La multinationale pétrolière Total, "partenaire de nos défis" ?

     Une pub surréaliste :

 

Une campagne de la sympathique multinationale s'affiche sur la Toile (http://www.youtube.com/watch?v=MbINcw4XHLs) et dans la presse papier. Ouvrant l'autre jour votre quotidien habituel s'il vous en reste un, vous avez pris en pleine figure une pub de quatre pages fracassante : « Total, partenaire de vos défis ». Pourquoi « nos » défis ? Que fallait-il comprendre ? En quoi étions-nous  concernés ? Serions-nous partenaires sans le savoir de « l'arrivée de motorisations hybrides avec récupération d'énergie dans la plus haute discipline du sport automobile » (texte de cette pub) ?

Très peu, si nous nous contrefichons du « sport automobile » comme une grande majorité de Français.

Et encore moins si nous sommes écologistes : on sait quel trompe-l'oeil sont les « moteurs hybrides » et leurs mirobolants chiffres de consommation¹. D'où la résonance surréaliste de la pub Total proclamant son idéal : « Permettre à nos clients de consommer moins, de consommer mieux ». Un groupe pétrolier appelant le public à consommer moins, c'est de l'humour macabre.

Il fallait lire aussi la page 4 de cette pub, consacrée à un portrait du jeune pilote Adrien Grosjean de chez Lotus F1. (Total est partenaire de Lotus et Renault, nous disait la page 3 en sabir pub-atlantique : « Total sponsor de Lotus F1 powered by Renault »). Grosjean sur la photo semblait du genre beau gosse décoiffé avec soin, barbe de huit jours, combinaison presque aussi logotisée (Rexona, TrinaSolar, Pirelli, évidemment Renault et Total) que la peau du bébé sur la photo de ma note de ce matin. Irrésistible Romain : tout petit il voulait faire « chercheur d'or dans le désert pour conduire des 4x4 dans les dunes »... À peu près ce qu'il fait aujourd'hui, sauf que c'est pas dans les dunes.

Merci, Total, de nous parler ainsi de ce qui nous touche ! Vous nous avez convaincus : avec vous, nous relèverons tous ces beaux défis qui sont le charme de notre vie quotidienne.

p.s. / Dans son numéro du lendemain 19 mars (en pleine flambée du prix de l'essence à la pompe), le quotidien en question revenait au réel : « l'ère du pétrole bon marché est derrière nous », « l'augmentation du prix de l'essence est en grande partie une spéculation », donc rien (sauf l'Elysée) n'empêcherait de taxer Total qui a fait « 12,5 milliards d'euros de bénéfice en 2011 ». En lisant ça,  M. de Margerie a dû engueuler ses acheteurs d'espaces.

 

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 1. http://www.unece.org/fileadmin/DAM/trans/main/wp29/wp29regs/r101r2a2f.pdf