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28/01/2012

Biotech : Bruxelles aux ordres des multinationales

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On découvre encore un "conflit d'intérêts" - quel euphémisme - à l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) :


 

Selon les enquêteurs indépendants de Pesticide Action Network, les treize membres d'un important eurogroupe de travail (sur la fiabilité d'une méthode d'évaluation de la toxicité de molécules dans la chaîne alimentaire) ont été nommés par une unique toxicologue, membre du comité scientifique européen de l'EFSA... et « liée étroitement à l'industrie agro-alimentaire et biotechnologique » : « Susan Barlow, a UK private consultant to industry and a long-time insider of the chemical industry-funded lobby group ILSI (International Life Sciences Institute) ». En fait d' «institut pour les sciences de la vie », l'ILSI est un pool de lobbying de multinationales : agro-alimentaire, chimie, cosmétiques, pharmacie. Mme Barlow (pur produit du secteur privé1) est consultante à l'ILSI. Or, en 2011, le groupe de travail de l'EFSA constitué par elle a rendu un avis favorable à la méthode dite « TTC », qui risque d'être « la porte ouverte à l'introduction dans la chaîne alimentaire de molécules qui n'ont pas été préalablement soumises à des tests toxicologiques », écrit le journaliste scientifique Stéphane Foucart (Le Monde, 28/01).

Et voici le pot-aux-roses, dénoncé par PAN : sur les treize experts nommés par Mme Barlow, huit sont liés à l'ILSI et six sont sous contrat avec des industriels du secteur.

Ce n'est pas le premier scandale de ce genre : l'Agence européenne de « sécurité » alimentaire agit systématiquement en faveur des OGM, ce qui a provoqué (par exemple) des polémiques en novembre dernier lors de l'approbation de la pomme de terre transgénique Amflora, sur laquelle de nombreux scientifiques formulent des soupçons de « risques biologiques ».

Peut-on admettre que les comités d'experts bruxellois soient liés aux industriels qu'ils sont supposés contrôler ? Et que M. Barroso affiche, depuis plusieurs années, sa résolution d'ouvrir l'espace européen à tous les Monsanto possibles ?

Faisons une comparaison : peut-on admettre (parallèlement et sur un tout autre plan) que les dirigeants politico-financiers européens soient de plus en plus issus de Goldman Sachs ?

Les deux phénomènes sont de même nature. La construction européenne n'est pas politique : c'est la fabrication d'un système d'engrenages relayant les intérêts des multinationales ; voilà le vrai problème et le principal. Tout le reste en découle.

 

http://www.pan-europe.info/News/PR/120123.html

http://www.pan-international.org/pan-v1/europeFr.html


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1. Selon Le Monde, à la fin des années 1990 Mme Barlow avait été recrutée par Philip Morris pour corédiger une synthèse médicale. Ce document, co-signé par elle, avait été amendé à la demande de Philip Morris pour mettre en doute le lien entre tabagisme passif et mort subite du nourrisson ; ce qui contredisait les travaux scientifiques.-

 

Commentaires

INATTENDU

> En faveur de Bruxelles (au sens large), on peut quand même porter ceci. Très bonne nouvelle tout-à-fait inattendue!
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Le-Conseil-de-l-Europe-dit-non-a-l-euthanasie-_NG_-2012-01-28-763017
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Écrit par : luc2 / | 28/01/2012

INTRINSÈQUE AU SYSTÈME

> Par le principe même du lobbying comme source d'inspiration fondamentale des politiques de Bruxelles, l'Europe est bien aujourd'hui aux ordres des multinationales. C'est intrinsèque au système.
Cette place du lobbying n'est autre que la conséquence d'une vision philosophique sans transcendance, donc sans bien commun. Celui-ci est remplacé par la tentative de faire le meilleur compromis entre les différents courants d'opinion possibles. C'est l'éloge du rapport de force et de la loi du plus fort. C'est une évolution logique de la démocratie qui a décidé d'exclure Dieu du champ de la société.
Par ailleurs, il faut noter la logique anglo-saxonne [...] a considérablement accéléré ce processus.
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Écrit par : ludovic / | 29/01/2012

@ ludovic:

> Eh oui!
Ce qui est désolant à pleurer dans cette triste histoire, c'est la forte et durable implication de (démocrates-)chrétiens, certains quasi-béatifiés par nos bien-pensants, dans la construction et le développement de ce système.
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Écrit par : Pierre Huet / | 31/01/2012

> Malheureusement, "l'Europe" n'a pas le privilège de ces relations incestueuses avec les lobbies, voire - bien davantage - la transformations d'institutions théoriquement vouées au bien public, en simples courroies de transmission des multinationales, et singulièrement, de la pieuvre financière qui les contrôle directement ou indirectement (jusqu'à la caricature, quand des ex-GoldmanSachs boys dirigent simultanément ET la BCE, Et le gouvernement grec, et le gouvernement italien, pour ne citer que le pointe émergée de l'iceberg...).
En incise, comment trouver étonnant dès lors que, si la BCE et les banques centrales ne peuvent plus être un prêteur en dernier recours des Etats ("risque inflatoire et aléa moral" obligeant...), ils le sont vis-à-vis des banques, refinancées à tour de bras ces derniers mois, et à des taux souvent bien moindres que 1%? Cela implique une création gigantesque de monnaie...sans que quiconque parmi les habituels plumitifs de service ait parlé de "risque inflatoire", ni d' "aléa moral", cette fois...Voir à ce sujet l'excellente tribune de Michel Rocard et Pierre Larrouturou: http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/02/pourquoi-faut-il-que-les-etats-payent-600-fois-plus-que-les-banques_1624815_3232.html
Pour revenir à nos moutons, l'AFSSA fonctionne à peu près exactement de la même façon que son homologue "à l'Europe", mêmes conflits d'intérêt, même 'pantouflage' de ses membres dans l'industrie dont ils sont supposés contrôler la toxicité des produits, avant ou après leur mandat (ou les deux, tant qu'à faire...). L'affaire Servier la démontré à l'envi, mais l'arbre Servier ne peut cacher la forêt, comme le démontre encore la série d'articles parus cette semaine dans 'Marianne' "injections antirides: le prochain drame sanitaire ?"...Le Bisphénol A (cancérigène et perturbateur endocrinien) sera bientôt interdit en France dans les emballages alimentaires, au terme d'une guérilla législative et politique de plusieurs années. Le moins qu'on puisse dire est que - dans ce dossier également - l'AFSSA ne fut pas aux avant-postes de la défense de la santé des Français (pour dire les choses aimablement)...
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Écrit par : J. Warren / | 01/02/2012

Les commentaires sont fermés.