Ce qui s'est réellement passé à Rome samedi

Pour comprendre il faut aller plus loin que les photos d'agence :

Samedi dernier, le rassemblement romain des Indignés contre la politique économique de Berlusconi a été piraté par des néo-anarchistes : voitures et bennes brûlées, immeubles de banques incendiés, bataille rangée avec la police. Total : 135 blessés dont 105 policiers. Au passage, les énervés en noir ont vandalisé une église, brisant une statue de Marie et endommageant un crucifix.

Ces violences condamnables peuvent se lire de deux façons. La lecture obtuse consiste à tout mélanger, en disant : « Les Indignés profanent nos églises ! » Ce qui revient à dire : « les contestataires économiques sont par nature des ennemis de la religion. »  Idée remarquablement stupide.

La lecture intelligente consiste à analyser les faits. Ce ne sont pas les Indignés qui ont vandalisé l'église ni mis le feu aux agences bancaires. Alors, qui ? Les célèbres Black Bloc, spécialisés dans ce type d'action. On les avait vus à l'oeuvre en 2001 contre la réunion du G 8 à Gênes : leur objectif était de faire dégénérer la manifestation altermondialiste, jugée trop modérée. La police les avait réprimés avec violence (600 blessés et un mort). Les Black Bloc avaient donc une revanche à prendre. Ils l'ont prise avant-hier à Rome : leur objectif était de faire dégénérer, cette fois, la manifestation des Indignés – jugée (elle aussi) trop modérée... C'est ce que constate le journaliste Marco Imarisio, déjà auteur d'une enquête sur l'affaire de 2001.

La manifestation des jeunes a donc été infiltrée, détournée et plongée dans la violence par des groupes de combat néo-anarchistes. Ceci ne prouve pas que le capitalisme financier soit bon. Ni Berlusconi vertueux. Ni que Gallifet avait raison.