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12/05/2013

L'Apocalypse, message à chaque instant de l'histoire

...y compris en économie aujourd'hui. En marge du drame de Dacca et de la 2e lecture de ce dimanche (Apocalypse 22) :

 


<< L'Apocalypse chante la chute de Babylone (18, 9-24) avec des accents qui rappellent fort l'Ancien Testament. Mais la grande lamentation des rois, des marchands […], la dévastation et la ruine de toutes les affaires – un vrai sommet de la poésie biblique – disent quelque chose de plus. Il est question là de l'injustice radicale de toute vie économique fermée sur le monde... Les images vétérotestamentaires, qui montraient la ruine d'une ville ou d'un royaume, s'élargissent ici pour s'appliquer à la totalité de l'histoire. […] Il se produit une universalisation prodigieuse. Par exemple, la fumée montant d'Edom détruit (Isaie 34,10) devient maintenant la vapeur épaisse où se consume "aux siècles des siècles" Babylone, la grande prostituée (19,3), celle qui résume toutes les puissances de séduction du monde...>>

<< "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus" (2 Thessaloniciens 3, 10). Mais que devient cet ordre lorsque l'organisation du travail le destine à une augmentation incessante de la puissance, non pas évidemment des travailleurs, mais de ceux qui récoltent le fruit de leurs efforts ? En fait, le travail en tant que tel vise une augmentation de puissance sur la nature, et la volonté de puissance s'accroît à la mesure de chaque résultat obtenu. Il n'est donc guère possible d'indiquer la limite à partir de laquelle le travail, accompli en vue de la simple survie, devient un moyen de domination sur autrui. Peu importe si l'intention est de jouir d'un bien-être illimité ou de posséder un armement démesuré en vue d'une puissance toujours plus grande : l'essentiel est que l'on a déjà franchi la limite et que l'on est en train de poser un acte immoral, simplement parce qu'il est inhumain. Non seulement le but est inhumain, mais aussi d'ailleurs la méthode employée, qui est l'exploitation des travailleurs, finalement considérés et traités comme de purs objets au service de la puissance. Il est clair que le chrétien doit enrayer de tout son pouvoir cet engrenage impitoyable et doit édifier la norme de l'humanum (reconnu en Jésus-Christ) contre les deux démesures de l'excès de puissance (bien-être ou impérialisme) et de l'impuissance (de la misère).

...Cet effort chrétien en vue d'aider chacun à mener une existence conforme aux droits de l'homme et à la dignité de la personne, sera d'autant plus ambigu qu'il se rapprochera davantage de son but. En effet, les biens de culture aujourd'hui disponibles qui sont offerts aux pauvres et auxquels ils aspirent proviennent de cette partie du monde où la technique engendre la dynamique de la production et de la consommation croissante ; c'est aussi le monde d'une culture (ou d'une inculture) de masse détruisant la personne, et que l'on transporte des pays riches vers les pays pauvres... >>

 

Hans-Urs von Balthasar, La Dramatique divine

 t. 3 : L'action (Culture et vérité, 1990).

 

Commentaires

LE MESSAGE

> Sur le Livre de l'Apocalypse comme "message actuel", lire le superbe commentaire de Richard Bauckman : "La théologie de l'Apocalypse", aux éditions du Cerf (2006).
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Écrit par : Christus / | 14/05/2013

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