28/01/2012
Pic de pétrole : c'est un fait, et c'est la fin annoncée de la société consumériste
Dans la revue scientifique de référence Nature, cette semaine, article du physicien britannique David King et de l'océanographe James Murray (université de Washington) :
« Il y a moins de pétrole à extraire de la Terre que ce que croient beaucoup de gens »... et que ce que disent les managers industriels, partisans du « après moi le déluge ».
King et Murray reprochent aux pays de l'Opep d'annoncer des chiffres faux et de fermer leurs territoires aux experts indépendants.
Quant aux compagnies pétrolières, leur intérêt est de dorer les perspectives : « leurs cours de Bourse dépendent davantage de leur potentiel de production futur que de leurs profits de l'année », souligne Sylvestre Huet (Libération, 26/01).
Il suffit, disent les deux scientifiques, de comparer les évolutions de la production totale et des prix du brut depuis quinze ans, pour comprendre que le « pic de Hubbert » (le sommet d'exploitation) a été atteint vers 2005, et que la production va décliner. La relation entre prix et production est devenue « inélastique », l'ère du pétrole bon marché est définitivement close ! Diagnostic confirmé par les géologues de l'ASPO (Association pour l'étude des pics de production du pétrole et du gaz)...
Notre modèle de société est donc condamné à changer.
Aucune énergie de substitution n'étant en mesure d'assurer le gaspillage sans laquelle notre société productiviste-consumériste n'existe pas, cette société elle-même est condamnée à se métamorphoser.
Alors, que fait-on ? On s'enferme dans la négation et le refus d'obstacle, en récitant les mantras qu'on enseignait encore il y a dix ans dans les cours d'idéologie économique (après quoi ce sera juin 40) ?
Ou on regarde la réalité en face, avec la ferme résolution d'en faire quelque chose d'humain ?
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Professeur de libéralisme victime du pétrole cher.
17:16 Publié dans Ecologie, La crise, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pic de pétrole, consumérisme
Commentaires
PAS RENTABLE
> Mais ce n'est pas complètement une bonne nouvelle, et même pas du tout, car le renchérissement va permettre une course vers les sources de pétrole plus coûteuses, et coûteuses car difficiles, très polluantes, dangereuses: gaz de schistes, pyrolyse des schistes bitumineux de l'Alberta -motif du retrait canadien du protocole de Kyoto- , forages par grands fonds, voire pétrole abiotique. Illustration, cet article déja ancien:
http://www.lefigaro.fr/international/20070118.WWW000000436_le_canada_brade_son_environnement_pour_les_etats_unis.html
Encore plus de CO2 et de procédés polluants.
Si la machine ne veut pas s'arrêter ou au moins ralentir, elle va faire encore davantage de dégâts sur son passage.
PH
[ De PP à PH - On le sait bien. Mais cette exploitation est extrêmement coûteuse : raison pour laquelle ces gisements, connus de longue date, n'avaient pas été utilisés. Une énergie non rentable ne fera pas longtemps l'affaire... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 28/01/2012
@ PP
> Mais on commence à parler de moins 100 $ le baril pour les schistes exploitables à ciel ouvert (Alberta). C'est cher, mais pas prohibitif, puisqu'il y a déja eu un pic à 140$ en 2007.
PH
[ De PP à PH - Propagande. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 29/01/2012
@ PP
Qui survivra verra.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/01/2012
SCHISTES
> Le problème des schistes bitumineux est la quantité d'énergie utilisée pour en tirer un litre de pétrole utilisable. Ces gisements ne sont rentables ni économiquement, ni énergétiquement. Et je ne parle pas, bien sur, des conséquences environnementales de cette exploitation.
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Écrit par : VF / | 29/01/2012
MODELISER
> "On regarde la réalité en face, avec la ferme résolution d'en faire quelque-chose d'humain". Nous savons qu'il nous faudra faire un grand effort de simplification, avec beaucoup d'ingéniosité et la redécouverte de technologies simples et de proximité. Voilà pour le général et qu'on lit de plus en plus dans les média. Mais quelqu'un a-t-il déjà rencontré des modélisations économiques ou des études prospectives de ce que pourraient être nos sociétés sans énergie abondante bon marché? De telles prospectives peuvent être utile pour montrer qu'autre est possible.
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Écrit par : Edgard Dupré / | 29/01/2012
A Edgard Dupré
> Voir à ce sujet les thèses de Tim Jackson (un rapport au gouvernement britannique), paru en français sous le titre "Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable", une des modélisations les plus intéressantes et documentées en la matière.
L'ouvrage de Pierre Larrouturou "Pour éviter le krach ultime" est également très intéressant, quoique moins systématique que celui de Jackson.
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Écrit par : J. Warren / | 01/02/2012
@ VF,
> En fait, ils sont déja exploités, au Canada qui est le plus gros producteur de CO2 par habitant pour cette raison, et dans un pays balte, Estonie je gros ou il assure l'essentiel de la production d'électricité: il est assez riche pour être brûlé directement. Dans les deux cas, les effets environnementaux sont détestables.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/02/2012
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