13/11/2010
Contre l'euthanasie : le point de vue d'une psychanalyste
La pression pour "l'euthanasie active"
vient de la société de marché :
Pourquoi un militantisme si passionnel
en faveur de l’euthanasie ?
par Véronique Hervouët
Dans une conjoncture où aucun des politiques en place ne s’émeut de l’indignité qui frappe de plein fouet la vie des hommes livrés aux méfaits de la mondialisation marchande et financière (exclusion sociale, pauvreté, chômage, désespoir, suicide), on peut se demander ce qui motive réellement leur soudaine passion pour la dignité de mourir par l’euthanasie, soigneusement orchestrée par les médias... [1]
L’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), qui se distingue par un militantisme actif en faveur de la légitimation de l’euthanasie, peut contribuer à nous éclairer. Il n’est pas indifférent que le président de cette association, Jean-Luc Romero, est aussi celui du groupe de réflexion UMP “On est là !” qui se donne pour vocation de "déringardiser" la droite en lui permettant d'affronter des questions de société tabou. Ainsi ce groupe propose t-il, outre la légitimation de l’euthanasie, tout un panel d'extensions de jouissances tels la création de "salles de shoot" où serait délivrée de l'héroïne sous contrôle médical, le droit à l'adoption pour les couples homosexuels, un "cours des différences de genre et d'éducation sexuelle de la sixième à la troisième". [2]
Cette inscription singulière de l’euthanasie au coeur de ce panel représentatif de l'idéologie libérale-libertaire, structurée par l'impératif de jouissance consumériste, peut nous éclairer sur la dynamique, plus ou moins inconsciente, qui sous-tend le débat passionnel sur l’euthanasie.
La logique implicite au militantisme en faveur de l’euthanasie, c’est en effet que la vie ne vaut la peine d'être vécue qu'à l'aune des jouissances que l'on peut s'y servir. Où nous pointerons le versant à la fois utilitariste et mortifère du libéralisme libertaire en cours de totalitarisation.
Dans l’immédiat, le plus dur pour les "gouvernances" (dont on sait qu'elles ne se préoccupent plus que d'économie, je veux dire... de profit) c'est de déverrouiller la boîte de Pandore : légitimer le droit de tuer. Selon les modalités de l'air du temps, la stratégie adoptée est de déguiser les intentions et le forfait sous des habits humanitaires...
Nous voyons en effet que l’activisme en faveur de l’euthanasie se propulse à l’opportunité de tragédies intimes portées régulièrement sur le devant de la scène médiatique. Cette stratégie qui appelle à la communion dans le pathos, s’applique à affecter à l’euthanasie une immense valeur humanitaire, à donner à ses figures représentatives un profil sublime et héroïque, a pour vocation de rallier les masses à cette cause afin de lui affecter le sceau de la légitimité populaire. Ainsi en est-il du zèle compassionnel pro-euthanasie promu comme exemple par un ministre en exercice, M. Kouchner, qui exprima publiquement son acquiescement au désir de Mme Sébire de se faire euthanasier, en valorisant cette décision par l'expression de son "admiration et de son amour"... [3]
En effet, légiférer arrangerait bien la question omniprésente de la jouissance dans sa version libérale : celle du profit. Car la légitimation de l’euthanasie ouvre aux "gouvernances" le pouvoir de statuer sur la légitimité à vivre des plus faibles. Dans un contexte où ne prévaut plus que la rentabilité, les coûts de la vieillesse, de la santé et celui des retraites sont aux avant-postes sacrificiels en raison de leur rapport jouissance/prix, aussi onéreux qu’anachronique dans un contexte où toute finalité humaine et sociale est perdue de vue pour ne plus prendre en compte que les exigences gestionnaires du Profit.
La solution la moins chère pour les vieux, les souffrants, les grabataires et toutes espèces de "peines à jouir" étant évidemment le cercueil...
Alors, quelle aubaine quand les malheureux intéressés collaborent à l'idéologie au point de faire eux-mêmes appel à l'euthanasie. L'idéal sado-masochiste du système libéral-libertaire , devenu totalitaire, atteint là un sommet inespéré...
Véronique Hervouët
1. On peut s’étonner par exemple que la logique du Marché, implacable comme on le sait, puisse demander à des travailleurs de métiers pénibles d’exercer leur métier plus longtemps pour combler les déficits, au point de condamner la plupart d’entre eux à arriver à la retraite dans un tel état d’usure physique et psychologique que l’on doit augmenter les demandes de prise en charge pour de multiples handicaps liés à cette situation. Cela paraît a priori aberrant, sauf si l’euthanasie vient opportunément offrir ses "secours" à ces malheureux ...
2. Voir L'homosexualisme, dernier avatar de la révolution sexuelle et cheval de Troie du néolibéralisme ? en ligne sur l'Observatoire du Communautarisme.
3. "J'ai beaucoup d'admiration et d'amour pour Chantal Sébire", M. Kouchner (Le point 19/03/2008).
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00:34 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : euthanasie, capitalisme, société de marché
Commentaires
MAL-COMPRENANTS
> et dire que des mal-comprenants défendent à la fois la société de marché et la "morale traditionnelle" !!!
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Écrit par : jozefa / | 12/11/2010
DU BIEN À ENTENDRE
> Une parole de vérité comme ça, ça fait du bien à entendre, face au monde glacial qui se construit touche à touche...
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Écrit par : Gilles Texier / | 12/11/2010
EUTHANOLOGUES
> Jouir ou mourir. La petite mort ou la grande. Et encore, « grande »… Chacun sait que cette mort est déjà donnée subrepticement dans bien des hôpitaux. Mort dérobée, pâque profanée… Merci à Véronique Hervouët de nous présenter le vrai visage de ces euthanologues libéraux-libertaires. Ils ne sont, en vérité, que de misérables gestionnaires du Profit.
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Écrit par : Denis / | 12/11/2010
pp,
> ce serait bien que tu puisses ajouter des liens pour ns permettre de poster tes ecrits sur facebook ou tweeter. ce sont des choses qui interessent les africains
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Écrit par : tito / | 12/11/2010
FOU
> Pourquoi dans le même temps dépense t'on des sommes astronomiques pour permettre à tous de vivre de plus en plus vieux ? Les produits sont rentables et quand il ne font plus effet on euthanasie ? C'est fou.
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Écrit par : FL / | 13/11/2010
> voir d'urgence 2 liens : www.convergence-soins.com
www.fautpaspousser.org
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Écrit par : le 22 à Asnières / | 15/11/2010
A ma mère et à tous ceux que l’actuelle barbarie à visage mondain juge indignes de vivre :
> Puis-je vous raconter une histoire personnelle qui donne l’état des lieux et l’état d’esprit régnant dans certains hôpitaux ( espérons que ce ne soit pas dans tous…) en matières de traitement des personnes agées atteintes d’Alzheimer .
Il s’agit d’un hopital de province qui se vante de sa modernité (énergie solaire et tutti quanti …pour le batiment ça va…), ce qui lui a valu, la semaine dernière, la visite de notre ministre de la santé --agapes et boisson n’ont pas manqué sauf pour les infirmières amères « quand on pense au mal fou que l’on a à obtenir, en ce temps de canicule, de l’eau pour nos malades ».
C’est dans cet hopital que se situe l’histoire de ma mère qui est aussi la mienne et celle de ma famille et si je la raconte c’est qu’elle est paradigmatique de la façon dont on traite les vieux dans certains hopitaux … modernes !!!! En espérant que ce n’est pas dans tous …
Je précise que je travaille à 800 Km du lieu où vit ma mère dans la meme maison que ma sœur . Je précise aussi que je suis psychiatre et que c’est dans le plus grand effroi que j’ai accueilli, il y a 5 ans, le diagnostic posé d’Alzheimer élucidant quelques uns de ses oublis et raidissement dans son caractère,
Il y avait chez elle ces oublis, quelques confusions et désorientations, quelques idées fixes et déambulations pour vérifier si une des poules qu’elle élevait n’avait pas échappé au carnage opéré par un renard dans son poulailler 2 ans auparavant .
C’est lors d’une de ses vérifications qu’a eu lieu sa chute et devant l’hématome de la hanche qui s’en est suivi j’ai téléphoniquement conseillé à ma sœur de l’amener à l’hopital vérifier une absence de fracture du col du fémur tout en l’incitant à en profiter pour demander au médecin hospitalier de l’hospitaliser quelques jours : le temps d’équilibrer un léger traitement anxiolytique et sédatif qu’il valait mieux prescrire et équilibrer sous surveillance hospitalière vu la sensibilité, toujours particulière, de chaque etre à ce type de traitement psychotrope .
Deux jours après son hospitalisation on m’annonce que ma mère est en coma . Le médecin que je contacte me parle d’une « hypersensibité aux psychotropes ».
Je me rends sur place et j’apprends :
1°) que n’ayant plus de place en gériatrie on a mis ma mère dans un service de médecine générale ;
2° que ce que l’on m’a annoncé etre « une sensibilité aux psychotropes » est, en fait, l’effet d’un traitement erroné qui lui a été prescrit : parce qu’elle était opposante et insomniaque on n’a rien trouvé de mieux que prescrire a une femme de 84 ans , pesant 60 Kg , et n’ayant jamais été malade ni pris un quelconque psychotrope, 3 injections de 25 mg intra musculaire (75 par jour) de Loxapac . Qui connaît le Loxapac sait que celui–ci est un neuroleptique majeur qui vous fusille en deux temps trois mouvements n’importe quel fort des halles en état de grande agitation délirante, pesant un quintal et dans la force de l’age. Là ce fut prescrit en IM à une fragile créature de 84 ans, pesant 60 kg : si ce n’est pas encore de l’euthanazi cela révèle une indifférence totale aux conséquences mortelles d’un traitement prescrit à une pauvre femme agée dont les symptomes dérangent.
Les trois jours suivants ma sœur et moi nous nous relayons au chevet de ma mère en coma. Le personnel , en nombre réduit ( Economie , Economie hospitalière…) n’a pas le temps de vérifier si un patient se déshydrate, si des troubles mortels apparaissent, si des escarres s’installent ..
-Personne pour constater qu’un globe vésical commence – trouble mortel qui entraine le blocage de la fonction rénale : c’est nous qui ferons le diagnostic et alerterons sur la nécessité urgente d’un sondage urinaire.
-Personne pour constater l’apparition de phlyctènes sur les fesses , signal d’une amorce d’escarres, signal aussi d’une urgence à réagir , en changeant la position du malade toutes les deux heures et en installant un matelas anti-escarres. Réponse de l’infirmière que nous alertons :-« Il faudrait la changer de position et la retourner toutes les deux heures (merci nous savons !) mais cette nuit je suis seule pour deux services et je ne peux pas » -« Mettez –lui donc un matelas anti-escarres ! » -« Impossible , nous n’en avons plus : ils sont tous pris. On verra demain si nous pouvons en récupérer un à un malade qui en a moins besoin et le lui donner ». Faut-il préciser qu’une escarres a le temps de se creuser en quelques heures et peut etre mortelle et que, si elle ne l’est pas, il faut des semaines ou des mois de soins couteux pour la guérir.
Face au coma les médecins ont prévu un scanner (comme s’ils ignoraient l’origine loxapac du coma ) qui coute 300 à 400 euros mais là, devant ce coma, les conséquence de ce coma provoqué par leur traitement : rien.
-Globe vésical = urgence : c’est la famille qui le découvre, le diagnostique, ( parce que nous sommes toute la journée auprès d’elle) et non les soignants débordés par la course qu’est devenu leur travail ;
-escarre=urgence : c’est nous qui découvrons les phlyctènes qui apparaissent quand les mesures préventives ne sont pas prises (faute médicale) et les mesures préventives sont simples : - un personnel infirmier qui change la position du malade et le retourne toutes les deux heures pour que le point d’appui ne reste pas le meme –ou un matelas anti-escarres . Savez-vous le prix d’un matelas anti-escarre ? … 140 euros. Je n’ose penser que la pénurie serait voulue et que c’est aux patients agés que l’on en fait payer le prix ( ?)
Le médecin-chef de service avec qui nous prenons contact pour signaler ces impasses (« mortelles » … ce que nous omettons de lui dire de peur que notre maman en fasse les frais) n’a pour toute réponse que la remarque cynique : « Si vous savez mieux soigner que nous vous n’avez qu’à la prendre chez vous »
Ce que nous faisons en hospitalisant maman à domicile et en mobilisant toutes nos connaissances infirmières et médicales…Nous soignons maman et ses escarres , et son infection urinaire et la paralysie consécutive au coma.
Elle a récupéré : c’est à domicile qu’on l’a sorti du coma , c’est à domicile qu’on a rééduqué sa paralysie, qu’on a diagnostiqué son infection urinaire consécutive aux sondages .
Et c’est maintenant une maman retrouvée.
Bien sur ! il y a l’Alzheimer et sa mémoire est un archipel - des oublis mais aussi des plages de souvenirs jamais transmis auparavant et qu’elle nous délivre ; des tristesses et meme des désespoirs mais aussi son merveilleux sourire lumineux quand nous nous retrouvons (« oh ! ma grande je n’y croyais plus ! comment as-tu fait pour me retrouver ») ; et cet amour des enfants toujours là et ses joies émerveillées quand ses arrières petits enfants – 6 -7 ans – la prennent par la main pour la guider et la protéger .
Et que l’age et l’Alzheimer lui aient constitué ces nuits de mémoire il demeure qu’ils n’empechent pas ces retrouvailles lumineuses où n’existent que l’amour qu’elle nous porte et que nous lui portons, amour qui peut enfin se dire et qui nous la fait unique et précieuse .
Reste à dire à tous ces E(U)THANAZISTES, barbares à visage mondain : « NO PASARAN »
Vous ne nous aurez pas !
-Soigner OUI !
-Lutter pour que soit donné à cette noble profession soignante les moyens d’accomplir dignement sa tache et sa mission- que ce soit en hopital , centres palliatifs ou en maison de retraite : OUI
- Lutter pour contrecarrer votre eugénisme euthaNAZIste au service de la mort qui se fait passer pour l’avenir de NOTRE HUMANITE.
VOIR/ :
Porte-parole de Convergence soignants soignés
www.convergence-soins.com
Voir aussi à ce sujet :
Le communiqué de la SFAP
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Écrit par : Donremy / | 28/08/2011
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