Tuerie djihadiste du Sud-Ouest : la trêve de deuil national n'aura pas duré longtemps

La campagne présidentielle a repris le dessus dès hier :

Ce matin Nicolas Sarkozy a affiché une attitude majestueusement régalienne. Mais hier, il jouait sur la peur lors de sa visite émotionnelle au collège-lycée François-Couperin à Paris : « Ca s’est passé à Toulouse, dans une école confessionnelle, avec des enfants de familles juives, mais ça aurait pu se passer ici », a-t-il dit à un auditoire d'enfants parisiens. Exploitation qui a choqué, sachant que le tueur avait ciblé une école spécifiquement juive – et pour des raisons qui sont celles d'al-Qaeda, selon les affirmations du suspect lui-même : le résident toulousain Mohammed Merah. Réactions de l'opposition, sur Twitter : «Je pense, M. le Président, qu'on ne parle pas ainsi à des enfants. Le devoir des adultes c'est protéger pas angoisser» (Cécile Duflot, Verts). «Il faut veiller à ce que les hommages ne soient pas des traumatismes... surtout pour les plus petits. Et sans récupération». (Olivier Dussopt, PS).

Marine Le Pen accuse le « laxisme » des pouvoirs publics face aux groupuscules djihadistes.

François Bayrou accuse les mêmes pouvoirs publics de ne pas empêcher la circulation des armes lourdes sur le territoire français. Il ajoute : «ce n'est pas avec une parenthèse de trois jours qu’on réglera les problèmes d’intolérance en France. » Et aussi : « «Dans la société française ce type d'atteintes, d'attentats, d'actes se multiplient... Ce n'est pas un bon service à rendre à la société française que de passer son temps à opposer même artificiellement, même électoralement, les gens les uns aux autres. »

Jean-Luc Mélenchon désigne tacitement le candidat de l'UMP en appelant à «lutter contre les assimilations et stigmatisations haineuses». Et il a indiqué qu'il ne suspendait pas sa campagne électorale : « acte de résistance morale, intellectuelle et affective».

Nathalie Arthaud récuse l'idée même de deuil national.

Eva Joly accuse Sarkozy et son « langage discriminant et stigmatisant ».

À l'UMP, Bernard Debré politise encore plus largement le drame en accusant... « les altermondialistes » (?) d'être « anti-israéliens ».

 

C'est du côté musulman et juif que le discours d'unité nationale se maintient : Mohammed Moussaoui, président du CFCM, appelle les musulmans à dénoncer les islamistes criminels. Et Richard Prasquier, président du CRIF, appelle à ne pas amalgamer musulmans et terroristes.