Nikita Mikhalkov : "la plus criante des vérités, si elle est énoncée sans amour, est le pire des mensonges"

...une critique de la société russe, mais que des Français bien-pensants pourraient méditer !

 

Deux passages de l'entretien donné par le cinéaste russe (pour son nouveau film) à Jean-Luc Douin :

« Pour moi, les Etats-Unis ne sont pas un pays, c'est un projet puissant, économique. L'homme y est un moyen, pas un but. Il n'y a pas de place là-bas pour les sentiments. La Russie, elle, est un pays où le sentiment de compassion est plus important que tout [1]. L'homme russe peut-il vivre autrement , je pense que non ! Je l'espère, même ! Comment cette compassion peut-elle cohabiter avec la loi ? C'est la question de mon film. » [2]

« Un grand penseur a dit un jour que la plus criante des vérités, si elle est énoncée sans amour, est le pire des mensonges. C'est tellement vrai ! A vous de déceler dans ma façon de filmer ce que j'aime, ce que je n'aime pas. »

 

[Le Monde, 10 février].

 

 

[1]  Mikhalkov parle ici de la profondeur de l'âme russe, non des systèmes socio-politiques qui ont régi le pays. Son entretien est rétrospectivement sévère à l'égard de l'URSS, mais il l'est aussi envers la société russe actuelle.

[2]  "12" : un film qui reprend l'intrigue des Douze hommes en colère de Sidney Lumet en transposant l'intrigue dans le contexte de la Russie d'aujourd'hui. (Le jeune immigré portoricain devient un jeune Tchétchène, etc).