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14/06/2012

Au nom du pape, le cardinal Ouellet redit "la honte et le remords" de l'Eglise face à la pédophilie de prêtres

...honte et remords que les catholiques doivent partager :

 

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Lough Derg (Irlande) : un pèlerinage de pénitence fondé au VIIIe siècle.

  


Les catholiques français font une grave erreur quand ils oublient les ravages du scandale des prêtres pédophiles. Peu de conversations avec un non-croyant font l'impasse sur ce problème. Le croyant découvre alors que son milieu, loin de passer (aux yeux des gens) pour une référence morale, est vu comme le secteur social le plus atteint... Idée inexacte puisque les milieux sportifs, scolaires, etc, sont atteints beaucoup plus : mais ce fait statistique ne touche pas l'opinion – et c'est normal, l'Eglise n'étant pas de même nature qu'une colonie de vacances ou un centre d'entraînement. Le prêtre pédophile est une monstruosité unique, parce que le prêtre est une figure unique : il est (dit la théologie) un alter Christus. Se scandaliser devant le crime d'un prêtre, spécialement ce crime-là, c'est le confronter (même inconsciemment)  à la grandeur unique du sacerdoce.

D'où le devoir, pour tout catholique, de ne pas avoir l'air d'ignorer ou de minimiser l'atrocité du drame pédophile. D'autant que les catholiques français tiennent à s'embarquer dans un grand combat sur le terrain sociétal, et doivent donc s'attendre inéluctablement à ce qu'on leur réponde « prêtres pédophiles » dès qu'ils prononcent le mot « mariage gay » (ou « avortement », etc).

Le pape Benoît XVI est le premier à rappeler cela aux catholiques occidentaux. Son représentant au Congrès eucharistique international, le cardinal québécois Marc Ouellet, a pris part les 12 et 13 juin à un pèlerinage pénitentiel au sanctuaire irlandais du Lough Derg, où il a rencontré un groupe de victimes d'abus sexuels du fait de membres du clergé de ce pays. Il a déclaré : « Le pape Benoît XVI m'a demandé, en tant que son représentant, de demander le pardon de Dieu pour les abus sexuels commis sur des enfants par des ecclésiastiques, non seulement en Irlande mais ailleurs dans l'Eglise... Je viens ici avec l'intention spécifique de demander pardon, à Dieu et aux victimes, pour le grave péché d'abus sexuels sur des enfants par des membres du clergé... La tragédie des abus sexuels sur mineurs perpétrés par des chrétiens, spécialement quand ils sont commis par des membres du clergé, est une source de grande honte et d'énorme scandale. »

Le représentant du pape a souligné que l'Eglise avait conscience « de la souffrance et du désespoir infligés par de tels abus à des milliers de victimes », et il a rappelé que « la réponse de certaines autorités de l'Eglise à ces crimes a souvent été inadéquate et inefficace pour arrêter les crimes, en dépit d'indications claires dans le code du droit canon ».

Aux victimes présentes à ce pèlerinage, le cardinal a dit : « Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l'Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remords que nous éprouvons tous. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre l'espérance. C'est dans la communion de l'Eglise que nous rencontrons la personne de Jésus Christ, lui-même victime de l'injustice et du péché. »

Le cardinal Ouellet, le nonce apostolique en Irlande et l'évêque de Clogher ont passé la nuit sur l'île du Lough Derg, jeûnant et priant selon le rite de ce pèlerinage immémorial.

 

                                                                                                                                (source : Zenit)

 

Commentaires

CORRECTION

> D'accord avec vous sur l'essentiel mais je rajouterai une petite correction :
"Idée inexacte puisque les milieux sportifs, scolaires, etc, sont atteints beaucoup plus : mais ce fait statistique ne touche pas l'opinion "
Ce n'est pas tout à fait ça : ce n'est pas que ce fait statistique ne touche pas l'opinion, c'est qu'elle l'ignore. La plupart des gens sont persuadés que les prêtres sont plus atteints que les autres par ce mal. Pour deux raisons:
- les médias ne parlent que d'eux ou presque, et comme disait Hitler : "un mensonge repété 10 fois reste un mensonge. Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité".
- les prêtres sont célibataires, et dans une société aussi érotisée que la nôtre, cela passe pour un comportement pathologique. Les gens écarquillent les yeux lorsqu'on leur explique que certains célibataires (pas forcément prêtres d'ailleurs...) ne pratiquent ni relations sexuelles, ni masturbations. Cela leur parait irréaliste / impossible (comme ça me le paraissait avant ma conversion).
S'il faut insister sur la tragédie des prêtres pédophiles, est-ce qu'il ne faut pas aussi essayer, en parallèle et délicatement, de rétablir la vérité sur ce point, et rappeller que la prêtrise ne prédispose pas à ce comportement déviant, au contraire ?
GT


[ De PP à GT - Sans doute, à condition que ça n'ait pas l'air d'être une esquive - ce qui serait pire que tout. Minimiser le crime de prêtre, c'est minimiser la grandeur de la prêtrise. Plus on a la foi catholique, plus on trouve effroyable le crime de prêtre : cf Bernanos sur ce sujet. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Gilles Texier / | 14/06/2012

POLITICO-MACHIN

> "Plus on a la foi catholique, plus on trouve effroyable le crime de prêtre" : et moins on la la foi, moins on le trouve effroyable. Ceux qui escamotent ce crime tout en se disant catholiques, sont ceux qui trouvent que l'évangile est superflu dans leur grand combat "catholique" politico-machin.
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Écrit par : jeanmi / | 14/06/2012

L'EDUCATION NATIONALE

> L’éducation nationale avait été durement touchée par le scandale de la pédophilie en 1998, avec un grand retentissement médiatique et une émotion considérable dans l’opinion. « Pas une semaine sans nouveau cas de pédophilie » avait dénoncé Ségolène Royal, alors ministre de l’éducation qui avait affronté courageusement la tempête, prenant notamment des mesures concrètes pour que cesse l’indigne couverture de ces actes (étouffement, mutations discrètes etc.). Cela invalide l’idée selon laquelle l’Eglise serait la seule à subir la foudre médiatique (et les autres seraient épargnés). Le cas d’un instituteur touche l’opinion presque autant que celui d’un prêtre, car là aussi il y a quelque chose de sacrilège. Il y a beaucoup de similitudes entre les deux affaires : enchaînement de révélations, libération de la parole des victimes, découverte de la puissance d’omerta et d’inertie d’une grosse institution, terrible impression d’amalgame pour les instituteurs et les prêtres innocents etc. Une différence entre les deux affaires : celle de l’Eglise a un retentissement planétaire ; et son chef est particulièrement exposé parce qu’il est une autorité morale planétaire.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 14/06/2012

@ Guillaume de Prémare

> Il est absolument nécessaire que la lumière puisse être faite sur les agissements honteux de prêtres pédophiles, et je partage pleinement l'analyse de Patrice de Plunkett. Néanmoins, la comparaison que vous faites appelle également à la prudence. L'éducation nationale avait aussi connu des fausses dénonciations et des suicides d'instituteurs accusés à tort. Prenons garde à ce que cela ne touche pas l'Église.
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Écrit par : Mahaut / | 15/06/2012

UN CAS EN EFFET

> Oui, vous avez raison Mahaut. Dans mon bled, un instit' a été accusé puis innocenté. C'est terriblement injuste pour lui parce que le soupçon demeure dans les esprits.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 15/06/2012

INEXPRIMABLE

> Ce que les victimes reprochent à l'église, ce n'est pas de compter un nombre statistiquement important de pédophiles, c'est de les avoir protégés en les déplaçant plutôt que de les dénoncer. Affirmer qu'il y a autant de coupables ailleurs, comme le fait depuis des années la hiérarchie, donne le sentiment du refus d'assumer ses responsabilités. Je lis dans la note, "la réponse de certaines autorités de l'Eglise à ces crimes a souvent été inadéquate et inefficace pour arrêter les crimes, en dépit d'indications claires dans le code du droit canon", cette déclaration va dans la bonne direction sans aller assez loin dans la reconnaissance de ses torts et da sa responsabilité. Vu de l'extérieur, on a toujours l'impression, désagréable, que l'église cherche des excuses et se défausse de sa coupable attitude passée.

P.


[ De PP à P. - Ignorez-vous les déclarations et décisions prises par Benoît XVI depuis plusieurs années ? A aucun moment le pape n'a cherché à relativiser. Il a au contraire mis l'accent, dès avant son élection, sur le caractère effroyable de la pédophilie de prêtres. Et il y revient régulièrement pour éviter que les choses ne se tassent. Voilà le fait. Ne focalisez pas sur une observation statistique incidente, énoncée non pas par le pape, mais par moi, et dans un article voué à souligner au contraire la monstruosité inexprimable de la pédophilie de prêtres. ]

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Écrit par : pashine / | 17/06/2012

L'ATTITUDE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

> Je n'ignore pas la dénonciation de la pédophilie faite par le pape, et je trouve cette attitude très correcte, mais les associations de victimes voudraient aussi que la hiérarchie de l'église fasse une véritable auto-critique de son silence à l'époque des faits. Si vous lisez les messages du Vatican à ce sujet, la pédophilie et les prêtres pédophiles sont vivement critiqués et dénoncés, mais la responsabilité de l'église n'est pas véritablement admise. Les évêques, qui savaient et n'ont rien fait, devraient aussi assumer publiquement leurs erreurs. Personne ne peut reprocher à l'église d'avoir des pédophiles dans ses rangs(ils ne vont pas prévenir avant de s'engager), mais on ne peut pas accepter l'impunité offerte pendants des années.
P.

[ De PP à P. - Au contraire, la responsabilité de l'Eglise (dont l'absence de réaction d'évêques à l'époque des faits) est souvent et fortement soulignée par le pape et ceux qui parlent en son nom, comme ce fut le cas à Dublin le week-end dernier : relisez les termes employés, ils ne peuvent pas être plus forts. Ils vont jusqu'à parler d'atteinte à la foi, ce qui - en langage catholique - est carrément au dessous de la ligne de flottaison.
On ne peut pas faire comme les journalistes qui, indéfiniment, à chaque déclaration de ce type, depuis quatre ans, s'exclament que c'est "la première fois que l'Eglise rompt le silence". ]

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Écrit par : pashine / | 18/06/2012

FAITS

> GT, vous écrivez ce que dit Hitler : "un mensonge repété 10 fois reste un mensonge. Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité".
Si un mensonge devient une vérité, c'est qu'il y a des éléments prouvant la réalité des faits, d'où les condamnations de prêtres pédophiles dans le monde.
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Écrit par : Désiré / | 20/06/2012

à Désiré :

> le mensonge dont je parle, ce n'est pas l'existence indéniable de prêtres pédophiles, c'est la soi-disant surreprésentation des prêtres dans les crimes de pédophilie, c'est tout.
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Écrit par : Gilles Texier / | 20/06/2012

@ GT

Il me semble qu'aucune étude ne vient démontrer votre argumentaire.
Par contre, 4% des prêtres américains ont été reconnus coupable de crimes pédophile entre 1950 et 2010, en France en 2010, il y avait 105 prêtres mis en examen ou condamnés pour des faits de pédophilie.
Ces chiffres sont terribles !
Tergiverser, comparer, minimiser fait du tort à l’église !
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Écrit par : Pierre / | 21/06/2012

PAR LES CORNES

> On ne peut pas dire que Benoît XVI minimise la responsabilité de la hiérarchie. Outre la déclaration de Mgr Ouellet, ces dernières années plusieurs évêques ont été priés de démissionner en Irlande en particulier, je crois même qu'il y a eu des dépositions pure et simples Si quelqu'un a pris le taureau par les cornes, c'est bien lui.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 21/06/2012

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