09/07/2012
Turquie-France : les équivoques et la cacophonie
Hollande contredit Fabius, Ankara contredit Hollande :
Cacophonie sur tout la ligne !
La semaine dernière, Laurent Fabius – quittant son homologue turc Ahmet Davutoglu – enterre la promesse électorale de François Hollande (faire voter une loi sur la mémoire du génocide arménien) : « la précédente loi a été invalidée par le Conseil constitutionnel, un nouveau texte risquerait de subir le même sort », tranche Fabius.
Dans l'heure qui suit, Franck Papazian, coprésident du conseil des organisations arméniennes de France, envoie un démenti aux médias : « le président de la République nous a téléphoné ce matin pour confirmer qu'il n'avait pas changé d'avis sur le sujet. »
Ce lundi matin, l'Elysée confirme le communiqué de Papazian : François Hollande a bel et bien promis « une loi pour réprimer la négation du génocide arménien », sa position est « très claire », l'engagement sera « tenu ».
Ce même lundi matin dans Libération, Davutoglu contredit l'Elysée : «le Conseil constitutionnel français a clos l'affaire en rejetant le texte » (le projet de loi Sarkozy sur le génocide) ! D'ailleurs « vouloir écrire l'histoire au Parlement en accusant la Turquie de génocide est inacceptable » ! Autrement dit : non seulement la promesse de Hollande est nulle, mais la Turquie (la sagace Turquie célébrée par nos journaux) s'obstine à nier avoir génocidé les Arméniens.
Et le ministre turc enfonce le clou : comment Paris persisterait-il dans son ingérence mémorielle, alors qu'il a tellement besoin de l'aide d'Ankara pour renverser le régime syrien ? Davutoglu ironise : « Ce n'est pas une coïncidence si la précédente réunion de la conférence des amis de la Syrie a eu lieu à Istanbul. »
Voilà donc l'Elysée coincé entre deux priorités : a) satisfaire un segment de l'électorat en faisant voter une loi mémorielle de plus, alors que le principe de ces lois est mis en doute par tout le monde ; b) mettre au pouvoir l'opposition syrienne.
Ainsi François Hollande s'est lié les mains deux fois ; les deux fois c'était pour imiter Sarkozy.
16:18 Publié dans Europe, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : turquie, arméniens, hollande, fabius, davutoglu
Commentaires
UNE CLASSE DIRIGEANTE À CÔTE DE LA PLAQUE
> Dès lors qu'il s'agit de l'Islam, du monde arabe et de la Turquie, la classe dirigeante française est paumée...Comme du temps de Mitterrand à la chute du communisme. Pourquoi ? Parce que pour avoir les idées claires, il faudrait que ladite classe dirigeante se pose sérieusement la question de l'origine et de la vraie signification de la laïcité... Et ce n'est pas en idolâtrant Jules Ferry et Mustapha Kemal Atatürk qu'elle prendra le chemin de cette clarification. Les nombreuses rencontres que la franc-maçonnerie organise sur ces questions (auxquelles participent beaucoup de nos ministres, députés, journalistes, policiers et autres) sont manifestement à côté de la plaque.
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Écrit par : B.H. / | 09/07/2012
RENCONTRE DE PLUSIEURS TYPES
> Cacophonie, car c'est la rencontre de plusieurs types de stupidités :
- créer une histoire officielle, pour appeler les choses par leur vrai nom quand c'est le monde politique qui l'écrit.
- faire de l'électoralisme tous azimuts.
- se prendre les pieds dans le tapis de Moyen-Orient.
Qui parlait de changement ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/07/2012
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