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11/09/2012

Quand des conservateurs US "exorcisaient" Ayn Rand, future ghost-inspiratrice de Paul Ryan

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De notre correspondant de Washington : "Un ami, senior fellow au Family Research Council (fer de lance du réseau évangélique pro-vie, pro-mariage etc) m'envoie sa contribution au débat autour d'Ayn Rand" :

 


 

Exorcisons Ayn Rand

par Robert Morrison (extraits)


<< Comme William F. Buckley jr* me manque ! C'était le gardien des portes. Il tenait les barbares à l'oeil. Il avait publié la fameuse réfutation par Whittaker Chambers de la soi-disant philosophie « objectiviste » d'Ayn Rand. « Big sister is watching you », écrivait Chambers en 1957. C'était un jeu de mots sur la formule « Big brother is watching you » dans 1984 – le célèbre roman anti-utopistes de George Orwell […] Même le Times de Londres avait reconnu l'importance du rôle de Buckley pour immuniser le mouvement conservateur du fanatisme de Rand et des randiens : « Ses assauts féroces ont séparé le conservatisme de la National Review et deux factions influentes alors : la clique extrémiste anticommuniste de la John Birch Society, et les objectivistes menés par Ayn Rand qui prêchait une doctrine d'égocentrisme athée... Après quoi Ayn Rand n'aurait pas pu rester dans la même pièce que Buckley. »

...Ayn Rand avait fui la sinistre grisaille de l'URSS pour chercher la liberté en Amérique. Elle avait bien fait. Mais ses romans ont jeté le mépris sur la religion, sur l'altruisme, sur la notion chrétienne de charité...

George Washington pensait qu'un gouvernement de liberté ne pouvait pas survivre sans « les soutiens indispensables » de la morale et de la religion. Ayn Rand niait cela. Abraham Lincoln pensait que la Bible était « le don le plus grand que Dieu ait fait à l'homme ». Ayn Rand contestait cela. Certains de nos leaders politiques préfèrent-ils Ayn Rand à Lincoln et Washington ? Theodore Roosevelt fut le premier à identifier et nommer « la marge des cinglés » ; il ne se serait pas laissé gouverner par elle.

Des chefs de file et des penseurs comme William F. Buckley jr et Whittaker Chambers ont protégé le mouvement politique conservateur naissant de la fatale attraction des vues captieuses d'Ayn Rand. Ils avaient senti à quel point les doctrines de cette émigrée russe fanatique étaient étrangères et dangereuses. Ils savaient l'importance de subordonner la politique temporelle à la miséricorde et à la justice de Dieu... Nous devrions appeler tous nos leaders politiques à lire la Bible. Même s'ils n'acceptent pas le Sauveur dont on trouve les paroles et les actes dans ce livre, il améliorerait merveilleusement leur contact avec le public. Pour autant, ils peuvent lire la Déclaration d'Indépendance, la Constitution, le Bill of Rights, les Federalist Papers, le message d'adieu de Washington et le second discours inaugural de Lincoln : dans ces textes mémorables ils ne trouveront pas une syllabe à l'appui des divagations d'Ayn Rand. >>

 


Mon commentaire - "Buckley's* crucial role" : mais c'était dans les années 1960... Cinquante ans plus tard, Paul Ryan, candidat républicain à la vice-présidence des Etats-Unis, se réclame ouvertement d'Ayn Rand tout en se disant catholique, incompatibilité qui semble ne plus gêner personne à droite. Le niveau intellectuel et moral est tombé si bas qu'on ne sait plus faire la différence entre philosophie "conservatrice" et matérialisme mercantile. Cette confusion sévit aussi en France. Il y a trois semaines, un site libéral-traditionaliste célébrait un gros patron du Sud-Est qui venait d'annoncer sa décision de créer une entreprise au Maroc plutôt que dans sa propre région (qui aurait eu bien besoin de ces emplois) ; couvert de blâmes pour son cynisme par ses concitoyens, ce patron était présenté par le site bien-pensant comme un héros de l'antisocialisme ! Ayn Rand aussi aurait aimé ce type-là.

 

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* William Francis Buckley jr (1925-2008) : essayiste et romancier auteur de cinquante ouvrages, fondateur de la National Review, animateur de l'émission télévisée Firing Line de 1966 à 1999, ce singulier personnage de New-Yorkais – à la fois catholique et Skull & Bones, conservateur et libertarien – incarnait plusieurs des contradictions idéologiques américaines.


 

Commentaires

INTERESSANT

> intéressant de voir que des conservateurs religieux restent lucides et ne se laissent pas embarquer dans la confusion d'idées contradictoires bien qu'"antisocialistes".
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Écrit par : hurtu / | 11/09/2012

IN ARTICULO MORTIS

> Je sais qu'il faut lutter de toutes ses forces contre ce type de pensée...mais je ne peux m'empêcher d'imaginer que, à l'heure de la mort, Ayn Rand a dû choisir l'"ordre de l'intelligence et de la noblesse" (pour reprendre l'expression du théologien Arnaud Dumouch ) proposé par Satan. L'enfer éternel...
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Écrit par : Feld / | 11/09/2012

Les commentaires sont fermés.