Un fait divers du ramadan

...qui peut amener les chrétiens à s'interroger :

Dans une cité, un "grand frère" séquestre et brutalise son cadet qui refusait d'observer le ramadan. Les voisins alertent la police. Les radios en parlent. Leurs auditeurs  s'excitent au téléphone : "c'est la faute aux religions !"

En fait, "les religions" en général ne sont pas concernées. (Seul l'islam l'est).

Interrogée par les radios, la mère des deux garçons explique que son cadet est un fumiste à remettre dans le droit chemin.

Interrogé aussi, leur imam déclare que l'islam régit à la fois la vie de l'individu et celle du groupe.

Là est le problème. La société française - telle que le capitalisme tardif l'a formatée - érige l'individualisme, et même le nombrilisme, en norme exclusive de l'existence. Le consommateur remplace le citoyen, les pulsions de l'ego remplacent les droits et devoirs. Or cet individualisme est défié par l'islam, qui coagule les individus dans une discipline au nom du Coran...

Notre société a peur de ça. Elle a aussi peur des immigrés. Donc elle n'ose pas dire qu'elle rejette le communautarisme islamique... Pour exprimer ce rejet sans courir de risques, elle le déguise alors en condamnation de "toutes les religions". Manoeuvre d'autant plus aisée que notre société est devenue allergique au christianisme - surtout catholique - pour des raisons diverses, tirées les unes du passé (réel ou fantasmé), les autres du présent (réel ou déformé).

L'ambiance de l'industrie médiatique aide à faire du christianisme un bouc émissaire. Ainsi France Inter, la veille de l'ouverture des JMJ, invitait Frédéric Lenoir à commenter l'événement : il ne s'en est pas mal tiré, à ceci près qu'il a glissé, in fine, une petite phrase présentant le tueur Breivik comme un chrétien ! Breivik dit pourtant qu'il n'a pas foi au Christ (ce qui l'exclut du christianisme);  mais la correctness médiatique ne veut pas en tenir compte. Elle doit maintenir l'idée selon laquelle le christianisme peut être "aussi dangereux" que l'islamisme. On fait baigner le public dans cette fausse évidence.

Face à un tel climat de masse, le seul devoir du chrétien est d'évangéliser. Donc de se rendre audible, et de ne pas se laisser enfermer dans le rôle que les "leaders d'opinion" voudraient le voir jouer : celui de revanchard fêlé.

Ce devoir renvoie chaque chrétien à sa conscience.

Le chrétien peut se poser trois questions :

a) n'est-il pas tenté de faire de l'islamisme à l'envers en oubliant le "rendez à César..." et en rêvant d'un ordre social soi-disant chrétien (ce rêve est par ailleurs une chimère, donc une faute contre la foi) ;

b) n'est-il pas tenté par une forme de misanthropie, consistant à critiquer les gens désinformés autant que les médias désinformants ? (alors que l'évangélisation suppose une tout autre attitude) ;

c) n'est-il pas tenté de nier en bloc les torts (même réels) des chrétiens ? Quand il est réfuté par les faits, ce déni est le plus beau cadeau qu'on puisse faire aux cathophobes contemporains.

Se poser ces questions est plus urgent que de passer son temps à crier contre l'islam : exercice qui n'a aucun effet sur le plan religieux, ne mène qu'à des récupérations politiques partisanes, et gaspille des énergies qui seraient mieux investies dans l'évangélisation.

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