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13/07/2011

La crise : Dracula maître du monde

...entreprend de saigner l'Europe, mais l'Europe s'est livrée à Dracula :


« C'est à n'y rien comprendre : il n'y a pas de raison objective de s'attaquer à l'Italie. Ses finances publiques ne mettent pas en péril ce pays qui a su, contrairement à d'autres, faire certaines réformes », dit un analyste de Natixis. « Les marchés sont devenus hystériques », dit un analyste de BNP Paribas...

Ces deux réactions sont dans Libération de ce matin, qui titre : « Mais qui veut la peau de l'euro ? Alors que l'Italie est à son tour visée par les marchés, le scénario d'un effondrement de la monnaie unique ne semble plus impossible ».

Les souverainistes diront : « la faute incombe à l'euro, monnaie factice coiffant des économies disparates. »  C'est vrai et faux.

Vrai, parce que l'euro fut une utopie imposée. (Rappelons-nous les années 1990, quand les BHL traitaient l'euroscepticisme d'«abjection obscène »).

Mais faux, parce que les souverainistes oublient l'autre moitié de la réalité, la tyrannie mondiale des « marchés » : la machine spéculative, hystérique par nature et non par accident.

Cette tyrannie (la dérégulation financière) se mettait en place au moment où l'on installait l'euro ; si les dirigeants européens avaient eu un minimum de prévoyance ou de lucidité, ils auraient vu que la spéculation dérégulée allait fatalement dévorer la bête faible du troupeau – et que cette bête serait l'Europe, si l'on persistait à concevoir l'UE comme sans défense, offerte aux prédateurs. Aujourd'hui, "la BCE fonde ses décisions [...] sur la note attribuée à la dette souveraine des Etats. Cela signifie que ces agences privées nord-américaines décident de ce que la BCE peut faire ou pas..." (Paul De Grauwe, professeur d'économie à l'université de Louvain).

Les dirigeants européens ont fabriqué leur « zone euro » comme si la planète n'était pas livrée à la spéculation.

Pendant ce temps, des blocs économiques et financiers comme la Chine et l'Inde se rendaient impénétrables aux attaques spéculatives.

Aujourd'hui les « investisseurs », nom totalement inadéquat pour désigner la machine spéculative, entreprennent de tuer l'économie de l'Europe. Après la Grèce (qu'il n'aurait jamais fallu faire entrer dans la zone euro), ils s'en prennent à l'Italie avant de s'en prendre à l'Espagne et aux autres.

Les gouvernements européens reparlent de « soutenir les banques qui échoueraient aux tests de résistance » : ces banques déjà sauvées en 2009, et qui avaient aussitôt repris le jeu pour lequel elles sont programmées.

Et les propres « investisseurs » européens (nos propres établissements financiers, compagnies d'assurance et fonds spéculatifs), engrenés dans la machinerie mondiale, participent à la curée générale contre l'Europe !

Voilà la réalité du système Dracula mis en place à la fin du XXe siècle : une finance seule maître à bord et réduite à l'hystérie des marchés, jouant en permanence contre l'économie réelle, et hors d'atteinte des gouvernements;

Laissons les ahuris continuer à dire que nous sommes menacés par « le socialisme » et « l'étatisme ». Depuis plus de vingt ans, les Etats ont abdiqué entre les mains de Dracula. Il y a vingt ans, nous disions que c'était de la folie. Aujourd'hui la folie déploie ses conséquences. Le système n'est pas en crise : le système EST la crise.

 

PS - Des chrétiens d'Europe prenaient l'UE (malgré le mauvais virage des années 1990) pour un "bien commun", une "subsidiarité" : c'est ce qu'elle aurait pu être, si elle n'avait préféré l'utopie du libre-échangisme mondial (auquel elle est la seule à croire). Nous avons le résultat sous les yeux. Le  mensonge des élites fait le malheur des peuples.

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Commentaires

"LAMENTABLE"

> Voir des blogueurs "chrétiens" citer la presse ultralibérale anglo-saxonne comme parole d'Evangile et soutenir que s'il y a crise en Europe c'est parce que l'Europe a encore trop d'Etat, c'est fou et lamentable. Ils feraient bien de lire ce que Jésus dit de Mammon.
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Écrit par : leoluca / | 13/07/2011

"LE SINISTRE MARIO DRAGHI"

> Le pire, le plus abject, c'est qu'on s'apprête à accueillir comme nouveau patron de la BCE le sinistre Mario Draghi qui a tenu les rênes de Goldman Sachs Europe entre 2002 et 2005, notamment quand Goldman Sachs a conseillé la Grèce sur la meilleure façon de déguiser ses comptes et de masquer l'état lamentable de ses finances publiques au moment de son entrée dans la zone Euro. Je suis écoeuré de voir le silence qui entoure cette arrivée, alors qu'un tel événement devrait déchaîner la colère des Européens.
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Écrit par : Hervé H./ | 13/07/2011

EN FINIR AVEC LES "AGENCES DE NOTATION"

> Il faut en finir avec l'imposture des "agences de notation" qui se posent en arbitres (avec la complicité des médias) alors qu'elles ne sont que le rouage de la machinerie spéculative détruisant l'économie réelle. Comme écrit le directeur du 'Diario Economico' (Lisbonne) : "On n'a pas besoin des agences de notation telles qu'elles sont aujourd'hui, sans régulation ni limites. Moody's a décidé le 4 juillet de notifier au monde un abaissement brutal de quatre crans de la note souveraine du Portugal, l'envoyant à la poubelle quelques jours seulement après que le gouvernement eut annoncé l'adoption des premières mesures d'un plan d'austérité implacable négocié avec les instances internationales... La décision de cette agence est indécente, immorale, criminelle.
Il n'est pas acceptable que Moody's décide de baisser la note du Portugal sous prétexte, dit-elle, que nous allons avoir besoin d'un second prêt de la troïka..."
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Écrit par : alasbar / | 13/07/2011

LES EVÊQUES FRANCAIS

> heureusement qu'il y a les évêques français et leur document 'Grandir dans la crise', qui pose les principes d'une résistance catholique à la tyrannie des spéculateurs.
Si on ne devait compter que sur la blogosphère catho, il ne serait presque nulle part question de ce problème qui est le plus grave de tous aujourd'hui. Non, ce qui excite ce public c'est de grincer des dents contre les immigrés ("monstres musulmans", sic) et de parler des questions sexuelles. Mais critiquer le règne de l'argent fou, pas question.
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Écrit par : Simon Postel / | 13/07/2011

DAGONG

> Et lu dans 'Le Soir' de Bruxelles :
" La proposition d'une agence européenne est sur la table. Il serait temps de l'activer. La Chine, elle, n'a pas attendu. Elle dispose depuis un certain temps de sa propre institution, Dagong. Qui vient de dégrader la note... des bons du Trésor américain."
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Écrit par : alasbar / | 13/07/2011

AU BORD DU PRECIPICE

> bah alors là, moi qui bosse dans la finance stratégique depuis 16 ans, je suis ébouriffé par votre lucidité financière ! rien à redire ! enfin quelqu'un de froid dans ses réflexions, réflexion ni de gauche ni de droite juste de bon sens !
je me tuais à le dire mais à chaque fois on me qualifiait soit d’extrémiste de droite soit d'anti-européen, soit d'oiseau de malheur, soit parfois d'avoir des idées d'extrême gauche !
le bon sens je vous dis, le bon sens !
jamais, mais alors jamais, il n'aurait fallu laisser entrer la Grèce dans l'Eurogroupe!
je suis archi favorable à la proposition du gouvernement français d'inscrire la règle d'or que la gauche dite "modérée" refuse (incroyable), de même que je suis archifavorable aux propositions d'Harlem Désir et du parti socialiste d'aujourd'hui sur une réunion extraordinaire concernant l'euro; mais ni d'un côté ni de l'autre ils ne veulent s'écouter !
c'est affreux ce que l'on vit;
on marche au bord du précipice, et personne ne s'en rend vraiment compte (mis à part les financiers qui achètent des valeurs refuges à coup de milliards et de milliards d'euros, comme le franc suisse, l'or, le dollar australien, le bund allemand,...), et on s'observe pour savoir lequel aura la place de mai 2012.
pitoyable, minable, exécrable, pathétique si cela ne devait pas me toucher dans très peu de temps, comme tout le monde d'ailleurs.
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Écrit par : jean-christian / | 13/07/2011

LES NEUNEU

> Ce qui n'est pas acceptable, c'est que l'on soit suspendu aux lèvres de ces agences de notation, tout simplement, comme si l'on était à l'école et que la maîtresse rendait les copies.
Le libéralisme, en sus de ses autres maux, infantilise et rend neuneu ceux qu'il touche.
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Écrit par : JG / | 13/07/2011

FINANCIERS

> Ce que vous dites est vrai sur les "investisseurs".
Cependant, il est aussi vrai de dire que les Etats gloutons ont aussi failli dans la gestion de leurs finances publiques, par manque de courage politique.
Les financiers ont des torts, mais la grande majorité d'entre eux n'a absolument aucun intérêt à ce que les Etats fassent faillite. Ce qu'ils recherchent, ce sont des investissements stables et sûrs !
L.

[ De PP à L. - Vous parlez des financiers old fashion. Ce n'est pas eux le problème, mais la méga-machine spéculative folle, plus forte que les bons vieux financiers au bord de la retraite. Le néocapitalisme n'a rien à voir avec la bourgeoisie à l'ancienne. Il porte la crise comme la nuée l'orage. ]

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Écrit par : ludovic / | 13/07/2011

PERFORMATIF

> Une journaliste de France-Info qualifiait de "performatifs" les commentaires des agences de notations.
Si j'ai bien compris, cela voudrait dire que ces organismes créent par leurs propos les conséquences qu'ils redoutent !
Par association d'idées, je pense à ce que disait Bossuet : Les hommes maudissent les conséquences dont ils chérissent les causes. (De mémoire).
Le temps des brutes est revenu !
http://www.welovewords.com/documents/resolutions-2011
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Écrit par : omicron / | 14/07/2011

BIEN COMMUN

> Bonjour
Je lis avec intérêt vos articles mais j'aimerai comprendre.
L'argent en soi n'est ni bon ni mauvais. Ce qui est mauvais c'est d'être esclave de l'argent. L'entreprise devrait être au service de ses clients et non des actionnaires. Les banques devraient prêter aux entreprises et non spéculer sur les marchés financiers.
Les marchés financiers ont besoin d'être régulés. Les hommes malhonnêtes sont des facteurs de crise.
Je ne pense pas que ce soit le plus d'Etat qui résoudra nos problèmes.
Je crois que l'homme doit pouvoir entreprendre et disposer du fruit de son travail. L'Etat n'a pas le droit de lui confisquer le fruit de son travail. Mais le point essentiel me semble d'ordre éducatif. L'éducation à l'honnêteté, à la générosité, au bon sens, au fait que les richesses ne nous appartiennent pas mais doivent profiter à tous...Ce type d'éducation est essentiel.
Je suis opposé à la société de consommation et je crois qu'il faut toujours se poser la question de savoir si ce que l'on produit (biens ou services) peut servir l'homme.
Quel que soit le système, capitaliste, socialiste, il n'est pas au service du bien commun.
Le coeur de l'homme doit changer. Lorsque son coeur se transformera il inventera les systèmes et les structures au service de l'homme.
Ne sommes nous pas complices de cette société matérialiste? Quels buts poursuivons-nous? Qu'est-ce que le bonheur pour nous? Le monde changera lorsque nous changerons nos manières de vivre. De nombreuses initiatives dans le domaine économique préfigurent le monde de demain. A nous de les soutenir et de les impulser. Mais redonnons à l'homme toute sa responsabilité et aidons le à se libérer et de l'esclavage de l'argent et de l'Etat Providence. La aussi il faudrait mettre en place des systèmes qui permettent aux hommes de participer de manière responsable aux choix de société. Les collectivités locales devraient consulter leur administrés avant toute décision les engageant. L'avenir est à la petite entreprise, aux services de proximité et à l'engagement de la responsabilité de chacun.

G.


[ De PP à G. - La doctrine sociale de l'Eglise enseigne qu'il y a des "structures de péché" : pas simplement les fautes des individus, mais des machines mises en place par les hommes et qui finissent par les dominer, étant plus puissantes qu'eux. Il faut démanteler ces structures (l'argent au seul service de l'argent) et les remplacer par une économie sociale et solidaire. ]

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Écrit par : Grégoire / | 15/07/2011

LE TOUT

> La France c'est :
35 années de budgets déficitaire.
1500 milliards de déficit
Ce ne sont pas les agences de notations qu'il faut incriminer, mais bien l'avidité des électeurs/citoyens/syndicats qui en demandent toujours plus à l'Etat, privilégiant leurs avantages personnels par rapport au bien collectif.
La dette de la Grèce, l'Italie, l'Espagne, du Portugal ou de la France ne sont pas apparus du jour au lendemain. Fillon il y a 4 ans disait qu'il était à la tête d'un état en faillite. Qu'a t'il fait?

H.


[ De PP à H. - Pourquoi faudrait-il nier une moitié de la réalité (le vampirisme de la spéculation financière) au nom de l'autre moitié (l'anachronisme de l'Etat-providence dans le monde actuel) ? Il est temps de regarder le tout en face. ]

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Écrit par : Harbor / | 18/07/2011

PAS FORTUIT

> Et si le lien entre la création de l'Euro et la dérégulation des échanges et de la finance n'était pas fortuit? car il y a une cohérence entre les deux: la surévaluation de l'Euro est la différence de potentiel qui est motrice de la mondialisation économique qui détruit notre économie et que la dérégulation n'a fait que déverrouiller. Il FALLAIT les deux.
Ce que je vois, c'est que dans l'ensemble, les souverainistes sur lesquels vous ironisez ont été plus clairvoyants que la masse catho-bien-pensants hypnotisée par Schumann, Monnet et tous les chrétiens-démocrates européistes forcenés ralliés au libéralisme.
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Écrit par : Pierre Huet / | 19/07/2011

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