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13/04/2013

"Le contenu de l’intervention du cardinal Bergoglio avant le conclave révélé par le cardinal Ortega"

"Les changements possibles et les réformes qu'il faudrait faire" :


 

Le site lefebvriste DICI [1] publie la note suivante :

<< Le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Havane, a révélé le 23 mars 2013, lors de la messe chrismale qu’il célébrait dans sa cathédrale, le contenu de l’intervention du cardinal Jorge Mario Bergoglio au cours des Congrégations générales qui précédèrent le conclave où il a été élu pape. Le prélat cubain a déclaré aux fidèles présents vouloir leur confier une « exclusivité presque absolue : la pensée du pape François sur la mission de l’Eglise ». Il a ajouté qu’il rendait publique cette intervention – normalement placée sous le sceau du secret – avec l’autorisation du pape.

Le cardinal Ortega a ainsi lu le texte intégral qu’il avait demandé au cardinal Bergoglio au lendemain de son intervention improvisée devant le collège cardinalice, et que le futur pape a accepté de retranscrire à l’intention de l’archevêque cubain. « Le cardinal Bergoglio a fait une intervention qui m’a semblé magistrale, éclairante, engageante et vraie », a-t-il affirmé à ses auditeurs.

Cette intervention est divisée en quatre points :

- Le premier point porte sur l’évangélisation. « L’Eglise doit sortir d’elle-même et aller vers les périphéries », non seulement géographiques, mais aussi existentielles, qui se manifestent dans le « mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice et de l’ignorance, de l’absence de religion, et de toute misère ».

- Le deuxième point dénonce une « Eglise autoréférentielle » qui se regarde elle-même en une sorte de « narcissisme théologique » qui la maintient à l’écart du monde et qui « prétend garder Jésus-Christ à l’intérieur d’elle-même, et ne le laisse pas sortir ». Le cardinal disait penser au moment où Jésus dit qu’il frappe à la porte, ajoutant penser aussi aux moments où« Jésus frappe sur la porte depuis l’intérieur pour que nous le laissions sortir ».

- Le troisième point exprime en deux images les deux points précédents : l’une, c’est « l’Eglise évangélisatrice qui sort d’elle-même », l’autre est « l’Eglise mondaine qui vit en elle-même, d’elle-même et pour elle-même ». C’est cette double considération qui doit, selon le cardinal Bergoglio, « éclairer les changements possibles et les réformes qu’il faudrait faire ». « L’Eglise, quand elle est autoréférentielle, sans s’en rendre compte, croit qu’elle a sa propre lumière ; elle cesse d’être le “mysterium lunae” (la lune qui reflète la lumière du soleil, ndlr), ce qui donne lieu à ce mal si grave qu’est la “mondanité spirituelle” (selon de Lubac, le pire mal qui puisse frapper l’Eglise, note du cal Bergoglio). C’est vivre pour se rendre gloire les uns aux autres. En simplifiant ; il y a deux images de l’Eglise : l’Eglise évangélisatrice qui sort d’elle-même, la Dei Verbum religiose audiens et fidente proclamans, ou l’Eglise mondaine qui vit en elle-même, d’elle-même, pour elle-même. »

Dans le dernier point, celui qui était encore archevêque de Buenos Aires déclarait aux cardinaux que celui qu’il espérait voir élu serait « un homme qui, à partir de la contemplation de Jésus-Christ et de l’adoration de Jésus-Christ aide l’Eglise à sortir d’elle-même vers les périphéries existentielles ».

Sans aucun doute cette intervention du cardinal Bergoglio avant le conclave inspire le pape François qui, dans sa première homélie devant le collège cardinalice, le jeudi 14 mars à la Chapelle Sixtine, a déclaré : « Quand nous marchons sans la croix, quand nous édifions sans la croix et quand nous confessons un Christ sans croix, nous ne sommes pas des disciples du Seigneur : nous sommes des personnes du monde, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas des disciples du Seigneur. Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de cheminer en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur ; d’édifier l’Eglise sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Eglise ira de l’avant.

« Nous pouvons cheminer tant que nous voulons, nous pouvons édifier beaucoup de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus-Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG d’assistance, mais pas l’Eglise, épouse du Seigneur. Quand on ne marche pas, on s’arrête. Quand on ne construit pas sur les pierres, que se passe-t-il ? Il arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils construisent des châteaux de sable, tout s’écroule, tout est sans consistance. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, cela me fait penser à la phrase de Léon Bloy : ‘Qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable’. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. »

Cette notion de « mondanité » que le pape reprend ici après l’avoir qualifiée de « mondanité spirituelle », en déclarant que le théologien (progressiste) Henri de Lubac s.j. (1896-1991) pensait que c’était le pire mal qui puisse frapper l’Eglise, cette notion de mondanité spirituelle est en réalité empruntée à un auteur spirituel de doctrine sûre, Dom Anschaire Vonier o.s.b. (1875-1938), par le P. de Lubac dans ses Médiations sur l’Eglise p. 327 : « Le plus grand péril pour l’Eglise, la tentation la plus perfide, c’est ce que Dom Vonier appelait ‘la mondanité spirituelle’. Nous entendons par là, disait-il, ‘ce qui pratiquement se présente comme un détachement de l’autre mondanité, mais dont l’idéal moral, voire spirituel, serait au lieu de la gloire du Seigneur, l’homme et son perfectionnement. Une attitude radicalement anthropocentrique, voilà la mondanité de l’esprit. Elle deviendrait irrémissible dans le cas – supposons le possible – d’un homme rempli de toutes les perfections spirituelles, mais ne les rapportant pas à Dieu’. »  (Sources : AICA/Apic/Imedia/Figaro – DICI n°273 du 12/04/13) >>

 

> Commentaire : mis à part la balourdise contre le cardinal de Lubac (« progressiste »), on notera l'acuité de DICI. De quoi est-elle le signe ?


 

Commentaires

EN EFFET

> Curieux en effet, ce ton prudent et cette façon d'aller à l'essentiel sans animosité apparente.
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Écrit par : Anthony Devred / | 13/04/2013

INTERESSANT

> Curieux oui et même intéressant. Ils focalisent des paroles de François que les libéraux conservateurs escamotent pour pouvoir continuer à hurler "vive le pape" sans tenir compte
de ce qu'il dit.
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Écrit par : Magda / | 13/04/2013

SIGNE ?

> L'avènement du pape François est accueilli favorablement par un autre mouvement schismatique, la Contre-Réforme, qui a certes un peu tendance à lui expliquer ce qu'il doit faire, mais enfin...
Cet intérêt des traditionalistes antilibéraux est peut être bon signe. Pourvu que ça dure.
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/04/2013

SIGNE

> Quel signe, venant de ces lefebvristes qui se laissent interpeller par les paroles du pape François ? Qu’un chemin susceptible les ramener au bercail serait de rendre à nouveau efficace et visible dans l’Eglise ce qui est son cœur, à savoir la mission d’enseigner les nations et de baptiser au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, jusqu’aux extrémités de la Terre ?
Encore faudrait-il être d’accord sur ce qu’on enseigne. J’estime que nous avons reçu de l’Eglise, sous Jean-Paul II et Benoît XVI, la manifestation la plus pleine et parfaite, l’enseignement le plus clair, vivant et fécond de la doctrine catholique depuis Vatican II. Au pape François revient certainement d’en accélérer le déploiement dans la vie pastorale et de commencer à en récolter les fruits !
Pour les lefebvristes, rien de nouveau : ils n’ont d’autre choix que d’accepter humblement la doctrine catholique qui se déploie depuis le concile. Bref qu’ils abandonnent toute « mondanité de l’esprit » dans leur vision de la Tradition de l’Eglise et se repentent de la guerre froide dont ils sont les champions, depuis cinquante ans, à l’égard du Saint-Siège. Et tout ira bien !
______

Écrit par : Denis / | 14/04/2013

DIAGNOSTIC

> Oui balourdise hélas habituelle sur Lubac.
Ce texte va dans un sens différent de celui de la Porte Latine d'il y a plusieurs semaines.
Je m'évertue à dire qu'il y a de tout dans la FSSPX.
Tous les "récupérables" ne sont pas partis en 88.
Je pense voir qui est à l'origine de ce texte. Je l 'ai connu personnellement et dans le fond, il n'a rien à voir avec ceux de la Porte Latine tout en étant un pilier de la FSSPX.
Intégré à l'Eglise il y deviendrait un saint mais il est aveuglé par 40 ans d'habitude, de fidélité...
C'est dur la conversion.
Vous qui êtes des cathos-Obélix, priez pour lui. S'il est celui que je crois, il est prêtre lefebvriste et s'appelle Alain. Il est radicalement anti-libéral et faisait des confs contre le libéralisme où il liait le libéralisme éco et moral à une époque où personne ne connaissait même le mot :"la guerre froide a fait perdre de vue que le libéralisme est aussi dangereux"
Pas de quoi pavoiser pour autant, c'est bien fragile.
Il faut beaucoup prier St François de Sales qui avec tous les calvinistes qu'il a ramené au bercail, est en qq sorte le saint patron des conversions difficiles.
Quand je ressens de l'animosité envers la FSSPX, quand ils m'horripilent avec leurs rengaines, leur images fausses, je pense au fait quand il disent la messe, le Christ "fait le déplacement" lors de la consécration. Du coup ça m'oblige à introduire de la charité ds mes pensées quand elles étaient uniquement focalisées sur les reproches, d'ailleurs justes, que je pouvais leur faire.
Des réformes il y a en plein à faire.
Déjà que les fidèles arrêtent de se prendre pour des évêques, que des évêques arrêtent de faire comme si la collégialité c'était "taper sur le bide" du pape, que les paroisses cessent de se comporter comme des asso loi 1901.
Il y a une réforme de l'école catholique à faire : le catholicisme, "caractère propre" des écoles cathos doit être "proprement caractérisé" par un catholicisme vivant.
Réforme des ordres de chevalerie aussi : un potentiel formidable gâché par une confusion avec un club du 3e âge où l'on rivalise de chevalières en bourdonnant entre soi.
Réforme du scoutisme catho : pas assez de services.
Réforme ds la pratique de la foi: splendeur des offices ("rien n'est trop beau pour Dieu") et splendeur de l'humilité des fidèles ( "la plus belle offrande est un coeur repentant")
Réformes des médias cathos aussi : pour l'instant c'est beaucoup "les cathos parlent aux cathos" avec des journalistes qui, pour leurs articles ne rencontrent que d'autres cathos, des prêtres,des évêques, des théologiens… bref soit des gens brillants ou des gens comme eux...jamais le Français lambda.
Et en plus à la machine à café, avec qui discutent-ils ? avec des collègues cathos !
La bulle catho doit éclater. Les journalistes cathos doivent arrêter d'écrire comme si l'Eglise c'était les JMJ.
Quand on parle de la déchristianisation avec eux, il ressort de leurs réponses que c'est un concept et pas une réalité vécue (parce que du fait de leurs fréquentations professionnelles, il ne la vivent pas !)
Savent-ils seulement ce que sait que de devoir sans cesse expliquer, ré-expliquer, éclaircir, faire sans cesse un effort de patience évangélique pour expliquer à des collègues de travail complètement ignorants de la foi que telle déclaration du pape signifie ceci et non cela, et ce, plusieurs fois par semaine, toute l'année ?
D'après ce qu'ils écrivent, ça ne se voit pas.
Il faudrait créer un journal catho rédigé par des gens vivant la vie de monsieur tout le monde, avec une solide formation doctrinale, exerçant un service social et ayant suivi une formation journalistique.
Pardon si j'ai été injuste, dîtes-le moi.

EL


[ PP à EL - Hélas non, tout est exact. ]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 15/04/2013

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