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07/11/2012

Mariage : "lettre à ma députée socialiste"

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envoyée avant-hier par Anne Josnin :

 


Madame la Députée,

Je vous prie de bien vouloir recevoir, s'il vous plaît la lettre en pièce-jointe, écrite au grill d'une actualité qui me touche d'une manière toute particulière au regard de mon expérience de maman divorcée, qui comprend la souffrance d'être considérée comme un "mauvais parent", regard que doivent ressentir aussi des personnes homosexuelles, qui me sont chères. 

Respectueusement,

Anne Josnin

 

 

le 5 novembre 2012

 Madame la Députée,

Cela fait un moment que je réfléchis, en dialoguant avec d’autres concitoyens, au projet de mariage pour tous dans le but d’ouvrir le droit à l’adoption aux couples de même sexe, projet que veut faire passer notre gouvernement.

Je comprends le souci de lutter contre l’homophobie, peur-rejet qui habite encore le fond de notre culture, même si on s’en défend. J’adhère pleinement à ce combat.

Mais je crains que ce projet de ce point de vue n’ait déjà été contreproductif : je constate qu’ il a ravivé des peurs, éveillé des jalousies, et j’entends de plus en plus de personnes modérées dire « ça suffit ! ».

Nous sommes dans un contexte de crise, où beaucoup de familles souffrent, et l’on s’attend tous à ce que les aides sociales et la politique familiale soient aussi touchées. Et je vois, dans un premier temps la CAF s’ouvrir, forcée (il y aussi débat dans les services sociaux), à des couples homosexuels adoptants, dans un deuxième temps les allocations familiales baisser. Vous aurez beau expliquer alors à la population ce qu’il en est, ces couples seront des bouc-émissaires faciles pour tous ceux, très nombreux, qui seront davantage encore en détresse.

De plus je ne suis pas sûre que les personnes homosexuelles adhèrent majoritairement à ce projet, mais il leur est difficile de se faire entendre, tant le tapage médiatique, les guerres de lobby (des deux côtés) empêchent une réflexion sereine, et la recherche commune de solutions pour que chacun trouve sa place dans la construction de notre société, que je sens de plus en plus divisée.

C’est pourquoi je pense qu’il serait plus opportun de lancer un « Vatican II civil » de la famille : que notre gouvernement lance un vaste chantier de réflexion, d’échanges, sur les fondamentaux de notre société, afin de voir ce qu’il faut garder et valoriser de notre héritage occidental, de nos traditions civilisationnelles, ce qui peut être amélioré, ce qui doit être changé. Non pas le temps d’une campagne, mais sur le long terme : il s’agit bien de notre avenir en tant que peuple, en tant qu’Européens, en tant qu’Occidentaux, de notre identité et de notre rôle dans un monde multiculturel.

Nous sommes tous attachés à la famille : que voulons nous mettre derrière ce fondamental de notre société ? Qu’en disent ceux qui sont Français depuis peu ? Ceux qui ont été adoptés ? Nos jeunes ? Qu’en pensent nos anciens, si tant est qu’on leur laisse aussi la possibilité de partager leur expérience ?...

Je me méfie de l’utilisation qui est faite actuellement des spécialistes, psychologues, sociologues, des philosophes et des religieux, tant ils se trouvent pris dans le piège de devoir prendre position.

Pour autant, la force avec laquelle chacun cherche à se faire entendre montre bien la hauteur de l’enjeu. Je crois qu’il faut prendre le temps, tout le temps nécessaire, pour écouter posément chacun et mettre en place les conditions du dialogue fraternel. Libérés de tout enjeu politicien, de tout lobby, ils ont tous beaucoup à nous apprendre. En sachant que nul n’a « la Vérité pleine et définitive » en la matière, que les chercheurs, les hommes de foi et les sages sont avant tout des gens qui ont cette capacité à se remettre en cause, à écouter, à accepter l’erreur aussi dans sa vertu pédagogique.

Tous ensemble nous pouvons avancer dans la mise en lumière de ce qui nous tient vraiment à cœur, une fois dégagés des impératifs d’une société de compétition, de rivalité, de surenchère dans la consommation (« un mariage comme à la télé, et un enfant parfait tout de suite ! »), où bonheur rime trop souvent avec individualisme qui ferme à l’autre, matérialisme captateur, succès médiatique artificiel , pouvoir qui écrase les autres, sans considération pour les plus vulnérables.

Il nous faut aussi faire effort pour entendre la voix de tous les silencieux de notre société : les enfants, les parents en souffrance, et tous ceux qui sont de fait mis de côté.

Fondamentalement, sans humilité de la part de chacun, je crois que l’on continuera à se faire du mal, à tous les niveaux, et au final, ce seront, comme pour un divorce, ce que personnellement je connais trop bien, les enfants qui seront les plus meurtris.

Plutôt que de s’entredéchirer pour savoir qui a le droit de porter l’exclusivité du label « papa » , « maman », ne serait-il pas urgent que nous nous vivions tous co-responsables, qui que nous soyons, parents, parrains, éducateurs, voisins, élus, hommes de foi et de loi, en tant que simples citoyens , de nos enfants ? Il y a tant à faire pour eux, pour notre avenir.

Je suis profondément persuadée que chacun a sa place dans cette mission éducative, naturellement d’abord, mais jamais seulement, celle des parents géniteurs. Nous avons besoin les uns des autres. Chacun selon ce qu’il est, non en jalousant-imitant les autres. Et c’est peut-être cela, le plus beau message que nous puissions transmettre à nos enfants : qu’en pensez-vous ?

Voilà où j’en suis de ma réflexion citoyenne, c’est pourquoi je vous demande de bien vouloir entendre, s’il vous plaît, mon opposition à l’actuel projet de « mariage pour tous », et mon désir d’une réflexion nationale de fond sur la famille et sur les fondamentaux de notre société, à la mesure de la crise civilisationnelle que nous connaissons, pour le monde à venir.

Veuillez recevoir, Madame la Députée, mes sentiments respectueux.

                                    Anne Josnin

                                                                               

 

 

Commentaires

VOILÀ

> Voilà les vrais problèmes et le ton juste.
______

Écrit par : emmeline / | 07/11/2012

Chère Anne,

> merci à toi de demander autour de la famille ce qui est devenu aujourd'hui impossible : un débat politique.
Le débat sur le bien commun qu'est la famille, est enfermé, piégé, dans le grand marché des opinions, où chaque camp met en avant ses lobbyistes chargés de faire efficacement fructifier comme à la bourse ses valeurs refuge, à grand renfort de techniques communicationnelles. Les médias s'en délectent et ne donnent la parole qu'aux bons clients, ceux qui jouent le jeu de leur mise en scène favorite : la bonne vieille confrontation des réacs et des progressistes, des valeurs judéo-chrétiennes contre l'évolution des mœurs, de la défense de la tradition contre la promotion des droits. Le langage de la société du spectacle est un terrorisme doux, figé dans ces dichotomies vendeuses, dans lesquelles on est sommé de se ranger si l'on veut exister politiquement et médiatiquement. Il est vrai, c'est tentant.
Le débat est balisé selon les normes du marketing politique, dans lequel toute nuance, toute ambivalence, tout doute, toute incertitude, et dans le fond tout dialogue sont mis à l'écart : comme à la bourse, il faut que ça tourne et vite ; la société du spectacle n'a pas de temps à perdre.
A cet égard, la mise en place d'un « Vatican II de la famille » que tu suggères à juste titre, supposerait de retrouver en politique le sens de la lenteur.
La vérité du bien commun réenraciné dans sa source spirituelle (au sens le plus large), n'émerge que par la lente maturation des débats, la lente émergence des vrais questions et effacement des fausses, le lent assouplissement de positions que l'on a voulu figer de part et d'autre, la lente mise en place d'un dialogue et d'une écoute entre ceux que l'on a voulu opposer et dont le dialogue révélerait tout ce qui les réunit au delà des apparences affichées ; la lente mise en lumière de toutes ces voix étouffées au cœur des familles "de l'ombre", souvent les plus fragilisées...
Bref, ce serait basculer dans un imaginaire et une sensibilité politique radicalement autre. Merci Anne d'y contribuer par cette belle lettre.
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 08/11/2012

LA RECUP' EST EN MARCHE

> La récup' est en marche : l'UMP annonce à petit bruit qu'elle participera à telle ou telle manif anti-réforme du mariage. Ca va se terminer comme en Espagne, où le PP de Rajoy s'est affalé sur les manifestations de parents et a tout pollué. Résultat : on le voit maintenant, le PP est au pouvoir et ne touche à rien sinon en paroles.
Servir la soupe à un Copé sans foi ni loi ? Décidément les cathos ont vocation de cocus, et pas qu'en France.
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Écrit par : buena paliza / | 08/11/2012

EGALEMENT

> Une lettre à envoyer également à Anne Soupa et à Arnaud Favart, vicaire général de la Mission de France, deux "cathos" qui descendent en toute conscience l'anthropologie chrétienne !
______

Écrit par : Vincent / | 12/11/2012

Les commentaires sont fermés.