Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/08/2010

"Ceux qui parlent de démocratie, qu'ils viennent marcher dans les rues de Bagdad !"

photo irak us.jpgDéclaration de l'évêque auxiliaire des Chaldéens, et bilan d'une guerre pour le pétrole :

 

< Gradé US de la "First Cav" remettant à deux gradés irakiens la clé de la démocratie.


 

Puisque les troupes étrangères s'en vont, elles devraient « laisser derrière elles la paix et la sécurité », déclarait le 19 août (à Radio Vatican) Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Bagdad des Chaldéens: « il est très difficile de vivre dans un lieu où il n'y a ni loi ni gouvernement...Il faut avant tout avoir un gouvernement stable, une loi qui gouverne le pays, alors qu'aujourd'hui les terroristes vont et viennent comme ils veulent... » C'est « le résultat négatif de la guerre : comme le disait Jean-Paul II et comme le dit Benoît XVI, la guerre détruit tout et ne fait aucun bien. » « Que ceux qui parlent de démocratie, viennent marcher dans les rues de Bagdad », a lancé l'évêque.

Après le départ de la dernière brigade de combat américaine (de nuit, sur la pointe des pieds et huit jours avant la date annoncée), le résultat de la guerre de Bush est là : un Irak dominé par les chiites liés à l'Iran, un Kurdistan irakien indépendant de fait (et dans le collimateur des Turcs, lorgnant le pétrole de Kirkouk), et une minorité sunnite ivre de vengeance.

Et pourquoi cette guerre de Bush ? Pour le pétrole évidemment, puisque Saddam n'avait rien à voir avec le 11 septembre.

Traduit sur Slate.fr, un article américain le souligne :

<< La marée noire de BP dans le Golfe du Mexique a rappelé aux Américains que le prix à la pompe est minoré; un calcul honnête devrait prendre en compte la contamination de nos eaux, de notre terre et de notre air. Mais ce calcul demeure incomplet si nous ne prenons pas en compte d’autres facteurs, et surtout celui qui représente sans doute le plus important des coûts externes: le facteur militaire. Quelle est la part du pétrole dans les guerres que nous menons et dans le demi trillion (un trillion représente mille milliards) de dollars que nous dépensons dans le domaine militaire chaque année? En cette période de déficits massifs, il n’est sans doute pas inutile de nous demander ce que nous payons -et combien.

...«Il est gênant politiquement d’admettre ce que chacun sait», écrit Greenspan dans ses mémoires. «La guerre d’Irak est pour l’essentiel une guerre pour le pétrole.»

...Roger Stern, géographe de l’économie à l’Université de Princeton, propose une approche innovante. En avril 2010, il a publié une étude sérieuse du coût du maintien des porte-avions américains dans le Golfe persique de 1976 à 2007. Les porte-avions patrouillant dans le Golfe persique pour protéger le trafic pétrolier, Stern est légitime à attribuer le coût de leur présence au pétrole. Voilà un excellent moyen de mesure. En passant les données du Département de la défense au peigne fin -ce qui n’est pas chose aisée, le Pentagone ne classant pas ses dépenses par mission ou région- il en arrive à un total, sur trois décennies, de 7,3 trillions de dollars. Trillions!

...Une étude, publiée en 2008 par le prix Nobel Joseph Stiglitz et l’experte en budget de l’université d’Harvard Linda Balms, chiffre le coût de cette guerre [d'Irak] –en totalisant ce qui a déjà été dépensé et ce qui le sera probablement ces prochaines années– à un minimum de 3 trillions de dollars (et sans doute beaucoup plus). Encore une fois, cela se chiffre en trillions.

...Les Etats-Unis consomment davantage d’essence aujourd’hui que le jour de l’invasion de l’Irak et de l’incident sur la plateforme de BP dans le Golfe du Mexique... >>

-

 

Commentaires

AVEUGLES

> Il faut être aveugle comme la droite, ou hystériquement anti-arabes, ou sénile comme Glucksmann nostalgique de la guerre froide (alors qu'il était marxiste à l'époque), pour dire que débarrasser le monde de Saddam était une urgence. Ce tyranneau local ne nuisait qu'à ses sujets. On pouvait à la rigueur s'en débarrasser en le faisant abattre par l'un des siens, coup classique. Non, on a fait une guerre folle politiquement mais "justifiée" pétrolièrement par la volonté des industriels US. Aujourd'hui ce qui menace la paix c'est... le Pakistan, "allié" des USA, avec son arme atomique et sa parano anti-Inde qui le conduit à soutenir les taliban. La paix est aussi menacée par la perspective de raréfaction des gisements pétroliers.
On dira "et le terrorisme" ? Le terrorisme est affreux mais ne menace pas la paix, sauf si des Etats en tirent prétexte pour déclencher, eux, des guerres.
ps : dans le passé aussi. Les criminels qui ont déclenché 1914 ne sont pas la bande des excités serbes mais les Etats : autrichien, russe, allemand, anglais, français. Et pas pour des beaux principes mais par logique économique.
______

Écrit par : zimmerwald / | 21/08/2010

FOLIE

> Je ne pense pas que la guerre de 2003 avait pour cause première la soif de pétrole. Ce qui importait pour l'administration Bush, c'était avant tout de se débarrasser de Saddam pour le remplacer par un je-ne-sais-quoi docile et respectueux des intérêts américains dans le Moyen-Orient (donc d'Israël, ennemi juré du régime de Bagdad). Abattre la dictature baasiste devait être le premier pas vers le "Great Middle East" ; nous paierons cette folie pendant quelque temps encore.
L'image jointe à l'article de PP me rappelle une anecdote que je tiens d'un militaire américain: lors d'une cérémonie similaire, les officiers US donnèrent symboliquement à leurs confrères irakiens les clés de la caserne qu'ils avaient évacué la veille. Sitôt la parade terminée, les troupes irakiennes prirent possession des lieux... et se livrèrent au pillage du matériel laissé par les Américains !
______

Écrit par : Un jeune chrétien naïf / | 21/08/2010

IDEOLOGIE

> 1) On insiste beaucoup sur le facteur économique dans cette guerre. Je crois que c'est réducteur. D'autres raisons s'ajoutent à cela, et parmi celles-ci la moindre n'est pas l'idéalisme américain qui vise à imposer la démocratie au monde entier. L'idéologie des Lumières peut aussi être très violente...

2) Dans votre tableau de l'Irak d'aujourd'hui, il manque la place des chrétiens, ou plutôt la non place

Ce n'est pas directement lié au sujet, mais il faut absolument lire "Le prix à payer", de Joseph Fadelle, autobiographie d'un musulman irakien converti au catholicisme.
______

Écrit par : ludovic / | 23/08/2010

PASSAGE

> Je me demande si un passage de Caritas in Veritate comme celui-ci ne pourrait pas être interprété comme une récusation de la décroissance :

14. « [...] Si, d’un côté, certains tendent aujourd’hui à lui confier la totalité du processus de développement, de l’autre on assiste à la naissance d’idéologies qui nient in toto l’utilité même du développement, qu’elles considèrent comme foncièrement antihumain et exclusivement facteur de dégradation. Ainsi, finit-on par condamner non seulement l’orientation parfois fausse et injuste que les hommes donnent au progrès, mais aussi les découvertes scientifiques elles-mêmes qui, utilisées à bon escient, constituent au contraire une occasion de croissance pour tous. L’idée d’un monde sans développement traduit une défiance à l’égard de l’homme et de Dieu. C’est donc une grave erreur que de mépriser les capacités humaines de contrôler les déséquilibres du développement ou même d’ignorer que l’homme est constitutivement tendu vers l’« être davantage ». Absolutiser idéologiquement le progrès technique ou aspirer à l’utopie d’une humanité revenue à son état premier de nature sont deux manières opposées de séparer le progrès de son évaluation morale et donc de notre responsabilité. »

Autant en débattre, parce que certains catholiques partagent la même opinion que Serge Latouche, mais pour s'en féliciter. Crevons l'abcès, donc!
______

Écrit par : Blaise / | 26/08/2010

Les commentaires sont fermés.