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10/02/2010

Les Français et la Bible : un sondage instructif

On avait l'habitude de dire: a) que la Bible ne fait pas partie de la culture française ; b) que les catholiques ignorent la Bible. Le sondage Ipsos relativise ces affirmations :


 

Un sondage Ipsos effectué en janvier par les protestants de l'Alliance biblique montre qu'en 2010, 37 % des Français ont une Bible chez eux. Ce chiffre est en baisse (41 % en 2001), mais il n'est pas insignifiant. Cependant il tombe beaucoup plus bas quand on demande à ces Français s'ils lisent leur Bible : 26 % répondent que oui. Dont seulement 3 % disent la lire tous les jours ; 2 %, une fois par semaine ; 2 % entre une et trois fois par mois. Soit 7 % au total. Les autres (19 %) disent la lire « moins souvent »...

Ces très petits chiffres sont à l'étiage de la pratique religieuse des Français. En effet, que veut dire une lecture occasionnelle – et rare – des Ecritures ? Lire la Bible en chrétien, c'est la lire pour prier et pour étudier. La lire rarement veut dire qu'on ne l'étudie pas, ce qui traduit une religiosité plutôt vague ; et que l'on prie sans s'appuyer sur la prière de l'Eglise : ce qui est très aléatoire.

Car, contrairement à ce que croient les chrétiens protestants, la Bible est (en principe) le fondement de la vie spirituelle quotidienne des catholiques – je parle de ceux qui vivent leur foi. La liturgie de la messe est imprégnée de Bible. La prière des « heures » repose sur les psaumes : un catholique qui prie avec l'Eglise lit chaque jour plus de dix psaumes ou cantiques de l'Ancien Testament et quatre passages du Nouveau (textes des trois offices diurnes et de celui du début de la nuit, sans compter les textes de la messe). Combien de catholiques suivent cette pratique ? Impossible à dire. Mais le bréviaire Prières du temps présent (Cerf-Desclée-DDB-Mame) se vend bien.

Selon Ipsos, « pour beaucoup de Français, le principal intérêt de la lecture de la Bible n'est pas seulement religieux et spirituel  (46 %). Aux yeux de 43 %, la lecture des textes peut être intéressante pour d'autres raisons : pour 26 % d'entre eux, sa lecture présente principalement un intérêt culturel ou littéraire et pour 17 % un intérêt historique. » Réponses conventionnelles. En fait, la faiblesse des chiffres de lecture réelle de la Bible dénote, soit une faiblesse de l'intérêt des Français envers la culture – soit leur conviction que la culture d'aujourd'hui ne donne pas à la Bible un grand rôle... D'ailleurs, ajoute Ipsos, « la majorité considèrent que la Bible est une référence culturelle relativement peu présente dans la société française (66 %). Un quart des personnes interrogées considèrent même qu'elle n'est pas du tout présente. Seuls 27 % des Français considèrent que la Bible est aujourd'hui une référence culturelle très (4 %) ou plutôt (23 %) présente dans la société française. »

Des commentateurs catholiques du sondage croient pouvoir dire que « les Français connaissent relativement bien les épisodes bibliques : la première place revient à Marie, Joseph et la naissance de Jésus (91 % le connaissent, dont 74 % précisément), devant l'épisode de l'Arche de Noé (91 %, dont 66 % précisément) et la mort et la résurrection de Jésus (88%, dont 70 % affirmant bien connaître l'histoire) ». Mais si l'on discute avec les collègues de bureau ou les copains de fac, on constate que cette « connaissance » est largement marquée par une vision danbrownienne de l'histoire de Jésus. (Le contraire serait surprenant, sachant que depuis quinze ans les médias ont diffusé massivement une sous-culture type Da Vinci Code, flanquée d'un sabotage pseudo-intellectuel type Prieur-Mordillat).

Que tirer d'une enquête comme celle-là ? Deux urgences :

- multiplier les groupes d'études bibliques dans les paroisses catholiques, pour amplifier et approfondir le mouvement d'inculturation de la Bible ouvert par Pie XII et lancé par Vatican II ;

- ouvrir en direction des non croyants une campagne d'explication du rôle de la Bible dans la vision catholique ; rétablir en toute occasion la perspective exacte (le contexte et le genre littéraire) des épisodes bibliques dont les foules ont une image plus ou moins confuse [1] ; faire comprendre que le christianisme n'est pas une « religion du Livre » mais la foi en une Personne-Evènement venue accomplir – de façon inimaginable par les hommes – ce que le Livre préfigurait et promettait...


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[1]  Selon le sondage, les Français « connaissent» (par ordre décroissant ): la vie du Christ, l'arche de Noé, l'histoire de Moïse et de l'Exode, David et Goliath, « Adam et Eve et le serpent ». Le texte qu'ils ignorent le plus est le livre de Job. Ces questions posées en vrac au public négligent le fait que ces récits sont de genres différents. Là est le danger : laisser les gens croire que pour le chrétien tout est historique, c'est les pousser à conclure qu'en réalité tout est légendaire.

  

 

Commentaires

LE DIMANCHE

> Ce sondage prend-t-il en compte les catholiques qui ne lisent pas la Bible en tant que tel, mais lisent chaque semaine leur missel du dimanche avant d'aller à la messe? ils sont nombreux à avoir cette approche.
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Écrit par : Mike / | 10/02/2010

OUF

> Et c'est ainsi qu'on peut entendre les "bonnes gens", respectueux de toutes les croyances religieuses mais hostiles à toute forme institutionnelle de celles-ci, tenter de nous éclairer -sic- sur notre propre pratique en nous expliquant doctement ou des étoiles dans les yeux que, évidemment, "Jésus n'a rien demandé ni dit de tel". c'est bien connu, les chrétiens des 1950 dernières années, nourris de prières, de catéchisme et de théologie exigeantes n'ont rien compris à la Bible : heureusement, les post-chrétiens occidentaux des 50 dernière années sont là pour remettre les pendules à l'heure... Ouf !
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Écrit par : blanche / | 10/02/2010

MAGNIFICAT, PRIONS EN EGLISE

> "Combien de catholiques suivent cette pratique ? Impossible à dire. Mais le bréviaire Prières du temps présent (Cerf-Desclée-DDB-Mame) se vend bien."
Sans parler de tous les abonnés, nombreux, à Magnificat ou à Prions en Eglise.
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Écrit par : isabelle / | 10/02/2010

DEI VERBUM

> Je discutais il y a quelques temps avec une personnalité du protestantisme français qui me disait : "L'image des catholiques qui ne connaissent pas l'écriture est aujourd'hui fausse." Le nouveau calendrier liturgique et l'impulsion donnée par "Dei Verbum" ne sont pas étrangers à cela. C'est en effet très bien de suivre la lecture de l'Ecriture proposée par la liturgie. Et n'oublions pas que l'Eglise attribue aussi de grands fruits spirituels à une autre forme de lecture : celle intégrale et continue (dans l'ordre) des Evangiles, méditée une quinzaine de minutes chaque jour.
Quant aux visions post-modernes évoquées par Blanche, relire Dei Verbum qui tord notamment le cou à l'idée aujourd'hui répandue d'un "Christ de la foi" à distinguer d'un "Christ de l'histoire".
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 10/02/2010

PAS SI VRAI QUE CA

> Sondage rapide, un jour, dans un cours regroupant des étudiants en théologie catholique et des étudiants en théologie protestante. "Qui a une bible sur lui ?" 100% des catholiques en avaient une, 0% des protestants... Le prof (protestant) s'est servi de cette anecdote pour montrer que le cliché répandu ne se vérifie pas tant que ça...
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Écrit par : Laurence / | 10/02/2010

AU QUOTIDIEN

> L'occasion de faire ici un peu de pub pour l'évangile au quotidien: http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR
L'évangile du jour et un petit enseignement servi dans votre boîte mail chaque jour.

Écrit par : Marc / | 11/02/2010

SUR MARS

> "Car, contrairement à ce que croient les chrétiens protestants, la Bible est (en principe) le fondement de la vie spirituelle quotidienne des catholiques." je l'ai apprise par cœur et recopiée, je la lis ET LA COMPREND tous le jours.
Un jour donc, dans une paroisse, je dis à une religieuse (je ne suis pas catholique, enfant de Dieu me suffisant amplement) " Heureusement que Jésus revient !"
A quoi la sainte voilée de répondre:
"Pourquoi, il est parti sur mars ?"
D'où la prise de distance (vertu de prudence :) avec les paroisses en général et catholiques en particulier.
On est pro ou pas, merde !
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Écrit par : jo / | 11/02/2010

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