05/08/2012
Faute du 'Monde' : le dessin de Plantu sur Teddy Riner
...contredit gravement l'esprit du champion français :
Le dessin est à la une du Monde de ce week-end. Il s'intitule : « Quinze quartiers sensibles à sécuriser ». On y voit deux flics français arrêtant Teddy Riner dans la rue. Le champion est en kimono, médaille d'or autour du cou. Un des flics pointe le doigt sur cette dernière : « dis-donc, c'est quoi cet or ? »
Ce que voit Plantu dans la victoire de Riner, c'est l'occasion de tisonner les divisions.
Or Riner incarne le contraire. C'est lui-même qui le dit à Julien Bugier (France 2) : « J'ai envie de remercier toute la nation car pendant ma préparation, j'ai senti quelque chose qui me transcendait, qui m'aidait à me dépasser à l'entraînement et qui m'a aidé encore ici aujourd'hui... » Un peu plus tard, à Londres, avec ses jeunes supporters du club de judo de Levallois : eux et lui exultent et chantent la Marseillaise*. Après quoi il reçoit le journaliste français Mustapha Kessous, envoyé spécial du Monde, et lui déclare : « Toute une nation voulait que je ramène l'or. »
L'article de Kessous est paru dans Le Monde le même jour que le dessin-dérapage de Plantu. Teddy Riner exprimait sa vision des choses dans les deux colonnes de Kessous. Apparemment Plantu ne les a pas lues. En revanche il a lu cinq lignes en page 7 qui reprenaient une dépêche reprenant elle-même une info du Parisien : « Le ministère de l'Intérieur dévoile les 15 zones de sécurité prioritaires ». Valls donne « des moyens policiers et judiciaires supplémentaires » aux quartiers nord de Marseille où l'on s'entretue au fusil d'assaut... La décision de Valls choque Plantu, pour des raisons qui n'appartiennent qu'à lui. Elle le choque à tel point qu'il s'empare de l'événement positif de la semaine (les victoires françaises aux JO, spécialement celle de Riner) pour le tordre dans le sens de l'amertume et de la division.
Le bon géant des Abymes est l'un de nos (rares) symboles vivants de fraternité nationale - sauf dans la tête de Plantu.
Plantu est célébré par la classe politico-médiatique comme l'artiste des « valeurs d'aujourd'hui ». S'il fallait démontrer que ces valeurs sont toxiques, voilà qui est fait.
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* « L'hymne français quand je suis sur le podium me donne la chair de poule », dit Teddy Riner dans son livre Se dépasser, toujours (Plon).
12:08 Publié dans Idées, Médias, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : teddy riner, jeux olympiques, médias, plantu
Commentaires
UNE INSTITUTION
> Affirmation de Wikipedia sur Plantu :
"Devenus une institution, les dessins de Plantu ont trois objectifs : créer une « excitation » graphique, donner le sourire au lecteur et provoquer la réflexion".
Non aux "institutions" (???) qui nous imposent leur façon de voir !
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Écrit par : caserio / | 05/08/2012
'LE MONDE' A UN PROBLÈME
> Teddy Riner est-il au judo ce qu'Alexandre Dumas est à la littérature ? En tous cas ils sont traités de même façon par 'Le Monde' ! Quand Dumas, géant des lettres françaises, fut panthéonisé, tout ce que que 'Le Monde' a trouvé comme titre fut : "Le métissage entre au Panthéon", réduisant ainsi un génie littéraire à sa couleur de peau ! Même chose en somme avec Riner : géant du sport, il est réduit par 'Le Monde' à sa couleur de peau (censée être haïe de la police nationale... bien que celle-ci comporte nombre de Français noirs).
Finalement c'est 'Le Monde' qui a un problème, mais à l'intérieur de la tête.
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Écrit par : Agathe / | 05/08/2012
AVANT LA FRANCHE-COMTE
> Qui donc peut être plus obsédé par la couleur de peau qu'un professionnel qui vit de l'antiracisme?
Même si les ancêtres de leurs habitants ne sont pas venus de leur plein gré, loin de là, les 4 "vieilles colonies" étaient françaises avant la Franche-Comté, qui ne le devint nullement de son plein gré, et bien avant la Savoie !
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/08/2012
@ PP,
> Je suis content de vous voir réagir ainsi.
Non que j'en doutais mais ça me fait plaisir de lire votre commentaire car il résume ce que j'ai ressenti et ressens souvent quand je constate que dès que quelque chose nous rassemble, il y a toujours quelqu'un pour rappeler ce qui divise, pour souffler sur les braises etc.
Par exemple la guerre de 14/18 : on ne parle que des fusillés de 17 ou la guerre 39/45 : on ne parle que des collabos.
Ne pourrait-on vivre en regardant vers l'avenir au lieu de passer notre temps en commémorations, devoir de mémoire, d'autant plus que tout cela est soigneusement orienté vers la vérité du moment, donc pas la Vérité, celle qui unit
Sous prétexte qu'un "peuple qui ne connait pas son passé est condamné à le revivre", nous passons notre temps dans le passé et nous nous condamnons à ne pas avoir d'avenir.
(de plus nous déformons notre passé)
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Écrit par : zorglub / | 06/08/2012
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