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18/03/2013

Révolution "franciscaine" dans l'Eglise ?

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Giotto : saint François redresse l'Eglise.

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L'idée se répand et soulève des enthousiasmes :

 


Interview du cardinal Bergoglio à La Stampa (février 2012) :

<< Nous devons éviter la maladie spirituelle de l'Eglise auto-référentielle. Si l'Eglise demeure fermée sur elle-même, auto-référentielle, elle vieillit. Entre une Eglise qui s'expose à des accidents en sortant de la route et une Eglise animée par la seule référence à elle-même, je choisis sans la moindre hésitation la première. >> [1]

 

Commentaire du Nouvel Observateur :

« Que le nouveau pape ait été choisi "à l’autre bout du monde" par ses "frères cardinaux" est déjà un signe non négligeable de cette sortie de route. Un accident de Curie en quelque sorte. Que le jésuite Bergoglio ait choisi le nom de François est bien sûr un autre appel de phare. D'abord, parce que Bergoglio ne se situe pas dans une lignée de pontifes mais dans la foulée d'un homme, François d'Assise, qui au XIIIe siècle avait lui aussi changé d'itinéraire en créant un nouvel ordre, en revenant à l'humilité, à la pauvreté la plus extrême, en développant cette piété brute qui se développait un peu partout à l'époque. Pour saisir toute l'intensité de la référence à St François, il suffit de regarder la fresque de Giotto représentant à Assise le songe du pape Innocent III. On y voit le pontife endormi à côté d'une Rome vacillante et en ruines que soutient et redresse St François… Tout est dit sur l'intention possible de Bergoglio par ailleurs très classique, pour ce que l'on en sait, sur le mariage des prêtres, l'homosexualité et l'avortement. On en rajoute même un peu en le promouvant déjà pape des pauvres et de l'écologie. Mais, après tout, si Stéphane Hessel, uniquement par la puissance du verbe, a pu redonner un peu de dignité à beaucoup de ses contemporains, pourquoi un pape qui a tout le lexique de la Bible, des kilotonnes d'exégèses et la bibliothèque vaticane à sa disposition, ne rêverait-il pas d'essayer ? »

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[1]  dans cet entretien, le cardinal appelait l'Eglise à "aller vers la périphérie".


Commentaires

LE GLAIVE

> Saint Bonaventure précise dans un de ses ouvrages cette modalité de la spiritualité franciscaine : « l’onction » y précéderait « la spéculation » (à la différence de l’ordre de saint Dominique qui, selon lui, placerait la spéculation avant l’onction).
L’onction c’est l’ouverture de notre cœur et de notre esprit à l’Esprit Saint ; la spéculation, l’exercice de l’intelligence humaine en quête de Dieu. Toujours ce vieux débat : l’intelligence par la foi ou la foi par l’intelligence ?
Bref, l’ère qui s’ouvre sera franciscaine si c’est toujours l’Esprit Saint qui mène le bal ! (ceci dit sans tomber dans le joachimisme).
Problème : comment sait-on que l’Esprit Saint est à la manœuvre ? Au nombre des sorties de route ?
Ou en jugeant, par exemple, selon cette règle simple : la Parole de Dieu, glaive à deux tranchants, d’onction sainte et de juste spéculation ? « Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. » (He 4:12)
C’est ma prière pour le pape François : que sa parole soit toujours une expression fidèle de ce « glaive à deux tranchants ».
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Écrit par : Denis / | 18/03/2013

PATRIMOINE

> En ce qui concerne le patrimoine artistique de l'Eglise je suis heureux de la précision apportée par Mgr Vingt-Trois sur Europe 1 : "nous n'allons pas jouer aux talibans simplement pour nous construire une image". Le patrimoine artistique de l'Eglise est exposé à la vue de tous dans les musées du Vatican ou dans les églises, alors que s'il était vendu il s'en irait sûrement dans les collections privées de quelques multi-milliardaires, soustrait au public (je doute qu'en cette période de crise des dettes, d'autres Etats puissent dégager les sommes pour racheter les oeuvres d'art du Vatican éventuellement mises en vente).
Pour le patrimoine immobilier, il faudra certes comme toujours s'assurer de sa bonne gestion car l'Eglise doit dégager des revenus pour faire face à ses charges (services du Vatican, aide aux autres Eglises).
La simplification du train de vie a quand même été bien faite par Paul VI et il ne faudrait pas se croire obligé de "faire pauvre". De toute façon, les dépenses liées à la sécurité du pape mais aussi des foules qui se rassemblent à Rome ne peuvent pas être supprimées sauf à se comporter en irresponsables, dans un monde où l'on sait que les attaques et les attentats sont possibles (cf les attentats au Pakistan ces derniers jours).

B.H.


[ De PP à BH - Croyez-vous le pape capable de "faire des bêtises" ? Ce n'est pas l'impression qu'il donne. ]

réponse au commùentaire

Écrit par : B.H. / | 18/03/2013

LE GREGORIEN

> Il y a un autre patrimoine non moins important : le chant grégorien. Des siècles durant (à partir du 14e siècle) il est tombé presque en ruine. Il est magistralement au 19e siècle par les moines de Solesmes sous la direction non moins magistrale de Dom Guéranger. Le Concile, dans sa sagesse, a su lui donner une grande place dans la liturgie (cf SacroSanctum Concilium spécialement au §116). Ce chant grégorien, le chant propre de la Liturgie catholique et romaine, a quasiment connu, oh comble de contradiction avec ce que dit le Concile, l'oubli dans nos liturgies paroissiales. Les deux papes précédents JP II et Benoit XVI nous ont rappelé , à de multiples reprises, l'importance de ce chant. Puisse le Saint Père François, dans sa sagesse de Pasteur universel, maintienne et promeuve ce chant qui a traversé des millénaires et des nuits sombres, sans en prendre un ride.
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Écrit par : Antoine / | 18/03/2013

NETTOYER

> Je ne sais pas ce que vous en pensez mais je trouve que si nous avons le culot de penser être avec Dieu nous ne rendons pas la dignité aux hommes, nous la vivons comme l'état naturel de tout homme n'importe où et n'importe quand. Tout écart à la dignité est une tache, une salissure, un de ces trucs qui se nettoient.
Il y a des taches difficiles à enlever mais elles sont des anomalies, pas des lois humaines.
S'il y a révolution, c'est parce qu'une tache difficile à ôter est en train de disparaître. C'est naturel, pas révolutionnaire.
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Écrit par : DidierF / | 18/03/2013

OUI MAIS

> Oui mais... ce qu'on appelle chant grégorien aujourd'hui n'est que la reconstitution mièvre fabriquée au 19e siècle par l'excellent Guéranger. Si on écoute le grégorien tel que le chantent les ensembles de musique ancienne, c'est autrement plus fort, plein de vie, de chair et de sang !
J'ajoute que le grégorien quel qu'il soit est très difficile à chanter, et qu'il est trop souvent massacré là où des chorales pleines de bonne volonté croient le chanter. Honneur à elles, mais il y a du boulot.
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Écrit par : codex / | 18/03/2013

PAS DE RUPTURE

> "Bergoglio ne se situe pas dans une lignée de pontifes mais dans la foulée d'un homme, François d'Assise..." Il y a une nuance qui me dérange dans cette phrase. Le pape François peut s'inscrire dans l'exigence évangélique de François d'Assise tout en se situant dans la lignée des pontifes. Je me méfie des personnes qui laisseraient entendre une rupture avec Benoît XVI. Cela signifierait qu'elles n'aient pas pris le temps de lire et de comprendre l'enseignement que nous a laissé ce grand pape, le 28 février.
ALB


[ De PP à ALB - Bien sûr. C'est ce que nous répétons sans trêve. Mais vous ne pouvez pas attendre d'un journaliste de l'Obs qu'il entre dans ces considérations ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Arnaud Le Bour / | 18/03/2013

NOTRE VISION

> Il est urgent de purifier notre vision du Salut et donc du monde :
http://www.losandes.com.ar/notas/2013/3/15/buenos-aires-empapelada-afiches-dicen-francisco-argentino-peronista-702365.asp
Non ! le pape n'est pas péroniste ! ni de gauche ni de droite !
Il est catholique et son charisme est celui de l'humilité laquelle est l'inverse de l'orgueil donc LA vertu pour refonder l'Eglise et sauver le monde puisque c'est l'orgueil qui a perdu le monde.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/03/2013

LE VRAI GREGORIEN

> 100% d'accord avec Codex sur le côté mièvre que le 19e a donné au grégorien.
Le grégorien normalement c'est c..illu, rien à voir avec la soupe Star Ac qu'on entend.
Le choeur d'Hervé Niquet, l'ensemble Organum, sait comment chanter du grégorien : je vous recommande d'écouter le Beata Viscera.
Idem pour la vénération des saints : présentés comment des gens cuculs, n'ayant jamais à lutter contre eux-même, saints dès le début ! Comment voulez-vous qu'on y arrive ?!
le pire ce sont les anges (quand on en parle) : saint Michel est présenté comme une sorte de Justin Bieber.
Quant à la Ste Vierge elle est montrée comme un genre de Mary Poppins, Sissi ou Fraulein Maria
Etonnez-vous après cela de l'érosion de l'assistance à la messe laquelle date du 19e justement !
Simplicité évangélique, humilité ce n'est pas chercher à rabaisser le sacré ; le curé d'Ars a montré la voie (au 19e justement) : simplicité personnelle et splendeur des offices (parce que là, c'est à Dieu qu'on s'adresse)
Le grégorien chanté comme il faut et comme l'a dit Vatican II, permet cette splendeur simple : il évite le gnan-gnan comme le triomphalisme (cf les messes composées aux époques baroque et classique qui ne sont pas des messes mais ... des concerts !)
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/03/2013

"COMMUNIQUER" NE VEUT RIEN DIRE

> Si François mène à bien cette révolution fransiscaine au sein de l'Eglise, les petits Judas qui la cernent comme des guêpes et la pressent d'"enfin mieux communiquer" (d'enfin parler pour ne rien dire) en auront pour leurs frais.
Dans un article d'une rafraîchissante vigueur, Jacques de Guillebon nous montre ici en quoi Jésus-Christ, venu non pour nous plaire, mais pour nous sauver, fut, et de loin, le plus mauvais communicant de l'histoire de l'humanité ; c'est dire à quel point, communiquer ne veut rien dire d'autre que mentir, aux autres et à soi-même...
http://www.lanef.net/t_article/misere-de-la-communication-jacques-de-guillebon-25711.asp
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Écrit par : Serge Lellouche / | 19/03/2013

"REVOLUTION" ?

> cher Patrice de Plunkett, je vous avoue que je déteste ce mot de révolution, tellement son usage est couvert du sang des martyrs de la révolution française, et de la révolution bolchevique. Bien sur c'est en toute amitié que je vous dis cela, or à Tours, le 4 avril quand vous viendrez en conférencier, se sera sous la bannière de cette question portant ce mot. J'ai en tête la fameuse phrase de Jean-Paul 2 "l'humanité est fatiguée des révolutions" mais aussi celle de Benoit XVI "ce n'est pas de révolutionnaire ni de réformateurs dont a besoin l'Eglise, mais bien de Saint, pour ajuster nos actes à la Paroles de Dieu qui nous anime".
j'ai donc juste une question à ce sujet, et que je vous poserai sans doute ce 4 avril (comme cela vous aurez le temps de la méditer), le mot révolution ne devrait-il pas presque être banni de nos échanges entre chrétiens, et la réponse à votre question lors de votre conférence n'est-elle pas déjà un "non" qui s'avance...et un oui dans la perspective d'une juste "sanctification"? Cordialement, à dimanche ou au 4 avril.

JC


[ De PP à JC - Jean-Paul II parlait en homme qui a subi le soviétisme ; mais la "révolution" dont il sera question le 4 avril n'a évidemment rien à voir avec une utopie totalitaire. Et la phrase de Benoît XVI concerne la vie intérieure de l'Eglise, mais pas l'action extérieure des laïcs pour changer de modèle de société ! Ce changement, tel qu'il est défini par 'Caritas in Veritate', est radical. Un changement radical est une révolution. N'ayons pas peur des mots : ils ne mordent pas. ]

réponse au commentaire

Écrit par : jean-christian / | 21/03/2013

INDEPASSABLE

> Comme on nous dit et nous martèle sans relâche depuis 35 ans, consentir avec réalisme et pragmatisme à l'horizon indépassable du capitalisme (malgré tous ses défauts, hein !) est le plus sûr moyen de se prémunir définitivement contre celui du goulag. Pas folle la guêpe.
L'esprit de tempérance et de modération, tout orienté vers ce juste milieu bien équilibré, harmonieux et consensuel, tant revendiqué contre le "péril révolutionnaire" et les «idéologies radicales», n'a que trop servi les conformismes politiques les plus lamentablement rangés au service de l'idéologie et de la révolution libérale, et de son cortège de crimes.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 21/03/2013

à Jean-Christian et à PP

> Il y a dans le mot "révolution" une étymologie et un sens voisin de ceux du mot "conversion".
Dans les deux cas, il s'agit de l'idée de retournement.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 21/03/2013

Prière du cardinal Etchegaray au pape François le soir de son élection

" J’entends que tu te fais appeler « François ».
François d’Assise et de Buenos Aires…
comme évêque de Rome.
Mais pourquoi prendre ce nom
toi le premier pape à porter un nom
si universel et si fascinant ?
Pourquoi le peuple immense qui te découvre
sur la loggia des bénédictions
reconnaît en toi le successeur de Pierre
et t’aime déjà comme un père ?
À côté de moi, je surprends un cri :
« il est si simple que j’ai envie de l’embrasser »
Je te vois silencieux, les bras ballants
Je pense à l’« Ecce Homo », l’homme de la Passion,
et j’aurais envie d’essuyer tes larmes
car certains jours tu ne pourras nous les cacher.
Mais j’ai moi-même ce soir pleuré de joie
quand tu nous as invité tous à prier
dans la diversité de nos conditions et de nos croyances.
Conduis-nous souvent sur tes traces,
Jusqu’à saint François et sainte Claire,
pour accueillir à coups de conversions
la première des Béatitudes « Heureux les Pauvres ».
Il ne faut pas trop se préoccuper de nuances
avant d’avoir saisi la pensée du Christ
dans sa tranquille plénitude et sa terrible nudité.
Toi, notre guide,
et encore plus notre compagnon de route,
conduis-nous toujours plus fidèles à l’Église du Christ.
Face aux défis gigantesques de ce monde,
l’Église, de l’Orient à l’Occident, peut paraître dérisoire,
comme le petit David, avec une besace
contenant, en plein âge nucléaire,
des cailloux polis par le torrent de l’Esprit.
L’Église seule, pourtant, comme l’Apôtre Pierre
à l’infirme de la Belle Porte, ose nous dire :
« De l’or ou de l’argent je n’en ai pas
mais ce que j’ai je te le donne
au nom de Jésus-Christ le Nazaréen, marche ! » (Act. 3, 6)
Pape François, aide-nous à croire
que sur tous les chemins de la résurrection
le Christ nous précède toujours.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 03/04/2013

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