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18/10/2011

Vatican II : "toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l'Eglise" (Benoît XVI)

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/motu_proprio/  En annonçant pour 2012-2013 une "Année de la foi", le pape souligne la fécondité des textes de Vatican II – qui pour beaucoup restent à découvrir :


 

<< J’ai considéré que faire commencer l’Année de la foi en coïncidence avec le cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II peut être une occasion propice pour comprendre que les textes laissés en héritage par les Pères conciliaires, selon les paroles du bienheureux Jean-Paul II, «ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu’ils soient lus de manière appropriée, qu’ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l’intérieur de la Tradition de l’Église… Je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grâce dont l’Église a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence». Moi aussi j’entends redire avec force tout ce que j’ai eu à dire à propos du Concile quelques mois après mon élection comme Successeur de Pierre : si nous le lisons et le recevons guidés par une juste herméneutique, il peut être et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l’Église. >>

 

Dans cette lettre apostolique intitulée Porta fidei, Benoît XVI parle clair : l'adhésion à Vatican II n'est pas négociable ! On n'est pas catholique si l'on récuse un concile de l'Eglise universelle. D'autant que ce concile-là est la charte de la nouvelle évangélisation, c'est-à-dire de l'évangélisation « en un moment de profond changement comme celui que l'humanité est en train de vivre », dit le pape. Bien entendu les textes de Vatican II – comme de tout concile – doivent être lus « selon une juste herméneutique » (« dans la foi et à la lumière de toute la Tradition dont ils font déjà partie », selon la formule de l'éditorial de La Croix de ce matin). Encore faut-il les lire, réellement : crayon à la main, en les prenant au sérieux comme « des textes qualifiés et normatifs du Magistère » ; textes qui tracent la voie du témoignage chrétien au XXIe siècle, rendant par là illégitimes deux déviances actuelles  des catholiques français: la nostalgie nombriliste et l'apathie relativiste. << La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute >>, dit le pape.

 

Benoît XVI dit aussi dans sa lettre apostolique :

 << Il arrive désormais fréquemment que les chrétiens se préoccupent davantage pour les conséquences sociales, culturelles et politiques de leur engagement, continuant à penser la foi comme un présupposé évident du vivre en commun. En effet, ce présupposé non seulement n’est plus tel mais souvent il est même nié. Alors que dans le passé il était possible de reconnaître un tissu culturel unitaire, largement admis dans son renvoi aux contenus de la foi et aux valeurs inspirées par elle, aujourd’hui il ne semble plus en être ainsi dans de grands secteurs de la société, en raison d’une profonde crise de la foi qui a touché de nombreuses personnes. >>

 << Les contenus essentiels qui depuis des siècles constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’être confirmés, compris et approfondis de manière toujours nouvelle afin de donner un témoignage cohérent dans des conditions historiques différentes du passé. >>

 

Ces passages corrigent les deux déviances dont nous parlions plus haut. Toutes les deux, chacune à sa manière, commettent la même erreur : s'en remettre à ce qu'on croit être « un présupposé évident du vivre en commun ». Les relativistes le placent dans le consensus sociétal actuel (auquel ils inféodent ce qui leur reste de religiosité). Les nostalgiques le placent, au contraire, dans leur propre fantasme passéiste et autoritaire, rêvant d'une charia catho qui s'appliquerait à tout le monde. Les uns comme les autres privilégient, non la démarche de foi personnelle, mais ce qu'ils présentent comme « les conséquences sociales, culturelles et politiques » de leur catholicisme. Cette erreur explique que, dans les faits, leurs choix (sociaux, culturels et politiques) ressemblent moins à ceux de l'Eglise qu'à ceux des clans idéologiques séculiers ayant leurs préférences.

Or la tâche à laquelle tout chrétien est appelé n'est pas l'engagement social, culturel ou politique, qui vient par surcroît, mais (dit le pape) l'expérience de « la foi professée, célébrée, vécue et priée », approfondie par chacun et partagée en témoignage. Sans cette expérience, le reste (social, culturel ou politique) dégénère en contre-témoignage : un mal sous apparence de bien.

 

Plusieurs passages de la lettre apostolique insistent sur la foi comme voie de changement :

 << La porte de la foi (cf. Ac 14, 27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur un chemin qui dure toute la vie. >>

<< Grâce à la foi, cette vie nouvelle modèle toute l’existence humaine sur la nouveauté radicale de la résurrection. Dans la mesure de sa libre disponibilité, les pensées et les sentiments, la mentalité et le comportement de l’homme sont lentement purifiés et transformés, sur un chemin jamais complètement terminé en cette vie. La «foi opérant par la charité» (Ga 5, 6) devient un nouveau critère d’intelligence et d’action qui change toute la vie de l’homme (cf. Rm 12, 2; Col 3, 9-10; Ep 4, 20-29; 2 Co 5, 17).

 

Et la totalité du paragraphe 14 souligne la dimension caritative – non négociable – de la foi chrétienne, avec la nécessité de l'ouverture sans exclusive :

 << L’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour intensifier le témoignage de la charité. Saint Paul rappelle: «Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité » (1 Co 13, 13). Avec des paroles encore plus fortes – qui depuis toujours engagent les chrétiens – l’Apôtre Jacques affirmait : «A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise: "J’ai la foi", s’il n’a pas les œuvres? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise: "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte. Au contraire, on dira: "Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres? Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi" » (Jc 2, 14-18).  La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin. En effet de nombreux chrétiens consacrent leur vie avec amour à celui qui est seul, marginal ou exclus comme à celui qui est le premier vers qui aller et le plus important à soutenir, parce que justement en lui se reflète le visage même du Christ. Grâce à la foi nous pouvons reconnaître en tous ceux qui demandent notre amour, le visage du Seigneur ressuscité. «Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40): ces paroles du Seigneur sont un avertissement à ne pas oublier et une invitation permanente à redonner cet amour par lequel il prend soin de nous. C’est la foi qui permet de reconnaître le Christ et c’est son amour lui-même qui pousse à le secourir chaque fois qu’il se fait notre prochain sur le chemin de la vie. Soutenus par la foi, regardons avec espérance notre engagement dans le monde, en attente «d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle où résidera la justice » (2 Pi 3, 13; cf. Ap 21, 1). >>

 

 

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