06/11/2012
Pourquoi le libéralisme est totalitaire
" La 'science' économique prône une certaine manière de se comporter " (Paul Jorion, dans La Nef de novembre) :
Notre société prétend imposer à tous des aberrations inédites. Ces aberrations viennent en grande partie de – ou sont activées par – le système économique : c'est son aspect "totalitaire". Quand on a commencé à pressentir ce phénomène, vers 1995, les doctrinaires libéraux occupaient la scène. En 2012 ils rasent les murs. Mais le totalitarisme qu'ils servent persiste, en dépit de son terrible bilan, parce qu'il fonctionne au nom d'une pseudo-science.
Sur ce thème, le mensuel La Nef publie quatre pages d'entretien avec Paul Jorion autour de son dernier livre : Misère de la pensée économique (Fayard).
Extraits de l'interview :
<< La Nef – Vous écrivez que la 'science' économique "a constitué en réalité un système de croyance fermé"...
PJ - ...La 'science' économique est normative au sens où elle prône une certaine manière de se comporter plutôt qu'elle ne décrit des comportements effectifs. Mais plusieurs économistes influents, comme Friedrich von Hayek (1974) ou Milton Friedman (1976) sont allés encore plus loin : ils ont assigné à la 'science' économique un rôle hégémonique. Avec eux, la 'science' économique a cessé d'aspirer même à être descriptive : elle est désormais une utopie 'libertarienne' ou 'anarcho-capitaliste', visant à faire advenir un type de société identique aux modèles que ces 'économistes' proposent […] >>
<< La Nef – Vous démontrez comment s'est forgé l'homo oeconomicus du capitalisme ("un authentique ennemi de ses contemporains et de la race humaine en général", écrivez-vous), celui-ci ayant été décrété un système économique parfait, et la représentation de l'homme compatible avec ce système en ayant été déduite […]
PJ - […] L'individu, brique élémentaire de ce système, est qualifié d'homo oeconomicus, dont la rationalité est définie a posteriori comme l'ensemble des qualités qui le rendent compatible avec le fonctionnement sans heurt du capitalisme : égoïsme, nature calculatrice, cupidité, dédain pour le bien commun, etc […] >>
<< Les économistes libéraux assurent qu'il existe une auto-régulation des marchés (cf la fameuse "main invisible" d'Adam Smith, et que, si cela ne fonctionne pas toujours, c'est en raison précisément de l'intervention de l'homme, de l'Etat principalement ; vous montrez que la crise de 2008 prouve l'erreur profonde de cette analyse...
PJ – [Smith] n'a-t-il naïvement pris en considération que les situations économiques les plus favorables à sa thèse : celles qui prévalent en dehors des périodes de crise ? […] Dans un contexte de crise, la "main invisible" s'évanouit pour laisser place aux comportements destructeurs... >>
<< [Les multinationales échappent au pouvoir des nations.] Pour y remédier, vous suggérez la promulgation d'une "Constitution pour l'économie" : de quoi s'agit-il ?
PJ – ...Les entreprises transnationales, dont la puissance dépasse souvent celle des Etats, vivent pour leur plus grande part en dehors des droits nationaux : aussi, si l'on veut les réglementer, il faut se situer dans le même espace par une « constitution » elle aussi transnationale... >>
La "constitution pour l'économie" selon Jorion, c'est le "gouvernement mondial de l'économie" selon Benoît XVI (dans l'encyclique sociale Caritas in veritate) ! Il faudrait être aveugle pour le nier : chaque jour qui passe éclaire un peu plus la convergence du réalisme économique et de la pensée catholique.
15:43 Publié dans Cathophilie, Idées, La crise, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : paul jorion, libéralisme
Commentaires
UNE REPONSE
> Je ne résiste pas à l'envie de citer - dans le courrier de ce numéro de 'La Nef' - cette lettre de lecteur (bien typique de la banlieue ouest de Paris) et la réponse du directeur de la revue.
- Lettre du lecteur :
"...Votre critique radicale de l'économie de marché me semble discutable. En effet, de nombreux pays savent intelligemment profiter du libéralisme, grâce à la mise en place d'un protectionnisme bien ciblé. Le dirigisme est pire que le libéralisme. D'ailleurs, n'oublions pas que le déclin de l'économie française trouve son origine dans le socialisme et l'étatisme. Pour info, je suis associé d'un cabinet de conseil spécialisé en restructuration industrielle, RH et réindustrialisation."
- Réponse du directeur de 'La Nef', C.Geffroy :
"Je crois que vous vous méprenez sur les mots et sur les réalités, car à vous lire, il faut choisir entre libéralisme et dirigisme ! Je ne suis nullement favorable au socialisme et je dénonce au contraire avec force l'étatisme qui est le nôtre, la bureaucratie européenne... Mais cela ne signifie pas défendre le libéralisme pour autant. La doctrine sociale de l'Eglise trace une voie d'équilibre qui me semble parfaitement réaliste et en dehors des pièges à la fois du libéralisme et du socialisme. Le problème est qu'aujourd'hui, c'est bel et bien le néolibéralisme qui menace la planète, pas le socialisme, même s'il demeure trop lourd en France, j'en conviens et je l'ai suffisamment dénoncé dans nos colonnes."
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Écrit par : jeanmi / | 06/11/2012
ROMNEY BON VENDEUR
> A l’attention du lecteur de « La Nef », cité par jeanmi, et de la bourgeoisie bien pensante qui ne jure que par les écoles de commerce : « Si vous êtes capables de vendre “l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours” [la religion des mormons], vous pouvez vendre n’importe quoi ! » (entendu dans un reportage télévisé donnant la parole à un jeune missionnaire mormon en France – le désormais célèbre « type Mitt Romney »). De fait, les mormons persistent et signent en France avec la construction, annoncée pour 2015, de leur temple du Chesnay (Yvelines), ville ô combien bourgeoise (et accessoirement catholique). Vendre n’importe quoi :
et d’abord son âme au dieu Marché. Nous saurons demain si les Américains ont fait ce choix.
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Écrit par : Denis / | 06/11/2012
à Denis :
> Obama aussi est un servant du marché. Il est juste un peu plus moderne et plus fourbe que Romney. Les témoignages de ses ex-collaborateurs font de lui un portrait peu attirant.
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Écrit par : zimmerwald / | 06/11/2012
> Décidément, La Nef sera bientôt plus "à gauche" que (feu?) Témoignage chrétien !
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Écrit par : Feld / | 06/11/2012
AU FINAL
> Ce qui est rassurant c'est que dans la vraie réalité, il n'existe pas de main invisible, puisque toutes ces histoires (du genre soyez égoïstes et tout ira pour le mieux, etc...) sont des enfantillages de gens gâtés. Donc au final tout finira par s'écrouler lamentablement et mourir de sa belle mort.
Par contre dire:"En 2012 ils rasent les murs". Je n'en suis pas convaincu: ce soir même Mme Parisot vient de s'exprimer sur France 2 :" nous avons été entendus". Ce qui révolte c'est les dégâts que ces gens là vont engendrer, et la misère que cela va générer en attendant...que tout s'écroule (c'est comme le communisme et l'URSS, à la fin ça finit bien).
Donc attendons et aidons les victimes. Nous sommes promis à un avenir radieux une fois que le caprice de ces gens aveuglés aura fini de s'écrouler.
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 06/11/2012
à Feld :
> Alleluia !
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Écrit par : girolamo / | 06/11/2012
LES UNS ET LES AUTRES
> Les libéraux ne rasent pas les murs en 2012. Ont-ils jamais été aussi arrogants, déterminés et prêts à tout pour parvenir à leurs fins? Cette bête immonde qu'est le libéralisme est d'autant plus redoutable, rendue d'autant plus folle et dangereuse, que de partout pleinement mise en lumière dans sa nature sauvage et totalitaire.
Il y a une totale discordance entre les faits révélés sur le libéralisme, qui devraient logiquement se traduire par son affaiblissement définitif, et qui au contraire, ne font que décupler sa mainmise sur le destin de l'humanité. Quel saisissant paradoxe !
Je ne crois guère à un écroulement du libéralisme sous le mode soudain de l'écroulement du communisme. C'est le système totalitaire le plus pernicieux et à proprement parler le plus démoniaque qui ait jamais existé, car le plus subtilement séducteur.
SL
[ De PP à SL :
- Les idéologues libéraux rasent les murs.
- Ceux qui sont plus dominants que jamais, ce sont les opérateurs libéraux.
Ils n'ont plus besoin de leurs idéologues appointés...
(Seuls les zozos bénévoles d'ultradroite n'ont pas compris ça et continuent de polygrapher, ignorés par les dominants). ]
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/11/2012
LE DERNIER DES TOTALITARISMES
> Le communisme, comme le nazisme, était un totalitarisme hautement criminel, mais par des rouages brutaux et épais. En cela il ne pouvait que s'écrouler lourdement.
Le libéralisme est le dernier des totalitarismes : sa forme achevée, ultime, la plus redoutable car la plus subtile et la plus fluide. Il est celui dont le venin, mensonge luciférien de la fausse liberté individuelle, vient pénétrer au plus profond de l'esprit et de l'âme humaine. Sa finalité est spirituelle. Son matérialisme apparent n'est qu'un prétexte à sa colonisation accélérée de l'esprit humain. En cela, il a un avenir jusqu'à la fin des temps.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/11/2012
FAUSSE SCIENCE
> Les marxistes aussi se croyaient "scientifiques", on a vu l'application! Peut-être n'y a-t-il pas de science économique puisqu'on voit que dans nos pays, il y a de plus en plus d'économistes et de plus en plus de difficultés. La conduite de la vie économique d'un pays est d'abord une affaire de modestie réaliste et de bienveillance dans les orientations et de volonté dans la conduite. Mais tant que nous gouvernants prétendrons changer le monde, ça ira mal. Ce qui change le monde, c'est la conversion.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/11/2012
PROGRESSISTES ET INTEGRISTES, MÊME COMBAT
> Comme quoi l'attachement à la vraie et belle tradition de l'Eglise mène obligatoirement à remettre en cause le système économique libéral "laïque et obligatoire", doxologie reprise idiotement par toute une génération y compris de brave cathos.
Progressistes et intégristes même combat : des idées bien arrêtées (!!) en faisant dire à l'Eglise ce qu'elle n'a jamais dit ni voulu dire.
Mais qu'ils relisent Léon XIII, crénom de nom !
Quand à savoir si 'La Nef' devient de gauche ou se classe à droite, pardonnez moi mais on s'en fout !
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Écrit par : gdecock / | 07/11/2012
LES REFLEXES OU L'EGLISE !
> Jorion dans 'La Nef' : les lignes bougent, et c'est tant mieux! Il va devenir de plus en plus difficile aux catholiques d'ignorer les réflexions de l'Église sur la crise, à moins de vouloir conserver des réflexes qui doivent tout à la classe socio-économico-culturelle dans laquelle ils évoluent.
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Écrit par : Mahaut / | 07/11/2012
ALAIN CHAUVET
> J’ai écouté (en discontinu) ce matin sur RND, Alain Chauvet, invité de Louis Daufresne pour son essai : « Après l'Occident. Eloge d'un protectionnisme intelligent » (DDB-Lethielleux), qui met en cause les prédateurs financiers (bonne nouvelle, Alain Chauvet enseigne en école de commerce). Cette pente est certainement la bienvenue. (Cela m’amenait d’ailleurs à penser qu’il faudrait parler aussi de « protectionnisme intelligent » pour tout ce qui touche au droit de la famille).
En même temps, un doute : cette question du protectionnisme n’est-elle pas battue en brèche par les déclarations du Saint-Siège quand il évoque un « gouvernement mondial de l’économie ». Le discours de l’Eglise ne gagnerait-il pas à être plus nuancé, détaillé, mesuré, pour ne pas être surinterprété, et conforter les ultralibéraux dans leur vision de l’économie mondialisée, laquelle méprise ouvertement, dans le but de les asservir, les grandes zones de développement protectrices des hommes, de leurs sociétés et de leurs cultures ?
Denis
[ De PP à Denis - Un protectionnisme intelligent ne serait que l'expression du bien commun de chaque pays. Donc compatible avec un concert international selon le principe de subsidiarité : le "gouvernement de l'économie" (Benoit XVI) ou la "Constitution pour l'économie" (Jorion). Sous cet angle il n'y a rien à redire à la démarche de l'Eglise... ]
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Écrit par : Denis / | 07/11/2012
DEUX POINTS À PP:
- Il faudra, un jour, que vous détaillez la définition du libéralisme (les expropriations sont compatibles avec la vôtre, pas avec la mienne). Ça éviterait peut être des incompréhensions avec les catholiques "de droite" dont vous aimez vous moquer (avec un tel manque de charité qu'on se demande comment vous osez donner des leçons de catholicisme aux autres).
- Concernant un gouvernement mondial de l'économie, sur le papier, c'est séduisant mais qu'est-ce qui empêcherait une collusion entre un tel gouvernement et des intérêts financiers ? Si c'est possible entre l'Etat et un groupe de BTP (au passage, ce genre de collusions avaient été dénoncées en son temps par Bastiat, pas tout à fait un auteur anti libéral) pourquoi des multinationales puissantes ne pourraient-ils pas circonvenir un tel gouvernement ?
Baratheon
[ De PP à B. :
1 - Ce n'est pas moi qui définis le libéralisme : il est défini par l'histoire des événements depuis deux siècles. Si votre propre définition passe sous silence le rôle essentiel des expropriations dans la mise en place de l'économie libérale en Angleterre, pays-phare du libéralisme, c'est que votre libéralisme est imaginaire, pardonnez-moi de vous le dire.
2 - Vous êtes libre de voir comme des "moqueries" ou des "leçons de catholicisme" les arguments de ce blog (depuis sept ans) pour aider les catholiques français à se libérer de trompeurs, qui les enfermaient dans une sorte d'hérésie par omission.
Quant à la charité, celle que l'on doit au prochain est de lui dire la vérité : rudement s'il le faut,
et avec indignation (ce que vous appelez "manque de charité") quand il s'agit de qualifier des procédés indignes. Je souligne aussi que j'écris sous mon nom, contrairement aux blogueurs masqués que je critique (ils se dissimulent sous des pseudonymes, tout en se posant en "sites de référence du catholicisme"). Je m'en prends à des idées et à des méthodes : pas à des personnes, puisqu'elles restent cachées et que j'ignore souvent leur identité. Qu'elles ôtent leur masque et mon ton changera.
3 - Il ne s'agit pas d'être "séduit" mais de prendre au sérieux ce qu'écrit le pape dans 'Caritas in veritate'. Il répond - sur un plan général - à votre objection. ]
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Écrit par : Baratheon / | 07/11/2012
ECHELON MONDIAL
> J'avoue partager l'interrogation de Denis portant sur un gouvernement mondial de l'économie, au moins sur le plan pratique, ne serait-ce qu'en raison du soutien au libéralisme apporté par les deux Etats dominants et quelques autres: le Chine qui nourrit ses ambitions en étant l'usine du monde, et les Etats-Unis dont l'oligarchie financière vit des flux et des spéculations immensément accrus par la mondialisation libérale. Ces pays en reviendront, mais il faudra attendre une catastrophe qui nous engloutira aussi, nous ou nos enfants et petits-enfants, ce qui est plus grave. Nous devons réagir à court terme sans attendre un grand débat international. Eteignons l'incendie, chacun dans son pays.
PH
[ De PP à PH - Et si Jorion et Benoît XVI avaient raison ? Autrement dit : et s('il y avait une dimension du problème qui ne pouvait être affrontée qu'à l'échelon mondial ? ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/11/2012
@ PP
1ere approche: oui, mais quand une pinède brûle en Provence, rien n'interdit de débroussailler autour de chez soi en pendant que les pompiers travaillent sur le foyer principal. Il vaut mieux ne pas attendre un échec éventuel, ça n'a rien d'immoral.
2ème approche, J'avais lu une réflexion intéressante mais je n'ai pas la citation sous les yeux, elle disait en substance que la mondialisation avait supprimé les cloisons pare-feu. C'était, dans Kephas, la présentation par son auteur de 'L'écologie de la Bible à nos jours." Réparons les pare-feu, vite !
PH
[ De PP à PH - D'accord sous cet angle. Mais n'opposons pas le complémentaire. ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/11/2012
@ PP
1) Le problème est qu'en ne donnant pas la définition du concept de libéralisme vous lui donnez un extension indéfinie, ce qui permet de mettre tout et surtout n'importe quoi derrière ce concept.
À titre personnel, je limite le libéralisme au respect de la loi de l'offre et de la demande. Ce an quoi s'opposent les expropriations.
2) Ce n'est pas le fait de présenter des faits ou vos convictions que je critique, mais l'ironie dont vous faites souvent preuve vis à vis de ceux qui ne pensent pas comme vous. Quand à dire que ce n'est que charité que de rappeler, même rudement la vérité, c'est un des arguments de la FSSPX.
3) Le fait que cette idée soit dans une encyclique n'implique pas que tout catholique soit tenu de considérer qu'un gouvernement mondial soit la solution la plus adéquate.
B.
[ De PP à B. - Dont acte. ]
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Écrit par : Baratheon / | 08/11/2012
LE LIBÉRALISME CONTRE L'ÉCONOMIE RÉELLE ET CONTRE LE CATHOLICISME
> Le libéralisme est avant tout une philosophie qui défend la liberté individuelle. Le libéralisme, ce n'est pas la caricature que vous mettez en avant, ce n'est pas "le marché t'aidera", c'est plutôt "tu es libre de contracter, de produire, de tirer profit de ton travail".
Etant catholique, j'estime qu'il est fort dommage que l'Eglise soit contre cette philosophie qui se complète pourtant parfaitement avec les principes moraux de la religion catholique.
En tant que français, cela me désole de voir cette philosophie que bon nombre de nos concitoyens ont influencé (de Bastiat à Tocqueville en passant par Say) être si grossièrement caricaturée.
Erwan
( PP à Erwan :
Ne soyez pas si agressif en paroles. En effet :
1- "étant catholique", votre devoir est de modifier vos opinions si le magistère de l'Eglise vous le suggère ! On est sidéré de voir des catholiques donner tort à leur Eglise au nom de ce qu'on leur a inculqué dans les écoles de commerce... D'autant que ce qu'on leur a inculqué est défectueux, et cause des catastrophes économiques et sociales.
Comme le constatait en 2005 Sumantra Ghoshal lui-même (le gourou de la London Business School !), le vice philosophique intrinsèque du libéralisme est de "libérer de tout sens de la responsabilité morale". La philosophie libérale repose (depuis l'origine) sur l'idée que les vices privés font la prospérité publique (cf; Hayek citant Mandeville) : attitude radicalement incompatible avec le catholicisme, cher ami ! Méditez là-dessus...
2- Le seul libéralisme qui compte est le libéralisme réalisé, dont on voit les effets dans le monde... spécialement depuis la catastrophe de 2008 due au comportement de la finance dérégulée ! (La dérégulation est un prérequis du libéralisme).
3. Les erreurs d'analyse des théoriciens libéraux du XIXe (Say en particulier avec son axiome
de l'offre) sont colossales et réfutées par les économistes lucides. On est sidéré de les voir professées aujourd'hui - par Hollande entre autres - comme si de rien n'était.
Aveuglement volontaire ?
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Écrit par : Erwan / | 21/02/2014
TOTALITAIRE
> En relisant ce fil (merci Erwan !), je tombe un peu plus haut sur ce commentaire de Serge Lellouche :
"Le libéralisme est le dernier des totalitarismes : sa forme achevée, ultime, la plus redoutable car la plus subtile et la plus fluide. Il est celui dont le venin, mensonge luciférien de la fausse liberté individuelle, vient pénétrer au plus profond de l'esprit et de l'âme humaine. Sa finalité est spirituelle. Son matérialisme apparent n'est qu'un prétexte à sa colonisation accélérée de l'esprit humain. En cela, il a un avenir jusqu'à la fin des temps."
Il a un avenir jusqu'à la fin des temps, car ce mensonge luciférien de la liberté individuelle absolutisée est la cause du péché originel !
Lanza del Vasto a une interprétation lumineuse du péché originel, qui est à la base et qu'il développe tout au long de son oeuvre ; voilà quelques lignes de "La Trinité Spirituelle" ; j'aurais pu prendre d'autres passages plus détaillés dans d'autres livres, mais celui-ci correspond tout à fait dans sa concision au sujet qui nous préoccupe ici :
"Du Fruit Mordu de la Connaissance.
Notre Sentiment est notre bonheur et notre malheur.
Notre Savoir est la science du bien et du mal.
Notre Vouloir est de vouloir le bien et le mal. (// On trouve ici les trois organes de l'esprit humain, objet de ce livre : Sensibilité, Intelligence, Volonté. //)
Je ne parle pas des mauvais sentiments, des erreurs et de la méchanceté : je parle de la double face du Sentiment, dela Science et de la Volonté qui sont les trois puissances de l'esprit,
l'esprit donné pour être donné, pour nous unir à Dieu et à nous-même et entre nous.
Comment Lucifer l'Archange est-il devenu Satan, et la science humaine le soleil de Satan ? D'où vient cette universelle catastrophe qui s'appelle le Péché Originel ?
De ce simple petit raisonnement que fait chacun de nous : Mon esprit n'est-il pas à moi ? N'ai-je pas le droit de m'en servir à mon profit ?
Moi, Droit, Profit : voilà la cause, la forme et la fin du Péché contre l'esprit.
Ce principe posé, il n'est plus que d'agir selon la logique et le droit, en évitant tout mauvais sentiment.
Ce que tout le monde fait à qui mieux mieux ; chacun selon le lot intellectuel qui lui est échu essaye de tirer avantage d'autrui, essaye (sans violer, s'il est assez intelligent, la règle du jeu) de gagner, d'avancer, d'arriver.
Ce qui fait marcher de mieux en mieux la machine sociale, et de plus en plus vite la pousse à l'éclatement.
Comme nous l'avons montré ailleurs, cette torsion général de l'esprit vers le "fruit" est l'essence du Péché Originel et c'est l'explication la plus plausible de ces fléaux faits de main d'homme, mains des hommes qui cherchent chacun, ou par groupes, leur bien selon la science du bien et du mal, du bien par le mal et du mal par le bien."
Lanza del Vasto, in "La trinité Spirituelle", Denoël, 1971, p. 55 § "Du Fruit Mordu de la Connaissance".
Comme disait je ne sais plus qui, "le libéralisme est la rationalisation du péché".
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Écrit par : PMalo / | 22/02/2014
@ PMalo,
> Les perspectives ouvertes ici par del Vasto sont vertigineuses! Tremblez catholiques-libéraux!
Il paraît déjà derrière nous le temps où la critique du libéralisme, aussi vive fut-elle, se contentait, finalement assez prudemment, de cibler ses dimensions économiques et morales (synthétisées en un même "projet philosophique"), mais en éludant sa racine spirituelle : le projet de Lucifer d'entraîner l'homme dans sa révolte et dans sa chute, dans lequel projet l'homme est invité à se contempler dans sa grandeur, sa dignité, sa puissance d'"homme libre", enfin affranchi de cette insupportable limite originelle que Dieu lui a assignée. En cela, quoi de plus libéral que le souverain mépris à l'égard du crucifié.
C'est sur cette racine spirituelle du libéralisme que la lumière doit être faite, et qui éclaire la vraie nature de tout le reste, ses formes économiques, morales, politiques totalitaires en cours.
Cette réarticulation de la critique du libéralisme à sa source spirituelle, c'est évidemment ce que redoutent par dessus tout et ce que tentent de voiler, tous les tenants de l'hérésie catholique-libérale.
Merci à toi pour cet extrait lumineux!
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Écrit par : Serge Lellouche / | 22/02/2014
LANZA
> Cet "extrait lumineux", oh oui !
Et tout Lanza est de cette trempe. Chaque paragraphe peut être cité in extenso.
Comment synthétiser ??? ;)
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Écrit par : PMalo / | 23/02/2014
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