11/02/2010
Mgr Fisichella (l'homme du pape pour les questions de la vie) : que la population soit "informée de manière correcte"
Le président de l'Académie pontificale pour la vie appelle à la mobilisation "au-delà des différences culturelles, religieuses, politiques". Ce rappel de la ligne catholique exclut toute récupération partisane (de gauche comme de droite) dans la défense de la vie, domaine crucial pour toute l'humanité :
ROME, Mercredi 10 Février 2010 (ZENIT.org) - Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la vie, a rappelé la « grande responsabilité » des catholiques dans la défense de la vie. Un an après la mort d'Eluana Englaro, la jeune femme de 38 ans plongée depuis 17 ans dans le coma après un accident et dont l'alimentation et l'hydratation avaient été interrompues suite à une décision de justice, Mgr Rino Fisichella est revenu sur les conséquences de cet événement. Dans une interview accordée à ilsussidiario.net et reprise par L'Osservatore Romano dans son édition du 10 février, il souligne combien cet événement « a déchiré notre tissu social, surtout parce que la population n'a pas été informée de manière correcte ».
Cela a constitué « une page très triste de notre histoire : une jeune femme gravement malade mais vivante, a été privée d'alimentation, déshydratée, exposée, contrairement à ce que l'on dit, à de grandes souffrances et conduite à la mort », a-t-il rappelé. Et cela a été rendu encore « plus triste par l'instrumentalisation politique qui en a été faite ».
« Dans les prochaines décennies, le législateur, la société et l'Eglise seront de plus en plus confrontés à des problèmes d'ordre bioéthique », a également ajouté le président de l'Académie pontificale pour la vie. « Tout cela est inévitable en raison du progrès de la science (médicale et génétique) qui pourra offrir des horizons positifs, de nouvelles réponses à la douleur et à la maladie ». « Mais cela ouvrira en même temps de nouveaux scénarios, que nous commençons à connaître et qui touchent la vie humaine naissante, embryonnaire, sur laquelle on commence à faire des hypothèses inquiétantes de sélection de la race », a mis en garde Mgr Fisichella.
A ses yeux, les catholiques ont un « grand devoir » : celui de « créer un consensus autour des thématiques qui, parce qu'on les découvre et qu'on les retrouve dans le fondement éthique d'une loi naturelle, sont le patrimoine de tous au-delà des différences culturelles, religieuses, politiques ».
« La défense de la vie dans toutes ses manifestations, de son début à sa fin naturelle, doit donc se trouver au premier plan pour les catholiques, conscients de la grande responsabilité qu'ils portent dans la défense de ces principes », a-t-il conclu.
00:09 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : christianisme
Commentaires
UNE CAMPAGNE DE DIFFAMATION
> Mgr Fisichella, à qui Benoît XVI a confié la présidence de l'Académie pontificale pour la vie, est l'objet d'une vipérine campagne de diffamation de la part des réseaux intégristes. Motif :
il met de l'humanité et de la compassion dans la mise en oeuvre de la morale catholique.
C'est ce que ces milieux ne lui pardonnent pas. Ils sont ainsi conduits à semer la division dans l'Eglise, selon leur habitude séculaire.
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Écrit par : Leoluca / | 11/02/2010
PLANCHE POURRIE
> Malheureusement la campagne de déstabilisation va bien au-delà des "réseaux intégristes". A lire Sandro Magister, on voit qu'une contestation virulente et excessive vient de l'intérieur de l'académie. En témoigne un article interminable de Mgr Michel Schooyans incroyablement intitulé "Les pièges de la compassion" et qui mélange un peu tout sans prudence et étale surtout sur la place publique des différends qui devraient être abordés, à mon avis, à l'intérieur de l'académie. Que n'a-t-il écrit un article intitulé "Les fruits de la compassion" pour présenter de manière positive la compassion chrétienne et non par opposition ? Plutôt que de dire ce que n'est pas la compassion chrétienne, pourquoi ne pas dire ce qu'elle est, tout simplement ?
Suite au fameux article de Mgr Fisichella, il y a eu une mise au point de la Congrégation pour le doctrine de la foi : pourquoi ne pas s'en tenir à cela ? Pourquoi certains, à Rome s'acharnent-ils à rallumer le feu alors même qu'il n'y a aucun doute sur le magistère de l'Eglise ? C'est incompréhensible. Cette affaire est une planche pourrie depuis le départ.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 11/02/2010
ON LA LEUR SOUHAITE
> L'église romaine n'a qu'à prendre en charge les coûts hospitaliers de ces personnes "maintenues en vie" (??)pendant tant d'années !, car souvent, la famille n'en peut plus ! - c'est trop facile, depuis le fameux trône de StPierre de dire : "respectez la vie" = pourquoi appeler "vie" cette vie-là ?? on la leur souhaite!
brigitteh
[ De PP à Bh - Quand on écrit ce genre de chose, on signe de son nom. Si l'on ne veut pas signer, on n'écrit pas. ]
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Écrit par : brigitteh / | 11/02/2010
RELAIS D'INFLUENCE
> Oui, Leoluca, cette campagne de diffamation ne fait que semer le trouble. Mais comment faire la part entre les rumeurs et les difficultés réelles rencontrées par Mgr Fisichella? Ainsi un certain nombre de ses ennemis prétend qu'il aurait été désavoué par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais je note que celle-ci s'est contentée de réaffirmer le refus de l'avortement par l'Eglise. Enfin, les membres du Conseil Pontifical pour la Vie seraient très divisés à propos de leur président, et certains seraient même entrés dans une fronde ouverte contre lui. C'est en tout cas ce qu'écrit Sandro Magister, qui semble plutôt réjoui de ce qui se passe. Qu'en est-il au juste? Comme les gens qui écrivent sur Mgr Fisichella sont également ceux qui ont des comptes à régler avec lui, j'ai plutôt du mal à voir clair.
Blaise
[ De PP à B. - A propos du site Sandro Magister : méfiez-vous des "vaticanologues". Ce ne sont souvent que des relais d'influence. ]
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Écrit par : Blaise / | 11/02/2010
UN FAIT
> En matière d'euthanasie, c'est un fait : nous ne sommes pas correctement informés. Lorsque le sujet tombe dans l'arène publique c'est à l'accasion d'affaires montées par le lobby ADMD. Comme en Italie avec Eluana Englaro, les personnes impliquées sont victimes d'instrumentalisation.
Sans compter la façon partiale dont sont menées les interview : d'une part les nombreuses interview de soignants dans les unités de soins palliatifs qui ne sont pas diffusées, parce que leur propos n'est pas "correct". De l'autre, les coupures abusives, faites sans l'autorisation des intéressés, pour mieux casser leur argumentation.
Ajoutons que la connaissance de la Loi Leonetti par le grand public est quasi nulle. Et que beaucoup ne font pas la différence entre euthanasie et soins palliatifs. A qui la faute? à la mauvaise information!
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Écrit par : Blaise / | 11/02/2010
FAUT-IL
> J'entends dire que Mgr Michel Schooyans, que je tenais en grande estime, serait parmi les contestataires de la présidence de Mgr Fisichella.
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1342048?fr=y
Faut-il parler de campagne de diffamation ou bien plutôt de grave divergence ?
Michel de Guibert
[ De PP à MG - Il y a une autre explication, que le respect dû au vénérable Mgr Schooyans interdit d'exprimer. ]
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Écrit par : Michel de Guibert / | 11/02/2010
Mgr FISICHELLA EST UN HOMME DE VALEUR
> En effet, Leoluca, il faut espérer que cette campagne tourne court. Car Mgr Fisichella est un homme de valeur. Il aborde les problèmes avec beaucoup d'humanité, et pourtant ce n'est pas un tiède !
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Écrit par : Flam / | 11/02/2010
"SILENCE AUX LOUPS"
> Ce qui montre le vice diviseur de cette campagne, c'est qu'elle prétend que Mgr Fisichella aurait commis une faute en écrivant son article (avec l'assentiment du pape et du cardinal secrétaire d'Etat, rappelons-le). Quelle faute ??? Mgr Fisichella condamne l'avortement mais réagit avec amour chrétien. Lui reprocher d'avoir parlé de "compassion", c'est ignoble, surtout de la part de gens qui jouent aux catholiques.
Ces gens tirent argument du fait que le lobby de l'avortement au Brésil aurait exploité l'article de l'Osservatore Romano pour dire que l'Eglise ne condamnait plus l'avortement. Et alors ? Ce n'est ni la première ni la dernière fois que les ennemis de l'Eglise déforment gravement
ce qu'elle dit. Et généralement c'est dans l'autre sens (pour l'accuser de dureté), mais là ça
ne choque pas les intégristes...
Silence aux loups qui hurlent contre Mgr Fisichella ! Qu'ils retournent dans leur meute idéologique dont ils ne devraient jamais sortir, et qu'ils cessent de se poser en catholiques alors qu'ils ignorent l'amour chrétien. Oui, Dostoïevski a raison, il existe une façon de proclamer la vérité qui la transforme en "pire des mensonges". Je serais ces gens que je craindrais pour mon salut éternel.
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Écrit par : Alain Alfieri, pour soutenir Mgr Fisichella / | 12/02/2010
ON A EU TORT DE TROP PARLER
> Ce que j'ai trouvé stupéfiant dès le départ de l'affaire de Récife, c'est la naiveté des différents commentaires. En effet comment pouvait on espèrer aborder un tel sujet avec calme et raison. Dès le départ quels que soient les arguments présentés, on était piégé :
si on condamnait l'avortement on passait pour un monstre sans coeur si par contre on "comprennait" l'avortement on ouvrait une brèche dans la protection de la vie. On a eu torT de trop parler et de discuter sans cesse les propos de X ou de Y. Il est parfois plus utile de faire des ronds dans le sable.
AR
[ De PP à AR :
- La question n'était pas là : l'avortement en général n'est pas à "comprendre", c'est un mal.
Et personne dans l'Eglise n'a parlé de le "comprendre", contrairement à ce que les intégristes et le lobby pro-avortement voudraient faire croire !
- Le problème est d'avoir porté sur la place publique mondiale ce drame qui aurait dû être enveloppé du manteau de la discrétion, par égard pour ses victimes. Impardonnables sont ceux qui s'en sont fait un drapeau et l'ont brandi dans une apothéose de bêtise froide, qui culmine aujourd'hui avec leur tentative de lynchage contre Mgr Fisichella.]
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Écrit par : Alexandre Riberon / | 12/02/2010
Mgr SCHOOYANS ET LES ILLUMINATI
> Je me pose, depuis longtemps, beaucoup de questions sur Mgr Schooyans. J'ai lu dans le passé son livre "L'Evangile face au désordre mondial". Ce livre, malgré ses qualités évidentes, m'a beaucoup surpris. Sous beaucoup d'aspects, il n'est pas sans rappeler la littérature conspirationniste : démarche essentiellement dénonciatrice, et même référence à un complot de la maçonnerie "hermétique" avec même une note en bas de page évoquant le terme d'Illuminati et faisant remonter cette organisation aux templiers !!!!! On n'est pas loin de Dan Brown ! Que penser de cela ?
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Écrit par : ignotus / | 12/02/2010
ATMOSPHÈRE
> à ignotus - "que penser de cela ?" Que Mgr Schooyans - je le respecte un peu moins que ne le fait PP - fait une fixette conspirationniste. Non seulement les Illuminati, mais le complot "réchauffiste", etc ! Il les collectionne. Conseillons-lui de changer d'atmosphère.
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Écrit par : Cagliostro / | 12/02/2010
FELLINIEN
> Je suis allé voir sur les sites italiens cette curieuse conspiration contre Fisichella. J'ai eu l'impression de voir "Fellini Roma".
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Écrit par : Strappazzon / | 12/02/2010
ETRE RESPONSABLES
> Derrière les débats passionnés autour des questions touchant à la vie humaine, se cache celle de l'attitude juste, c'est-à-dire adulte, à avoir face à la loi, fut-elle d'Eglise. En effet il me semble, et je le confesse j'en ai été une pratiquante, que beaucoup à notre époque "adulescente" attendent des instances supérieures, Etat ou Eglise, qu'elles nous ôtent par leur législation le souci de peser par nous-mêmes, en conscience, dans telle situation particulière, les différentes options possibles afin de trancher en faveur de la moins mauvaise.Quitte à devoir ensuite en payer les conséquences devant une justice qu'il ne s'agit pas nécessairement de remettre en cause, mais qu'il faut parfois avoir le courage de braver parce-qu'elle n'était pas adaptable à tel cas particulier. Je m'explique: c'est la noblesse des médecins, par exemple, d'avoir des cas de conscience où il est question de vie et de mort. Et si l'on peut objectivement dire que tel médecin, par exemple, en choisissant la vie de la mère et en ne venant pas au secours du bébé en détresse, va contre une loi bonne, inspirée par la nature, nul ne peut l'accabler de reproches moralisateurs, et c'est la sagesse de la justice que de juger, en respectant l'esprit de la loi, avec clémence. Non de chercher à modifier ladite loi pour soi-disant le déculpabiliser, en fait pour le déresponsabiliser. C'est de notre dignité et de notre grandeur d'hommes doués de conscience morale dont il est ici question. C'est en ce sens que même le pape s'agenouille devant notre conscience.
Or dans notre société démocratique, nous refusons tous ce poids, cette charge de devoir juger seul, en notre âme et conscience, de nous retrouver dans cette solitude d'une conscience adulte, et de prendre le risque d'être ensuite incompris. Tocqueville a très bien montré cette complicité entre un Etat tutélaire qui se charge pour nous de nos cas de conscience et du poids de notre liberté, et nous-même qui n'aspirons qu'à jouir égoïstement de petits plaisirs,en éloignant tout trouble. Ce qui est vrai de notre relation immature à l'Etat l'est aussi pour nous chrétiens catholiques dans notre relation à l'Eglise: qu'elle nous ôte l'inconfort du doute, l'effort d'analyser en conscience, le poids de la décision, la souffrance d'être incompris et critiqué ! Que ce soit chez les intégristes ou chez les progressistes, même chez les "normaux" qui attendent de leur père spi, accompagnateur, etc, de les soulager de tout cela !
Je crois qu'il y a là une réflexion de fond à mener.
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Écrit par : Josnin / | 12/02/2010
LA VIE SOUS TOUS SES ASPECTS, FACE AU SYSTÈME QUI LA MUTILE
> La défense de la vie ? Celle des chômeurs est-elle incluse ? Des femmes seules avec enfants contraintes par les délires de l'économie libéral de faire le trottoir pour nourrir leur progéniture ? Des SDF ? Des malades qui meurent parce que les hôpitaux n'ont plus les budgets adaptés pour leur venir en aide de manière efficace ? (Je sais d'autant plus de quoi je parle que j'ai un fils lourdement autiste et j'ai vu moi, l'horreur économique en action dans son hôpital de jour, on aurait un hôpital sous Ceaucescu !) Et ainsi continuera la litanie...Et les suicidés par dépression pour raisons économiques de cet Occident qui n'a plus de chrétien que les ruines d'une morale à peine Platonicienne!
Caramba ! Encore raté ! On sait tous très bien ce qui depuis toujours se cache au nom du bien: la protection aveugle du pire...
jo
[ De PP à Jo - Parfaitement d'accord sur tous ces points. Regardez un peu les notes de ce blog, et vous verrez que sa cible est le système économique déshumanisant. Capitalisme ultralibéral, productivisme industriel, consumérisme de masse.]
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Écrit par : jo / | 13/02/2010
Bonjour,
@Josnin : Je voudrais juste apporter une petite nuance à ce que vous dites. Certes, on est parfois trop tenté par un certain pharisaïsme, un certain légalisme, qui nous épargnerait la lourde tâche d'assumer notre conscience et même de penser par nous-même, alliant l'intelligence aux principes qui nous meuvent.
Cependant, si en dernier lieu c'est en notre conscience, avec intelligence, que doivent prendre racine nos actes, une conscience chrétienne bien formée ne saurait s'affranchir d'un discernement en Eglise. Vous parlez par exemple de la direction spirituelle : elle n'a pas pour but de décider à notre place, mais nous n'avons pas non plus le recul suffisant, ne serait-ce que parce que nous sommes déchu, pour apprécier ce qui est la Vérité et ce qui ne l'est pas. En d'autres termes, dans le cadre de la direction spirituelle, on n'est libre de faire le mal (c'est ainsi que Dieu nous a créé), mais on n'est pas libre de décider de nous-même ce qui est mal ou ne l'est pas, ce qui est vrai et ne l'est pas. En dernier lieu, on n'est pas non plus libre de se juger soi-même, pas plus que de juger autrui. D'où le fait que la direction spirituelle est indissociable de la confession.
@PP : pour ma part, j'ai aussi retenu une chose importante dans les propos de Mgr Fisichella, c'est le rappel explicite du fait que la défense de la vie soit la priorité n°1 de l'engagement social chrétien. Pour citer Benoit XVI, dans son discours pour la journée mondiale de la paix 2010 : "Il faut sauvegarder le patrimoine humain de la société. Ce patrimoine de valeurs a son origine et est inscrit dans la loi morale naturelle, qui est à la base du respect de la personne humaine et de la création". Le droit à la vie étant au coeur même de la morale naturelle, lorsqu'il est menacé ou simplement bafoué, sa défense devient bien la base de tout engagement social au service du bien commun. Pour citer le catéchisme : "2273 Le droit inaliénable à la vie de tout individu humain innocent constitue un élément constitutif de la société civile et de sa législation". Et dans Donum Vitae : "Dans le moment où une loi positive prive une catégorie d’êtres humains de la protection que la législation civile doit leur accorder, l’Etat en vient à nier l’égalité de tous devant la loi. Quand l’Etat ne met pas sa force au service des droits de tous les citoyens, et en particulier des plus faibles, les fondements même d’un état de droit se trouvent menacés..." Lorsque l'état de droit est de fait corrompu dans ses fondements, tout engagement social est potentiellement condamné a demeurer "pansement sur jambe de bois" si il ne s'attache pas d'abord à restaurer ou protéger ce fondement qu'est le droit à la vie. Voilà ce que je retiens tout particulièrement de ces propos.
JS
[ De PP à JS - La défense de la vie s'applique à tous les domaines. Le pire pharisaïsme est de s'en prendre aux effets sans voir qu'ils ont des causes, et que la détresse d'une femme a souvent pour origine sa situation sociale et économique. Ne séparons pas ce que la DSE voit comme un tout, s'il vous plaît. ]
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Écrit par : Joël Sprung / | 13/02/2010
DEUX POINTS DE VUE COMPLEMENTAIRES
> Je suis d'accord avec vous, et je ne fais pas une fixette sur l'avortement ou l'euthanasie. Quoiqu'en matière de défense de la vie, je considère pour moi-même que l'Eglise a une option préférentielle pour les plus vulnérables, qu'ils sont donc les premiers à susciter son attention, là où pour le monde ils sont souvent les premiers à souffrir du manque d'attention.
Ensuite sur le rapport des effets et des causes, comme vous justement je considère qu'il faut voir le social comme un tout. Simplement, comme cela arrive souvent, même entre frères catholiques qui se respectent, je ne partage pas votre rapport de cause à effet. Vous voyez la détresse économique et sociale comme la cause dans ce qui va par exemple pousser une mère à avorter... et ponctuellement, dans bien des situations individuelles vous aurez raison, Ô combien raison ! Le tragique des situations sociales individuelles qui poussent certaines femmes à ne pas accueillir un enfant, en particulier lorsqu'il souffre d'un handicap, ou certaines familles à refuser d'accompagner jusqu'au bout la souffrance de leurs proches en fin de vie, est particulièrement révoltant.
Quant à moi, je considère à l'inverse que c'est le non respect de la vie, en particulier des plus vulnérables, qui est la cause de la dérive sociale, et donc des dérives (notamment économiques) qui en découlent, avec son lot de tragédies individuelles, de pauvretés et de misères. Ca ne veut pas dire que je nie la détresse personnelle de ceux qui ont recours à l'avortement, au contraire. Je me permets juste de faire remonter les racines de cette iniquité justement dans le renoncement du système à défendre la vie des plus vulnérables. D'après-moi, et il m'apparait que c'est théologiquement cohérent avec l'enseignement de l'Eglise, le non respect de la vie est la racine du mal social et non sa conséquence.
Joël Sprung
[ De PP à JS :
- Pourquoi opposer ces deux points de vue qui sont complémentaires ? Je partage votre point de vue. Vous pouvez partager le mien. Ils vont ensemble. Le catholicisme n'oppose pas :
il associe. D'autre part il postule la raison, qui discerne les causes et les effets.
- Et à ce sujet, ce qui me soulève d'indignation est l'attitude des tartuffes qui : a) défendent le système capitaliste libéral, b) défilent contre l'IVG qui fut instaurée en France par un président capitaliste libéral, et dont la pratique de masse est devenue un pilier philosophique de l'Occident capitaliste libéral.
- C'est justement cette "philosophie" de masse qui fait que l'avortement (de masse lui aussi) n'est pas pratiqué seulement par des mères en détresse ! L'IVG "de confort" (mot atroce) est typique des pays riches. Raison de plus pour remonter jusqu'à la cause, et pour la combattre. Cette cause est une psychologie de masse produite par le matérialisme mercantile, c. à d.
le climat moral du consumérisme dans la situation globale décrite par Gilles Lipovetski :
"Le marché devenu modèle universel a gagné l'imaginaire collectif et individuel, les modes
de pensée, les buts de l'existence, le rapport à la culture, au sport, à l'art, à l'éducation", etc.
C'est la grande "structure de péché" aujourd'hui. Quiconque ne voit pas cela, refuse de voir la réalité.
- Vous qui vous voulez politique, vous devriez étudier cet aspect de la question. "Politique" ne veut pas dire centrisme roudoudou (ni d'ailleurs extrémisme facho ou gaucho). Une politique inspirée de l'Evangile doit parfois être radicale. (Radicalement évangélique, évidemment ; pas compromise avec des radicalités anti-évangéliques comme on le voit ici et là). Radicalité veuit dire "aller à la racine" : et la racine des comportements collectifs aujourd'hui, c'est l'empire économique qui s'est emparé des mentalités jusqu'au plus intime. Un chrétien qui veut assumer le politique, doit prendre en compte cette dimension de la crise générale. Sinon il déguise en "politique" des esquives ou des conduites-prétextes, et c'est bien dommage. Pour lui et pour les autres. ]
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Écrit par : Joël Sprung / | 14/02/2010
> Re... je suis désolé, j'ai oublié une précision sans laquelle il pourrait y avoir un malentendu. Ce n'est pas parce que je pense que la défense de la vie est la première des priorités que j'en déduis que l'action sociale se résume à faire interdire l'avortement et l'euthanasie ou de s'enchainer aux portes des centres de planification. La lutte contre la pauvreté, la revalorisation de la famille, l'éducation à la solidarité, etc... Ce sont des étapes incontournables, qui s'inscrivent dans l'engagement à défendre la vie des plus vulnérables, comme d'ailleurs vous l'indiquez dans l'exemple de ce qui peut pousser des femmes à avorter. Mais c'est précisément dans l'optique de défendre la vie qu'on doit mettre en oeuvre ces actions sociales, et non l'inverse.
Garder cela à l'esprit permet d'opérer, je crois, un juste discernement dans certains cas. On voit que ce discernement n'est pas facile, dans la mesure où c'est bien par charité sociale et avec les meilleures intentions du monde (que je ne saurais juger) qu'on a voté la loi Veil, pourtant inique, en définitive. Si on avait bien gardé à l'esprit que la défense de la vie des plus vulnérables est la priorité, on aurait certainement cherché d'autres orientations pour apporter charité et solidarité aux femmes en détresse, sans pourtant rien nier de cette détresse, qui d'ailleurs n'a en rien été résolu au final.
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Écrit par : Joël Sprung | 14/02/2010
MINUS HABENTES
> Les blogs intégristes (entre deux insultes aux évêques français) nous assuraient qu'on allait assister au renversement de Mgr Fisichella ces derniers jours à Rome, à la réunion de l'Académie pontificale pour la vie. Evidemment ça n'a pas eu lieu : une fois de plus ils ont pataugé dans l'improbable. Ils ont dû se contenter d'un discours de Benoît XVI rappelant les positions constantes de l'Eglise catholique avec lesquelles tout le monde est évidemment d'accord à l'Académie, président en tête. Un président (Fisichella) auquel le pape a bien entendu rendu hommage au début de son allocution... Le putsch rêvé des intégristes n'a pas eu lieu, parce qu'il n'était pas question qu'il ait lieu et que personne n'aurait eu l'idée d'en tenter un. Mais nos nunuches se répètent les uns aux autres qu'ils ont "gagné" contre "l'ennemi"... Deux notions bien étrangères à toute ecclésiologie. Mais enfin, quoi, on ne peut pas en vouloir aux minus habentes. Ils sont mal équipés.
Pacificus
[ De PP à P. - Oui, le texte du discours m'a été envoyé (avec un commentaire sifflant) par un zozo qui croit que Mgr Fisichella est POUR l'avortement et donc condamné par les paroles du pape ! Citons Péguy : "Seigneur, délivrez-nous des imbéciles" ('Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc', acte 1).]
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Écrit par : Pacificus / | 14/02/2010
"MALADES MENTAUX"
> Il faut rappeler que cette excitation de certains contre Mgr Fisichella n'a aucune base. Le prélat n'a jamais justifié l'avortement (contrairement à ce qu'ils clament) : il a critiqué le battage indécent ("inhumain" avait dit PP si je ne m'abuse) qui transformait la lugubre affaire de Recife en psychodrame international au lieu de la laisser dans une discrétion miséricordieuse. A qui la faute au départ ? qui a médiatisé grossièrement cette affaire ? qui a fait des communiqués plus qu'inopportuns ? Pas Mgr Fisichella, qui n'est intervenu qu'ensuite dans L'Osservatore Romano pour essayer d'apaiser les esprits. Et qui du coup a été diabolisé. Voilà ce qui s'est réellement passé, n'en déplaise aux dingues qui ne cessent d'en rajouter au point de fabriquer une fausse "affaire Fisichella", absolument infondée, qu'ils substituent aux faits réels pour se donner le beau rôle.
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Écrit par : Bernard Gui / | 15/02/2010
à Joël Sprung,
> Merci de prolonger la réflexion. Oui nous avons besoin des lumières des autres:de ceux qui ont par leur ministère reçus un charisme de discernement; en disciple d'Aristote,j'ajouterais de nos amis,qu'ils soient ou non chrétiens.Cela n'est pas la conséquence de notre péché(historiquement il me semble nous ne sommes plus déchus mais sauvés, depuis un peu plus de 2000 ans maintenant), mais de notre nature: la personne est substance et relation, elle se construit par et pour les autres, et en Dieu qui est relation substantielle du Père, du Fils et de l'Esprit il y a échange permanent.
Mais je me méfie dès lors qu'on me dit que nous ne sommes pas à même de voir la vérité: on n'est pas loin alors de la manipulation. A la différence d'un Luther qui voyait en la raison la "putain du diable" dont il faut se méfier, l'Eglise Catholique a toujours fait confiance dans les capacités humaines qui sont toutes bonnes et aptes à répondre à leur mission, tant il est vrai que les dons de Dieu sont sans repentance. Non, le mal n'est pas dans une de nos facultés, mais dans le désordre intérieur si bien que la raison veut diriger seule, le coeur se rend sourd au discours de la raison, le corps en souffrance rue en tous sens ...parce qu la relation à Dieu, qui nous fait tenir debout et replace tout dans l'ordre , est abîmée.Le travail d'un père spi je crois est donc d'aider à remettre de l'ordre,afin que nous puissions jouir au mieux de nos capacités naturelles,dons de Dieu.Et la grâce sacramentelle est pour cela d'une efficacité surnaturelle.Pas de nous influencer.C'est en ce sens je crois qu'il faut comprendre l'encouragement de Jésus à l'encontre de Judas alors que celui-ci s'apprête à le trahir.C'est ta décision en consience? Alors va!Un mot, un seul, du Christ et Judas revenait sans doute sur sa décision,mais non: Dieu ne viole pas les consciences,mais toujours Il se tient à nos côtés, et son Salut se réalise même au travers nos décisions les pires. Ce que n'a pas compris Judas, qui a accordé par orgueil une dimension irréversible à sa trahison, ce qu'a compris, dans le don des larmes, Pierre, que Jésus a conforté dans sa mission émminente.Même faute ou presque: l'un s'est suicidé,et même son champ est devenu stérile, l'autre est la pierre sur laquelle repose toujours notre bonne vieille Eglise, à juste titre"experte en humanité".
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Écrit par : Josnin / | 15/02/2010
> Merci, chère Josnin, pour votre développement lumineux... qui prolonge à son tour la réflexion.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 15/02/2010
ACCORDS
@ PP : dans le fond nous sommes bien d'accord. Je ne veux pas vous faire l'affront de chipoter. Je précise juste que discerner les causes et les effets, c'est précisément ce que j'ai proposé de faire dans mon message auquel vous avez répondu, de même que de remonter à la racine du mal. Encore une fois, le point sur lequel je reviens n'efface rien de l'immense majorité des points de vue que je partage avec vous sur la question sociale. Simplement parfois par empressement et négligence, je me contente trop de revenir sur les points de désaccord et ne souligne que trop peu ceux en faveur desquels j'abonde.
Du point de vue que j'exposais, sans vouloir me répéter, je proposais juste que la "racine" (précisément) du mal social, me semble plus être ce que Jean-Paul II appelait la culture de mort, de laquelle découle le système capitaliste libéral, plutôt que l'inverse. C'est bien de l'ordre des causes et des effets qu'il est question. Et ce pour une raison toute simple, c'est que la racine d'une société ne se résume pas à un système économique. La culture de mort né dans le relativisme moral. De ce relativisme général, social au plan global du terme, né le relativisme plus particulièrement économique et politique. Or ce relativisme moral est acté en premier lieu en relativisant la valeur de la vie humaine. Bref, tout ça pour en venir au fait que je suis tout autant soulevé d'indignation que vous par le système capitaliste libéral actuel, mais que mon indignation touche à son apogée devant la négation du droit à la vie des plus petits.
Pour le côté politique... Ah... je me permets de dire avec un sourire empreint d'une certaine tristesse que je ne me veux pas politique justement (je m'en passerais bien même). J'ai juste l'impression qu'il y a tellement à faire, et avec une telle urgence qu'il faut qu'on s'y mette tous, même les nains tels que moi qui n'y comprennent pas grand chose. Voyez, je peux dire ce soir, avec beaucoup de tristesse au coeur, et une certaine culpabilité aussi, que je n'ai pas réussi à rassembler la liste chrétienne pour les régionales en Pays de la Loire. Echec ! Je m'en veux, mais vous n'imaginez même pas comment. Je me dis que je n'ai pas assez fait, que je n'ai pas bien fait, etc...
Bref, désolé, je m'épanche un peu sur votre blog, après retour de l'hôpital où je suis allé voir mon petit bout de chou juste réveillé de son opération. Ca fait beaucoup d'émotion pour une même journée.
Par contre ma tristesse est quand même compensée en pensant que le président de Solidarité, Axel de Boer, a réussi, à la dernière minute aujourd'hui, à déposer la liste chrétienne pour l'Ile de France. Les chrétiens d'Ile de France qui le souhaitent auront donc la chance de pouvoir voter pleinement et exclusivement pour la doctrine sociale de l'Eglise. Et pour que vous soyez rassuré cher PP, en rapport avec votre commentaire, la liste chrétienne n'est pas une liste du centre, pas plus qu'elle ne se défausse vis-à-vis de la crise socio-économique. Tout cela peut d'ailleurs facilement se vérifier en consultant les propositions de Solidarité sur son site. Par exemple, la 5ème des 18 propositions pour l'élaboration du programme, porte sur l'application du principe de subsidiarité en économie. La 6ème porte sur l'application du principe de solidarité en économie (explorer d'autres formes de propriété, pour une économie solidaire et participative). La 8ème porte sur une écologie humaine et chrétienne... D'autres idées foisonnent et commencent à germer (je vous avais déjà évoqué pour ma part l'objectif d'une interdiction de la publicité par exemple). Bref, comme vous dites très bien, la défense de la vie s'applique à tous les domaines, et l'engagement politique que j'ai déjà partagé avec vous sur ce blog ne souhaite en rien en négliger certains. Si d'ailleurs ce parti politique avait la faiblesse d'en oublier ou d'en négliger dans l'élaboration de son programme, il n'appartient qu'aux hommes de bonne volonté de le lui rappeler et d'y apporter leur riche contribution.
@ Josnin : Nous nous entendons bien. Je re-précise cependant un point, sur la raison et le péché. Bien sur que nous sommes sauvés depuis 2000 ans... à la condition évidemment d'accueillir le sauveur, d'accueillir la grâce et de se laisser sauver. En attendant, à moins de se reconnaitre comme un saint, nous sommes pécheurs, et le péché est d'ailleurs bien ce que vous décrivez : ce désordre intérieur qui nous fait mésuser de ce don divin qu'est notre raison. D'où l'importance non seulement d'accueillir la miséricorde divine qui nous lave du péché et nous permet de revenir en grâce, de coeur et de raison ensemble ; mais aussi de toujours soumettre sa conscience à l'épreuve du discernement en Eglise. Car en dernier lieu, à toutes vertus égales, il nous reste l'orgueil qui nous pousse à croire que nous pouvons nous passer de Dieu. Comme disait sainte Faustine, la seule vertu que le diable ne peut pas imiter, c'est l'obéissance.
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Écrit par : Joël Sprung / | 15/02/2010
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