"La nouvelle évangélisation épousera la nouvelle géographie des civilisations humaines"

Avant la béatification du 1er mai prochain,

extrait du livre

Jean-Marie Lustiger témoin de Jean-Paul II,

qui vient de paraître chez Parole et Silence :

 

 

<<  La "nouvelle évangélisation" appelle les chrétiens à s'engager dans ce "nouvel âge du monde" de façon décidée et non passive, responsable et non résignée, positive et non nostalgique.En moins de cinquante ans, l'aspect de notre planète a été bouleversé. Les équilibres démographiques, culturels, politiques, économiques ont secoué les anciennes structures auxquelles étaient liées la vie de l'Eglise et la vie de la foi. L'Europe, sein maternel de l'Eglise pendant quinze siècles, subit une crise spirituelle et morale d'autant plus grande que la culture et les techniques qu'elle a données au monde s'universalisent. Dans le même moment, au prix de violences et de souffrances considérables, les centres de gravité de l'humanité se déplacent. […] La "nouvelle évangélisation" n'est pas la reprise d'une évangélisation plus ancienne, mais une évangélisation nouvelle pour un monde nouveau. Car les peuples d'Europe non seulement ont appris que "les civilisations étaient mortelles", mais ils ont expérimenté que les idéaux les plus élevés ne se transmettaient pas comme des possessions patrimoniales. La France, par exemple, n'est pas un pays déchristianisé qu'il faudrait rechristianiser. La civilisation médiatique et technique, marquée par la mobilité et l'extension universelle des réseaux de communication d'influences, projette dans un instant sans mémoire les générations nouvelles. C'est un monde nouveau, déjà oublieux de son passé, qu'il faut évangéliser, c'est-à-dire qu'il faut lui annoncer la Bonne Nouvelle d'un salut dont il doit découvrir lui-même les champs d'application, non sans mesurer les efforts qui lui seront demandés pour devenir plus digne de la condition humaine. Cette évangélisation épousera la nouvelle géographie des civilisations humaines. Elle libérera les richesses encore cachées et les forces endormies des différents continents. L'avenir, qui souvent paraît menaçant et catastrophique, est riche de la promesse, à peine pressentie, de la grandeur humaine.

Le pape Jean-Paul II, en vingt années de visites pastorales dans toutes les Eglises du monde, des plus nombreuses aux plus minoritaires, a permis à l'ensemble de l'Eglise de découvrir et de mieux comprendre la mission que Dieu lui donne pour le monde de ce temps. >>

 (Jean-Marie Lustiger, mai 2000)

 

Cette lucidité est l'antidote de la peur de l'avenir et des hantises du passé. Que la lumière de la Résurrection dissipe nos brouillards !

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