27/01/2013
En marge de l'affaire Cassez
Pour certains ultra-papistes,
"militer" signifie souvent
bouder le pape (et tacler les évêques) :
Catholiques ou non, les Français ne lisent pas les journaux. Et sur le peu de médias catholiques français, plusieurs avaient milité – avec un zèle bizarre [1] – contre la libération de Florence Cassez !
Informés de la sorte, des catholiques français ont eu normalement un haut-le-corps en apprenant, par La Croix (un article), ou par Le Monde (une allusion), ou par notre blog (24/01) ou par RND (podcast 25/01), le rôle de l'Eglise dans l'annulation de la condamnation de Florence Cassez.
Ce haut-le-corps était compréhensible de la part de gens désinformés.
Ce qui est moins acceptable, c'est la réaction de quelques-uns. Faisant comme si l'Eglise n'avait pas réellement agi en faveur de Florence Cassez, ils ont bombardé les médias de messages irrités. Ce qui les irritait, c'était que La Croix, Le Monde, notre blog ou RND aient eu « l'imprudence (sic) d'impliquer l'Eglise dans cette affaire ». On leur a répondu que l'Eglise s'y était impliquée d'elle-même, et que la moindre des choses – de la part de catholiques – serait de prêter attention à ce fait, pour essayer modestement de le comprendre... Ils ont répliqué en nous invitant à consulter plutôt le blog de Z et le site Y, entités françaises surclassant, à leurs yeux, l'autorité morale du pape et la compétence nationale des évêques mexicains. Ils nous ont même assuré que les évêques mexicains étaient disqualifiés parce qu'ils étaient « de gauche ».
Ces messages ont eu le sort des messages de ce type : direct à la corbeille.
Occasion de redire une fois de plus ce que j'ai déjà dit (et qui est l'une des raisons d'être de ce blog) : il faut abolir cette habitude, répandue chez des catholiques français, de traiter l'Eglise par le mépris – voire le soupçon – quand elle contredit des réflexes de milieu ou de parti.
Un clan de catholiques français avait fait de Florence Cassez l'allégorie de « tout ce qu'on n'aime pas » : ils voulaient donc qu'elle reste en prison, même si sa condamnation reposait sur un faux-semblant. Quiconque parlait de ce faux-semblant se voyait taxé de complicité avec feu le « christo-marxisme » – voire avec la « culture de mort », puisqu'on faisait au président mexicain (ennemi de Florence Cassez [2]) la réputation d'être pro-life...
Dans une parfaite confusion mentale, on jetait ainsi le discrédit sur des évêques et sur le responsable de la pastorale des prisons au Mexique.
Découvrir l'intervention de Benoît XVI devrait dissiper la confusion, dans l'esprit des catholiques en question. Mais pas du tout ! Ils font comme lorsque ce pape parle d'économie ou d'écologie : ils disent qu'ils n'entendent rien – et accusent d'« imprudence » ceux qui ne se bouchent pas les oreilles.
Que des papistes se bouchent les oreilles à l'égard du pape, a de quoi déconcerter les incroyants.
Ce n'est pas avec ce genre d'attitudes qu'on évangélisera la France d'aujourd'hui ; attitudes heureusement minoritaires, et vouées à l'être de plus en plus.
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[1] Ils déployaient à cet effet une théorie du complot. C'était maladroit de leur part : car s'il y a eu complot dans cette affaire, ce fut contre Florence Cassez et non pour elle. (Voir note d'avant-hier).
[2] pour couvrir son ministre Garcia Luna : voir note d'hier.
12:39 Publié dans Eglises, Médias, Planète chrétienne | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : florence cassez, mexique
Commentaires
MEDIAS
> L'Eglise catholique au Mexique et ailleurs a eu tout à fait raison d'agir pour la libération de Mme Cassez puisque celle-ci n'a pas bénéficié d'un procès équitable et devait donc être libérée pour des raisons de procédure.
Sur le fond, je me permets d'avoir des doutes sérieux sur son innocence. Mais je peux "rassurer" tout ceux qui partagent mes doutes : tout comme Ingrid Bétancourt était une sainte immaculée pendant ses années des captivité (parce que c'était cet angle qui rapporterait le plus de pognon aux médias ("Libérez sainte Ingrid !")) puis est devenue l'un des plus grands criminels de l'histoire après sa libération (parce que l'angle "la chute d'une sainte ! on nous a menti !" était désormais ce qui rapporterait le plus de pognon), je suis absolument certain que dans les semaines qui viennent vont paraître dans les grands médias les premiers articles, les premiers reportages et les premiers "livres-vérités" accusant Florence Cassez d'être coupable de ce qu'on lui a reproché (ce qui est possible, sinon probable) mais aussi d'à peu près tous les péchés du monde.
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Écrit par : Thibaud / | 27/01/2013
MEXIQUE
> On trouvera toujours des gens se prétendant plus catholiques que le pape.
Concernant l'affaire Cassez, je n'avais malheureusement pas d'opinions véritables sur le sujet, même si je savais que la corruption au Mexique était avérée.
Je suis heureuse, dans tous les cas, que la vérité soit faite sur cette affaire, que ce soit sur son innocence ou sur le rôle de l'Église pour le prouver.
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Écrit par : A-L P / | 27/01/2013
@ Thibaud
> L'Eglise du Mexique avait surement des arguments solides en faveur de son innocence, et il est vraisemblable qu'elle n'aurait pas tenu le coup aussi bien si elle n'avait pas eu la volonté de montrer cette innocence. Mais au départ de tout ceci, quelle petite sotte elle fut!
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Écrit par : Pierre Huet / | 27/01/2013
@ Pierre Huet
> Je ne suis pas certain que l’Église du Mexique ait eu de tels éléments. J'ose même espérer que si l’Église du Mexique avait des arguments solide en faveur de la culpabilité de Mme Cassez, elle aurait agi de même.
En effet qu'elle soit innocente ou coupable, elle n'a pas été jugée équitablement. Donc même si elle était coupable, l'action de l’Église serait parfaitement justifiée.
Il est aussi intéressant de comparer l’action de l’Église, discrète et efficace à celle de l'ancien président français qui n'est sans doute pas pour rien dans le fait que le gouvernement mexicain ait fait du maintien en détention de Mme Cassez une question de principe.
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Écrit par : Barathéon / | 27/01/2013
L'EGLISE DU MEXIQUE
> "Je ne suis pas certain que l’Église du Mexique ait eu de tels éléments" ? Alors les évêques ont parlé à la légère en se déclarant (je cite) "certains de la totale innocence" de Florence Cassez dans le crime d'enlèvement-séquestration ?
Penser ça, ce serait tomber dans l'attitude dont parle PP, et ce serait dommage.
Mais ce n'a pas été le cas. Faut-il encore rappeler qu'il y a eu une enquête indépendante, diligentée par vingt criminologues sous la coordination de l'avocat mandaté par la conférence épiscopale, et que cette enquête a établi l'absence d'éléments de preuve contre F. Cassez ?
En termes judiciaires, l'absence de preuve de culpabilité s'appelle s'appelle "innocence", et la justice procédurale ne connaît que cette forme d'innocence-là.
Ici la justice procédurale a fini par trancher : Florence Cassez n'a pas été amnistiée ni libérée conditionnelle, son procès a été annulé parce qu'il était vicié à la base.
Rappelons aussi qu'Israel Vallarta n'est toujours pas jugé : non par complot mafieux mais juste parce qu'il n'y a pas dans le dossier de quoi l'inculper !
Donc : un criminel qu'on n'arrive pas à inculper ; des témoins si peu fiables qu'on ne peut pas fonder le dossier sur eux ; des manipulations policières si énormes qu'on devine le montage de A à Z, comme si les flics avaient préféré fabriquer une affaire à leur mesure plutôt que de s'en prendre aux vrais grands mafieux...
Ca juge le sérieux de toute cette affaire.
Sans doute l'agitation absurde de Sarkozy a fourni à Calderon un excellent prétexte, mais ce n'était pas le fond du problème.
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Écrit par : VCR / | 27/01/2013
@VCR
Que faites-vous de l’intime conviction des évêques mexicains ? Même sans éléments supplémentaires.
Et encore une fois quand bien-même ils auraient été certains qu'elle était coupable, dans la mesure où elle n'avait pas été jugée équitablement, elle devait tout faire pour la faire libérer.
Je ne pense pas que Calderon ait eu besoin d'un prétexte. Mais l'arrogance de Sarko a empêché tout espoir de résolution discrète du problème.
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Écrit par : Barathéon / | 27/01/2013
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