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12/06/2012

La biodiversité, le climat, Benoît XVI et les señoritos

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Deux publications importantes de la revue Nature :


 

Rencontrés récemment, deux señoritos m'ont demandé (sarcastiques) pourquoi ce blog ne parlait pas « encore plus souvent » du changement climatique. Puis ils ont gloussé. Rassurons-les : le blog continuera à les amuser de ses clowneries, qui consistent à parler du monde réel.

En voici un nouvel écho. Le 7 juin, la revue scientifique de référence Nature a publié deux synthèses des travaux pluridisciplinaires internationaux sur la dégradation de la biosphère : une étude pilotée par le département de biologie intégrative de l'université de Californie, et une étude pilotée par l'université du Michigan. Conclusion de la première étude : le processus actuellement en cours fait prévoir que « dans le siècle, les climats rencontrés aujourd'hui sur 10 % à 48 % de la superficie de la terre aient disparu, et que des conditions climatiques qui n'ont jamais été rencontrées par les organismes actuels règnent sur 12 % à 39 % de la surface de la planète. » Notamment en ce qui concerne la chimie des océans (acidifiés par la concentration atmosphérique en C02) et la production de biomasse par l'océan (phénomène des « zones mortes »*). Etablie par les scientifiques, la responsabilité du modèle économique actuel dans ce processus – consumérisme, mégalopoles, pollution-gaspillage – n'est plus contestée que par les señoritos : voir plus haut).

La seconde étude publiée par Nature concerne la diversité des espèces et la diversité génétique au sein des espèces, autrement dit la biodiversité : « Nous avons passé en revue environ un millier d'études publiées au cours des vingt dernières années, explique Anne Larigauderie, directrice exécutive de l'association scientifique Diversitas et co-auteur de ces travaux. À grands traits, le consensus auquel nous parvenons est que la perte de biodiversité endommage la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes, réduisant ainsi leur capacité à fournir les services auxquels nous sommes habitués ** ».

On incline donc à suivre Achim Steiner, directeur du Programme des Nations-Unies pour l'environnement, quand il conclut (le 6 juin) son rapport sur « l'avenir de l'environnement durable » en demandant « une transition définitive vers une économie verte faiblement émettrice de CO2. » Rappelons à ce sujet que l'Eglise catholique (pape et nonces en tête) ne manque jamais une occasion de souligner que la tâche de l'ONU est, en principe, de soutenir le bien commun mondial dans tous les domaines - ce  qui réclame l'instauration d'un gouvernement économique-écologique subsidiaire et mondial, comme l'indique Caritas in Veritate :  l'encyclique qui fait crier « non possumus » aux dadais. Je conseille à ce sujet de lire le dernier numéro de la revue Kephas sur l'écologie et le Magistère catholique...

 

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*  Le phénomène des « zones mortes » est expliqué notamment dans mon livre L'écologie de la Bible à nos jours (éd. L'Oeuvre).

**  Stéphane Foucart, Le Monde, 8/06.

 

Commentaires

LE GRAVE

> Le grave c'est que la crise du capitalisme affole les gens et efface la crise de l'environnement, qui menace pourtant les générations futures - mais de ça tout le monde
s'en fout, "on ne le verra pas de notre vivant" écrivait un dingue il y a quelques mois.
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Écrit par : ancelin / | 12/06/2012

SEÑORITOS

> Au bal des couillons, les señoritos ne seront pas dans l'orchestre.
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Écrit par : zorglub / | 12/06/2012

SAMU

> "on ne le verra pas de notre vivant". Pour écrire ça, il faut être effectivement soit fou, soit très âgé.
GT


[ De PP à GT - Dans ce cas précis ce n'est pas la seconde hypothèse... Mais la personne en question prétend faire de l'info catholique. Ses affirmations sont relayées par le réseau web de la néo-Sapinière. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Gilles Texier / | 12/06/2012

Pour "positiver":

> la crise du du capitalisme, si elle efface la perception de la question environnementale, aura vraisemblablement pour effet de réduire fortement un certain nombre de consommations, transports, gaspillages et rejets divers, ou au moins d'en arrêter la progression.
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/06/2012

LES EVÊQUES ET LES LAÎCS

> Dans son dernier numéro, 'La Décroissance' évoque positivement le dossier de Kephas (tout en "descendant" le document de la CEF "Enjeux et défis écologiques pour l'avenir"). Je cite :

" Sans surprise

Le groupe de travail "Ecologie et environnement "de la Conférence des évêques de France vient de publier son rapport Enjeux et défis écologiques pour l'avenir. C'est plein de bons sentiments qui n'engagent à rien et ne fâcheront personne, complètement claquemurés dans le développement durable, sans aucune attention à la réflexion de la décroissance. Mais peut-on attendre autre chose d'une Eglise dont les membres pratiquants ont voté à 79% (...) pour le candidat du "travailler plus pour gagner plus", du bling-bling et de l'"option préférentielle pour les riches" ? Pourtant ces gens sont au courant puisque dans le même temps, une revue catholique (dont nous ne sommes pas ici assez experts pour connaître toutes les tendances ), Kephas, publie, elle, un dossier solide sur la décroissance et l'écologie, loin des mièvreries habituelles de la presse chrétienne grand public."
F.

[ De PP à F. - C'est un point sur lequel je diverge d'avec 'La Décroissance' : on ne peut exiger des évêques qu'ils parlent comme le bureau politique d'un parti. Ils n'ont pas à indiquer d'applications précises - mais seulement des directions générales de moriale sociale. Les applications "engagées" sont de la responsabilité les laïcs ! C'est la voie (par exemple) des Chrétiens indignés. Qui ont d'ailleurs dit beaucoup de bien du livre 'Enjeux et défis écologiques pour l'avenir...'
Quant à moi, je suis à la fois auteur d'une partie du dossier de 'Kephas' et approbateur reconnaissant du livre des évêques.
Notre devoir est d'être en phase avec les successeurs des Apôtres, et de leur apporter en écho nos engagements cohérents. Surtout aujourd'hui, où certains se prétendent "les laïcs catholiques engagés"... alors que leur "engagement" contredit les directives de l'Eglise sur des points très importants. Notamment dans le domaine dont nous parlons ici. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 13/06/2012

PAS FACILE

> Le commentaire suivant pourra paraître irrévérencieux, mais le propos est seulement qu'on ne s'en prenne pas au lampiste, fut-il un señorito (c'était au sens de fils-à-papa?), diplômé d'école de commerce. Ces brillants cadres trentenaires ne font que répéter ce qu'on leur a dit au caté jusqu'à l'adolescence et ce dont on a gavé la génération de leur parents - la mienne - depuis les biberons d'après guerre, ce "on" désignant la quasi-totalité des élites catholiques. Pour s'en convaincre, lire la conférence de François de Ravignan ci après, prononcée en 2009 au colloque "Chrétiens et pic de pétrole" parue tout naturellement sur le blog du P. Michel Durand.
http://www.enmanquedeglise.com/article-il-serait-temps-pour-l-eglise-de-rompre-avec-la-mythologie-du-developpement-102326259.html
Avant de regarder avec condescendance les catholiques qui votent "mal" -si tant est qu'il soit possible de "bien" voter en ce moment-, il faut se demander pourquoi. Passer d'une doctrine à son contraire n'est pas chose facile.
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/06/2012

VOTER ?

> Il n'était pas question ici de gens votant bien ou mal : mais de catholiques refusant une partie de l'enseignement du Magistère ! Ne noyez pas le poisson.
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Écrit par : Nati / | 13/06/2012

@ Nati et Feld

> Rien de plus facile que de refuser en toute bonne conscience l'enseignement du magistère. Le public catholique, comme tout le monde, recoit l'enseignement du magistère à travers toutes sortes d'intermédiaires plus ou moins déformants: homélies, conférences, formations, livres, articles, et maintenant émissions de radio, sites web diocésains etc. Mêmes si les textes ne sont pas déformés, même si certains catholiques les lisent eux-mêmes ils sont commentés, interprètés, ce qui est facilité par des rédactions souvent indigestes et trop allusives. C'est tout ceci qui constitue la doctrine pratiquement perçue par les fidèles et qui peut, de fait, être assez différente des textes authentiques.

Et ce que soutient François de Ravignan (avez-vous bien lu sa passionnante conférence?) c'est que cette doctrine dont nous avons été imprègnés depuis 60 ans est la mythologie du développement. Et il n'exagère pas!,car Don Helder Camara, lui, célébrait carrément la "mystique du développement" Lisez le!
Et si j'ai fait une allusion au mal-votants, c'est suite à à la déploration du vote des catholiques par Feld.
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/06/2012

@ Pierre Huet

> Si on lit tout ce qui traite de la DSE, tant dans le catéchisme, que dans les principales encycliques s'y rapportant, on y traite en effet très souvent de "développement", à ceci près que, qu'il s'agit sans ambiguité "constructive" aucune, du développement de "tout homme et de tout l'homme", un développement intégral et authentique spirituel, culturel, intellectuel, social, mais aussi bien entendu, matériel et économique, ces deux dernières dimensions devant être soumises et ordonnées aux autres, et fondamentalement informées, de surcroît par une anthropologie du don, aux antipodes de l' "homo homini lupus" qui informe l'idéologie libérale.
Quand l'Eglise parle de développement, le concept recouvert par cette expression constitue - en théorie et en pratique - une réalité diamétralement opposée au concept libéral de "développement" qui sous-entend le seul développement du PIB, quel qu'en soit le prix, les moyens, les "externalités négatives" et la répartition plus ou moins inégalitaire des fruits.
Le "développement" dont parle l'Eglise présuppose le concept de destination universelle des biens (auquel celui de "propriété privée" est soumis et ordonné), de respect des exigences minimales de la justice distributive (accès inconditionnel aux biens de première nécessité, à un logement digne, à un enseignement de qualité, etc.), et notamment aussi l' "option préférentielle pour les pauvres".
D'une certaine façon, la doctrine de l'Eglise en matière de développement "authentique" de tout homme et de tout l'homme est encore infiniment plus radicale - dans ses implications concrètes - que le discours économique et social d'un Mélenchon, par exemple...
______

Écrit par : J.Warren / | 14/06/2012

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