Xavier Mathieu vainqueur par KO

Au débat qui a suivi le film d'Arditi sur la crise, la repentance de la gauche libérale n'a pas eu lieu ! Pas non plus d'analyse de la folie financière en tant que stade suprême du capitalisme... Mais un KO spectaculaire, celui d'Alain Madelin par Xavier Mathieu - qui, lui, n'est pas de la gauche libérale :

 

Etrange soirée sur France 2. D'abord le film, faux réquisitoire (les crises surviennent par la faute de gens méchants) et conclusion débile (le greenwashing comme remède à la tyrannie de la finance). Ensuite le débat, étrange. Un Arditi comédien, avouant ne rien comprendre aux questions d'économie politique : alors à quel titre se déclare-t-il « acteur engagé dans les débats d'aujourd'hui » ? Un Orsenna tantôt dans la lucidité, tantôt dans l'esquive. Un Cohen économiste, c'est-à-dire historien de ce qui vient d'arriver – et démuni quant à l'avenir. Une étudiante issue d'un « syndicat lycéen » et se défendant avec vigueur d'être au PS (avant de réciter le discours du PS sur les services publics)...

Mais deux personnages vont focaliser l'attention.

D'abord Alain Madelin, dans le rôle du spectre resurgissant en 2011 pour proférer les incantations des années 1980 : déréguler c'est la prospérité, l'Etat c'est mal, etc : prestation pathétique. [1]

Ensuite Xavier Mathieu, l'ancien délégué syndical CGT de Continental Clairoix, entreprise découpée à la tronçonneuse par des administrateurs invisibles. Propos rêche, sourire terrible, Mathieu est un bloc de colère froide totalement à contre-courant de l'émission. Il parle une autre langue que les invités. Il commence par se demander « ce qu'il fout là » quand il pense aux SDF multipliés dans les rues de Paris – notamment ceux qui bivouaquent devant l'entrée de France 2... Ensuite il explique que ce sont toujours les faibles qui paient la note, et que le malheur du plus grand nombre est causé par un très petit nombre, ce qui n'est pas faux. Il ajoute que la justice serait de virer les malfaisants – ce qui est exact. Enfin il fait taire Madelin avec une saine brutalité : « ça fait trente ans que vous faites le même baratin », lui lance-t-il à travers le plateau. On avait envie de le dire depuis vingt minutes.

 

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[1] Il a eu cette formule prodigieuse : le capitalisme néolibéral, a-t-il dit, c'est « le plein emploi » ! Pujadas lui-même a tiqué ; Madelin a alors eu cette autre formule, encore plus prodigieuse : « le plein emploi, mais pas pour tout le monde ». Rideau.

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