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28/01/2012

C'est le capitalisme qui est en crise, dit... le 'Financial Times'

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Les derniers thuriféraires du système vont se retrouver bien seuls :


 

La série du Financial Times sur la crise de l'économie de marché a démarré avec un éditorial ravageur. Le quotidien de référence du capitalisme occidental constate la radicalité de la crise. Il en désigne les causes, parmi lesquelles la vieille et longue « démonisation de l'Etat par les penseurs de ce qu'on appelait alors "la révolution conservatrice" ». Il écrit, noir sur blanc, que la version actuelle de l'économie de marché « s'est avérée non seulement instable mais aussi, et de manière importante, injuste». Le capitalisme est devenu synonyme « de financiers surpayés, de croissance anémique et de chômage structurel élevé ». Le marché était censé favoriser « une allocation intelligente des ressources », commente Alain Frachon dans Le Monde (27/01), mais « c'est fini » :

 « Depuis trente ans, en Amérique du Nord comme en Europe, les inégalités se creusent. Au point, dit l'enquête du Financial Times, qu'elles menacent les fondements de nos démocraties, sociétés de consensus, ancrées dans des classes moyennes majoritaires. Les Etats-Unis connaissent une inégalité de revenus sans précédent depuis presque un siècle. De passage à Paris, le politologue Norman Orstein relevait récemment que la structure des revenus aux Etats-Unis était celle d'un pays du tiers-monde. Depuis 1980, le 1 % d'Américains les plus riches ont vu leur richesse s'accroître de 300%.  Dans le même temps, le revenu médian d'un foyer américain n'a progressé que de 40 %, indiquent les statistiques du ministère du travail à Washington. Encore, précisent-elles, que cette hausse n'est atteinte que parce que nombre de femmes sont entrées sur le marché du travail. Si l'on enlève cette deuxième source de revenu dans un foyer américain, la réalité est brutale : en trente ans, le revenu médian d'un homme aux Etats-Unis n'a connu aucune progression. L'Europe suit la même pente, en un peu moins accentuée. »

« L'économie moderne paraît comporter deux pistes, l'une très rapide pour les super-riches, une deuxième bloquée pour tous les autres », écrit John Plender dans le Financial Times. D'où le phénomène des Indignés, que seul des ahuris peuvent ne pas comprendre... « La richesse qui est dénoncée, comme imméritée, n'est pas celle des créateurs d'entreprise. C'est celle des pontes d'un secteur financier gonflé aux amphétamines de la spéculation et qui a pris une ampleur sans précédent... »

Propositions du Financial Times : réglementer et réduire le monstrueux secteur financier actuel ; réformer le mode de gouvernance des entreprises, subverti dans les années 1980-1990 pour ne plus servir que les actionnaires (d'où dictature du court terme et fuite de l'argent vers des zones spéculatives stériles1) ; et instaurer la justice fiscale, pour mettre fin au système inique où les plus riches (ceux qui accaparent et stérilisent l'argent) paient de moins en moins d'impôts.

Bien entendu ce diagnostic et ces propositions ne vont pas à la racine du problème, qui est le productivisme consumériste et l'idéologie de la croissance. Ca ne l'empêche pas de désigner l'aspect tératologique du système mis en place en 1980-1990. En théorie la finance servait l'économie ; mais la financiarisation de l'économie, c'est l'économie au service de la finance, et c'est du vampirisme.

Face à ce maléfice, seuls des Ubus peuvent encore réciter les mantras d'un libéralisme perpétuellement démenti par les faits. Et seuls les plus craintifs des cathos (friands de refuges imaginaires en tous genres) peuvent prendre au sérieux les Ubus... Mais cette conduite d'esquive arrive à son terme, tout le monde s'en rend compte. Un tel article dans le Financial Times est un signe des temps. Puisse ce signe réveiller les derniers inconscients, comme les y invitent aussi les évêques français, le Conseil pontifical Justice & Paix, et le pape lui-même dans Caritas in Veritate.

 

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1. Lire à ce sujet Pierre Larrouturou, Pour éviter le krach ultime (Nova éditions, 2011).

 

Commentaires

SIGNE DES TEMPS

> Oui, signe des temps. Mais il y a beaucoup d'aveugles.
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Écrit par : Jeanne Hardy / | 29/01/2012

Les commentaires sont fermés.