Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/05/2013

Balthasar, Lubac : des phares pour le XXIe siècle

christianisme,catholiques,théologie

              christianisme,catholiques,théologie                               




...qui aideront

à ne pas se tromper

d'époque :

 




Notre blog a cité récemment Henri de Lubac et Hans-Urs von Balthasar. Il est urgent de rappeler le renouveau de la pensée théologique qui s'est produit autour de Vatican II ! Un renouveau qui donne de quoi répondre aux attentes du XXIe siècle (la "nouvelle évangélisation")... Beaucoup de catholiques français ne savent pas que ce renouveau a eu lieu. Ils ne sont donc pas en mesure de s'en nourrir. Cette ignorance freine l'évangélisation, et expose – spécialement depuis un an – à prendre pour un "retour de l'identité catholique" certaines bouffées de passéisme irrationnel. Plaçons-nous dans la perspective que le futur cardinal de Lubac indiquait [1] à propos du futur quasi-cardinal [2] von Balthasar :

<< Au lieu de s'épuiser après tant d'autres dans l'effort de rajeunir vaille que vaille la vieille scolastique par quelques emprunts faits aux philosophes du jour, ou bien de renoncer, comme tant d'autres aussi, à tout pensée théologique organisée, Balthasar ébauche à nouveaux frais une synthèse originale, d'inspiration radicalement biblique, qui ne sacrifie rien des éléments de la dogmatique traditionnelle. Son extrême sensibilité aux développements de la culture et aux interrogations de notre âge lui inspire une telle audace. Sa connaissance intime, attestée par ses travaux antérieurs, des Pères de l'Eglise, de saint Thomas d'Aquin et des grands spirituels, lui permet de tenter l'aventure. C'est d'eux qu'il s'est longtemps nourri, c'est d'eux qu'il prend aujourd'hui la suite, sans servilité comme sans trahison, tant il s'est assimilé leur substance. Une telle entreprise, dans laquelle on chercherait en vain la moindre concession aux "gnoses" modernes, est aussi très loin des essais sporadiques sans lendemain qui ressemblent plutôt à des fantaisies individuelles... La vie incompressible de la Tradition l'emporte sur un conservatisme apeuré. C'est un fait que la scolastique, telle qu'elle avait fini par se codifier, apparaît aujourd'hui démonétisée [...] : et beaucoup ont maintenant l'impression de se trouver devant un grand vide. Parmi ceux-là, peu semblent se douter que, tout auprès d'eux, sur les mêmes fondations éprouvées, un nouvel édifice s'élève, recueillant le plus précieux de l'héritage apparemment dissipé, au service d'une foi intacte et revivifiée... >>

Dans le tome 1 de sa Dramatique divine, Balthasar met en garde la pensée catholique contre le danger de se fossiliser ("essayer d'instaurer une sorte de copie immobile du royaume du Christ avec les matériaux du vieux monde, comme l'a plus ou moins tenté la théologie politique constantino-médiévale... Une telle immobilité est platonique et méconnaît l'impatience pressante de l'attente évangélique"). Dans le même traité, il ajoute :

<< Jamais la théologie n'a pu être autre chose que l'explicitation de la Révélation apportée par l'Ancien et le Nouveau Testament, en même temps que de ses implications (le monde comme créé) et de son but (l'imprégnation du monde créé par la vie divine)... Cette Révélation est tout entière dramatique, dans les grandes comme dans les petites choses. Elle est l'histoire d'un engagement de Dieu pour le monde qui est sien, d'une lutte entre Dieu et la créature à la recherche de sa raison d'être et de son salut. >>

Dans cette optique, la théologie a pour mission de rappeler au chrétien l'aspect dramatique de l'enjeu, qui dépasse infiniment les théorèmes auxquels les passéistes réduisent la foi. << Assurément on trouve très tôt le précis condensé, le ''guide'' au pays de la théologie, en petits manuels (Augustin), en compendia (Thomas), en ''itinéraires'' (Bonaventure); mais jamais chez les grands théologiens cette forme de livres de poche ne menace d'évincer la grande forme valable, et celle-ci garde une allure interrogative, ouverte, chercheuse... Mais lorsqu'ensuite l'exégèse commence à suivre ses propres voies et se fait scientifique, la dogmatique tourne à vue d'oeil au traité, et seule l'apologétique qui les précède conserve un semblant de dialogue. Pourtant celle-ci n'est plus nourrie de la dramatique de la Révélation ; on dirait plutôt une théorie de l'art de combattre. Les réponses existent d'avance, toutes prêtes comme un produit de conserve ; on ne se laisse pas saisir d'abord par la question, moins encore par celui qui la pose. Mais finalement les questionneurs deviennent si pressants, leurs questions si bruyantes, qu'aucune réponse préfabriquée ne tient plus. On est obligé de se laisser entraîner par les questionneurs, de revenir à l'espèce de dialogue que fut à l'origine la Révélation. >>

____________

[1]   revue Communio, 1975.

[2] nommé cardinal par Jean-Paul II, le théologien mourut avant la cérémonie.


 

Commentaires

LIVRES DU CARDINAL DE LUBAC

> Du cardinal de Lubac, l'un de ses ouvrages les plus faciles à lire est selon moi "Paradoxes" suivi de "Nouveaux paradoxe". Un régal d'une grande actualité.
Pour ceux de vos lecteurs qui ne connaissent pas, c'est une collection de textes très courts (méditations, paraboles...). J'aime tout particulièrement celle dont le titre est (je cite de mémoire) "un homme modéré".
Je compléterais volontiers avec le cardinal Daniélou qui gagnerait à être redécouvert.
Cordialement,
J-M
______

Écrit par : Jean-Marie / | 12/05/2013

SE LAISSER SAISIR

> Merci cher PP de nous ramener à eux!Je me disais justement suite aux débats sur l'écologie plénière sur votre blog (l'homme: seulement coopérateur ou aussi co-créateur?), qu'un peu de théologie ne me ferait pas de mal...Mais me laisser saisir d'abord par la question et plus encore par celui qui la pose: oui, mille fois oui !
______

Écrit par : Anne Josnin / | 12/05/2013

HENRI de LUBAC

> J'ai eu la chance, dans mes travaux d'historien, de tomber sur quelques lettres écrites par Henri de Lubac à des confrères jésuites. Sa délicatesse, sa foi et la profondeur de ses réflexions m'avaient alors impressionné.
Je me rappelle particulièrement d'une lettre dans laquelle, au début de années 70, il mettait en garde certains confrères qui s'étaient engagé dans un progressisme manquant de discernement, et qui par ailleurs se réclamaient de son influence, puisque lui-même avait auparavant été mis en cause au sein de l'Eglise pour ses écrits. Je crois qu'une des causes de la vision sclérosée du catholicisme qui est sans cesse mise en avant par une partie des catholiques français vient peut-être de l'assimilation des propos tels que ceux que Patrice rappelle dans cet article aux excès des années de l'après-concile. Dans sa lettre, on pouvait sentir la profonde souffrance de de Lubac face à ce travestissement de sa pensée (en ce sens, je vois un point commun avec le parcours post-conciliaire de Joseph Ratzinger).
Il est évident que les catholiques ont bien besoin de relire ce genre de propos aujourd'hui, alors que la tentation de réduire la foi à la défense d'une identité se fait sans cesse plus forte.
______

Écrit par : DG / | 12/05/2013

LUBAC

> Henri de Lubac, intelligence et foi profondes, un merveilleux compagnon "Sur les chemins de Dieu".
______

Écrit par : Alina Reyes / | 18/05/2013

Les commentaires sont fermés.