute l'histoire de ce mariage entre les personnes du même sexe. Je reçois ma dignité d'un Autre qui n'est pas de ce monde. Vous la conquerrez de vive lutte et vous sentez un héros à chaque avancée dans l'expression de vos désirs.
Tout et tous ce qui en sortent doivent s'y soumettre sinon cela vous blesse. Cela vous confirme dans la justesse de votre combat et dans votre vision de tout ce qui est hors de vos désirs. Vous êtes donc obligé de conquérir une place de plus en plus grande dans le monde pour assurer votre sécurité. Vous devez acquérir de plus en plus de pouvoir pour la même raison. Votre monde doit être à la fois à votre image pour votre sécurité et être différent pour vous donnez de la matière à satisfaire vos désirs. C'est le problème de la liberté et de la sécurité. Un seul peut avoir cela aux dépends de tous les autres.
Ça fait des heures que j'écris et que je reprends ce texte. J'en tire des conséquences de plus en plus fournies et intéressantes de l'idée des deux réalités. J'en tire également une vision du monde que je peux utiliser pour mener ma vie. Je vous en remercie.
Vous avez été un déclencheur de ce mouvement. Il y en a d'autres. Le mariage pour tous m'apparaît comme une énorme erreur. Il est un symptôme d'une vague de fond qui luttera pour faire disparaître ce que je crois. Si cette vague, ce tsunami réussit son coup, ce sera un succès momentané car la réalité viendra contredire ce succès. Plus vous nierez cette réalité et plus elle viendra vous contredire cruellement. L'affrontement se terminera par la fin de l'humanité ou par un retour au réalisme dans le sens d'une recherche du vrai et du bien. Je choisis cette réalité. Je la crains plus que vous et elle contient plus de vie que ce que vous me proposez. Je crois à votre sincérité mais vous vous trompez. Merci pour votre contribution à cette prise de conscience.

En bref, la réalité existe et est plus grande que nous deux. Cela a des conséquences. L'une d'elles est que nos désirs ne sont qu'un détail dans cet univers. Une autre est qu'il faut répondre à cette réalité. Il y en a bien d'autres.
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Écrit par : DidierF / | 06/06/2013

DidierF,

> Merci bien pour votre brillante psychanalyse de comptoir. Je me permettrais juste de vous faire remarquer que vous connaissez bien peu de ma vie pour prétendre établir mon profil psychologique à partir de quelques commentaires. Votre jugement me paraît un tantinet déplacé, pour tout vous dire.
Je vous accorderai tout de même que le désir est un élément central de ma vie. Mais pas seulement le désir sexuel. Je ne vois pas bien comment on peut aller vers l'autre, découvrir le monde, s'interroger sur le sens de la vie, s'il n'y a pas au fondement de ces activités du désir. Le désir de rencontrer, le désir de découvrir, le désir de connaître...
Je précise que je n'ai pas jugé l'Eglise dans son ensemble. J'ai jugé la position de l'Eglise sur l'homosexualité, ce qui est différent. Puisqu'on peut faire la distinction entre la personne et ses actes, je pense qu'on peut tout aussi bien juger indigne la position et les actes d'une institution sur un sujet précis, sans juger ladite institution globalement.
Vous posez que la réalité existe. C'est bien, moi aussi. Mais pour moi, la réalité, ce n'est pas la Bible. Or si nous reprenons les bases de la position de l'Eglise sur le sujet qui nous concerne, on constate qu'elles ne se réfèrent ni à des observations de la nature, ni à des connaissances scientifiques établies, mais à des citations de l'Ecriture. On est en droit, quand les citations en question et le vernis pseudo-philosophique qu'on pose dessus entrent en contradiction avec ce que nous apportent comme connaissances du réel des disciplines comme la biologie, l'anthropologie ou la psychologie (connaissances limitées, j'en convient parfaitement, mais connaissances tout de même), et ont des conséquences négatives sur la vie d'êtres humains, de poser un jugement, sans que cela fasse de celui qui porte ce jugement une personne intégralement dominée par ses désirs.
Enfin bref, tout ça pour dire que votre manière de ramener ce que je dis à mes pulsions sexuelles me paraît parfaitement désagréable et insultant. Je ne prétend pas avoir été un modèle de douceur et de gentillesse. Mais il ne me semble pas avoir spéculé sur votre propre capacité à vous abstraire de vos fantasmes érotiques.
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Écrit par : Martin / | 07/06/2013

Martin,

> Merci de me confirmer dans mon opinion. Je ne parlais pas de vous en particulier. Je vois juste une mouvance se lever qui se construit sa réalité selon ses désirs. Vous en faites partie avec votre réalité.
Vous ne pouvez que condamner l'Eglise. Elle est au-delà du désir. Vous la haïrez du fond de votre coeur. Vous la haïrez totalement complètement car elle ne prend pas le désir comme l'absolu.
Un seul exemple : L'Autre peut venir vers vous avant que vous n'éprouviez le moindre désir. L'Eglise me dit de l'accepter.
Vous parlez d'aller vers l'autre et que cela n'est pas possible sans désir. Je n'ai pas vu le mouvement inverse dans votre texte. J'ai mauvaise vue et la typographie est très petite.
Pour la base sexuelle, je pense à Freud et à Mead. Le premier a tout ramené au sexe. Son influence dans la pensée occidentale est énorme. Mead a soutenu que si le sexe est libéré tout le monde vivrait heureux et sans tensions. Je sais que le premier était un athée matérialiste convaincu. La seconde haïssant profondément la morale judéochrétienne. Ils servent de fondement au LGBT.
Vous n'êtes pas que du sexe. Vu l'importance de l'homosexualité dans l'histoire, l'importance énorme de l'homophobie, je me suis dit que les préférences sexuelles jouaient un rôle dans cette histoire. Vu pour qui ce mariage a été accepté, que le petit groupe concerné a emporté toute la société, je me suis également dit que cette fameuse préférence sexuelle a joué un rôle dans cette histoire.
Le désir de ces quelques-uns a emporté tout un pays et même l'Occident. C'est une préférence sexuelle. Elle emporte le reste. Je pense donc qu'elle a, au moins, un rôle.
Après, le mot réalité n'a pas le même sens pour vous et moi. J'accepte la transcendance.
Je ne vous connais qu'à travers vos commentaires. Ce n'est pas tout de vous. C'est ce qui sort de vos commentaires. Comment voulez-vous que je tienne compte du reste ? je ne le connais pas. Je fais avec ce que vous montrez. J'en tire à votre égard la réaction que vous avez au mien. Vous n'êtes vraiment pas impressionnant.
Nous sommes dans deux réalités. Le clivage entre nous est net, présent, existant. Vous serez l'agresseur car toute blessure à votre désir sera une blessure à votre être. Ça a toujours rendu violent la victime. Comme la réalité, au sens où je la connais, vous blessera vous deviendrez de plus en plus violent. C'est votre destin.
Je le regrette.
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Écrit par : DidierF / | 08/06/2013

Bonne suite DidierF,

> je vous laisse à vos petites fantasmagories. Je crains malheureusement de vous décevoir, toutefois, sur le point de la violence. Je n'ai aucunement l'intention d'être un agresseur à l'avenir. Je suis un peu surpris de vos diverses prophéties, qui me paraissent bien éloignées de l'espérance d'un chrétien. Et je constate que vous n'avez répondu à aucune des questions que je posais sur l'accueil des personnes homosexuelles. Face à la différence, vous n'avez rien d'autre à proposer que souffrance, blessure, pitié et condescendance. On se passera donc de votre accompagnement et de votre accueil délicat et compassionnel.
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Écrit par : Martin / | 10/06/2013

à DidierF

> Vous le regrettez DidierF ? Vraiment, à vous lire, on a quelques doutes. Je me demande, moi, si au contraire la réalisation de votre prophétie ne vous comblerait pas de joie, venant ainsi confirmer les préjugés que vous aviez avant. C'est triste à dire, mais vous me confirmez aussi dans mon opinion. Il y a une frange des catholiques qui n'a rien d'autre à proposer à tous ceux qui sont différents que de grandes considérations sur le malheur, la blessure et la souffrance. Vous n'avez aucune lumière à apporter aux personnes concernées. Je vous laisse à vos fantasmagories. Bonne suite.
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Écrit par : Martin / | 10/06/2013

@ Martin,

> Plutôt que de faire des procès d'intention à Didier F, le mieux serait peut-être que vous lisiez ce qu'il vous écrit, que vous écoutiez ce qu'on vous dit, bref que connaissiez l'Eglise et les catholiques ?
ça, on ne peut pas le faire à votre place et vous n'aboutirez à rien en multipliant les pirouettes comme j'en vois partout dans vos commentaires successifs.
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Écrit par : E Levavasseur / | 10/06/2013

ERREUR

> Désolé pour les 2 commentaires de suite, j'ai eu l'impression que le 1er n'était pas passé et je l'ai réécris à nouveau. Il faudrait au moins en supprimer un si c'est possible.
Il me semble avoir bien lu ce que me disais DidierF. Il me prédit, à moi et à d'autres, un avenir d'agresseur violent parce qu'il prétend que mon petit désir capricieux est l'étalon de mesure de mes actes et de mes choix. Je prétend qu'il se trompe.
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Écrit par : Martin / | 11/06/2013

Martin,

> J'accepterai avec plaisir de me tromper. Là, j'en éprouverai de la joie. Mais il faudra me le prouver.
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Écrit par : DidierF / | 12/06/2013

Martin,

> Je note, chez vous, deux croyances à mon sujet : je ne vous offre que le dolorisme et je n'ai aucune lumière à apporter aux personnes concernées.
Je me demande d'où vient votre douleur. Selon ce que j'en ai compris, elle vient du rejet de l'homosexualité et des homosexuels en particulier. Ce rejet provoque la douleur. Vous demander de renoncer à ça revient à vous demander d'entrer volontairement dans un monde de douleur, de mépris, de stigmatisation de pulsions que vous jugez naturelles. Vous le rejetez.

Je me demande ce que signifie pour vous apporter des lumières. La seule qui m'apparaît comme acceptable à vos yeux est quelque chose comme "Allez-y, baisez en paix". C'est dit brutalement mais cela me semble correct. Si je vous comprends bien, vous venez me dire que je dois adapter ce que je pense être la vérité à votre désir.

Naturellement, tout cela n'est pas du tout lié au désir selon vos dires, à la satisfaction de pulsions personnelles. Cela réduirait trop votre dimension d'être humain.

Vous réduire à vos désirs est effectivement une atroce aliénation. C'est (et je pense que ça s'applique ici) une abomination. Je vomis sur ce truc. C'est une insulte abominable à tout ce que je pense être humain. Vous le rejetez. J'en suis heureux.

Dans ce cas, qu'est-ce que vous avez en vous de plus que cette dimension ? D'où vient votre dignité ? Quelle est la valeur d'un autre être humain ? Pourquoi en a-t-il ? Est-ce qu'il y a des choses intéressantes (et non sexuelles) chez un autre ? Lesquelles ? Qu'est-ce que le mariage ? Quels sont les droits de cet autre par rapport à vous ? Je ne vous pose qu'une seule question en fait. Quelles sont les dimensions qu'un être humain a et qui sont hors du désir ?

Si vous ne pouvez pas répondre à cette question alors tout ce qui en sort vous sera douleur et obscurité. Tout ce qui en sort vous sera idéologie. Pour continuer à suivre votre chemin vous devrez rejeter toute manifestation de cet "en-dehors". Elles seront toutes issues d'un humain. Vous le rejetterez, le condamnerez et lui ferez subir sa peine. Comme c'est la réalité qui viendra frapper à votre porte, elle insistera. Vous devrez aller de plus en plus loin et frapper de plus en plus fort. J'aurai raison et j'en serai triste. Je ne parle pas de ma douleur.
Prouvez moi que j'ai tort en répondant à ma question de façon argumentée Je serai soulagé et heureux.
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Écrit par : DidierF / | 12/06/2013

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